Communiqué officiel de l’IBP et et réaction de l’abbé Philippe Laguérie

Sauf avis contraire, les articles ou confé­rences qui n’é­manent pas des
membres de la FSSPX ne peuvent être consi­dé­rés comme reflétant
la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

Les membres de l’Institut du Bon Pasteur se réjouissent pro­fon­dé­ment de la levée des excom­mu­ni­ca­tions qui frap­paient les quatre évêques de la Fraternité Saint Pie X depuis 1988, et ils unissent leurs actions de grâce au concert de ceux qui aiment la paix de l’Eglise et l’Eglise en paix, sous la hou­lette du pape de la Paix.

On ne peut s’empêcher de sou­li­gner que cette déci­sion uni­la­té­rale de Benoît XVI n’est pas un évé­ne­ment iso­lé. Elle fait par­tie d’un pro­ces­sus, qui a com­men­cé le 22 décembre 2005, avec la condam­na­tion par le pape de « ce que l’on nomme abu­si­ve­ment l’es­prit du concile Vatican II ». Nous membres de l’Institut du Bon Pasteur, nous sommes par­ti­cu­liè­re­ment concer­nés par la déci­sion sui­vante, le 8 sep­tembre 2006, ou c’est « par une volon­té expresse du pape » comme l’a sou­li­gné à l’é­poque le car­di­nal Ricard, que notre Institut du Bon Pasteur est éri­gé, avec cinq anciens prêtres de la Fraternité Saint-​Pie X. Le 7 juillet 2007, Benoît XVI pro­mul­guait le Motu pro­prio Summorum pon­ti­fi­cum, libé­ra­li­sant l’u­sage de la messe tra­di­tion­nelle. Enfin, le 21 jan­vier 2009 est signé l’acte levant les sanc­tions qui avaient frap­pé les quatre évêques sacrés par Mgr Lefebvre. Mgr Bernard Fellay, le 15 décembre 2008, avaient écrit de son côté, en deman­dant la levée des excom­mu­ni­ca­tions : « Nous sommes tou­jours bien ancrés dans la volon­té de res­ter catho­lique (…) croyant fer­me­ment à la pri­mau­té de Pierre et à ses pré­ro­ga­tives ».

Nous sommes convain­cus que ce pro­ces­sus de récon­ci­lia­tion des catho­liques entre eux est désor­mais iné­luc­table. Grâce à l’ins­tru­ment her­mé­neu­tique que nous a offert le pape Benoît XVI, l’en­sei­gne­ment de Vatican II devant être inter­pré­té dans la conti­nui­té de l’en­sei­gne­ment de tous les Conciles, les dis­cus­sions à venir entre les res­pon­sables de la Fraternité Saint Pie X et les auto­ri­tés romaines ne connaissent plus d’obs­tacles de principe.

Le cou­rage de Mgr Lefebvre trouve dans la situa­tion pré­sente une sorte d’hom­mage post mor­tem, ren­du par ses suc­ces­seurs. Mais s’il a fal­lu du cou­rage pour dire non à ce que Paul VI appe­lait « l’auto-​destruction de l’Eglise », il en faut bien autant aujourd’­hui à celui qui dit « Oui », appli­quant sim­ple­ment la parole du Christ : « celui qui vient à moi, je ne le jet­te­rai pas dehors ».

Monsieur l’ab­bé Laguérie.
Monsieur l’ab­bé de Tanoüarn.
Monsieur l’ab­bé Héry.

Abbé Philippe Laguérie – « Je suis heureux » – sur le FC en date du 24 janvier 2009

Je lis et relis avec pié­té le décret du Cardinal Re ; ce qui est dit est dit : his­to­rique, défi­ni­tif, incon­tour­nable. Les quatre évêques consa­crés par Mgr Lefebvre en 1988 sont membres à part entière de la hié­rar­chie catho­lique, véri­tables suc­ces­seurs des Apôtres de plein droit, recon­nus comme tels par le suc­ces­seur de Pierre, Prince des apôtres et seul habi­li­té par Jésus-​Christ Notre Seigneur à pro­non­cer qui est évêque catho­lique de qui ne l’est pas. Tous doivent s’in­cli­ner devant la déci­sion, ô com­bien magna­nime, du Pape de l’Eglise Catholique.

Le reste, à mes yeux, a fort peu d’im­por­tance, croyez-moi…Que ce soit les grin­cheux de l’in­té­rieur ou les furieux de l’ex­té­rieur, qu’im­porte ? Rome a par­lé, la cause est enten­due. Car évi­dem­ment, il ne man­que­ra pas d’es­prits cha­grins (l’é­poque le veut, hélas) pour déplo­rer ceci, rela­ti­vi­ser celà et même crier au scan­dale. Je laisse les loups hur­ler avec les loups. Je m’a­dresse aux bre­bis, elles recon­naî­tront la Voix.

Le décret est signé d’un Cardinal ! Et alors ? La men­tion est expli­cite de la déci­sion du Pape.

On ne relève pas le décret mais la cen­sure elle-​même ! Vu de Rome, c’est une évi­dence. Vous pou­vez pen­ser, comme moi, que Mgr Lefebvre s’est trou­vé dans un cas de néces­si­té et n’a pas encou­ru de sanc­tion, au terme du droit canon. Soit. Mais je me fiche de votre opi­nion, comme de la mienne : le pape dit que ce sont des évêques catho­liques. Donc, ils le sont, même si vous le saviez déjà (je vous en féli­cite, si c’est ça que vous cher­chiez) et voi­là l’im­por­tant. Si vous pen­sez que c’est la rose…

J’aime l’Eglise Romaine, parce que j’aime Jésus-​Christ Qui l’a fon­dée : et je ne veux pas qu’Elle subisse le moindre tort, s’hu­mi­lie devant qui­conque, patisse de quoi que ce soit. Sa fier­té est la mienne : c’est quand on l’hu­mi­lie qu’on me bafoue, c’est quand on l’exalte que je triomphe. N’avons-​nous pas assez lut­té pour cela ?

Elle n’a rare­ment été aus­si grande et magna­nime, cette glo­rieuse épouse de Jésus-​Christ et rare­ment nous n’a­vons été aus­si fiers d’Elle ! Ceux qui prennent la déci­sion d’au­jourd’­hui ne sont pas ceux qui ont créé les pro­blèmes d’hier. Ils les assument avec gran­deur. La Providence a vou­lu qu’un évêque dise « non » à l’hu­mi­lia­tion de l’Eglise dans sa confu­sion avec les sectes. Elle a vou­lu aus­si qu’un pape, plus grand encore, dans ses fonc­tions comme dans sa cha­ri­té, dise « oui ». Oui à l’Eglise d’hier, d’au­jourd’­hui, de demain. Oui à Jésus-​Christ, Le Même, hier, aujourd’­hui, et pour les siècles ! Ne nous y trom­pons pas (on connaît ma véné­ra­tion pour Mgr Lefebvre): il fal­lait autant et plus de har­diesse pour dire « oui » aujourd’­hui que pour dire « non » hier, quoique l’un et l’autre fussent envoyés du ciel.

Je salue res­pec­tueu­se­ment Mgr Fellay et ses col­lègues dans l’é­pis­co­pat catho­lique, y com­pris le tur­bu­lent et pro­blé­ma­tique Mgr Williamson. Le pape me dit qu’ils sont les suc­ces­seurs des Apôtres : j’en prends bonne note. Je salue sa lettre du 24 jan­vier comme la preuve d’une gran­deur d’âme, fon­dée sur la confiance en la Vierge-​Marie, qui augure assez-​bien de la suite des évé­ne­ments. Tous mes amis, aus­si, de la Fraternité saint-​Pie X (mon frère Jacques entre autres).

Je salue aus­si res­pec­tueu­se­ment tous les évêques de l’Eglise Catholique ; l’ar­ri­vée de ces quatre-​là n’est pas pour leur faci­li­ter la tâche. Qu’ils sachent que notre joie n’est pas mau­vaise, vile, polé­mique. Aucun évêque aujourd’­hui sur la sur­face du globe, aucun n’est res­pon­sable des choix hasar­deux de ses pré­dé­ces­seurs. Tous, nous assu­mons ensemble un héri­tage dif­fi­cile et tous ensemble nous démon­tre­rons, sous votre auto­ri­té et celle du pape, que l’Eglise n’a pas chan­gé, ne peut se contre­dire et reste la fier­té de l’of­frande de nos vies pour la seule cause qui a les pro­messes de la vie éter­nelle : la bonne nou­velle du Christ-Jésus.