Parution officielle de janvier 2006

Au sujet des interventions du cardinal Hoyos

A deux reprises main­te­nant, le car­di­nal Castrillón Hoyos, pré­fet de la Congrégation du Clergé et pré­sident de la Commission pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei, s’est publi­que­ment expri­mé pour récu­ser l’exis­tence d’un schisme pro­vo­qué le 30 juin 1988 par le sacre des quatre évêques de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X.

Ces décla­ra­tions ont une impor­tance véritable. 

A nos yeux, elles ne changent rien car nous n’a­vons jamais cru aux épou­van­tails qui furent agi­tés par tous les bien-​pensants pour déclen­cher une hémor­ra­gie des fidèles d’Ecône.

Mais, pour ceux qui se lais­sèrent effrayer et pour beau­coup qui, au sein des struc­tures ecclé­sia­déistes, ont été convain­cus par l’é­vi­dence qui sem­blait leur être pré­sen­tée, le dis­cours du car­di­nal Hoyos vient brus­que­ment ouvrir des portes que l’on croyait irré­mé­dia­ble­ment condamnées.

Il est oppor­tun que leur par­viennent ces paroles du car­di­nal char­gé de « la mou­vance à sen­si­bi­li­té traditionnelle. »

Voici donc ces deux déclarations.
La pre­mière est extraite d’un entre­tien que le car­di­nal Hoyos a don­né au jour­nal ita­lien Trente jours du mois de sep­tembre 2005 [1]:

« – Eminence, quelle est la valeur de l’au­dience accor­dée par le pape au supé­rieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X ?
– L’audience fait par­tie d’un pro­ces­sus qui a com­men­cé par une inter­ven­tion très impor­tante de celui qui était alors le car­di­nal Ratzinger, qui a signé avec Monseigneur Lefebvre un pro­to­cole d’en­tente avant que ce der­nier ne décide de pro­cé­der aux consé­cra­tions épis­co­pales de 1988.

- Monseigneur Lefevbre n’est pas reve­nu en arrière.
– Malheureusement, Monseigneur Lefebvre a main­te­nu sa déci­sion de consa­crer des évêques et cela a donc créé cette situa­tion de déta­che­ment, même s’il ne s’a­git pas for­mel­le­ment d’un schisme ».

Le car­di­nal Hoyos a repris la même idée le 13 nov. 2005 alors qu’il se trou­vait inter­ro­gé par la télé­vi­sion ita­lienne TV Canal 5[2] :

« Nous ne sommes pas face à une héré­sie. On ne peut pas dire en termes cor­rects, exacts, pré­cis qu’il y ait un schisme. Il y a, dans le fait de consa­crer des évêques sans le man­dat pon­ti­fi­cal, une atti­tude schis­ma­tique. Ils sont à l’in­té­rieur de l’Eglise. Il y a seule­ment ce fait qu’il manque une pleine, une plus par­faite – comme cela a été dit durant la ren­contre avec Monseigneur Fellay – une plus pleine com­mu­nion, parce que la com­mu­nion existe. »

Il nous semble pou­voir résu­mer ain­si le rai­son­ne­ment du pré­sident de la Commission pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei : les sacres du 30 juin 1988 auraient pu être l’in­di­ca­teur d’une volon­té schis­ma­tique. Mais le temps qui s’est écou­lé depuis cet évé­ne­ment montre que la Fraternité Saint-​Pie X n’a jamais vou­lu s’é­ri­ger en Eglise paral­lèle et n’a jamais ces­sé de recon­naître les papes, jus­qu’à Benoît XVI aujourd’­hui, comme suc­ces­seurs de Pierre.

Il faut donc savoir confes­ser désor­mais que ces sacres épis­co­paux n’ont, en réa­li­té, pas engen­dré de schisme.

En consé­quence, les évêques, les prêtres et les fidèles de la Fraternité Saint-​Pie X sont bien dans l’Eglise, même s’il reste des ques­tions à régler avec eux.

Nous remer­cions le car­di­nal Hoyos de l’hon­nê­te­té intel­lec­tuelle mani­fes­tée sur ce point et nous nous tour­nons main­te­nant vers les res­pon­sables des struc­tures ecclé­sia­déistes pour leur deman­der d’ap­por­ter leur sou­tien franc et enthou­siaste aux pro­pos du pré­sident de la Commission pon­ti­fi­cale dont ils dépendent .

Loin de nous l’i­dée de leur deman­der des excuses pour avoir accu­sé Monseigneur Lefevbre d’a­voir ini­tié un schisme, et à ses suc­ces­seurs de l’a­voir per­pé­tré ! Nous ne sommes même pas gui­dés par quelque amer­tume qui nous ferait dési­rer nous entendre don­ner rai­son. L’Eglise se pro­non­ce­ra à son heure. Nous pen­sons qu’il existe seule­ment un devoir de jus­tice élé­men­taire à réper­cu­ter cette posi­tion sérieuse, offi­cielle, publique prise par le Cardinal de l’Eglise le mieux habi­li­té à trai­ter de cette question.

Nous refu­sons à l’a­vance une dia­lec­tique qui cher­che­rait à oppo­ser le car­di­nal Hoyos au pape Benoît XVI. Il est évident que, sur un sujet d’une telle impor­tance, le car­di­nal Hoyos n’a pu se pro­non­cer sans l’ap­pro­ba­tion de celui qui, lors de l’au­dience du 29 août, par­lait déjà du « véné­ré Monseigneur Lefebvre ».

Nous n’ad­met­tons pas non plus la for­mule offen­sante à l’a­dresse du car­di­nal Hoyos consis­tant à dire qu’il ne pen­se­rait pas ce qu’il a dit et répé­té, et n’au­rait tenu de tels pro­pos que par une gen­tillesse de sur­face ou par ruse diplomatique.

L’accueil que les res­pon­sables des struc­tures ecclé­sia­déistes réser­ve­ront aux paroles du car­di­nal Hoyos ne révèlera-​t-​il pas le fond des cours ?

Si une erreur de juge­ment dans les cir­cons­tances dif­fi­ciles de l’an­née 1988 est bien com­pré­hen­sible, l’en­tê­te­ment sur une telle posi­tion devien­drait odieux et consti­tue­rait la marque d’un esprit boutiquier.

Ceux qui ont connu Monseigneur Lefebvre, qui lui doivent tout et n’exis­te­raient pas sans lui, doivent être aujourd’­hui les pre­miers à se réjouir de la décla­ra­tion car­di­na­lice, même si elle met sans doute un peu à mal leur légi­ti­mi­té toute fon­dée sur l’exis­tence de ce schisme, qu’un car­di­nal a désor­mais relé­gué dans les oubliettes de l’Histoire de l’Eglise.

Abbé Régis de Cacqueray-Valménier †
Supérieur du dis­trict de France

Les divers entretiens dont il est fait mention supra

Interview de Monseigneur Bernard Fellay par Gianni Cardinale à 30 Giorni – Septembre 2005

Monseigneur Fellay, quelle est la signi­fi­ca­tion de cette audience ? 
Mgr Fellay : Il s’est agi d’une ren­contre qui s’est insé­rée, j’o­se­rais dire nor­ma­le­ment, dans le cadre d’un dia­logue entre nous et Rome qui a com­men­cé en 2000 et qui a connu un déve­lop­pe­ment peut-​être lent, mais bien orien­té vers ce que nous dési­rons et ce que désire le Saint-​Siège : une rela­tion nor­male de Rome avec sa Tradition et par consé­quent de la Fraternité avec Rome, de manière telle que la Fraternité puisse conti­nuer son apos­to­lat sans les ombres qui existent aujourd’hui.

Quelles sont les rai­sons qui vous ont pous­sé à deman­der cette audience ?
Mgr Fellay : Avant tout, l’a­mour de l’Église. Et ensuite, le fait qu’il y a un nou­veau pon­tife, et qu’il a été natu­rel pour nous de deman­der une audience pour révé­rer le nou­veau suc­ces­seur de Pierre, notre pape, et lui rendre hom­mage. C’est la pre­mière rai­son. Et puis, dans le sillage du dia­logue de ces cinq der­nières années, nous dési­rions aus­si essayer de com­prendre ce qu’on peut attendre pour l’a­ve­nir, et pré­sen­ter au pape ce qui est selon nous le sta­tus quæs­tio­nis… Le pro­blème posé par la Fraternité se résou­dra natu­rel­le­ment par la récon­ci­lia­tion de l’Église actuelle avec son pas­sé. « J’ai la convic­tion », disait le pape Pie XII, « que l’Église de Pierre doit reven­di­quer son pas­sé ; autre­ment elle creu­se­ra sa propre tombe ». [Cf. Georges Roche et Philippe Saint Germain : Pie XII devant l’his­toire, Paris 1972, pp. 52–53, ndr].

Vous avez donc eu l’oc­ca­sion de réaf­fir­mer vos condi­tions pour accé­lé­rer les étapes d’une totale réconciliation ? 
Mgr Fellay : Nous ne vou­lons pas poser de condi­tions préa­lables au Saint-​Siège. Nous ne vou­lons impo­ser aucun dik­tat. Ce n’est pas notre posi­tion. Nous disons seule­ment que si on veut construire un pont, on doit pen­ser avant tout aux piles qui doivent le soutenir.

La pre­mière serait la libé­ra­li­sa­tion de l’u­sage de ce qu’on appelle la messe tridentine.
Mgr Fellay : Ce qui nous inté­resse, c’est que l’Église change ce cli­mat d’hos­ti­li­té géné­ra­li­sée, qui tourne par­fois à la per­sé­cu­tion, envers tout ce qui est consi­dé­ré comme tra­di­tion­nel, envers tout ce qui est lié à la Tradition. Ceci fait qu’il est impos­sible, pour les catho­liques liés à la Tradition, de mener une vie nor­male. Pour chan­ger ce cli­mat, nous sug­gé­rons que soit for­mel­le­ment décla­ré ce qui est déjà une situa­tion exis­tante de droit, à savoir que la messe de saint Pie V n’a jamais été abo­lie et que par consé­quent, elle peut être célé­brée libre­ment par tous. Cette requête ne nous semble pas exor­bi­tante, et cela serait très utile pour chan­ger le cli­mat hos­tile qui entoure tout le monde traditionaliste.

Et puis la deuxième pile du pont serait la révo­ca­tion des excom­mu­ni­ca­tions pro­non­cées par le Saint-​Siège en 1988.
Mgr Fellay : Dans notre milieu, on ne se fie pas aux auto­ri­tés ecclé­sias­tiques, à cause des souf­frances subies par le pas­sé et jus­qu’à aujourd’­hui ; et pour sur­mon­ter cette défiance, la révo­ca­tion de la soi-​disant excom­mu­ni­ca­tion serait une solu­tion très oppor­tune, d’au­tant plus qu’elle se fonde sur un pré­ten­du schisme qui, en réa­li­té, n’existe pas.

Vous êtes satis­fait de la façon dont s’est pas­sée l’audience ? 
Mgr Fellay : Elle s’est bien pas­sée. Bien sûr, il reste un peu de désap­poin­te­ment parce qu’il n’y a pas eu assez de temps pour tout dire. C’était d’ailleurs impos­sible en trente minutes d’au­dience. On ne pou­vait rien attendre de plus que ce qui a eu lieu. Il est impor­tant que le pape nous ait reçus et c’est bon signe qu’il nous ait don­né tout ce temps avec bien­veillance. L’atmosphère a été sereine, même si les pro­blèmes exis­tants n’ont pas été pas­sés sous silence.

Lorsque le car­di­nal Joseph Ratzinger a été élu pape, vous n’a­vez pas caché votre satis­fac­tion parce qu’au fond, il s’a­gis­sait de votre « can­di­dat pré­fé­ré » par­mi les « papa­bi­li » du Sacré Collège.
Mgr Fellay : C’est vrai, et je le pense tou­jours après l’au­dience. Le pape actuel a de nom­breux points en sa faveur. Il connaît très bien notre cas, plus que tout autre peut-​être, et il le connaît depuis le début. Il connaît très bien aus­si la curie romaine, et c’est très impor­tant pour le pon­ti­fi­cat. Le carac­tère sacré de la litur­gie lui tient à cour, et il est conscient de l’im­por­tance de la doc­trine ; cela joue aus­si en sa faveur. Et enfin, il semble vou­loir gou­ver­ner la curie, et cela nous fait plaisir.

Quel pour­ra être, à votre avis, l’obs­tacle prin­ci­pal pour arri­ver à une récon­ci­lia­tion totale ?
Mgr Fellay : La com­pré­hen­sion du Concile Vatican II. Le simple fait qu’on dise qu’il faut lire Vatican II à la lumière de la Tradition signi­fie que les textes conci­liaires en eux-​mêmes ne sont pas clairs et qu’ils ont donc besoin d’une inter­pré­ta­tion ; et cette ambi­guï­té de fond ne peut pas ne pas être consi­dé­rée comme une des causes de la crise actuelle de l’Église.

Ne vous suffirait-​il pas de rap­pe­ler que le Concile Vatican II a été un concile pas­to­ral et non dogmatique ? 
Mgr Fellay : C’est jus­te­ment pour cela que nous nous per­met­tons de faire des obser­va­tions cri­tiques sur cer­tains docu­ments conci­liaires. Si le concile avait pro­cla­mé des dogmes, nous ne pour­rions cer­tai­ne­ment pas nous le per­mettre. D’autre part, pour ce qui n’est pas décla­ré de manière infaillible par le magis­tère, il devrait y avoir, dans des limites rai­son­nables, une liber­té de cri­tique, sans pour autant qu’on encoure des persécutions.

Vous vou­driez donc en quelque sorte avoir la liber­té d’ex­pri­mer des juge­ments dif­fé­rents sur la condi­tion his­to­rique de l’Église…
Mgr Fellay : C’est d’ailleurs ce qui arrive habi­tuel­le­ment dans l’Église d’au­jourd’­hui. Combien de prêtres, com­bien d’en­sei­gnants ou d’é­vêques le font sans pour autant être l’ob­jet d’in­qui­si­tions ou de soup­çons ? Le para­doxe, c’est que cette pos­si­bi­li­té nous est déniée a priori.

Y a‑t-​il des résis­tances au sein de la Fraternité par rap­port à ces entre­vues avec le Saint-Siège ?
Mgr Fellay : Il y en a, mais c’est seule­ment à cause de ce manque de confiance dans les auto­ri­tés ecclé­sias­tiques que j’ai expli­qué tout à l’heure. C’est un phé­no­mène que je ne peux pas nier, et cela explique la pru­dence avec laquelle nous avan­çons dans le dia­logue. C’est d’ailleurs pour cette rai­son que je com­prends par­fai­te­ment aus­si la pru­dence du Saint-​Père. Je com­prends que si le Saint-​Père fait quelque chose en notre faveur, il se heur­te­ra sans aucun doute à des obs­tacles et à des résis­tances énormes.

Quelle pour­rait être la pro­chaine étape de ce dia­logue avec Rome ? 
Mgr Fellay : Nous atten­dons quelque chose de Rome en faveur de la Tradition, pas envers nous en par­ti­cu­lier, mais envers les fidèles liés à la Tradition. Un geste qui démontre que la Tradition est une chose nor­male dans l’Église, qu’elle n’est pas liée à des conces­sions ou à des indults. Ceci est déjà affir­mé de manière nomi­nale, mais dans les faits, il n’en est pas ainsi.

Même par­mi les per­son­na­li­tés ecclé­sias­tiques qui consi­dèrent la Fraternité et ses liens avec la litur­gie pré­con­ci­liaire avec sym­pa­thie, on voit par­fois se mani­fes­ter des per­plexi­tés dues à cer­taines sor­ties qui semblent évo­quer des nos­tal­gies irre­ce­vables pour un ancien régime, pour une alliance entre le trône et l’au­tel désor­mais dépas­sée par l’histoire…
Mgr Fellay : Le fait qu’il n’y ait plus d’é­tats catho­liques signi­fie qu’il n’y a plus de pro­tec­tion pour l’Église et que sont approu­vées des lois contraires à la morale chré­tienne, avec des consé­quences désas­treuses pour le salut des âmes. Nous ne pou­vons pas nous taire à ce sujet.

Mais, comme vous le dites vous-​même, il n’existe plus désor­mais d’é­tats catho­liques, étant don­né aus­si la crise de l’Église que vous dénon­cez vigoureusement… 
Mgr Fellay : C’est vrai du point de vue des faits, et il faut donc agir avec la pru­dence néces­saire dans ce domaine. Nous savons très bien que la foi se com­mu­nique par la grâce de Dieu. On ne peut pré­tendre impo­ser la foi à per­sonne par la vio­lence. Et puis, qui pour­rait le faire aujourd’­hui ? Mais du point de vue des prin­cipes, on ne peut exclure la pos­si­bi­li­té que la foi puisse se répandre de manière telle que puisse naître, pour le salut des âmes et pour une vie satis­fai­sante des hommes, une réa­li­té poli­tique qui uni­for­mi­se­rait sa propre légis­la­tion et la loi divine.

Avez-​vous consta­té des réac­tions à votre égard de la part d’é­vêques catho­liques après l’au­dience du 29 août ?
Mgr Fellay : Non, il n’y en a pas eu jus­qu’i­ci. Ils attendent peut-​être de voir ce qui va arriver.

Monseigneur Fellay, vos posi­tions cri­tiques à l’é­gard de l’o­cu­mé­nisme encou­ra­gé par le Saint-​Siège après le Concile Vatican II sont connues ; mais avez-​vous des contacts avec d’autres Églises ou d’autres com­mu­nau­tés ecclésiales ?
Mgr Fellay : Il y a des contacts avec des prêtres et des évêques ortho­doxes. Il arrive par­fois qu’ils s’a­dressent à nous avec sym­pa­thie parce qu’ils nous consi­dèrent comme des schis­ma­tiques anti-​romains, ce qui ne nous plaît pas du tout. Nous ne sommes pas schis­ma­tiques et nous tenons énor­mé­ment aux liens avec Rome. Il est aus­si arri­vé que des évêques ortho­doxes aient deman­dé d’adhé­rer à l’Église catho­lique à tra­vers une adhé­sion à notre Fraternité. Je leur ai tou­jours répon­du qu’ils doivent s’a­dres­ser à l’é­vêque de Rome, au pape. Nous ne sommes pas, et nous ne vou­lons pas être une Église paral­lèle, et je ne suis pas un anti-pape !

[1] L’entretien du Cardinal Hoyos par Gianni Cardinale à 30 Giorni – Septembre 2005

Éminence, quelle est la valeur de l’au­dience accor­dée par le pape au supé­rieur géné­ral de la Fraternité Saint Pie X ?
Cardinal Castrillon Hoyos : L’audience fait par­tie d’un pro­ces­sus qui a com­men­cé par une inter­ven­tion très impor­tante de celui qui était alors le car­di­nal Ratzinger, qui a signé avec Monseigneur Lefèbvre un pro­to­cole d’en­tente avant que ce der­nier ne décide de pro­cé­der aux consé­cra­tions épis­co­pales de 1988.

Monseigneur Lefèbvre n’est pas reve­nu en arrière… 
Cardinal Castrillon Hoyos : Malheureusement, Mgr Lefèbvre a main­te­nu sa déci­sion de consa­crer des évêques et cela a donc créé cette situa­tion de déta­che­ment, même s’il ne s’a­git pas for­mel­le­ment d’un schisme.

Ensuite, il n’y a pas eu de contacts offi­ciels jus­qu’au grand Jubilé de l’an 2000.
Cardinal Castrillon Hoyos :
Comme j’ai vu qu’ils étaient en pèle­ri­nage à Rome et en ma qua­li­té de pré­sident de la Commission Pontificale « Ecclesia Dei », j’ai invi­té à déjeu­ner les évêques ordon­nés par Monseigneur Lefèbvre pour une ren­contre infor­melle, pour nous connaître. Ensuite, j’ai eu de nom­breuses ren­contres avec Son Excellence Mgr Fellay et avec d’autres membres de la Fraternité, des ren­contres qui se sont tou­jours dérou­lées dans un cli­mat très posi­tif, au point que j’ai cru un moment que nous étions vrai­ment proches d’une pleine réconciliation.

Le pape était-​il au cou­rant de ces contacts ?
Cardinal Castrillon Hoyos :: Non seule­ment Jean Paul II était tou­jours mis au cou­rant de tout, et le Saint-​Père en per­sonne a même accor­dé une brève ren­contre dans sa cha­pelle pri­vée à Monseigneur Fellay et au père Michel Simoulin, supé­rieur à l’é­poque de la com­mu­nau­té de la Fraternité d’Albano Laziale. Il ne s’est pas agi d’un véri­table dia­logue, mais à cette occa­sion, le pape a sou­hai­té que le dia­logue puisse être repris et il leur a don­né sa bénédiction.

Vous avez dit tout à l’heure que vous avez pen­sé que la récon­ci­lia­tion était immi­nente ; qu’est-​il donc arrivé ? 
Cardinal Castrillon Hoyos :: J’ai eu la sen­sa­tion que Monseigneur Fellay et ses col­la­bo­ra­teurs éprou­vaient une sorte de peur, comme si Rome était en train de leur tendre un piège. Comme si le Saint-​Siège avait l’in­ten­tion de les absor­ber pour empê­cher ensuite toute pos­si­bi­li­té de célé­brer la messe de saint Pie V et pour réduire au silence leurs cri­tiques bien connues par rap­port à cer­tains déve­lop­pe­ments et à cer­taines inter­pré­ta­tions qui ont suc­cé­dé au Concile Vatican II. Il n’y a donc pas eu de récon­ci­lia­tion, mais le dia­logue a continué.

Et pour­tant, dans ce contexte, il y a eu en 2001 la récon­ci­lia­tion avec le groupe bré­si­lien proche de la Fraternité, actuel­le­ment diri­gé par Monseigneur Fernando Arêas Rifan qui a été élu en 2002 par le Saint-​Siège comme évêque et titu­laire de l’ad­mi­nis­tra­tion apos­to­lique per­son­nelle de Saint Jean-​Marie Vianney de Campos.
Cardinal Castrillon Hoyos : Dans ce cas-​là, la situa­tion était très dif­fé­rente. Tandis que la Fraternité saint Pie X est une asso­cia­tion non recon­nue, ser­vie par des évêques qui se disent « auxi­liaires », il n’en était pas ain­si pour l’é­vêque Castro Mayer. Lorsque celui-​ci a renon­cé au dio­cèse, il a été sui­vi par une cin­quan­taine de prêtres qui entre­te­naient de fait une orga­ni­sa­tion paral­lèle au dio­cèse. Et lorsque Monseigneur Castro Mayer est mort, un de ces prêtres a été consa­cré évêque par un des évêques qui sui­vaient Mgr Lefèbvre. Mais au moment de deman­der la récon­ci­lia­tion et grâce à Dieu, cet évêque, Monseigneur Rangel, et ses prêtres (par­mi les­quels se trouve l’ac­tuel évêque admi­nis­tra­teur apos­to­lique Monseigneur Rifan) ont recon­nu que les condi­tions que Monseigneur Lefèbvre qua­li­fiait « de néces­si­té » à l’é­poque pour jus­ti­fier la consé­cra­tion d’é­vêques sans man­dat apos­to­lique n’exis­taient plus. Ceci a été pos­sible parce que le pape avait mani­fes­té sa volon­té de leur accor­der l’u­sage du rite tri­den­tin, en recon­nais­sant leur par­ti­cu­la­ri­té. De leur côté, ils ont recon­nu la vali­di­té du nou­veau rite de la messe et la légi­ti­mi­té de Vatican II, tout en pro­po­sant de main­te­nir une dis­cus­sion res­pec­tueuse et hon­nête sur cer­tains textes conci­liaires moins clairs, sur cer­taines inter­pré­ta­tions de ces textes et sur cer­tains déve­lop­pe­ments sur­ve­nus après Vatican II.

Pensez-​vous que la solu­tion adop­tée par Campos a réussi ? 
Cardinal Castrillon Hoyos :: Les faits le confirment. Grâce à Dieu les fidèles et les prêtres du dio­cèse et de l’ad­mi­nis­tra­tion coexistent fra­ter­nel­le­ment, les deux évêques se ren­contrent fré­quem­ment pour la coor­di­na­tion néces­saire et en plus, une dizaine d’é­vêques bré­si­liens ont déjà signé des conven­tions avec l’ad­mi­nis­tra­tion pour assis­ter les fidèles de leurs dio­cèses qui aiment l’an­cienne liturgie.

Mais il s’est agi d’une solu­tion qui n’a pas plu aux diri­geants de la Fraternité… 
Cardinal Castrillon Hoyos :
Oui. La solu­tion de Campos a repré­sen­té un moment déli­cat, parce que la Fraternité s’est mon­trée contra­riée. Mais pour moi, il s’est agi d’un fait pro­vi­den­tiel parce qu’il mon­trait une voie pos­sible pour résoudre plus lar­ge­ment le pro­blème. Éminence, reve­nons à l’au­dience du 29 août.

Comment a‑t-​elle été organisée ? 
Cardinal Castrillon Hoyos :
L’audience a été deman­dée par Monseigneur Fellay par les voies nor­males, à tra­vers ma per­sonne en qua­li­té de Préfet de la Congrégation pour le cler­gé et de pré­sident d”«Ecclesia Dei », étant don­né que la Fraternité Saint Pie X est une réa­li­té sacer­do­tale com­po­sée de prêtres ordon­nés vala­ble­ment, même si c’est de manière illé­gi­time. Cette requête a été pré­sen­tée au pape, et le pape a vou­lu accor­der cette audience. Le théo­lo­gien Ratzinger, le car­di­nal Ratzinger, avec sa grande com­pé­tence, avait tou­jours sui­vi la ques­tion. Il la connais­sait bien, de même qu’il connais­sait bien les per­sonnes impli­quées dans le dia­logue. Le pape Benoît XVI a pu y ajou­ter l’as­sis­tance spé­ciale de l’Esprit Saint, garan­tie par le fait qu’il était deve­nu le suc­ces­seur de Pierre.

Que pouvez-​vous racon­ter de l’audience ? 
Cardinal Castrillon Hoyos : Il s’est agi d’une ren­contre sous le signe de la cha­ri­té au sens théo­lo­gique du terme, d’a­mour de Dieu et de son Église ; d’un entre­tien entre frères qui dési­rent, avec l’aide de Dieu, rac­com­mo­der le tis­su de la pleine uni­té. Le pape a lais­sé par­ler les par­ti­ci­pants : Monseigneur Fellay, le père Schmidberger et moi-​même. Ensuite le Saint-​Père a par­lé, en lan­çant un appel vigou­reux en faveur de l’u­ni­té et en expri­mant le vou que le rap­pro­che­ment puisse adve­nir par étapes ni trop pré­ci­pi­tées, ni trop lentes.

Quelles ont été les obser­va­tions du supé­rieur de la Fraternité ? 
Cardinal Castrillon Hoyos :
Monseigneur Fellay – mais c’est une chose qu’on savait déjà – a eu la pos­si­bi­li­té d’ex­po­ser ses craintes quant à l’é­tat de l’Église catho­lique à la lumière des abus, pas seule­ment litur­giques, qui ont eu lieu après le Concile Vatican II. Je crois que les contri­bu­tions cri­tiques qui pour­ront venir en ce sens de la Fraternité pour­ront être une richesse pour l’Église, si elles s’ex­priment sous le cha­risme de Pierre et dans la cha­ri­té pour nos frères. En effet, dans l’Église, nous sommes tous libres de for­mu­ler des obser­va­tions cri­tiques sur ce qui ne concerne pas les dogmes et la dis­ci­pline essen­tielle de l’Église elle-​même. Je peux témoi­gner à ce pro­pos que le car­di­nal Ratzinger était déjà plei­ne­ment convain­cu de la néces­si­té d’un dia­logue théo­lo­gique sur les points dif­fi­ciles. On trouve plus de lumière dans la pleine uni­té pour étu­dier ces points sensibles.

Après l’au­dience, un car­di­nal qui fait auto­ri­té a enjoint à la Fraternité de recon­naître la légi­ti­mi­té de l’ac­tuel pontife…
Cardinal Castrillon Hoyos :
Ceci prouve mal­heu­reu­se­ment qu’à l’in­té­rieur de l’Église, y com­pris à des niveaux éle­vés, on n’a pas tou­jours une connais­sance com­plète de la réa­li­té de la Fraternité. La Fraternité a tou­jours recon­nu en Jean Paul II, et main­te­nant en Benoît XVI, le suc­ces­seur légi­time de saint Pierre. Ceci n’est pas un pro­blème. Si par ailleurs il existe des réa­li­tés tra­di­tio­na­listes qui ne recon­naissent pas les der­niers papes, ceux qu’on appelle des « sede­va­can­tistes », c’est une autre ques­tion qui ne concerne pas la Fraternité Saint Pie X.

On sait que la Fraternité Saint Pie X demande au Saint-​Siège une libé­ra­li­sa­tion de la messe tri­den­tine et une décla­ra­tion attes­tant que cette litur­gie n’a jamais été abolie.
Cardinal Castrillon Hoyos : La messe de saint Pie V n’a jamais été abo­lie. En ce qui concerne la libé­ra­li­sa­tion, je vous rap­pelle que s’est tenue, sous le pon­ti­fi­cat de Jean Paul II, une réunion de tous les chefs de dicas­tères de la Curie et que très rares étaient ceux qui étaient hos­tiles à cette requête. Il serait dan­ge­reux de créer une oppo­si­tion entre l’an­cien rite et le nou­veau. La litur­gie ne peut pas être un champ de bataille. Comme prêtre, comme car­di­nal et comme Préfet de la Congrégation pour le cler­gé, j’é­prouve une très grande dou­leur lorsque je vois le lan­gage inac­cep­table avec lequel est trai­tée la volon­té de Jésus de don­ner son corps et son sang et de les confier à l’Église. Et ceci ne vaut pas seule­ment pour cer­tains repré­sen­tants de la Fraternité Saint Pie X.

Y a‑t-​il de nom­breux évêques qui résistent à la libéralisation ? 
Cardinal Castrillon Hoyos :
Il arrive que le sou­ci pas­to­ral d’un évêque l’a­mène à pen­ser qu’en accor­dant la per­mis­sion de célé­brer la messe tri­den­tine dans son propre dio­cèse, il pour­rait faire naître la confu­sion dans le peuple de Dieu. Et lorsque les fidèles qui demandent ce type de célé­bra­tion sont en très petit nombre, on peut com­prendre cette per­plexi­té. En revanche, quand ceux qui demandent cette messe sont plus nom­breux, il revient à la Commission « Ecclesia Dei » de rap­pe­ler à l’é­vêque, hon­nê­te­ment et cor­dia­le­ment, que la volon­té du suc­ces­seur de Pierre est d’ac­cor­der géné­reu­se­ment la per­mis­sion deman­dée par ces fidèles. Et je vois avec joie que, jour après jour, ceux qui l’ac­cordent sont de plus en plus nombreux.

Vous connais­sez bien le monde tra­di­tio­na­liste. Comment jugez-​vous la pié­té per­son­nelle des prêtres qui en font partie ? 
Cardinal Castrillon Hoyos :
Un grand nombre de prêtres tra­di­tio­na­listes que j’ai connus m’ont fait une excel­lente impres­sion : ils ont un amour sin­cère du mys­tère. Malheureusement, il peut aus­si y avoir quelques fana­tiques qui sont lié

Pensez-​vous qu’ils repré­sentent l’hé­ri­tage d’un pas­sé qui serait de toute façon en voie de disparition ?
Cardinal Castrillon Hoyos :
Il y avait, aux JMJ de Cologne, un groupe impor­tant de jeunes liés à la messe tra­di­tion­nelle. Les échos ont été posi­tifs, et cela montre à quel point ceux qui consi­dèrent le phé­no­mène tra­di­tio­na­liste comme une espèce en voie de dis­pa­ri­tion manquent de pers­pi­ca­ci­té, ne serait-​ce que parce que pro­por­tion­nel­le­ment, le nombre des voca­tions sacer­do­tales est net­te­ment supé­rieur à celui de nom­breux dio­cèses de l’Église. En sep­tembre 2001, dans un dis­cours à la réunion plé­nière de la Congrégation pour le culte divin, Jean-​Paul II a fait l’é­loge des « très belles prières » conte­nues dans le mis­sel de saint Pie V. Cette allo­cu­tion a été publiée avec un retard inso­lite par l’Osservatore roma­no et elle n’a jamais été publiée dans les Acta Apostolicæ Sedis, qui ont pour­tant l’ha­bi­tude d’im­pri­mer les dis­cours du pape aux réunions plé­nières des dicas­tères romains.

Et lorsque vous-​même, le 24 mai 2003, vous avez célé­bré pour la pre­mière fois depuis la réforme litur­gique post­con­ci­liaire une messe tri­den­tine dans une basi­lique patriar­cale romaine, Sainte-​Marie-​Majeure, l’Osservatore roma­no a tota­le­ment igno­ré l’é­vé­ne­ment. Que pensez-​vous de ces deux « censures » ? 
Cardinal Castrillon Hoyos :
Je pré­fère juger les faits plu­tôt que les inten­tions et j’i­gnore la cause de ces deux omis­sions, même si elles ont eu une grande répercussion.

Pensez-​vous que le dis­cours de Jean Paul II pour­rait enfin être publié dans les Acta ? 
Cardinal Castrillon Hoyos :
Si le Pape n’a pas expri­mé sa volon­té expli­cite de ne pas faire publier ce dis­cours qu’il avait pour­tant pro­non­cé lui-​même, je crois qu’il est grave que cela n’ait pas été fait.

Lorsqu’il a annon­cé, trois jours aupa­ra­vant, l’au­dience que le pape allait accor­der à la Fraternité, le Corriere del­la Sera du 26 août a écrit que la paix entre les dis­ciples de Mgr Lefebvre et le Saint-​Siège était une « paix impossible ».
Cardinal Castrillon Hoyos :
Les jour­naux peuvent dire tant de choses… Heureusement, et je sou­ligne heu­reu­se­ment, les jour­naux ne sont pas infaillibles.

Éminence, un der­nier mot pour ceux qui reprochent à la Fraternité d’u­ti­li­ser un lan­gage par­fois lourd, à la limite de l’ir­ré­vé­rence, envers le Saint-Siège. 
Cardinal Castrillon Hoyos :
Cela peut gêner, mais au fond je ne suis pas frap­pé par le fait que puissent appa­raître des mots, des articles, des lettres, y com­pris cer­taines affir­ma­tions attri­buées à Son Excellence Mgr Fellay, qui uti­lisent un lan­gage plu­tôt cru. Tant qu’on n’est pas dans une pleine uni­té, et donc une pleine cha­ri­té réci­proque, on ne peut pas se scan­da­li­ser s’il y a encore cer­taines intem­pé­rances ver­bales. Il est tou­jours bon de rap­pe­ler les paroles de saint Augustin : « In neces­sa­riis uni­tas, in dubiis liber­tas, in omni­bus caritas ».

[2] Entretien donnée par le Cardinal Hoyos à TV Canal5 le 13 novembre 2005

Version française

La messe antique en latin est sug­ges­tive mais aus­si source de dis­putes. Aujourd’hui, pour la célé­brer publiquement,il faut la per­mis­sion de l’é­vêque du lieu, mais depuis des mois, le bruit court que Benoit XVI pour­rait en déci­der la libé­ra­li­sa­tion. Cette rumeur per­sis­tante, tou­te­fois, ne trouve pas d’é­cho dans les pro­pos du Cal Castrillon, pré­fet de la Congrégation du cler­gé, et grand arti­san du dia­logue avec les groupes tra­di­tio­na­listes, à com­men­cer par la Fraternité saint Pie X qui regroupe les fidèles de Mgr Lefebvre.

Cardinal Castrillon Hoyos :: « C’est la règle constante. L’évêque est le res­pon­sable. C’est à l’é­vêque de juger si pour son dio­cèse cela convient dans un moment pré­cis ou si cela ne convient pas pour des rai­sons pas­to­rales qu’il connaît, et dont il devra rendre compte à l’au­to­ri­té du Pape, mais spé­cia­le­ment à Jésus, à Dieu. »

Donc, il s’a­git de la réaf­fir­ma­tion de l’au­to­ri­té des évêques, mais en même temps d’un appel à leur conscience pour évi­ter des rigi­di­tés inutiles et contri­buer au long pro­ces­sus de rap­pro­che­ment avec les leféb­vriens, déjà entre­pris sous le pon­ti­fi­cat de Jean-​paul II qui, en 1988, avait excom­mu­nié l’é­vêque fran­çais pour avoir effec­tué de façon illi­cite quatre ordi­na­tions épis­co­pales. Ce dia­logue semble avoir reçu un nou­vel élan avec la ren­contre l’é­té der­nier à Castel Gandolfo entre Benoit XVI et le supé­rieur de la Fraternité saint Pie X, Mgr Fellay.

Cardinal Castrillon Hoyos : « Nous ne sommes pas face à une héré­sie. On ne peut pas dire en termes cor­rects, exacts, pré­cis qu’il y ait un schisme. Il y a, dans le fait de consa­crer des évêques sans le man­dat pon­ti­fi­cal, une atti­tude schis­ma­tique. Ils sont à l’in­té­rieur de l’Eglise. Il y a seule­ment ce fait qu’il manque une pleine, une plus par­faite – comme cela a été dit durant la ren­contre avec Mgr Fellay – une plus pleine com­mu­nion, parce la com­mu­nion existe. »

Version italienne originale

La mes­sa anti­ca in lati­no : sug­ges­ti­va, ma anche fonte di dis­pute. Oggi per cele­brar­la pub­bli­ca­mente occorre il per­mes­so del ves­co­vo locale, ma da mesi cir­co­la voce che Benedetto XVI pos­sa deci­derne la libe­ra­liz­za­zione. La voce insis­tente non tro­va però confer­ma nelle parole del car­di­nale Dario Castrillon Hoyos, pre­fet­to del­la Congregazione per il cle­ro, gran tes­si­tore del dia­lo­go con i grup­pi tra­di­zio­na­lis­ti, a comin­ciare dal­la Fraternità san Pio X che rac­co­glie i segua­ci di mon­si­gnor Lefebvre.

Sonoro Castrillon : « E” sempre così. Il ves­co­vo è il res­pon­sa­bile. Il ves­co­vo pen­sa che per la sua dio­ce­si ques­to è conve­niente in un deter­mi­na­to momen­to o che non conviene per ragio­ni pas­to­ra­li che lui conosce e delle qua­li dovrà dar conto all’au­to­ri­tà del Papa, ma spe­cial­mente a Gesù, a Dio. »

Dunque, insieme la riaf­fer­ma­zione dell’au­to­ri­tà dei ves­co­vi, ma anche un richia­mo alla loro cos­cien­za per evi­tare rigi­di­tà inuti­li e contri­buire alla lun­ga mar­cia di riav­vi­ci­na­men­to con i lefeb­vria­ni, intra­pre­sa già sot­to il pon­ti­fi­ca­to di Giovanni Paolo II che nel 1988 ave­va sco­mu­ni­ca­to il ves­co­vo fran­cese per aver effet­tua­to ille­ci­ta­mente quat­tro ordi­na­zio­ni episcopali.Un dia­lo­go che sem­bra aver tro­va­to un nuo­vo slan­cio con l’in­con­tro l’es­tate scor­sa a Castel Gandolfo tra Bendetto XVI ed il super­iore del­la s.Pio X Mons. Fellay.

Sonoro Castrillon : » Non sia­mo di fronte ad una ere­sia. Non si può dire in ter­mi­ni cor­ret­ti, esat­ti, pre­ci­si che ci sia uno scis­ma. C’è una atti­tu­dine scis­ma­ti­ca nel consa­crare ves­co­vi sen­za il man­da­to pon­ti­fi­cio. Loro sono den­tro la Chiesa, solo che man­ca una pie­na, una più per­fet­ta ‑come è sta­to det­to nell’in­con­tro con mon­si­gnor Fellay- una più pie­na comu­nione, per­chè c’è la comunione. »