Communication de Benoît XVI sur la levée des excommunications à la fin de l’audience générale du 28 janvier 2009


I – Sur la levée des excommunications

Dans l’homélie que j’ai pro­non­cée à l’occasion de l’inauguration solen­nelle de mon pon­ti­fi­cat, je disais que le devoir expli­cite du Pasteur est d’appeler à l’unité, et, com­men­tant les paroles évan­gé­liques rela­tive à la pêche mira­cu­leuse, j’ai dit : « Et, mal­gré cette quan­ti­té, le filet ne s’était pas déchi­ré » et je pour­sui­vais, après, avec ces paroles évan­gé­liques : « Hélas, Seigneur bien-​aimé, aujourd’hui le filet s’est déchi­ré, aurions-​nous envie de dire avec tris­tesse ».

Et je conti­nuais : « Mais non – nous ne devons pas être tristes ! Réjouissons-​nous de ta pro­messe, qui ne déçoit pas, et fai­sons tout ce qui est pos­sible pour par­cou­rir la route vers l’unité que tu as pro­mise. Ne per­mets pas que ton filet se déchire et aide-​nous à être des ser­vi­teurs de l’unité ! »

C’est jus­te­ment pour accom­plir ce ser­vice de l’unité, qui qua­li­fie de manière spé­ci­fique mon minis­tère de Successeur de Pierre, que j’ai déci­dé il y a quelques jours de concé­der la levée de l’excommunication encou­rue par les quatre évêques ordon­nés en 1988 par Mgr Lefebvre sans man­dat pon­ti­fi­cal. J’ai accom­pli cet acte de misé­ri­corde pater­nelle parce que ces évêques m’ont mani­fes­té à plu­sieurs reprises la vive souf­france pour la situa­tion dans laquelle ils se trou­vaient. J’espère que mon geste sera sui­vi de leur part d’un enga­ge­ment à accom­plir les pas suc­ces­sifs, néces­saires pour réa­li­ser la pleine com­mu­nion avec l’Eglise, témoi­gnant ain­si une vraie fidé­li­té et une recon­nais­sance véri­table du magis­tère et de l’autorité du pape et du Concile Vatican II.

II.Sur la Shoah

Dans ces jours où nous nous sou­ve­nons de la Shoah, il me revient en mémoire les images que j’ai enre­gis­trées au cours de mes visites à Auschwitz, un de ces camps dans les­quels s’est dérou­lé le mas­sacre atroce de mil­lions de juifs, de vic­times inno­centes d’une haine raciale et reli­gieuse aveugle. Alors que je renou­velle avec affec­tion ma soli­da­ri­té pleine et indis­cu­table avec nos frères des­ti­na­taires de la pre­mière Alliance, j’espère que la mémoire de la Shoah pour­ra entraî­ner l’humanité à réflé­chir sur le pou­voir impré­vi­sible du mal quand il conquiert le cœur de l’homme.

Que la Shoah soit pour tous un aver­tis­se­ment contre l’oubli, contre la néga­tion ou le réduc­tion­nisme ; parce que la vio­lence faite contre un seul être humain est vio­lence contre tous. Aucun homme n’est une île, a dit un poète célèbre. Que la Shoah enseigne spé­cia­le­ment aus­si bien aux anciennes qu’aux nou­velles géné­ra­tions que seul le che­min dif­fi­cile de l’écoute et du dia­logue, de l’amour et du par­don, conduit les peuples, les cultures et les reli­gion du monde à l’objectif sou­hai­té de la fra­ter­ni­té et de la paix dans la véri­té. Que jamais plus la vio­lence n’humilie la digni­té de l’homme !

Benedictus PP. XVI