Les vacances bouleversent notre rythme habituel. Comment ne pas oublier l’essentiel en confondant détente et farniente ?
Les vacances bouleversent notre rythme habituel. Comment ne pas oublier l’essentiel en confondant détente et farniente ? Comment éviter une baisse de qualité spirituelle chez les enfants ? La clé est de se souvenir que les vacances sont un temps pour aimer Dieu et les autres.
« Jeux, sommeil, promenades, sports, lectures…tout est commandé par cette loi souveraine : qu’est-ce qui me plaît ? » Le Père Caffarel dénonçait cette « règle de vie » adoptée pendant les vacances comme la cause d’un certain désordre. « Entendez-moi bien : ce n’est pas se reposer, se détendre, faire du sport que je trouve répréhensible, c’est le mobile : ‘parce que ça me plaît’. D’où la perpétuelle attention à soi, et donc l’inattention à Dieu et aux autres. Comme si, pour se reposer d’avoir aimé et servi Dieu pendant onze mois, on pouvait bien tout de même s’aimer enfin et se servir soi-même… » !
Le problème, c’est que par là, on donne congé à la charité, et qui prend le relais ? C’est l’égoïsme, qui a tôt fait d’occuper le terrain, avec d’autant plus de facilité que le temps des vacances est beaucoup moins structuré, et bien plus « libre » de toute contrainte ! Si l’on n’y prend garde, le champ lui est ouvert pour se déployer et « reprendre ses droits » (et « reprendre racine ! ») dans les jeunes cœurs.
L’âme, comme le corps, a besoin de se refaire, de se renouveler. Or, c’est le fait d’aimer qui recrée l’âme. Et les vacances sont (doivent être) précisément un temps où il est plus facile d’aimer, d’aimer Dieu et d’aimer les autres. Plus facile d’aimer Dieu parce que la création, que l’on côtoie davantage par nos voyages, visites et promenades, publie la gloire de Dieu, sa sagesse, sa puissance et sa bonté. Plus facile d’aimer les autres, parce qu’on est sorti de la vie haletante, que l’on peut à loisir, ensemble, découvrir, s’émerveiller, lire, partager, se parler longuement. ..Il faut donc exercer vos enfants à aimer plus et mieux. Alors leurs vacances seront un temps fort, pas un temps faible, parce que vous les aurez aider à en faire un temps pour aimer !
Comment faire concrètement ? D’abord choisir un type de vacances adapté au rythme de votre famille. Partir en cercle restreint ? Solution idéale en cas d’année scolaire particulièrement bousculée, avec le besoin de renforcer des liens : elle vous permet de maintenir un certain rythme de vie familiale et spirituelle, sans trop d’interférences extérieures. En famille élargie ? Oncles et tantes sont rassemblés, cousins et cousines se retrouvent pour jouer ensemble : occasion d’ouvrir leur cœur à certains qu’ils apprécient plutôt moins que plus, occasion de sortir de soi et de sa « zone de confort » pour rendre service. Malheureusement, la perfection n’est pas de ce monde, et rares sont les familles qui partagent paisiblement la même foi et les mêmes principes de vie et d’éducation. D’où des dangers de dissensions et de scandales. Ce qui peut être évité si on choisit plutôt de passer nos vacances avec des amis qui sont sur la même « longueur d’onde ». Ensuite, maintenir un rythme de prière. Proposons à nos enfants des temps de ressourcement : la prière familiale du chapelet (en tout ou partie) comme point d’ancrage, un Notre Père et un Ave Maria si l’on visite un monastère ou une église, la prière du soir pour remercier Dieu de ses bienfaits, la lecture d’une ou deux pages de la vie d’un saint. Pourquoi pas une session familiale, pour combiner détente et prière, activités spirituelles et physiques ?
Enfin, vivre ensemble et pratiquer la charité. L’été donne davantage de temps pour s’occuper des enfants. N’oublions pas les bonnes pratiques : garder sa langue pour n’avoir à se reprocher aucune médisance, entretenir un esprit d’humilité (nous ne sommes supérieurs à personne, mais souvent infidèles aux grâces du Seigneur), maintenir un esprit de serviabilité. Préparons nos enfants aux inévitables peines et frottements qu’ils devront souffrir « en enfants de Dieu » courageux (le bonheur total n’existe pas sur cette terre, même en vacances). Pensons à partager avec eux des activités constructives, pour ne pas vivre les uns à côté des autres. Rien ne nous empêche de donner le ton des sorties et des divertissements. Fuyons l’oisiveté, occupons nos enfants, enrichissons-les humainement et spirituellement. Alors Dieu sera présent dans leurs vacances !
Source : Apostol n°198 – Image : Godong