Vingt-​et-​un ans après : « Sans effet » – Ennemond sur le FC

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la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

« Sans effet ». Cette excom­mu­ni­ca­tion n’a donc pas d’effet.

Comment ne pas voir là l’intérêt que nous porte un pape qui accepte pater­nel­le­ment de consi­dé­rer qu’une excom­mu­ni­ca­tion ne répond pas au sta­tut si catho­lique de la Fraternité Saint-​Pie X ?

Comment ne pas recon­naître que lorsque Benoît XVI disait il y a quelques mois en venant sur notre sol de France que « Nul n’est de trop dans l’Église », il par­lait de nous ?

L’œuvre de Mgr Lefebvre a‑t-​elle chan­gé ? A‑t-​elle pré­sen­té des gages tra­his­sant les efforts de son fon­da­teur ? Aucunement. A la suite de la pro­fes­sion de foi des quatre évêques adres­sée au Saint-​Siège, elle s’est conten­tée de conti­nuer ce que l’Église avait tou­jours fait. Par consé­quent, si le texte du car­di­nal Re ne consti­tue pas un retrait recon­nais­sant toutes les objec­tions de la Fraternité, il n’est pas pour autant une levée de sanc­tions à l’égard de clercs repen­tis. Nous sommes mani­fes­te­ment entre les deux situations.

C’est bien sur un constat de catho­li­ci­té qu’a été prise la déci­sion papale. A tous ceux qui nous qua­li­fiaient de schis­ma­tiques, qui nous disaient hors de l’Église, qui nous fer­maient et leurs portes et leur cœur, Benoît XVI a rédi­gé un cin­glant démenti.

C’est bien en cette qua­li­té de socié­té catho­lique, entiè­re­ment fidèle à son fon­da­teur que la Fraternité, au tra­vers de ses évêques, à été recon­nue. En ce 24 jan­vier, c’est la dyna­mique insuf­flée par Monseigneur Lefebvre qui a été recon­nue catho­lique et ceci en dépit des dis­tor­sions cano­niques. Nous ne sommes plus dans le contexte de 1988 où la volon­té curiale sem­blait appa­rem­ment de nous voir pro­gres­si­ve­ment dis­pa­raître. Désormais, le Saint-​Siège accepte que nous pros­pé­rions. Il sou­haite enfin que nous puis­sions faire libre­ment « l’expérience de la Tradition ». On peut donc ima­gi­ner que des sacres s’avéreraient dès lors moins pro­blé­ma­tiques à ses yeux puisque notre exis­tence n’est plus en jeu. La rai­son pour laquelle nos évêques subirent la peine de l’excommunication ne tient donc plus. Ses deux auteurs, Monseigneur Marcel Lefebvre et Monseigneur de Castro Mayer s’en trouvent lavés.

Comment ne pas voir ici aus­si l’impressionnant cou­rage d’un pape qui accepte de venir par­ta­ger notre far­deau en rece­vant les flèches de la vin­dicte média­tique dont nous sommes inces­sam­ment l’objet ?

Il a sou­hai­té, en nous don­nant ce deuxième préa­lable, réta­blir le cli­mat de confiance que deman­dait la Fraternité en voyant l’état inquié­tant auquel était sou­mises ses com­mu­nau­tés sœurs il y a dix ans. C’est vers lui que doivent s’a­dres­ser nos pro­fonds remerciements.

A pré­sent, la doc­trine va pou­voir être abor­dée, non pas parce qu’elle est l’a­pa­nage de cette ouvre reli­gieuse, mais parce tout catho­lique a besoin que les objec­tions for­mu­lées jadis par Monseigneur Lefebvre et aujourd’­hui par les quatre évêques soient posées pour sor­tir de la pré­sente crise que tra­verse le Magistère. Cet état dans lequel nous nous trou­vons, impen­sable il y a dix ans, oblige à for­mu­ler d’autres remerciements.

L’humilité de notre cler­gé les empêche de les deman­der mais com­ment ne pas lui expri­mer, nous fidèles, notre plus vive gra­ti­tude ? Ce matin, les sou­rires radieux de nos prêtres et les larmes de joie des sœurs de la Fraternité mani­fes­taient ce mélange de bon­heur et de sou­la­ge­ment après avoir connu tant de dépla­ce­ments, de vexa­tions, de messes à l’ex­té­rieur ou de regards condescendants.

Comment oublierions-​nous tous ceux qui ont dis­pa­ru sans voir ce grand jour, en par­ti­cu­lier Monseigneur Lefebvre, sans lequel la messe tra­di­tion­nelle aurait sans doute défi­ni­ti­ve­ment dis­pa­ru de la face de la terre ? Mais il me semble qu’il y a un lien intime entre cet acte posé et le pèle­ri­nage que nous avons effec­tué à Lourdes en octobre avant d’en­ta­mer le bou­quet du mil­lion de cha­pe­lets que Monseigneur Fellay a remis au pape il y a tout juste une semaine. La prin­ci­pale res­pon­sable de cette vic­toire de l’Église reste donc notre pre­mière média­trice dans le Ciel.

Laudate Mariam !

[1] « Selon les facul­tés qui m’ont été expres­sé­ment concé­dées par le Saint Père Benoît XVI, en ver­tu du pré­sent Décret, je remets aux Évêques Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta la cen­sure de l’ex­com­mu­ni­ca­tion latae sen­ten­tiae décla­rée par cette Congrégation le 1er juillet 1988, tan­dis que je déclare pri­vé d’ef­fets juri­diques, à par­tir de la date d’au­jourd’­hui, le Décret publié à cette époque. » (Cardinal Card. Giovanni Battista Re, Préfet de la Congrégation des Evêques – Décret du 21 jan­vier 2009).