François

266e pape ; élu le 13 mars 2013

31 octobre 2016

Déclaration conjointe à l’occasion de la commémoration commune Catholique-Luthérienne de la Réforme

Table des matières

Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sar­ment ne peut pas por­ter de fruit par lui-​même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeu­rez pas en moi.

Jn 15, 4

D’un cœur reconnaissant

nous avons appris que ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise.

Par cette Déclaration Conjointe, nous expri­mons notre joyeuse gra­ti­tude à Dieu pour ce moment de prière com­mune dans la Cathédrale de Lund, alors que nous com­men­çons l’année com­mé­mo­ra­tive du cin­quième cen­te­naire de la Réforme. Cinquante années d’un dia­logue œcu­mé­nique sou­te­nu et fruc­tueux entre Catholiques et Luthériens nous ont aidés à sur­mon­ter beau­coup de dif­fé­rences et ont appro­fon­di notre com­pré­hen­sion et notre confiance réci­proques. En même temps, nous nous sommes rap­pro­chés les uns des autres à tra­vers le ser­vice com­mun à nos pro­chains – sou­vent dans des cir­cons­tances de souf­france et de per­sé­cu­tion. Grâce au dia­logue et au témoi­gnage par­ta­gé, nous ne sommes plus des étran­gers les uns pour les autres. Plutôt, nous avons appris que ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise.

Du conflit à la communion

nous sommes pro­fon­dé­ment recon­nais­sants pour les dons spi­ri­tuels et théo­lo­giques reçus à tra­vers la Réforme

Alors que nous sommes pro­fon­dé­ment recon­nais­sants pour les dons spi­ri­tuels et théo­lo­giques reçus à tra­vers la Réforme, nous confes­sons aus­si et déplo­rons devant le Christ que Luthériens et Catholiques ont bles­sé l’unité visible de l’Église. Des dif­fé­rences théo­lo­giques ont été accom­pa­gnées de pré­ju­dices et de conflits, et la reli­gion a été ins­tru­men­ta­li­sée à des fins poli­tiques. Notre foi com­mune en Jésus-​Christ et notre bap­tême réclament de nous une conver­sion quo­ti­dienne par laquelle nous reje­tons les désac­cords et les conflits his­to­riques qui empêchent le minis­tère de la récon­ci­lia­tion. Tandis que le pas­sé ne peut pas être chan­gé, le sou­ve­nir et la manière de se sou­ve­nir peuvent être trans­for­més. Nous prions pour la gué­ri­son de nos bles­sures et des mémoires qui assom­brissent notre regard les uns sur les autres. Nous reje­tons caté­go­ri­que­ment toute haine et toute vio­lence, pas­sées et pré­sentes, sur­tout celles qui s’expriment au nom de la reli­gion. Aujourd’hui, nous enten­dons Dieu nous deman­der de mettre de côté tout conflit. Nous recon­nais­sons que nous sommes libé­rés par la grâce pour che­mi­ner vers la com­mu­nion à laquelle Dieu conti­nue de nous appe­ler tous.

Notre engagement pour le témoignage commun

Tandis que nous sur­mon­tons ces épi­sodes de l’histoire qui pèsent sur nous, nous nous enga­geons à témoi­gner ensemble de la grâce misé­ri­cor­dieuse de Dieu, ren­due visible dans le Christ cru­ci­fié et res­sus­ci­té. Conscients que la manière dont nous vivons les rela­tions façonne notre témoi­gnage de l’Évangile, nous nous enga­geons pour d’ultérieurs pro­grès dans la com­mu­nion enra­ci­née dans le bap­tême, alors que nous cher­chons à lever les obs­tacles per­sis­tants qui nous empêchent d’atteindre la pleine uni­té. Le Christ désire que nous soyons un, de façon que le monde puisse croire (cf. Jn 17, 21).

Beaucoup de membres de nos com­mu­nau­tés aspirent à rece­voir l’Eucharistie à une même table, comme expres­sion concrète de la pleine uni­té. Nous fai­sons l’expérience de la souf­france de ceux qui par­tagent leur vie tout entière, mais ne peuvent pas par­ta­ger la pré­sence rédemp­trice de Dieu à la table eucha­ris­tique. Nous recon­nais­sons notre res­pon­sa­bi­li­té pas­to­rale com­mune pour répondre à la soif et à la faim spi­ri­tuelles de nos fidèles d’être un dans le Christ. Nous dési­rons ardem­ment que cette bles­sure dans le Corps du Christ soit gué­rie. C’est l’objectif de nos efforts œcu­mé­niques, que nous vou­lons faire pro­gres­ser, y com­pris en renou­ve­lant notre enga­ge­ment pour le dia­logue théologique.

Nous prions Dieu afin que les Catholiques et les Luthériens soient capables de témoi­gner ensemble de l’Évangile de Jésus-​Christ, invi­tant l’humanité à écou­ter et à rece­voir la bonne nou­velle de l’action rédemp­trice de Dieu. Nous deman­dons à Dieu ins­pi­ra­tion, encou­ra­ge­ment et force, en sorte que nous puis­sions res­ter ensemble pour ser­vir, en défen­dant la digni­té et les droits humains, sur­tout ceux des pauvres, tra­vaillant pour la jus­tice, et reje­tant toutes les formes de vio­lence. Dieu nous demande d’être proches de ceux qui aspirent à la digni­té, à la jus­tice, à la paix et à la récon­ci­lia­tion. Aujourd’hui, de manière par­ti­cu­lière, nous éle­vons nos voix pour la fin de la vio­lence et de l’extrémisme qui touchent de si nom­breux pays et com­mu­nau­tés, et d’innombrables sœurs et frères dans le Christ. Nous exhor­tons les Luthériens et les Catholiques à tra­vailler ensemble pour accueillir les étran­gers, pour aider ceux qui sont for­cés à fuir à cause de la guerre et de la per­sé­cu­tion, et pour défendre les droits des réfu­giés et de ceux qui cherchent l’asile.

Plus que jamais, nous réa­li­sons que notre ser­vice com­mun dans le monde doit s’étendre à la créa­tion de Dieu qui souffre de l’exploitation et des consé­quences d’une cupi­di­té insa­tiable. Nous recon­nais­sons le droit des géné­ra­tions futures à jouir du monde de Dieu dans toutes ses poten­tia­li­tés et dans toute sa beau­té. Nous prions pour un chan­ge­ment des cœurs et des esprits qui conduise à prendre soin de la créa­tion, avec amour et responsabilité.

Un dans le Christ

À cette heu­reuse occa­sion, nous expri­mons notre gra­ti­tude à nos frères et sœurs repré­sen­tant les diverses Communions et Communautés Chrétiennes Mondiales qui sont pré­sentes et se joignent à nous dans la prière. Tandis que nous renou­ve­lons notre enga­ge­ment à mar­cher du conflit vers la com­mu­nion, nous le fai­sons en tant que membres du même Corps du Christ, auquel nous sommes incor­po­rés par le bap­tême. Nous invi­tons nos par­te­naires œcu­mé­niques à nous rap­pe­ler nos enga­ge­ments et à nous encou­ra­ger. Nous leur deman­dons de conti­nuer de prier pour nous, de che­mi­ner avec nous, pour nous sou­te­nir dans l’observance des enga­ge­ments enra­ci­nés dans la prière que nous for­mu­lons aujourd’hui.

Appel aux Catholiques et aux Luthériens du monde entier

Nous lan­çons un appel à toutes les paroisses et à toutes les com­mu­nau­tés luthé­riennes et catho­liques pour qu’elles soient auda­cieuses et créa­tives, joyeuses et pleines d’espérance dans leur enga­ge­ment à pour­suivre la grande aven­ture devant nous. Au lieu des conflits du pas­sé, le don de Dieu de l’unité entre nous devrait gui­der notre coopé­ra­tion et appro­fon­dir notre soli­da­ri­té. En nous rap­pro­chant dans la foi au Christ, en priant ensemble, en nous écou­tant les uns les autres, en vivant l’amour du Christ dans nos rela­tions, nous, Catholiques et Luthériens, nous nous ouvrons nous-​mêmes à la puis­sance du Dieu Trinitaire. Enracinés dans le Christ et en témoi­gnant de lui, nous renou­ve­lons notre déter­mi­na­tion à être des hérauts fidèles de l’amour sans limite de Dieu envers toute l’humanité.

Sources : press​-vati​can​.va /​La Porte Latine du 31 octobre 2016