Voici quelques conseils pour éviter à nos enfants de s’abîmer l’âme pendant l’été, tout en les faisant progresser dans la vertu.
Saint Jean Bosco voyait arriver avec beaucoup de craintes le moment des grandes vacances. Il avait remarqué que, même dans les familles profondément catholiques, les enfants revenaient souvent avec un regard en tire-bouchon… Et c’est avec une immense tristesse que ce directeur d’âmes expérimenté constatait dans ces âmes abîmées les tristes conséquences de l’impiété, de l’oisiveté et des mauvaises compagnies.
C’est au point qu’une année, saint Dominique Savio voulut de lui-même se priver de vacances ! Il s’en expliqua ainsi : « Nous aimons bien nos parents et nous irions volontiers à la maison. Mais nous savons que l’oiseau qui est en cage, s’il n’est pas libre, est tout de même à l’abri du faucon. Hors de sa cage au contraire, il vole où ça lui plaît, mais, d’un moment à l’autre il peut tomber dans les griffes du faucon de l’enfer. » [2]
Quelques lecteurs du Chardonnet se récrieront peut-être que c’était exagéré, que le dix-neuvième siècle n’était pas aussi corrompu que le vingt et unième, que ces bons enfants n’étaient pas si fragiles qu’ils le disaient et qu’ils devaient quand même aimer leurs parents et retourner à la maison. Il est vrai que saint Jean Bosco ne se rendit point à la conclusion de ses élèves et les obligea à passer quelques jours chez eux, mais avec de solides consignes pour garder leur âme de tout danger.
Un siècle et demi plus tard, la question demeure à l’identique : que faire pour non seulement soustraire nos enfants au mal mais encore et surtout continuer à les faire progresser dans la vertu tout au long de ces mois d’été ?
Voici quelques conseils qui sont très loin d’être exhaustifs.
La prière et la confession
« Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, Nous vous en supplions, chers jeunes époux, ayez à cœur de garder cette belle tradition des familles chrétiennes : la prière du soir en commun » [3]
Ne repoussons pas cette prière du soir à un « plus tard » qui se transforme en « jamais ». Il y a des choses de la vie dont on ne fait pas l’économie, comme le repas ou le dessert : le cœur à cœur avec Dieu n’est-il pas plus important ?
Pour la prière du matin, souvent individuelle, une simple question rituelle au petit déjeuner suffira à ancrer solidement les bonnes habitudes :
« – As-tu fait ta prière ? Non ? Alors vas‑y d’abord et reviens ensuite : je prépare ton bol en attendant ».
Quant aux sacrements, c’est généralement la confession qui est délaissée, au grand dommage des âmes abandonnées à des difficultés plus grandes. Et à la rentrée, les pauvres enfants qui en étaient pourtant des pratiquants très assidus, doivent reconnaître :
« – Je ne me suis pas confessé depuis… voyons… eh bien depuis deux mois ! En fait, mes parents n’y ont pas pensé ».
En général, ne comptez pas trop sur la confession pendant la messe, commode mais facilement superficielle : chers Parents, faites l’effort de venir en famille en semaine, vous y passerez aussi vous-mêmes par la même occasion !
Le jeu
Tous les éducateurs le répètent à l’envi : l’oisiveté est la mère de tous les vices. Comment combattre cet affreux cancer de l’âme : très simplement par le travail (surtout pendant l’année scolaire) et par le jeu (surtout pendant les vacances). Le prophète Zacharie décrit ainsi une ville paisible où règne la vertu : « Des vieux et des vieilles s’assiéront sur les places de Jérusalem, et chacun sa canne à la main à cause du nombre de ses jours. Et les places de la ville seront remplies de petits garçons et de fillettes jouant sur ces places. » [4]
Le Saint Esprit n’a pas dit :
« Des jeunes s’assiéront sur les places de Jérusalem, chacun son smartphone à la main, et les places de la ville seront remplies d’un silence pesant… »
Il faut que les enfants s’amusent, disait le Père Timon-David, sans cela le travail est difficile, et la moralité impossible. Oui, vous avez bien lu : un enfant qui ne joue pas, ou qui joue mal, est en danger !
Mais pour remplir leur rôle, ces jeux doivent revêtir quelques qualités fondamentales : ils doivent bien sûr plaire aux enfants, être modestes, très bruyants, fortifier le corps, ne pas donner le goût des plaisirs du monde, être simples et peu coûteux. Exit, donc, les gadgets, les tablettes, et l’ennui ! Petits enfants, sortez, bougez, criez, du moment que vous n’offensez pas le Bon Dieu ! Grands enfants, faites jouer les plus jeunes, sortez de votre chambre, vous vous en porterez mieux ! Chers Parents, votre inquiétude n’a raison d’être que si vous n’entendez plus rien dans le jardin !
Les occasions dangereuses
« “Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits enfants ; parce que leurs Anges voient toujours la face de mon Père”, parce que je suis venu pour eux et que telle est la volonté de mon Père. Par-là, Jésus-Christ nous rend plus attentifs à protéger et à préserver les petits enfants. Vous voyez quels grands remparts il a élevé pour abriter les faibles ; que de zèle et de sollicitude il a pour empêcher leur perte ! Il menace des châtiments les plus graves ceux qui les trompent ; il promet à ceux qui en prennent soin la suprême récompense… Quelle plus grande chose que de discipliner les esprits, que de former les mœurs des adolescents ? Pour moi, celui qui s’entend à former l’âme de la jeunesse est assurément bien au-dessus des peintres, bien au-dessus des statuaires, et de tous les artistes de ce genre ». [5]
Quelle sollicitude souvent exagérée pour le corps, surtout en ce moment : masques, frictions au gel hydroalcoolique, respect des distances, dépistages, gestes barrières. Et pendant ce temps, que fait-on pour l’âme ? Il fallait faire ceci et ne pas omettre cela ! Éloignons de nos âmes tout ce qui peut ternir l’innocence baptismale et vivons en présence de Dieu.
Les anglo-saxons traduisent le mot « vacances » par « holidays », ce qui signifie littéralement « jours saints ». Nos vacances seront-elles effectivement des jours saints ?
« Restez au milieu de nous, ô Cœur de Jésus : que notre famille soit pour vous un asile aussi doux que celui de Béthanie, où vous puissiez trouver le repos près des âmes aimantes. Restez avec nous car déjà il se fait tard et le monde pervers veut nous envelopper des ombres de ses négations, alors que nous ne voulons nous attacher qu’à vous, qui êtes la voie, la vérité et la vie. Dites-nous ce que vous disiez à Zachée : Il faut qu’aujourd’hui vous me donniez l’hospitalité dans votre maison. » [6]
Source : Le Chardonnet n° 359 – juillet-août 2020
- Détail de la bannière de la Croisade eucha-
ristique de Saint-Nicolas confectionnée par
Odette Delorme (†) fidèle de la paroisse.[↩] - Vie de saint Dominique Savio par saint Jean Bosco – Ch. 19.[↩]
- Pie XII, Discours aux jeunes époux, 12 février 1941.[↩]
- Zacharie 8, 4.[↩]
- Saint Jean Chrysostome, In Cap. 18 Matth. Hom. 60.[↩]
- Consécration de la famille au Sacré-Cœur – Saint Pie X.[↩]