20 février

5e apparition – La Visitation

2e mystère joyeux : La Visitation

L’Evangile nous dit qu” « en ces jours-​là, Marie se mit en che­min et s’en alla en grande hâte vers les mon­tagnes, en une ville de Juda ». L’Eglise s’est plu à chan­ter, dans la litur­gie de la fête de la Visitation, cette hâte de Marie qui court don­ner Jésus au monde, avant même de l’a­voir enfan­té : « J’entends, dit le Livre de la Sagesse, j’en­tends la voix de son bien-​aimé. Le voi­ci qui vient, bon­dis­sant sur les mon­tagnes, fran­chis­sant les col­lines… Il me voit. Il me regarde : Lève-​toi, ma bien-​aimée, me dit-​il ; hâte-​toi, ma jolie, viens vite… O ma co­lombe, de la fente du rocher où tu t’es cachée, montre-​moi enfin ton visage : fais-​moi entendre ta voix, car, pour mes oreilles, ta voix est comme une mu­sique, et pour mes yeux, ton visage est écla­tant de beauté ».

A Lourdes, ce sym­bo­lisme va être au­jourd’hui repro­duit à la lettre. Bernadette, en effet, a enten­du dans son cœur l’ap­pel mystérieux :

« Viens vite, ma bien-​aimée : hâte-​toi ! » Et elle court vers Massabielle où, cachée dans une fente de la roche, la Colombe mys­tique lui appa­raît. Elle des­cend la col­line en bon­dis­sant comme une biche. Elle est avide d’en­tendre la voix de la « Dame », qui, dit-​elle, est fine, fine, douce, douce… et de contem­pler son visage res­plen­dis­sant de lumière et de beau­té.
La scène de la Visitation, telle que les artistes se plaisent, depuis dix-​neuf siècles, à la repré­sen­ter, sans en varier la for­mule, telle d’ailleurs que l’Evangile nous la décrit, est gra­vée dans tous les esprits. Marie et Elisabeth sont en pré­sence. Elles se courbent l’une vers l’autre en une res­pec­tueuse salu­ta­tion, tan­dis qu’Elisabeth fait entendre ces paroles : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de votre sein est béni ».

Ce tableau vivant sera figu­ré à Massabielle durant tout le temps de la deuxième Apparition. Ber­nadette joue le rôle de la Sainte Vierge. Qui va figu­rer Elisabeth ? Notre-​Dame sug­gère à un té­moin, Rosine Cazenave, d’al­ler « se pla­cer vis-​à-​vis de Bernadette », et de dire l’Ave Maria, qui ren­ferme la salu­ta­tion de la cou­sine de Marie.

Puis tous les inci­dents du mys­tère de la Visita­tion vont se résu­mer suc­ces­si­ve­ment dans la per­sonne de Bernadette.

Et d’a­bord, on la voit se cour­ber en « belles salu­ta­tions » – belles comme du­rent être les salu­ta­tions de Marie et d’Elisabeth. – Puis le chœur des spec­ta­teurs inter­prète la joie de la voyante, comme Elisabeth avait chan­té le bon­heur de la Mère de Dieu. « Une rumeur confuse d’ad­mi­ra­tion, décrit Estrade, s’é­tait éle­vée au milieu de la foule, et la plu­part des assis­tants se haus­saient sur la pointe des pieds pour mieux contem­pler l’extatique ».

Et c’est aujourd’­hui encore que Bernadette ap­prendra mot à mot de la Dame du Rocher, et réci­tera pour la pre­mière fois, une prière per­son­nelle que nul n’a­vait dite avant elle. La voyante ne nous a pas révé­lé les mots qui com­posent cette prière. Mais là n’est pas l’in­té­rêt. Notre-​Dame tenait à nous rap­pe­ler que c’est au mys­tère de la Visitation qu’el­le nous a appris sa grande prière du Magnificat.

Et l’on peut bien soup­çon­ner que la prière ensei­gnée par Marie à l’humble enfant était un hymne de recon­nais­sance, tout comme le Magnificat, cette prière de Marie que cha­cun de nous, quand il la pro­nonce, adapte à sa vie per­son­nelle, de sorte que la mul­ti­tude humaine qui l’a répé­tée depuis dix­-​neuf siècles ne l’a jamais redite…

Les termes mêmes du Magnificat étaient d’ail­leurs si bien appro­priés à l’âme de Bernadette que tous ses pané­gy­ristes, pour célé­brer les mer­veilles que Dieu a faites en elle, n’ont pas cru mieux faire que de com­men­ter, en lui en appli­quant les paroles, le Cantique de la Visitation.

Enfin, der­nier détail évo­ca­teur : pour rap­pe­ler que Marie demeu­ra chez sa cou­sine trois mois, Ber­nadette ne retour­ne­ra pas chez elle, mais elle pren­dra pen­sion chez une étran­gère, Mme Millet, chez qui « elle déjeune, dîne et couche » durant trois jours.

Sixième appa­ri­tion