Léon XIII

256ᵉ pape ; de 1878 à 1903

12 septembre 1897

Lettre encyclique Augustissimae Virginis Mariae

Sur le culte marial

A Nos Vénérables Frères les Patriarches, Primats, Archevêques, Evêques et autres Ordinaires en paix et en com­mu­nion avec le Siège Apostolique.
LEON XIII, PAPE

Vénérables Frères,
Salut et Bénédiction Apostolique.

Si l’on consi­dère à quel degré émi­nent de digni­té et de gloire Dieu a pla­cé la très auguste Vierge Marie, on com­pren­dra faci­le­ment com­bien il importe aux inté­rêts pro­vés et publics d’entretenir assi­dû­ment son culte et de le répandre avec un zèle chaque jour plus ardent.

Dieu l’a choi­sie de toute éter­ni­té pour deve­nir la Mère du Verbe qui devait revê­tir la nature humaine ; aus­si, l’a‑t-il tel­le­ment éle­vée au-​dessus de tout ce qu’il devait y avoir de plus beau dans les trois ordres de la nature, de la grâce et de la gloire, que l’Eglise lui attri­bue avec rai­son ces paroles : Je suis sor­tie de la bouche du Très-​Haut la pre­mière avant toute créa­ture. (Eccli., xxiv, 5)

Puis, dès que les siècles eurent com­men­cé leurs cours, lorsque les auteurs du genre humain furent tom­bés dans le péché, souillant toute leur pos­té­ri­té de la même tache, Marie fut consti­tuée le gage du réta­blis­se­ment de la paix et du salut.

Le Fils unique de Dieu a pro­di­gué à sa Très Sainte Mère des témoi­gnages non équi­voques de respect.

Durant sa vie cachée, il l’a prise pour auxi­liaire dans les deux pre­miers miracles qu’il accom­plit alors : l’un, miracle de la grâce, qui, à la salu­ta­tion de Marie, fit tres­saillir en son sein l’enfant d’Elisabeth ; l’autre, miracle de la nature, qui chan­gea l’eau en vin aux noces de Cana. Et, à la fin de sa vie publique, au moment d’établir le Nouveau Testament qu’il devait scel­ler de son sang divin, il confia Marie à l’apôtre bien-​aimé par ces douces paroles : Voici votre Mère. (S. Jean, xix, 27)

Nous donc qui, quoique indigne, sommes ici-​bas le Vicaire et le Représentant de Jésus-​Christ Fils de Dieu, Nous ne ces­se­rons jamais de pour­suivre la glo­ri­fi­ca­tion d’une telle Mère, tant que la lumière brille­ra pour nous. Cette période ne devant pas être longue, – le poids gran­dis­sant des années nous en aver­tit, – Nous ne pou­vons Nous empê­cher de redire à tous Nos fils en Jésus-​Christ les der­nières paroles que le divin Crucifié nous a lais­sées comme par tes­ta­ment : Voici votre Mère !

Et nous esti­me­rons que Nos efforts ont plei­ne­ment abou­ti si, grâce à Nos exhor­ta­tions, tous les fidèles n’ont désor­mais rien de plus à cœur, rien de plus cher que le culte de Marie, et si on peut appli­quer à chaque chré­tien ce que saint Jean a écrit de lui-​même : Le dis­ciple La reçut dans sa mai­son. (S. Jean, xix, 27.)

Aussi, véné­rables Frères, à l’approche du mois d’octobre, Nous ne pou­vons omettre de vous adres­ser une nou­velle exhor­ta­tion aus­si ardente que pos­sible„ afin que tous s’appliquent, par la réci­ta­tion du Rosaire, à acqué­rir des mérites pour eux-​mêmes et pour l’Eglise militante.

D’ailleurs, la divine Providence semble avoir per­mis, pour rani­mer la pié­té lan­guis­sante des fidèles, que ce genre de prière prît, à la fin de ce siècle, une exten­sion mer­veilleuse : témoins les temples magni­fiques et les célèbres sanc­tuaires voués au culte de la Mère de Dieu.

Cette divine Mère a reçu nos fleurs au mois de mai. Nous vou­drions qu’un géné­reux élan de la pié­té uni­ver­selle lui dédiât éga­le­ment octobre, le mois des fruits. Il convient, en effet, de consa­crer ces deux sai­sons à Celle qui a dit d’elle-même : « Mes fleurs sont des fruits d’honneur et de ver­tu. » (Eccli., xxix, 23)

Les hommes sont natu­rel­le­ment por­tés à s’unir, à s’associer ; mais jamais peut-​être ces liens de socié­té n’ont été plus étroits ni recher­chés avec une ardeur aus­si vive et aus­si géné­rale qu’à notre époque. Personne n’aurait lieu de s’en plaindre, si ce pen­chant natu­rel, très noble en lui-​même, n’était sou­vent détour­né de son but et diri­gé vers le mal. On voit en effet se réunir en groupes de genres divers des hommes impies qui joignent leurs efforts « contre le Seigneur et contre son Christ. » (Ps. II, 2) Toutefois, on peut consta­ter – et cela Nous est très agréable – que, par­mi les catho­liques, on appré­cie plus qu’autrefois les asso­cia­tions pieuses, qu’elles sont plus nom­breuses dans l’Eglise, que les liens de la cha­ri­té unissent, comme dans une demeure com­mune, et fusionnent pour ain­si dire tous les fidèles à tel point qu’ils peuvent être appe­lés et qu’ils semblent être vrai­ment des frères.

Au contraire, si l’on sup­prime la cha­ri­té du Christ, per­sonne ne peut se glo­ri­fier de ce nom, ni de cette union fra­ter­nelle. C’est ce que jadis Tertullien expo­sait vigou­reu­se­ment en ces termes : « Nous sommes vos frères par droit de nature, parce que nous n’avons qu’une mère, quoique vous soyez à peine des hommes, parce que vous êtes de mau­vais frères. Mais à com­bien plus juste titre ils sont appe­lés frères et regar­dés comme tels, ceux qui recon­naissent Dieu pour leur père com­mun, qui sont péné­trés du même esprit de sain­te­té, qui du sein de la même igno­rance ont pas­sé avec ravis­se­ment à la lumière de la même vérité.

C’est sous des formes mul­tiples que les catho­liques ont cou­tume de consti­tuer les socié­tés très salu­taires dont Nous par­lons. Il y a les cercles, les caisses rurales, les réunions orga­ni­sées les jours de fête pour repo­ser les esprits, les patro­nages pour la jeu­nesse, le confré­ries, et beau­coup d’autres asso­cia­tions for­mées dans des buts excel­lents. Assurément, toutes ces ins­ti­tu­tions – bien que, par leur titre, leur forme et leur fin par­ti­cu­lière et pro­chaine, elles semblent de créa­tion récente – sont en réa­li­té très anciennes. Il est cer­tain, en effet, que l’on retrouve, à l’origine même du chris­tia­nisme, des traces de pareilles asso­cia­tions. Mais, dans la suite, elles furent confir­mées par des lois, dis­tin­guées par des insignes, gra­ti­fiés de pri­vi­lèges, employées aux céré­mo­nies du culte dans les temples, consa­crées aux soins des âmes ou des corps ; elles reçurent des noms divers, sui­vant les époques. Leur nombre s’accrut tel­le­ment, dans le cours des siècles, qu’en Italie sur­tout il n’y a aucune région, aucune ville et presque aucune paroisse qui ne compte une ou plu­sieurs de ces socié­tés. Nous n’hésitons pas à attri­buer, par­mi ces asso­cia­tions, la place d’honneur à la confré­rie dite du Très Saint Rosaire. En effet, si l’on consi­dère son ori­gine, elle brille entre toutes les ins­ti­tu­tions du même genre par son ancien­ne­té, puisqu’elle a eu pour fon­da­teur S. Dominique lui-​même. Si l’on tient compte des pri­vi­lèges, elle en a obte­nu d’aussi nom­breux qu’il est pos­sible, grâce à la muni­fi­cence de Nos prédécesseurs.

La forme et pour ain­si dire l’âme de cette ins­ti­tu­tion, c’est le Rosaire de Marie, dont Nous avons lon­gue­ment expo­sé ailleurs la ver­tu. Mais la puis­sance et l’efficacité du Rosaire, en tant qu’il consti­tue l’office propre de la confré­rie à laquelle il a don­né son nom, sont sur­tout considérables.

Nul n’ignore, en effet, com­bien il est néces­saire pour tous les hommes de prier, non que les déci­sions divines puissent être modi­fiées, mais parce que, comme l’a dit S. Grégoire, « les hommes, en deman­dant, méritent de rece­voir ce qu’avant les siècles le Dieu tout-​puissant a réso­lu de leur don­ner ». (Dialog. I, 8 )

S. Augustin, d’autre part, a dit : « Celui qui sait bien prier sait bien vivre. » (In Ps. CXVIII.) Mais les prières sont sur­tout puis­santes pour obte­nir le secours céleste lorsqu’elles sont faites publi­que­ment, avec per­sé­vé­rance et union, par un grand nombre de fidèles, qui ne forment pour ain­si dire qu’un seul chœur de sup­pliants. C’est ce que montrent très clai­re­ment ces paroles des Actes des Apôtres, où il est dit que les dis­ciples du Christ, atten­dant l’Esprit-Saint pro­mis, « per­sé­vé­raient una­ni­me­ment dans la prière ». (Act. I, 14) Ceux qui emploie­ront cette manière de prier ne man­que­ront jamais d’en reti­rer de fruits. Or, c’est ce qui se pro­duit pour les asso­ciés du Saint-​Rosaire. En effet, de même que les prêtres, par la réci­ta­tion de l’Office divin, sup­plient Dieu d’une façon publique, constante et, à cause de cela, très effi­cace ; ain­si, elle est publique d’une cer­taine manière, et inces­sante, et com­mune, la prière que font les asso­ciés en réci­tant le Rosaire, ou, comme l’ont appe­lé plu­sieurs Pontifes romains, le Psautier de la Vierge.

De ce que les prières publiques, comme Nous l’avons dit, sont pré­fé­rables aux prières pri­vées et ont une puis­sance d’impétration plus grande, il est résul­té que la confré­rie du Saint-​Rosaire a été nom­mée par les écri­vains ecclé­sias­tiques « la milice sup­pliante ras­sem­blée par le Père Dominique sous les éten­dards de la divine Mère » » de cette Mère que les saintes Lettres et l’histoire de l’Eglise saluent comme Celle qui a vain­cu le démon et triom­phé de toutes les erreurs. En effet, le Rosaire de Marie unit les fidèles qui pra­tiquent cette dévo­tion par un lien com­mun, sem­blable à celui qui existe entre des frères ou entre des sol­dats logés sous la même tente. Ainsi se trouve consti­tuée une armée bien orga­ni­sée et très puis­sante pour résis­ter aux enne­mis de l’intérieur ou du dehors.

Les membres de cette pieuse asso­cia­tion peuvent donc à juste titre s’appliquer ces paroles de saint Cyprien : « Nous avons une prière publique et com­mune ; et quand nous prions, ce n’est pas pour un seul, mais pour tout le peuple, parce que tous nous ne fai­sons qu’un. » (De orat. Domin.)

D’ailleurs, les annales de l’Eglise prouvent l’efficacité de sem­blables prières, en nous rap­pe­lant la défaite des troupes turques près des îles Echinades, ain­si que les vic­toires écla­tantes rem­por­tées au siècle der­nier sur le même peuple, à Temesvar en Hongrie et à Corfou. Grégoire XIII vou­lut per­pé­tuer le sou­ve­nir du pre­mier de ces triomphes, et il ins­ti­tua une fête en l’honneur de Marie vic­to­rieuse. Dans la suite, Notre Prédécesseur Clément XI don­na à cette solen­ni­té le titre du Rosaire et décré­ta qu’elle serait célé­brée chaque année dans l’Eglise universelle.

Mais parce que cette armée sup­pliante est « enrô­lée sous l’étendard de la divine Marie », un nou­veau mérite et un nou­vel hon­neur rejaillissent sur elle. C’est pour cela sur­tout que, dans la réci­ta­tion du Rosaire, on répète si sou­vent la Salutation angé­lique après l’Oraison domi­ni­cale. On pour­rait croire, au pre­mier abord, que cette répé­ti­tion est incom­pa­tible en quelque sorte avec l’honneur dû à la divi­ni­té, et qu’elle nous porte à mettre dans le patro­nage de Marie une confiance plus grande qu’en la divine puis­sance. Mais tout au contraire : rien ne peut plus faci­le­ment tou­cher Dieu et nous le rendre plus propice.

En effet, la foi catho­lique nous enseigne que nous devons adres­ser nos prières, non seule­ment à Dieu, mais encore aux bien­heu­reux habi­tants du ciel (Conc. Trid. sess XXV) ; bien que le mode de sup­pli­ca­tion doive dif­fé­rer, puisque nos prières s’adressent à Dieu comme au prin­cipe de tous les biens, et aux Saints comme à des inter­ces­seurs auprès de Dieu. On peut, dit saint Thomas, adres­ser une prière à quelqu’un de deux façons : ou bien pour qu’il l’accomplisse par lui-​même, ou bien pour qu’il en obtienne l’accomplissement. C’est de la pre­mière manière que nous prions Dieu, parce que toutes nos prières doivent avoir pour but d’obtenir la grâce et la gloire, que Dieu seul donne, selon qu’il est dit au psaume LXXXIII, ver­set 12e : « Le Seigneur don­ne­ra la grâce et la gloire. » Mais nous prions les anges et les Saints de la seconde manière, non point pour que Dieu connaisse par eux nos demandes, mais afin que, par leurs sup­pli­ca­tions et leurs mérites, nos prières puissent être exau­cées. C’est pour­quoi il est dit dans l’Apocalypse, cha­pitre VIII, ver­set 4e, que « la fumée des par­fums com­po­sés des prières des saints s’éleva de la main de l’ange devant Dieu. » (S. Th. 2a 2ae, q. 83, a. 4)

Or, par­mi tous les heu­reux habi­tants du ciel, qui donc ose­rait riva­li­ser avec l’auguste Mère de Dieu pour une grâce à obte­nir ? Qui donc voit plus clai­re­ment, dans le Verbe éter­nel, les angoisses qui nous pressent, les besoins dont nous sommes assié­gés ? Qui, plus qu’Elle, a reçu e pou­voir de tou­cher la Divinité ? Qui pour­rait éga­ler les effu­sions de sa ten­dresse mater­nelle ? C’est pré­ci­sé­ment la rai­son pour laquelle, si nous ne prions pas les bien­heu­reux comme nous prions Dieu, – « car nous deman­dons à la sainte Trinité d’avoir pitié de nous, et à tous les Saints, quels qu’ils soient, de prier pour nous (Ib.), – tou­te­fois notre manière d’implorer la Vierge a quelque chose de com­mun avec le culte de Dieu, au point que l’Eglise sup­plie la Vierge par les mots mêmes dont elle se sert pour sup­plier Dieu : « Ayez pitié des pécheurs. » Les membres de la confré­rie du saint Rosaire font donc une œuvre excel­lente en tres­sant de leurs salu­ta­tions répé­tées et de leurs prières à Marie comme des guir­landes de roses. Si haute, en effet, est la gran­deur de Marie, si puis­sante la faveur dont Elle jouit auprès de Dieu, que ne pas recou­rir à Elle dans ses besoins, c’est vou­loir, sans ailes, s’élever dans les airs.

L’association dont Nous par­lons a un autre mérite, que Nous ne devons point pas­ser sous silence. Toutes les fois que, par la réci­ta­tion du Rosaire de Marie, nous médi­tons les mys­tères de notre salut, nous imi­tons aus­si par­fai­te­ment que pos­sible l’office très saint confié jadis à la céleste milice des anges. Ce sont eux, qui ont révé­lé ces mys­tères suc­ces­si­ve­ment et en leur temps, qui y ont joué un grand rôle, qui ont rem­pli cette charge avec grand soin, dans une atti­tude tan­tôt joyeuse, tan­tôt affli­gée, tan­tôt triom­phante. C’est Gabriel qui est envoyé vers la Vierge pour annon­cer l’incarnation du Verbe éter­nel. Ce sont des anges, qui, dans la grotte de Bethléem, célèbrent la nais­sance du Sauveur. C’est un ange qui aver­tit Joseph de prendre la fuite et de se reti­rer en Egypte avec l’Enfant. Au jar­din des oli­viers, lorsque Jésus, acca­blé de dou­leur, répand une sueur de sang, c’est un ange qui, res­pec­tueu­se­ment, Le console. Lorsque, triom­phant de la mort, Il est sor­ti du sépulcre, ce sont des anges qui l’annoncent aux saintes femmes. Des anges révèlent que Jésus est mon­té au ciel et pro­clament qu’Il en revien­dra, envi­ron­né des milices angé­liques, aux­quelles Il join­dra les âmes des élus pour les emme­ner vers les chœurs célestes, au-​dessus des­quels a été exal­tée la sainte Mère de Dieu.

C’est donc aux asso­ciés du Rosaire réci­tant cette pieuse prière que conviennent par­fai­te­ment ces paroles que l’apôtre saint Paul adres­sait aux nou­veaux dis­ciples du Christ : « Vous êtes mon­tés sur la mon­tagne de Sion ; vous êtes entrés dans la cité du Dieu vivant, dans la Jérusalem céleste, et beau­coup de mil­liers d’anges sont autour de vous. » (Héb., XII, 22) Quoi en effet de plus divin, quoi de plus suave que de contem­pler, que de prier en com­pa­gnie des anges ? Quelle espé­rance, quelle confiance on peut conce­voir de jouir dans le ciel de la bien­heu­reuse socié­té des anges, lorsque, sur la terre, on les a déjà aidés, pour ain­si dire, à accom­plir leur ministère !

C’est pour toutes ces rai­sons que les Pontifes romains ont tou­jours com­blé des plus magni­fiques éloges une asso­cia­tion ain­si dévouée à Marie. Innocent VIII l’appelle « la très dévote confré­rie » (Splendor pater­nae glo­riae, 26 févr. 1491) ; Pie V célèbre ain­si ses bien­faits : « Les fidèles du Christ se trouvent sou­dain chan­gés en d’autres hommes, les ténèbres de l’hérésie se dis­sipent, et la lumière de la foi catho­lique se révèle » (Consueverunt RR. PP., 17 sept. 1569) ; Sixte-​Quint, obser­vant com­bien cette ins­ti­tu­tion a été salu­taire à la reli­gion, pro­clame qu’il lui est très dévoué. Beaucoup d’autres Pontifes, enfin, ou bien ont enri­chi cette dévo­tion des plus abon­dantes et des plus magni­fiques indul­gences, ou bien l’ont prise sous leur pro­tec­tion par­ti­cu­lière, soit en s’y asso­ciant, soit en lui accor­dant divers témoi­gnages de leur bienveillance.

Excité par l’exemple de Nos pré­dé­ces­seurs, Nous aus­si, Vénérables Frères, Nous vous exhor­tons et vous encou­ra­geons avec ardeur, comme Nous l’avons déjà fait sou­vent, à entou­rer de votre meilleur dévoue­ment cette milice sacrée, de telle sorte que, grâce à vos efforts, elle voie de jour en jour accou­rir sous ses dra­peaux des effec­tifs plus nom­breux. Que, par votre concours et par le concours des membres de votre cler­gé qui ont charge d’âmes, le peuple connaisse et appré­cie comme il convient les avan­tages de cette confré­rie et son uti­li­té pour le salut éter­nel des hommes. Nous le deman­dons avec d’autant plus d’insistance que, tout der­niè­re­ment encore, on a vu refleu­rir une des formes les plus belles de la pié­té envers la très sainte Mère de Dieu au moyen du Rosaire, qu’on appelle le « Rosaire per­pé­tuel ». Nous bénis­sons de grand cœur cette ins­ti­tu­tion, et Nous sou­hai­tons gran­de­ment que vous consa­criez à la répandre votre zèle et votre activité.

Nous conce­vons l’espoir très vif que les louanges et les prières du Rosaire seront très puis­santes si, sor­tant des lèvres et du cœur d’une grande mul­ti­tude, elles ne se taisent jamais, et si jour et nuit, dans les diverses régions du globe, suc­ces­si­ve­ment, le concert conti­nu de voix qui prient s’harmonise avec la médi­ta­tion des choses divines. Cette conti­nui­té de sup­pli­ca­tions et de louanges a été annon­cée, il y a bien des siècles, par ces paroles divines adres­sées à Judith, dans le can­tique d’Ozias : « Tu es bénie par le Dieu Très-​Haut par-​dessus toutes les femmes qui sont sur la terre,… car Il a aujourd’hui tel­le­ment glo­ri­fié ton nom, que ta louange ne s’arrêtera plus sue les lèvres des hommes. » Et tout le peuple d’Israël accla­mait ces paroles en s’écriant : « Qu’il en soit ain­si ! qu’il en soit ainsi ! »

En atten­dant, comme gage des bien­faits célestes, et comme témoi­gnage de Notre pater­nelle bien­veillance, Nous accor­dons affec­tueu­se­ment dans le Seigneur, Vénérables Frères, à vous, à votre cler­gé, à tout le peuple confié à votre foi et à votre vigi­lance, la Bénédiction apostolique.

Donné à Rome, près Saint-​Pierre, le 12 sep­tembre 1897, la ving­tième année de Notre pontificat.

LEON XIII, Pape.