Une nouvelle datation confirme l’authenticité du Saint Suaire

Saint-Suaire de Turin. Photo : Philippe Lissac / Godong

Une équipe de l’Institut de cris­tal­lo­gra­phie de Bari (Italie), avec le sou­tien du Conseil natio­nal de la recherche – équi­valent du CNRS fran­çais – diri­gée par Liberato De Caro, a publié une nou­velle étude sur la data­tion du Suaire de Turin qui conclut à un âge de 2000 ans de la relique.

L’article inti­tu­lé « Datation par rayons X d’un échan­tillon de lin du lin­ceul de Turin » (X‑Ray Dating of a Turin Shroud’s Linen Sample) a été publié dans la revue Heritage le 11 avril 2022. La méthode uti­li­sée est celle de la “dif­frac­tion des rayons X aux grands angles” ou WAXS selon l’abréviation anglaise.

La tech­nique est basée sur l’étude du vieillis­se­ment natu­rel de la cel­lu­lose qui peut être mesu­rée par la tech­nique sus­men­tion­née. Celle-​ci est expli­quée en détail par M. De Caro au cours d’un long entre­tien accor­dé au National Catholic Register (NCR) le 19 avril dernier.

Une nouvelle méthode de datation

La nou­velle tech­nique a été mise au point voi­ci trois. Elle per­met de dater des échan­tillons pré­le­vés sur des tis­sus de lin. Elle est basée sur la consta­ta­tion de la cas­sure pro­gres­sive des chaînes cel­lu­lo­siques, sous l’effet com­bi­né de divers fac­teurs. Ainsi le vieillis­se­ment natu­rel dépend essen­tiel­le­ment de la tem­pé­ra­ture et de l’humidité rela­tive ambiantes.

La méthode per­met de mesu­rer le vieillis­se­ment natu­rel de la cel­lu­lose de lin, puis de le conver­tir en temps écou­lé depuis la fabri­ca­tion. Elle s’effectue grâce à la tech­nique WAXS, qui a d’abord été tes­tée sur des échan­tillons de lin déjà datés.

Cette tech­nique per­met de tra­vailler sur de très petits échan­tillons, qui, à l’inverse de ce qui se pro­duit dans la data­tion au car­bone 14, ne sont pas détruits par l’expérience, qui peut ain­si être renouvelée.

Application au Saint Suaire

Selon le résu­mé de l’article, « la méthode de data­tion a été appli­quée à un échan­tillon Suaire de Turin, consti­tué d’un fil pré­le­vé à proxi­mi­té de la zone 1988/​radiocarbone – cor­res­pon­dant à la zone des pieds de l’image fron­tale, près de l’échantillon dit de Raes.

« La taille de l’échantillon de fil était d’environ 0,5 mm × 1 mm. Les pro­fils de don­nées étaient entiè­re­ment com­pa­tibles avec les mesures ana­logues obte­nues sur un échan­tillon de lin dont la data­tion, selon les archives his­to­riques, est 55–74 AD, retrou­vé à Masada (Israël) [la fameuse for­te­resse d’Hérode construite sur un socle cal­caire sur­plom­bant la Mer Morte].

« Le degré de vieillis­se­ment natu­rel de la cel­lu­lose qui consti­tue le lin de l’échantillon étu­dié, obte­nu par ana­lyse aux rayons X, a mon­tré que le tis­su est beau­coup plus ancien que les sept siècles pro­po­sés par la data­tion au radio­car­bone de 1988.

« Les résul­tats expé­ri­men­taux sont com­pa­tibles avec l’hypothèse selon laquelle le Suaire est une relique de 2000 ans, comme le sup­pose la tra­di­tion chré­tienne, à condi­tion qu’il ait été conser­vé à des niveaux appro­priés de tem­pé­ra­ture moyenne sécu­laire (…) pen­dant 13 siècles d’histoire incon­nue, en plus des sept siècles d’histoire connue en Europe.

« Pour que le résul­tat actuel soit com­pa­tible avec celui du test radio­car­bone de 1988, le tis­su aurait dû être conser­vé pen­dant ses sept siècles de vie hypo­thé­tique à une tem­pé­ra­ture ambiante sécu­laire très proche des valeurs maxi­males enre­gis­trées sur la terre. »

L’article a été publié après une éva­lua­tion par trois experts indé­pen­dants et le rédac­teur en chef de la revue. L’article est pré­sen­té sur le site du Conseil natio­nal de la recherche. Il res­te­rait sans doute à éva­luer l’impact des deux incen­dies qui ont affec­té la relique, et sur­tout celui de Chambéry au cours duquel des gouttes d’argent fon­du sont tom­bées sur le tissu.

Résultats à confirmer

Dans l’entretien au NCR, le cher­cheur ita­lien reste pru­dent, notam­ment au sujet de la diver­gence avec la data­tion au car­bone 14. Il com­mence par faire remar­quer que, pour être fiable, cette der­nière doit pro­cé­der à un net­toyage très soi­gneux du tis­su, car les maté­riaux logés au cours des siècles dans la trame peuvent faus­ser les résultats.

M. De Caro pro­pose donc de faire une série de mesures WAXS, effec­tuée par plu­sieurs labo­ra­toires, sur des échan­tillons pré­le­vés en divers places du Linceul. Ces échan­tillons peuvent être très petits – tout au plus millimétriques.

Le cher­cheur se tourne donc vers le Vatican qui est le pos­ses­seur de la relique, et vers l’archidiocèse de Turin qui en assure la conser­va­tion, pour auto­ri­ser la mise en place d’un pro­to­cole d’analyse. Etant don­né la nature non-​destructrice de la tech­nique, il serait sans doute sou­hai­table de pro­cé­der à cette nou­velle datation.

Source : FSSPX​.News