Éditorial de Pélé-​Infos n° 14 – Chartres 2005 : un pèlerinage de réparation

« Cet esprit de répa­ra­tion, de « satis­fac­tion ». C’est celui de la Croix, c’est celui de la Sainte Messe et c’est cet esprit qui vainc, qui règne et qui commande… »

La der­nière étape du pèle­ri­nage à Saint-​Jacques-​de-​Compostelle est la prière devant le sépulcre de l’a­pôtre, sous le maître-​autel de la basi­lique. Pendant les quelques minutes dont il dis­pose alors, courtes mais com­bien pré­cieuses, le pèle­rin peut pen­ser à cette parole de Notre Seigneur « si le grain de blé tom­bé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beau­coup de fruits ». Car, en pen­sant à la vie de l’a­pôtre, on ne peut que voir réa­li­sée cette parole, dans la dis­pro­por­tion, à vue humaine, entre l’a­pos­to­lat de Saint Jacques en Espagne et la renom­mée sur­na­tu­relle qui s’est déga­gée dans l’his­toire autour de son tombeau.

Je vous recom­mande, chers pèle­rins, de lire l’ar­ticle de Monsieur l’ab­bé Ramon Anglès, dans Nouvelles de Chrétienté de juillet-​août der­niers, sur la vie de Saint Jacques. Le voyage apos­to­lique de l’a­pôtre a été de courte durée et s’est sol­dé par un manque de suc­cès appa­rent, décou­ra­geant pour celui qui était pour­tant appe­lé par Jésus-​Christ lui-​même « Fils du Tonnerre ». Quelle humi­lia­tion pour un carac­tère que l’on nous dit impé­tueux et véhément.

Encouragée par Notre-​Dame elle-​même, voi­là que cette courte acti­vi­té apos­to­lique se ter­mine par le mar­tyre. Saint Jacques est le pre­mier à avoir don­né sa vie et ver­sé son sang à l’in­vi­ta­tion de son divin Maître. Voilà que Dieu a vou­lu que son sépulcre soit là ! Non pas à Jérusalem, près du Saint Sépulcre, mais en Espagne, à Compostelle, là où il oeu­vré. Et Dieu a don­né à ce tom­beau la renom­mée sur­na­tu­relle que l’on connaît, atti­rant des pèle­rins de toute l’Europe. Saint-​Jacques a don­né à la catho­lique Espagne les grâces de son patro­nage puissant.

Nous, les « tra­dis », nous sommes fiers et nous avons rai­son de l’être, de notre reli­gion et du com­bat de la foi. Mais cette légi­time fier­té com­porte le dan­ger d’être trop humaine, d’être vani­teuse, de nous pous­ser au mépris du pro­chain et d’être sté­rile, voire scan­da­leuse. Souvenons-​nous, en pen­sant à Saint Jacques et à tous les mar­tyrs, à la Croix qu’ils nous montrent, que si nous vou­lons vaincre le monde, nous devons méri­ter la vic­toire. En clair : nos actions pour le règne de Notre Seigneur ne por­te­ront de fruits qu’a­vec la prière et la péni­tence. D’ailleurs, ne soyons pas présomptueux.

Que valent nos 7000 pèle­rins tra­ver­sant Paris, à côté des manifs qui ras­semblent des dizaines de mil­liers de per­sonnes en faveur de l’im­mo­ra­li­té ? Que sont nos feuilles de choux à faible tirage à côté de la grande presse ? Que vaut un site Internet noyé dans un brou­ha­ha de bêtises ou même de sale­tés ? Certes, nous ne devons pas nous décou­ra­ger de cette situa­tion sur le plan humain, mais nous devons d’au­tant plus comp­ter sur les moyens sur­na­tu­rels, que nous n’a­vons fran­che­ment pas de quoi nous enor­gueillir. Si nous ne savons pas pré­ci­sé­ment ce que Notre-​Dame-​du-​Pilier a pu dire à Saint Jacques, nous savons ce que Notre Dame a dit à Lourdes, à la Salette, à Fatima… prière et péni­tence pour la conver­sion des pêcheurs.

Joignons donc le sens de la misé­ri­corde pour le pro­chain au sens de la jus­tice vis-​à-​vis de Dieu : répa­rons, par nos sacri­fices et nos peines, les péchés publics. Nous ne sommes pas for­cé­ment appe­lés à être mar­tyrs, mais nous devons avoir l’es­prit des martyrs.

Voilà pour­quoi, pour la Pentecôte 2005, notre pèle­ri­nage de Notre-​Dame-​de-​Chartres au Sacré- Cœur-​de-​Montmartre sera un pèle­ri­nage de répa­ra­tion. Le thème de cette année sera très pra­tique. Tous les pèle­ri­nages sont des actes de péni­tence et de répa­ra­tion, certes… mais cette fois, nous le pro­cla­me­rons comme tel et, en par­ti­cu­lier, comme répa­ra­tion pour les péchés publics des états, des nations : l’apostasie, la léga­li­sa­tion des péchés, l’ho­mo­sexua­li­té, l’a­vor­te­ment… Cet esprit de répa­ra­tion, de « satis­fac­tion ». C’est celui de la Croix, c’est celui de la Sainte Messe et c’est cet esprit qui vainc, qui règne et qui com­mande : « In hoc signum vinces », c’est l’es­prit de Jésus-​Christ. C’est l’Esprit Saint : « Christus vin­cit, Christus regnat. Christus imperat ».

« Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l’a­voir révé­lé aux tout petits. »

Abbé Luc Radier †
Directeur du Pélerinage