Adresse de l’abbé Schmidberger au cardinal Gagnon, et réponse du cardinal du 8 décembre 1987

Adresse de l’abbé Schmidberger au cardinal Gagnon

Éminence, Monseigneur, mes bien chers frères,

Éminence, c’est un devoir de notre part de vous remer­cier de tout cœur pour la visite que vous avez dû entre­prendre dans les mai­sons de la Fraternité et les mai­sons amies de la Fraternité.

Nous avons beau­coup admi­ré votre patience, votre objec­ti­vi­té au cours de ces quatre semaines pas­sées. Nous sommes cer­tains que vous avez trou­vé par­tout un esprit pro­fond de foi et le désir ardent de ser­vir la Sainte Église.

Bien sûr, avec cette fête, il y a aujourd’hui une pre­mière étape, celle de votre visite, qui est ter­mi­née. Une pre­mière étape, car il y en a une deuxième qui va suivre à Rome et qui sera peut-​être plus dif­fi­cile encore… Je ne sais pas.

De toute façon, vous pou­vez être sûr que lorsque vous par­ti­rez demain matin, nos pen­sées et spé­cia­le­ment nos prières vous accom­pa­gne­ront. C’est cela que vous nous avez deman­dé maintes fois au cours de cette visite : des prières à la Très Sainte Vierge. Et nous le ferons de tout notre cœur et de tout notre esprit, sachant qu’il y a jus­te­ment trois ans, nous avons consa­cré la Fraternité, ici à Écône, en cette fête de l’Immaculée Conception, au Cœur Immaculé et dou­lou­reux de la Très Sainte Vierge, entou­rés de tous les Supérieurs de la Fraternité qui ont vou­lu signer cet acte, qui a été insé­ré dans l’autel où nous célé­brons tous les matins le Saint Sacrifice de la Messe.

Donc toute notre confiance monte spé­cia­le­ment vers la Très Sainte Vierge parce que c’est elle qui doit pré­pa­rer les che­mins et qui doit encore conver­tir l’un ou l’autre cœur, comme vous l’avez dit, pour que l’on arrive à une solu­tion satisfaisante.

De toute façon, nous avons été très tou­chés et très heu­reux par cette cha­ri­té avec laquelle vous avez effec­tué cette visite. Et je pense que la Très sainte Vierge vous le ren­dra au centuple.

Je me per­mets, Éminence, d’ajouter un petit mot, qui est un témoi­gnage personnel.

Si, moi je suis prêtre, c’est grâce à Mgr Lefebvre. C’est lui qui nous a atti­rés, l’abbé Wodsack et moi, spé­cia­le­ment, pour entrer à Écône, parce que nous y avons consta­té la fidé­li­té à la Tradition de l’Église. C’est cela que nous vou­lions, c’est cela qui a confir­mé notre vocation.

J’ajouterai que c’est Mgr Lefebvre, qui au cours de toutes ces années a confir­mé notre foi, l’a encou­ra­gée et par notre ordi­na­tion sacer­do­tale est vrai­ment deve­nu notre père en Jésus-​Christ. Et nous avons vis-​à-​vis de lui une recon­nais­sance, que je dirais, presque infi­nie. C’est tout notre hon­neur et toute notre fier­té et aus­si notre joie la plus pro­fonde de pou­voir col­la­bo­rer avec lui, d’être de cette petite armée de ceux qui n’ont qu’un seul désir : répandre de jour en jour le règne social de Notre Seigneur Jésus-​Christ, d’être dignes aus­si de dis­pen­ser la grâce de Jésus-​Christ dans le monde entier dans les cœurs qui ont tel­le­ment soif et faim de véri­tés éternelles.

À tra­vers toutes ces années de notre apos­to­lat, c’est tou­jours Mgr Lefebvre qui nous a sou­te­nus, qui nous a encou­ra­gés, qui était par sa fidé­li­té, le moule de notre propre fidé­li­té dans le sacer­doce. Et je pense qu’il est aus­si le modèle de la fidé­li­té pour beau­coup de laïcs et spé­cia­le­ment pour les époux et les épouses dans le mariage.

Vous com­pren­drez, Éminence, pour­quoi nous sommes très fer­me­ment déci­dés à res­ter bien unis à notre fon­da­teur, de vou­loir conti­nuer à tout prix l’œuvre pour laquelle le Bon Dieu – nous ne pou­vons pas le voir autre­ment – l’a sus­ci­té pour accom­plir cette très grande mis­sion pour la Sainte Église et qui est en même temps une mis­sion pour le Pape. Nous sommes abso­lu­ment convain­cus qu’un jour on recon­naî­tra ouver­te­ment que Mgr Lefebvre a ren­du de très grands ser­vices non pas seule­ment à l’Église, mais encore – disons – au Pape, même si cela n’est pas tout à fait tou­jours évident… ou n’est pas tou­jours reconnu.

Vous avez pu consta­ter les fruits de la Tradition dans nos dif­fé­rentes mai­sons. Vous avez pu consta­ter l’œuvre entre­prise. Alors, je me per­mets de for­mu­ler un désir, un sou­hait : faites tout votre pos­sible, Éminence, pour que nous ayons les moyens concrets pour pré­ser­ver ces fruits, pour conti­nuer cette œuvre, pour la déve­lop­per. Ainsi, nous ne vou­lons rien d’autre qu’être des ins­tru­ments dans les mains de la Très Sainte Vierge pour res­tau­rer le règne de son Fils, de sa Croix, qu’Il règne donc par et à tra­vers la Sainte Messe dans la Société.

C’est là notre désir et nous serions très heu­reux si vous pou­viez trans­mettre ce désir ardent au Saint-Père.

Nous vous remer­cions encore une fois de tout notre cœur.

Abbé Franz Schmidberger - Supérieur Général de la FSSPX

Réponse de Son Éminence le cardinal Gagnon

Excellence et chers amis,

Je ne puis pas lais­ser pas­ser cette occa­sion sans d’abord offrir mes hom­mages et mes féli­ci­ta­tions à M. le Supérieur géné­ral qui fête aujourd’hui ses douze ans de sacer­doce, douze ans cer­tai­ne­ment bien rem­plis puisqu’il vient d’exprimer toute la recon­nais­sance qu’il a pour qui l’a conduit à ce sacerdoce.

Je vou­drais aus­si, tout sim­ple­ment, vous remer­cier tous, pour cette cha­ri­té et cette cha­leur avec laquelle nous avons été reçus dans toutes les mai­sons de la Fraternité et dans toutes les mai­sons où les prêtres de la Fraternité exercent leur apos­to­lat, ces mai­sons, comme l’a répé­té l’abbé du Barroux, qui sont dans la « mou­vance » de la Fraternité…

Alors je vous remer­cie de tout cela et je vous dis aus­si l’admiration de Mgr Perl, que je dois remer­cier. Nous nous connais­sions peu avant ce voyage et nous nous étions ren­con­trés peu de fois et il a été pour moi un sup­port et une aide extra­or­di­naires, ain­si que M. l’abbé du Chalard, qui a tou­jours été à notre service…

L’abbé du Chalard et toute l’équipe de chauf­feurs d’expérience qui sont habi­tués à conduire un peu par­tout dans le monde ce tré­sor pré­cieux qu’est Mgr Lefebvre, nous ont très bien trai­tés… tou­jours un peu plus que nous ne pensions…

Mais, pour reve­nir en cette fête de l’Immaculée, sur une note plus sérieuse, je veux dire que nous avons été frap­pés, par­tout, nous gar­dons une grande admi­ra­tion pour la pié­té des per­sonnes, pour l’actualité et l’importance des œuvres, sur­tout en ce qui regarde la caté­chèse, la for­ma­tion, l’administration des sacrements.

Certainement nous avons en main tout ce qu’il faut pour faire un rap­port très positif.

Alors nous conti­nuons à prier la Vierge et à prier avec la Vierge durant ce temps de l’Avent, pour que Noël soit l’occasion d’une nou­velle nais­sance de Jésus, dans tous les sens du mot et pour la Fraternité aussi.

Alors, mer­ci encore !

Edouard Cardinal Gagnon, visi­teur apostolique