2 mars

14e apparition – 1er Glorieux La résurrection

1er Mystère glorieux : la résurrection

Les évan­gé­listes nous relatent avec détails les évé­ne­ments qui se dérou­lèrent au cours de la jour­née de la Résurrection du Christ, mais aucun n’a rela­té, même d’un mot, le fait même de la Résur­rection. Ils se contentent de nous dire com­ment, au matin de Pâques, les saintes femmes trou­vèrent le tom­beau vide, et de quel mes­sage triom­phant l’ange revê­tu d’une robe éblouis­sante de blan­cheur les char­gea près de Pierre et des autres dis­ciples. L’Evangile de la Résurrection n’est en somme que le récit des allées et venues des saintes femmes s’ac­quittant de leur mission.

Pareillement nous pos­sé­dons de nom­breuses re­lations sur les inci­dents qui mar­quèrent la jour­née du 2 mars, mais aucun docu­ment ne nous rap­porte le spec­tacle qui eut lieu le matin, à la Grotte. L’on nous dit seule­ment que la voyante se tint « quel­ques ins­tants dans un état exta­tique ». Mais on connaît, par contre, tous les détails des démarches qu’elle fit près du cler­gé de Lourdes, pour s’ac­quit­ter de la com­mis­sion dont l’a­vait char­gée la Dame mys­té­rieuse, parée d’une robe « blanche comme la neige des montagnes ».

De grand matin, elle s’é­tait ren­due à Massabielle, dont « la Grotte évoque si natu­rel­le­ment, dit Dom Vandeur, le sou­ve­nir du sé­pulcre du Christ ». Elle aus­si avait reçu un man­dat : « Vous irez dire aux prêtres de construire ici une cha­pelle et d’y venir en pro­ces­sion. » Accom­pagnée de ses deux tantes, « malades de crainte », elle se ren­dit sans attendre chez le curé. Elle y est très mal reçue. On la traite de men­teuse. On lui dit qu’on ne peut tenir compte d’un ordre trans­mis par une pauvre enfant. « En enten­dant M. le Curé, dit Basile Casterot, nous deve­nions comme des grains de millet… Il avait une voix très forte. Il disait à Bernadette : Tu ne vois rien ! Une Dame ne peut sor­tir d’un trou ! » Bernadette fut à ce point décon­te­nan­cée qu’elle ne fit que la moi­tié de sa com­mis­sion. Elle par­la de la pro­ces­sion, mais ne dit rien de la chapelle.

C’est bien ain­si que furent accueillies les trois saintes femmes près des apôtres. Elles aus­si, nous dit saint Marc, « elles étaient sai­sies d’ef­froi et hors d’elles-​mêmes ». Elles ren­dirent compte de leur mes­sage près des apôtres, « ce qui ne fut pas, sans doute, dit le Père Lagrange, l’af­faire d’un ins­tant ni sans cer­taines par­ti­cu­la­ri­tés ». Mais les apôtres ne vou­lurent pas les croire. Leur récit leur sem­bla un rado­tage. Que le Christ eût pu sor­tir du tom­beau, cela leur parais­sait invraisemblable.

Bernadette retour­na une seconde fois dans la soi­rée au pres­by­tère, où, devant tout le cler­gé réuni, elle renou­ve­la, mais cette fois en le com­plé­tant, le mes­sage dont elle était char­gée. Il fal­lait bien que fût évo­quée la seconde visite que les saintes fem­mes firent près du Collège des Onze, au cours de la jour­née, et l’in­cré­du­li­té obs­ti­née à laquelle elles se heur­tèrent de nou­veau. Avant de croire, le curé de Lourdes exi­gea un signe : « Dis à cette Dame de faire fleu­rir le rosier ». C’est bien le même signe qu’a­vait récla­mé saint Thomas. Lui aus­si vou­lait voir et pal­per les fleurs rouges du Rosier mys­tique, les roses san­glantes qui, au prin­temps de la Résur­rection, parent le corps de notre cher Sauveur.

Mais, ce qui frappe plus encore dans le paral­lèle des faits de Lourdes et de Jérusalem, c’est l’i­den­ti­té du mes­sage. Il est adres­sé à des femmes. Il doit être por­té aux prêtres. Son conte­nu est sym­bo­li­que­ment le même.

Il est adres­sé à des femmes. A Jérusalem, c’est Marie-​Madeleine, Jeanne et Marie, mère de Jacques. A Lourdes, Bernadette seule le reçoit, mais ses deux tantes l’ac­com­pagnent au presbytère.

Il doit être por­té aux prêtres : « Vous irez dire aux dis­ciples. – Vous irez dire aux prêtres ». Que toute femme, dit saint Jérôme, se sou­vienne que si des femmes furent char­gées du mes­sage de la Résurrection, elles furent envoyées aux apôtres, afin que ces grandes véri­tés fussent annon­cées par eux, et que la foi fût implan­tée dans les âmes par eux.

Le conte­nu du mes­sage est sym­bo­li­que­ment le même. Deux consignes iden­tiques y sont inclues :

Vous irez dire aux apôtres qu’Il est res­sus­ci­té ; aux prêtres qu’il doit se construire ici une Chapelle.

Vous irez dire aux apôtres de Le rejoindre en Galilée ; aux prêtres de venir à la Chapelle en procession.

Il est res­sus­ci­té. – Il doit se construire une Chapelle. Les deux mes­sages sont cor­ré­la­tifs. Le second dérive immé­dia­te­ment du pre­mier. La Chapelle, en effet, doit s’en­tendre comme l’i­mage maté­rielle de l’Eglise fon­dée par le Christ, au jour même de sa sor­tie du tom­beau. Jésus avait annon­cé lui-​même qu’au jour de sa Résurrection, un temple « se cons­truirait ». « Détruisez ce temple, avait-​il dit, et en trois jours je le rebâ­ti­rai ». Le Temple que Jésus pro­met de recons­truire en trois jours est une allu­sion à l’é­di­fice spi­ri­tuel qui est l’Eglise. En se res­suscitant, Jésus devient la pierre inébran­lable que les apôtres doivent mettre en fon­da­tion pour bâtir l’Eglise. Il importe de ne pas retar­der plus long­temps la construction.

La grotte d’où le Christ est sor­ti glo­rieux est la roche d’at­tente de la construc­tion du temple.

C’est ce que rap­pelle aux pèle­rins de Lourdes l’i­mage de la « cha­pelle » édi­fiée sur la grotte même des Apparitions.

Allez dire aux apôtres de rejoindre le Christ en Galilée.

Allez dire aux prêtres de venir à la Chapelle en pro­ces­sion.

Un acte de foi public et col­lec­tif est deman­dé aux uns et aux autres. Les apôtres doivent se por­ter à la ren­contre de leur Maître, triom­pha­teur de la mort et vain­queur du péché, se ral­lier autour de leur Sauveur comme les pous­sins se ras­semblent sous les ailes de la mère poule.

Et pareille­ment, la cha­pelle qui doit se construire à Lourdes doit deve­nir le rendez-​vous de l’hu­ma­ni­té, le point de ras­sem­ble­ment des sau­vés du Christ. Les foules, sous la conduite des prêtres, s’y diri­ge­ront en chan­tant des hymnes de foi et d’ac­tions de grâces à Celui qui nous y fait com­mu­nier aux fruits de sa glo­rieuse Résurrection.

Et l’on voit dès lors le gran­diose sym­bo­lisme qui se dégage du spec­tacle actuel de Lourdes. Le rocher de la Grotte, c’est le Christ (Petra autem erat Christus). La source qui jaillit du côté droit de la Grot­te, et à laquelle vont s’a­breu­ver les pèle­rins, cette eau qui se donne gra­tui­te­ment à qui­conque en désire et que l’on emporte chez soi comme un anti­dote sou­ve­rain, c’est cette eau dont parle la litur­gie à l’as­per­sion du Temps Pascal : « J’ai vu une eau qui sor­tait du temple, au côté droit ; et tous ceux que cette eau a tou­chés ont été sau­vés, et ils diront : Alleluia, Alleluia ! » La Chapelle, bâtie sur le rocher, c’est l’Eglise. Les miracles qui se font autour de cette Chapelle accré­ditent sa divine mis­sion. Les pèle­rins qui pro­ces­sionnent vers cette Chapelle, accou­rus de tous les coins du globe en une una­ni­mi­té dont le catho­li­cisme seul a le secret, ce sont les mal­heu­reux fils d’Eve, conduits par la nou­velle Eve à la source où résident toute véri­té et tout bon­heur : l’Eglise Catholique.

15ème appa­ri­tion