Summorum Pontificum Cura : Notre très profonde gratitude

Editorial de La Lettre à nos frères prêtres n° 34 de juillet 2007

C’est avec retard que ce numé­ro vous parvient.

A des­sein, avons atten­du la publi­ca­tion du Motu Proprio Summorum Pontificum pour expri­mer ici notre très pro­fonde gra­ti­tude suite à la libé­ra­tion du rite tra­di­tion­nel de la messe, tant attendue.

Justice a enfin été ren­due à l’en­droit du mis­sel tri­den­tin : il est désor­mais offi­ciel­le­ment recon­nu – et de quelle manière ! – que jamais ce mis­sel n’a­vait été abrogé.

Outre la dimen­sion juri­dique de l’af­faire, le pape en explique dans sa lettre d’ac­com­pa­gne­ment la rai­son profonde :

« Ce qui était sacré pour les géné­ra­tions pré­cé­dentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’im­pro­viste se retrou­ver tota­le­ment inter­dit, voire consi­dé­ré comme néfaste. »

En tout pre­mier lieu, c’est vers le Ciel que se tourne notre recon­nais­sance. Dieu a exau­cé les prières ins­tantes de tout un peuple, s’é­le­vant de divers hori­zons ecclé­siaux, mais toutes récla­mant la libé­ra­tion d’un rite arbi­trai­re­ment pros­crit. A n’en point dou­ter, Notre-​Dame s’est faite média­trice de ces demandes, elle qui fut par­ti­cu­liè­re­ment invo­quée à l’oc­ca­sion de ces deux mil­lions et demi de cha­pe­lets que la Fraternité Saint-​Pie X a offert au pape pré­ci­sé­ment à cette intention.

Du Ciel, notre gra­ti­tude des­cend bien évi­dem­ment et en tout pre­mier lieu vers notre pape Benoît XVI. Malgré les oppo­si­tions ren­con­trées, sa déter­mi­na­tion demeu­ra intacte, et c’est avec lar­gesse qu’il recon­naît le droit de la litur­gie tra­di­tion­nelle : non seule­ment du mis­sel, mais encore du bré­viaire, du rituel et du pon­ti­fi­cal. Même si la lettre d’ac­com­pa­gne­ment n’est pas sans quelque ombre, l’his­toire retien­dra sur­tout le Motu pro­prio lui-​même, et donc le cou­rage d’un pape qui osa dire une véri­té tue trop long­temps parce que consi­dé­rée comme dérangeante.

Notre recon­nais­sance enfin ne peut oublier son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre. A une époque où la réforme et la créa­ti­vi­té étaient deve­nues la règle pour ain­si dire uni­ver­selle, il fut l’ins­tru­ment vou­lu par Dieu pour la sau­ve­garde des tré­sors de l’Eglise. Sa pré­oc­cu­pa­tion n’é­tait pour­tant point celle d’un conser­va­teur de musée, tout déso­lé de voir dis­pa­raître tant de richesses. Elle rele­vait d’une convic­tion pro­fonde, d’une foi en l’ef­fi­ca­ci­té apos­to­lique d’un mis­sel qui a façon­né tant de saints.

Tandis qu’al­lait deve­nir tou­jours plus dif­fi­cile la trans­mis­sion de la foi aux géné­ra­tions nou­velles, il savait que la litur­gie tra­di­tion­nelle de l’Eglise était por­teuse des plus belles réa­li­tés de notre foi, et qu’elle conti­nue­rait donc d’at­ti­rer et d’a­ni­mer les cœurs. Elle ne serait pas la litur­gie des nos­tal­giques, mais celle de jeunes géné­ra­tions dési­reuses de vivre en véri­té leur amour de la foi catho­lique. Les faits lui don­nèrent rai­son, ain­si que le recon­naît Benoît XVI :

« On pou­vait sup­po­ser que la demande de l’u­sage du mis­sel de 1962 aurait été limi­tée à la géné­ra­tion plus âgée, mais il est appa­ru clai­re­ment que des per­sonnes jeunes décou­vraient éga­le­ment cette forme liturgique. »

Un jour, ces jeunes décou­vri­ront ce qu’ils doivent à Monseigneur Lefebvre. Le pas qui vient d’être réa­li­sé est impor­tant. En recon­nais­sant solen­nel­le­ment que le mis­sel dit de saint Pie V n’a jamais été abro­gé, en expli­quant dans sa lettre d’ac­com­pa­gne­ment que « ce mis­sel n’a jamais été juri­di­que­ment abro­gé et que par consé­quent, en prin­cipe, il est tou­jours res­té auto­ri­sé », Benoît XVI rend jus­tice à ce mis­sel. Reste à rendre jus­tice à ceux qui l’ont défen­du, au prix de sanc­tions ecclésiastiques.

C’est en ce sens que nous implo­rons du Saint-​Père la levée du décret d’ex­com­mu­ni­ca­tion tou­chant Mgr Lefebvre et les évêques sacrés par lui.

A n’en pas dou­ter, le motu pro­prio Summorum Pontificum ravive notre espé­rance, sans pour autant nous leur­rer sur les dif­fi­cul­tés tou­jours pré­sentes. Outre celles que cer­tains ne man­que­ront pas de mettre dans l’ap­pli­ca­tion de ces normes pour­tant claires, nous savons que l’en­jeu pré­sent n’est pas seule­ment d’ordre litur­gique. En cette période de confu­sion et de rela­ti­visme, l’Eglise a un besoin urgent de renouer avec sa Tradition doctrinale.

C’est à cela que la Fraternité Saint-​Pie X entend oeu­vrer, et de tout cœur elle espère appor­ter sa part lors des dis­cus­sions doc­tri­nales qu’elle entre­pren­dra avec Rome dès que celle-​ci aura levé le décret d’ex­com­mu­ni­ca­tion tou­chant son fon­da­teur, c’est-​à-​dire d’i­ci peu j’en suis persuadé.

Abbé Régis de Cacqueray-​Valménier †, Supérieur du District de France

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.