François

266e pape ; élu le 13 mars 2013

17 octobre 2015

Discours du 50e anniversaire de l'institution du synode des évêques

Béatitudes, Eminences, Excellences, Frères et Sœurs,

Alors que se déroule l’Assemblée Générale Ordinaire, com­mé­mo­rer le cin­quan­te­naire anni­ver­saire de l’institution du Synode des Evêques est pour nous tous un motif de joie, de louange et d’action de grâce au Seigneur. Depuis le Concile Vatican II jusqu’à l’actuelle Assemblée, nous avons expé­ri­men­té de manière tou­jours plus intense la néces­si­té et la beau­té de ‘‘che­mi­ner ensemble’’.

Dans cette heu­reuse cir­cons­tance, je vou­drais adres­ser une salu­ta­tion cor­diale à Son Eminence le Cardinal Lorenzo Baldisseri, Secrétaire Général, comme au Sous-​Secrétaire, Son Excellence Monseigneur Fabio Fabene, aux Officiels, aux Consulteurs et aux autres col­la­bo­ra­teurs du Secrétariat géné­ral du Synode des Evêques, à ceux qui, dans l’ombre, tra­vaillent chaque jour jusque tard le soir. Avec eux, je salue et je remer­cie de leur pré­sence les Pères syno­daux et les autres par­ti­ci­pants de l’Assemblée en cours, ain­si que tous ceux qui sont pré­sents dans cette salle.

En ce moment, nous vou­lons nous sou­ve­nir aus­si de ceux qui, durant ces cin­quante ans, ont tra­vaillé au ser­vice du Synode, à com­men­cer par les Secrétaires géné­raux qui se sont suc­cé­dé : les Cardinaux Władysław Rubin, Jozef Tomko, Jan Pieter Schotte et l’Archevêque Nikola Eterović. Je pro­fite de cette occa­sion pour expri­mer de tout cœur ma gra­ti­tude à tous ceux qui, vivants ou déjà décé­dés, ont contri­bué par leur enga­ge­ment géné­reux et com­pé­tent au déve­lop­pe­ment de l’activité synodale.

Depuis le début de mon minis­tère en tant qu’Evêque de Rome, j’ai vou­lu valo­ri­ser le Synode qui consti­tue l’un des héri­tages les plus pré­cieux de la der­nière assise conciliaire((Cf. François, Lettre au Secrétaire géné­ral du Synode des Evêques, Son Eminence le Cardinal Lorenzo Baldisseri, à l’oc­ca­sion de l’é­lé­va­tion à la digni­té épis­co­pale du Sous-​Secrétaire, Monseigneur Fabio Fabene, 1er avril 2014. )). Pour le bien­heu­reux Paul VI, le Synode des Evêques devait pro­po­ser de nou­veau l’image du Concile œcu­mé­nique et en reflé­ter l’esprit ain­si que la méthode((Cf. Bienheureux Paul VI, Discours pour le début des tra­vaux de la 1ère Assemblée géné­rale ordi­naire du Synode des Evêques, 30 novembre 1967. )). Le même Pape expo­sait que l’organisme syno­dal « pour­ra être per­fec­tion­né par la suite »((Bienheureux Paul VI, Motu pro­prio Apostolica sol­li­ci­tu­do, 15 sep­tembre 1965, Proemio. )). Vingt ans plus tard, saint Jean-​Paul II lui fai­sait écho, en affir­mant que « peut-​être cet ins­tru­ment pour­ra encore être amé­lio­ré. Peut-​être la res­pon­sa­bi­li­té pas­to­rale col­lé­giale peut-​elle s’exprimer dans le Synode encore plus plei­ne­ment »((Saint Jean-​Paul II, Discours à l’oc­ca­sion de la conclu­sion du VIème Assemblée géné­rale Ordinaire du Synode des Evêques, 29 octobre 1983, n. 5. )). Enfin, en 2006, Benoît XVI approu­vait quelques varia­tions à l’Ordo Synodi Episcoporum, éga­le­ment à la lumière des dis­po­si­tions du Code de droit Canonique et du Code des Canons des Eglises Orientales, pro­mul­gués entre-temps((Cf. AAS 98 (2006), 755–779. )).

Nous devons avan­cer sur ce che­min. Le monde dans lequel nous vivons, et que nous sommes appe­lés à aimer et à ser­vir même dans ses contra­dic­tions, exige de l’Eglise le ren­for­ce­ment des syner­gies dans tous les domaines de sa mis­sion. Le che­min de la syno­da­li­té est jus­te­ment celui que Dieu attend de l’Eglise du troi­sième millénaire.

Ce que le Seigneur nous demande, en un cer­tain sens, est déjà plei­ne­ment conte­nu dans le mot ‘‘Synode’’. Marcher ensemble – Laïcs, Pasteurs, Evêque de Rome – est un concept facile à expri­mer en paroles, mais pas si facile à mettre en pratique.

Après avoir réaf­fir­mé que le peuple de Dieu est consti­tué de tous les bap­ti­sés appe­lés à « être une demeure spi­ri­tuelle et un sacer­doce saint »((Concile Œcuménique Vatican II, Const. dogm. Lumen gen­tium (21 novembre 1964), n. 10 )), le Concile Vatican II pro­clame que « la col­lec­ti­vi­té des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint (cf. 1 Jn 2, 20.27), ne peut se trom­per dans la foi ; ce don par­ti­cu­lier qu’elle pos­sède, elle le mani­feste moyen­nant le sens sur­na­tu­rel de foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, « des évêques jusqu’aux der­niers des fidèles laïcs », elle apporte aux véri­tés concer­nant la foi et les mœurs un consen­te­ment uni­ver­sel »((Ibid, n. 12. )). Ce fameux infaillible ‘‘in cre­den­do’’.

Dans l’Exhortation apos­to­lique Evangelii gau­dium, j’ai sou­li­gné que « le Peuple de Dieu est saint à cause de cette onc­tion que le rend infaillible « in cre­den­do »»((François, Exhort. Ap. Evangelii gau­dium, 24 novembre, n. 119. )), ajou­tant que « chaque bap­ti­sé, quelle que soit sa fonc­tion dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation, et il serait inadé­quat de pen­ser à un sché­ma d’évangélisation uti­li­sé pour des acteurs qua­li­fiés, où le reste du peuple fidèle serait seule­ment des­ti­né à béné­fi­cier de leurs actions »((Ibid, n. 120. )). Le sen­sus fidei empêche une sépa­ra­tion rigide entre Ecclesia docens et Ecclesia dis­cens, puisque le Troupeau pos­sède aus­si son propre ‘‘flair’’ pour dis­cer­ner les nou­velles routes que le Seigneur ouvre à l’Eglise((Cf. François, Discours à l’oc­ca­sion de la Rencontre avec les Evêques res­pon­sables du Conseil Episcopal Latino-​américain (C.E.L.AM), dans le cadre la Rencontre de la Réunion géné­rale de Coordination, Rio de Janeiro, 28 juillet 2013, nn. 5, 4 ; Id., Discours à l’oc­ca­sion de la Rencontre avec le cler­gé, les per­sonnes de vie consa­crée, et des membres de conseils pas­to­raux, Assise, 4 octobre 2013. )).

C’est cette convic­tion qui m’a gui­dé lorsque j’ai sou­hai­té que le peuple de Dieu soit consul­té dans la pré­pa­ra­tion du double rendez-​vous syno­dal concer­nant la famille, comme cela se fait et s’est fait d’habitude par tous les ‘‘Lineamenta’’. Il est cer­tain qu’une consul­ta­tion de ce genre ne pour­rait, en aucune façon, suf­fire pour écou­ter le sen­sus fidei. Mais com­ment aurait-​il été pos­sible de par­ler de la famille sans inter­pel­ler les familles, en écou­tant leurs joies et leurs espé­rances, leurs dou­leurs et leurs angoisses1 ? Par les réponses aux deux ques­tion­naires envoyés aux Eglises par­ti­cu­lières, nous avons eu la pos­si­bi­li­té d’écouter au moins quelques-​unes d’entre elles concer­nant les ques­tions qui les touchent de près et sur les­quelles elles ont tant à dire.

Une Église syno­dale est une Église de l’écoute, avec la conscience qu’écouter « est plus qu’entendre »((Cf. François , Exhort. apost. Evangelii gau­dium, n. 171. )). C’est une écoute réci­proque dans laquelle cha­cun a quelque chose à apprendre. Le peuple fidèle, le Collège épis­co­pal, l’Évêque de Rome, cha­cun à l’écoute des autres ; et tous à l’écoute de l’Esprit Saint, l’« Esprit de Vérité » (Jn 14, 17), pour savoir ce qu’il dit aux Églises (Ap 2, 7).

Le Synode des Évêques est le point de conver­gence de ce dyna­misme d’écoute mené à tous les niveaux de la vie de l’Église. Le che­min syno­dal com­mence en écou­tant le Peuple qui « par­ti­cipe aus­si de la fonc­tion pro­phé­tique du Christ »((Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gen­tium, n. 12. )) selon un prin­cipe cher à l’Église du pre­mier mil­lé­naire : « Quod omnes tan­git ab omni­bus trac­ta­ri debet ». Le che­min du Synode conti­nue en écou­tant les pas­teurs. A tra­vers les pères syno­daux, les Évêques agissent comme d’authentiques gar­diens, inter­prètes et témoins de la foi de toute l’Église, qui doivent savoir dis­cer­ner avec atten­tion par­mi les mou­ve­ments sou­vent chan­geants de l’opinion publique. À la veille du Synode de l’an der­nier je disais : « Nous deman­dons tout d’abord à l’Esprit Saint pour les pères syno­daux, le don de l’écoute : écoute de Dieu jusqu’à entendre avec Lui le cri du peuple ; écoute du peuple jusqu’à y res­pi­rer la volon­té à laquelle Dieu nous appelle »((François, Discours à l’oc­ca­sion de la veillée de prière en pré­pa­ra­tion au Synode sur la famille, 4 octobre 2014. )). Enfin, le che­min syno­dal culmine dans l’écoute de l’Évêque de Rome, appe­lé à se pro­non­cer comme « pas­teur et doc­teur de tous les chré­tiens »((Conc. Œcum. Vat. I, Const. dogm. Pastor aeter­nus, 18 juillet 1870, chap. IV : Denz. 3074. Cf. Codex Iuris Canonici, c. 749 § 1. )), non à par­tir de ses convic­tions per­son­nelles, mais comme témoin suprême de la fides totius Ecclesiae, « garant de l’obéissance et de la confor­mi­té de l’Église à la volon­té de Dieu, à l’Évangile du Christ et à la Tradition de l’Église »((François, Discours pour la conclu­sion de la 3ème Assemblée Générale Extraordinaire du Synode des Evêques, 18 octobre 2014. )).

Le fait que le Synode agisse tou­jours cum Petro et sub Petro – et donc pas seule­ment cum Petro, mais aus­si sub Petro – n’est pas une limi­ta­tion de la liber­té, mais une garan­tie de l’unité. En effet, le Pape est, par la volon­té du Seigneur, « le prin­cipe per­pé­tuel et visible et le fon­de­ment de l’unité qui lie entre eux soit les Évêques, soit la mul­ti­tude des fidèles »((Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gen­tium, n. 23. Cf. Conc. Œcum. Vat. I, Const. dogm. Pastor aeter­nus, Prologo : Denz. 3051. )). A cela s’ajoute le concept de « com­mu­nion hié­rar­chique », uti­li­sé par le Concile Vatican II : Les Évêques sont unis à l’Évêque de Rome par le lien de la com­mu­nion épis­co­pale (cum Petro) et sont en même temps sou­mis hié­rar­chi­que­ment à lui en tant que Chef du Collège2.

La syno­da­li­té, comme dimen­sion consti­tu­tive de l’Église, nous offre le cadre d’interprétation le plus adap­té pour com­prendre le minis­tère hié­rar­chique lui-​même. Si nous com­pre­nons que, comme dit Saint Jean Chrysostome, « Église et Synode sont syno­nymes »3 – parce que l’Église n’est autre que le « mar­cher ensemble » du trou­peau de Dieu sur les sen­tiers de l’histoire à la ren­contre du Christ Seigneur – nous com­pre­nons aus­si qu’en son sein per­sonne ne peut être « éle­vé » au-​dessus des autres. Au contraire, il est néces­saire dans l’Église que cha­cun s’« abaisse » pour se mettre au ser­vice des frères tout au long du chemin.

Jésus a consti­tué l’Église en met­tant à son som­met le Collège apos­to­lique, dans lequel l’Apôtre Pierre est le « rocher » (cf. Mt 16, 18), celui qui doit « confir­mer » les frères dans la foi (cf. Lc 22, 32). Mais dans cette Église, comme dans une pyra­mide ren­ver­sée, le som­met se trouve sous la base. C’est pour­quoi, ceux qui exercent l’autorité s’appellent « ministres » : parce que, selon la signi­fi­ca­tion ori­gi­nelle du mot, ils sont les plus petits entre tous. C’est en ser­vant le Peuple de Dieu que chaque Évêque devient, pour la por­tion du Troupeau qui lui est confiée, vica­rius chris­ti((Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gen­tium, n. 27. )),Vicaire de ce Jésus qui, à la der­nière Cène, s’est bais­sé pour laver les pieds des Apôtres (cf. Jn 13, 1–15). Et, dans un tel hori­zon, le Successeur de Pierre n’est rien d’autre que le ser­vus ser­vo­rum Dei((François, Discours pour la conclu­sion de la 3ème Assemblée Générale Extraordinaire du Synode des Evêques, 18 octobre 2014. )).

Ne l’oublions jamais ! Pour les dis­ciples de Jésus, hier, aujourd’hui et tou­jours, l’unique auto­ri­té est l’autorité du ser­vice, l’unique pou­voir est le pou­voir de la croix, selon les paroles du Maître : « Vous le savez : les chefs des nations les com­mandent en maîtres, et les grands font sen­tir leur pou­voir. Parmi vous il ne devra pas en être ain­si : celui qui veut deve­nir grand par­mi vous sera votre ser­vi­teur ; et celui qui veut par­mi vous être le pre­mier sera votre esclave » (Mt 20, 25–27). Parmi vous il ne devra pas en être ain­si : dans cette expres­sion nous rejoi­gnons le cœur même du mys­tère de l’Église – « Parmi vous il ne devra pas en être ain­si » – et nous rece­vons la lumière néces­saire pour com­prendre le ser­vice hiérarchique.

Dans une Église syno­dale, le Synode des évêques est seule­ment la mani­fes­ta­tion la plus évi­dente d’un dyna­misme de com­mu­nion qui ins­pire toutes les déci­sions ecclésiales.

Le pre­mier niveau d’exercice de la syno­da­li­té se réa­lise dans les Églises par­ti­cu­lières. Après avoir rap­pe­lé la noble ins­ti­tu­tion du Synode dio­cé­sain, dans laquelle prêtres et laïcs sont appe­lés à col­la­bo­rer avec l’Évêque pour le bien de toute la com­mu­nau­té ecclésiale((Cf. Codex Juris Canonici, cann. 460–468. )), le Code de droit cano­nique consacre une grande place à ce qu’on appelle d’habitude les « orga­nismes de com­mu­nion » de l’Église par­ti­cu­lière : le Conseil pres­by­té­ral, le Collège des Consulteurs, le Chapitre des Chanoines et le Conseil pastoral((Cf. ibid. can. 495–514. )). Une Église syno­dale peut com­men­cer à prendre forme seule­ment dans la mesure où ces orga­nismes res­tent reliés avec « la base » et partent des gens, des pro­blèmes de chaque jour : de tels ins­tru­ments qui, par­fois, font preuve de las­si­tude, doivent être valo­ri­sés comme une occa­sion d’écoute et de partage.

Le second niveau est celui des Provinces et des Régions ecclé­sias­tiques, des Conciles par­ti­cu­liers et d’une façon spé­ciale des Conférences épiscopales((Cf. ibid. can. 431–459. )). Nous devons réflé­chir pour accom­plir encore davan­tage, à tra­vers ces orga­nismes, les ins­tances inter­mé­diaires de la col­lé­gia­li­té, peut-​être en inté­grant et en met­tant à jour cer­tains aspects de l’ancienne orga­ni­sa­tion ecclé­sias­tique. Le sou­hait du Concile que de tels orga­nismes puissent contri­buer à accroître l’esprit de la col­lé­gia­li­té épis­co­pale ne s’est pas encore plei­ne­ment réa­li­sé. Nous sommes à mi-​chemin, à une par­tie du che­min. Dans une Eglise syno­dale, comme j’ai déjà affir­mé, « il n’est pas oppor­tun que le Pape rem­place les Épiscopats locaux dans le dis­cer­ne­ment de toutes les pro­blé­ma­tiques qui se pré­sentent sur leurs ter­ri­toires. En ce sens, je sens la néces­si­té de pro­gres­ser dans une « décen­tra­li­sa­tion » salu­taire »((François, Exhort. apost. Evangelii gau­dium, n. 16 ; cf. ibid. n. 32. )).

Le der­nier niveau est celui de l’Église uni­ver­selle. Ici le Synode des Évêques, repré­sen­tant l’épiscopat catho­lique, devient une expres­sion de la col­lé­gia­li­té épis­co­pale à l’intérieur d’une Église tout entière synodale((Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décret Christus Dominus, n. 5 ; Codex Juris Canonici, cann. 460–468. )). Deux expres­sions dif­fé­rentes : « col­lé­gia­li­té épis­co­pale » et « Église tout entière syno­dale ». Elles mani­festent la col­lé­gia­li­té affec­tive, laquelle peut même deve­nir dans cer­taines cir­cons­tances « effec­tive », qui unit les Évêques entre eux et avec le Pape dans la sol­li­ci­tude pour le Peuple de Dieu((Cf. Saint Jean-​Paul II, Exhort. apost. post­sy­nod. Pastores gre­gis, 16 octobre 2003, n. 8. )).

L’engagement pour édi­fier une Église syno­dale – mis­sion à laquelle nous sommes tous appe­lés, cha­cun dans le rôle que lui confie le Seigneur – est plein d’implications œcu­mé­niques. Pour cette rai­son, m’adressant à une délé­ga­tion du Patriarcat de Constantinople, j’ai rap­pe­lé récem­ment la convic­tion que « l’examen atten­tif de la manière dont s’articulent, dans la vie de l’Église, le prin­cipe de la syno­da­li­té et le ser­vice de celui qui pré­side, offri­ra une contri­bu­tion signi­fi­ca­tive au pro­grès des rela­tions entre nos Églises »((François, Discours à la délé­ga­tion œcu­mé­nique du Patriarcat de Constantinople, 27 juin 2015. )).

Je suis per­sua­dé que, dans une Église syno­dale, même l’exercice du pri­mat pétri­nien pour­ra rece­voir une plus grande lumière. Le Pape ne se trouve pas, tout seul, au-​dessus de l’Église, mais en elle comme bap­ti­sé par­mi les bap­ti­sés et dans le Collège épis­co­pal comme évêque par­mi les évêques, appe­lé en même temps – comme Successeur de l’apôtre Pierre – à gui­der l’Église de Rome qui pré­side dans l’amour toutes les Églises((Cf. Saint Ignace d’Antioche, Epistula ad roma­nos, Proemio : PG 5, 686. )).

Tandis que je rap­pelle la néces­si­té et l’urgence de pen­ser à « une conver­sion de la papau­té »((François, Exhort. apost. Evangelii gau­dium, n. 32. )), je répète volon­tiers les paroles de mon pré­dé­ces­seur le Pape Jean-​Paul II : « L’évêque de Rome sait bien […] que le désir ardent du Christ est la com­mu­nion pleine et visible de toutes les Communautés dans les­quelles habite son Esprit en ver­tu de la fidé­li­té à Dieu. Je suis convain­cu d’avoir à cet égard une res­pon­sa­bi­li­té par­ti­cu­lière, sur­tout lorsque je vois l’aspiration œcu­mé­nique de la majeure par­tie des Communautés chré­tiennes et que j’écoute la requête adres­sé de trou­ver une forme d’exercice de la pri­mau­té ouverte à une situa­tion nou­velle, mais sans renon­ce­ment aucun à l’essentiel de sa mis­sion »((Saint Jean-​Paul II, Lett. enc. Ut unum sint, 25 mai 1995, n. 95. )).

Notre regard s’élargit aus­si à l’humanité. Une Église syno­dale est comme un éten­dard levé par­mi les nations (cf. Is 11, 12) d’une façon qui – même en invo­quant la par­ti­ci­pa­tion, la soli­da­ri­té et la trans­pa­rence dans l’administration des affaires publiques – remet sou­vent le des­tin de popu­la­tions entières entre les mains avides de groupes res­treints de pou­voir. Comme l’Église qui « marche au milieu » des hommes, par­ti­cipe aux tour­ments de l’histoire, culti­vons le rêve que la redé­cou­verte de la digni­té invio­lable des peuples et de la fonc­tion du ser­vice de l’autorité puissent aider aus­si la socié­té civile à se construire dans la jus­tice et dans la fra­ter­ni­té, géné­rant un monde plus beau et plus digne de l’homme pour les géné­ra­tions qui vien­dront après nous((Cf. François, Exhort. apost. Evangelii gau­dium, n. 186–192 ; Lett.enc. Laudato si” 24 mai 2015, nn. 156.162.)).

Merci.

Francicus

  1. Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, 7 décembre 1965, n. 1. []
  2. Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gen­tium, n. 22. Decr. Christus Dominus, 28 octobre 1965, n. 4. []
  3. Saint Jean Chrysostome, Explicatio in ps 149 : PG 55, 493. []