Signe de l’enjeu que revêt le vote musulman dans le cadre de la campagne présidentielle, la grande mosquée de Paris (GMP) et le Rassemblement des musulmans de France (RMF) viennent d’apporter un soutien appuyé à la candidature d’Emmanuel Macron.
Un électorat homogène qui vote pour un candidat de façon massive à 70% – selon les données de l’Ifop – au premier tour de l’élection présidentielle en 2022 : quelle aubaine pour quiconque aspire à la magistrature suprême. Après tout, l’Elysée vaut bien un foulard islamique : à chaque époque ses références…
C’est ce qu’a compris le président-candidat qui n’a pas ménagé ses efforts dans l’entre-deux-tours pour capter le vote musulman : le 15 avril 2022, deux fédérations musulmanes ont ainsi appelé à glisser un bulletin au nom d’Emmanuel Macron dans les urnes le dimanche 24 avril prochain.
C’est dans un style grandiloquent que le recteur de la GMP – fédération proche du régime algérien – a tenté de justifier son ralliement en bonne et due forme au candidat de LREM : « des forces malveillantes s’expriment aujourd’hui et appellent au bannissement des musulmans. Comment réagir face à cette malveillance qui banalise et s’installe dans les esprits ? Par le vote dans la continuité de la République », écrit Chems-eddine Hafiz.
Le même jour, mais dans un communiqué distinct, c’est le RMF qui prend une semblable posture, par l’intermédiaire de son président, Anouar Kbibech : « nous considérons que seul le vote pour Emmanuel Macron permet à notre pays de préserver les principes républicains et de consolider les valeurs d’ouverture, de tolérance et de solidarité qui l’ont toujours animé », affirme ce proche du régime marocain.
Joignant les actes aux paroles, le recteur de la grande mosquée de Paris s’est même payé le luxe d’offrir à ses coreligionnaires un « iftar de soutien » – entendez une rupture du grand jeûne du ramadan – « en soutien à la réélection d’Emmanuel Macron ».
Des agapes qui se sont tenues le 19 avril dernier dans le vaste restaurant de la mosquée où Christophe Castaner, président du groupe parlementaire LREM, a représenté Emmanuel Macron : nouvelle illustration d’une république à laïcité variable, telle une météo bretonne.
Mais qu’on ne s’y méprenne pas, derrière les sourires de circonstances, le positionnement des deux fédérations est loin de faire l’unanimité dans la nébuleuse de l’islam de France, qui compte dans l’Hexagone, début 2022, 2 623 mosquées et salles de prières officiellement répertoriées, dont 21 sont actuellement fermées et une centaine font l’objet d’un suivi de la part des autorités en raison de risques de radicalisation…
Quoi qu’il en soit, les avancées de la Fédération nationale de la grande Mosquée de Paris du Rassemblement des musulmans de France en faveur du président sortant font directement écho aux récentes déclarations de Marine Le Pen.
La candidate du Rassemblement national (RN) a récemment fait savoir qu’elle souhaitait interdire le voile islamique dans l’espace public qui selon ses propres termes, « est un uniforme islamiste utilisé par les fondamentalistes islamiques pour servir une idéologie totalitaire ».
Source : FSSPX.News du 21 avril 2022