Pie XI

259ᵉ pape ; de 1922 à 1939

29 juin 1936

Lettre encyclique Vigilanti cura

Sur les pernicieux effets du cinéma

Table des matières

Donné à Rome, près de Saint-​Pierre, en la fête des saints apôtres Pierre et Paul, le 29 juin de l’an 1936

Aux Archevêques, Évêques et autres Ordinaires des Etats-​Unis, demeu­rant en paix et en com­mu­nion avec le Siège apostolique

Vénérables Frères,
Salut et Bénédiction apostolique !

Avec une sol­li­ci­tude tou­jours en éveil, comme nous le pres­crit notre charge apos­to­lique, nous sui­vons avec le plus grand inté­rêt les tra­vaux dignes de toutes louanges de nos confrères dans l’Episcopat et du peuple chré­tien tout entier. C’est ain­si, qu’à notre grande joie, nous avons appris l’i­ni­tia­tive pré­voyante, déjà riche de salu­taires résul­tats et pleine de pro­messes plus heu­reuses encore, que, voi­là plus de deux années déjà, vous avez jugé bon de prendre et d’ap­pe­ler « Légion de la décence », dans le but d’a­néan­tir, comme dans une croi­sade sacrée, les per­ni­cieux effets du cinéma.

Ce fait nous four­nit l’oc­ca­sion, depuis long­temps dési­rée, de nous expli­quer à fond sur ce sujet qui met en cause, et de si près, les inté­rêts moraux et reli­gieux du peuple chré­tien tout entier.

Mais d’a­bord, nous vous féli­ci­tons vive­ment de ce que, sous votre conduite et votre direc­tion, et avec l’ac­tive col­la­bo­ra­tion de vos fidèles, la Légion ait tra­vaillé avec tant de soin dans ce champ d’a­pos­to­lat. Nous nous en réjouis­sons d’au­tant plus que, d’un cœur angois­sé, nous voyions cet art et cette indus­trie s’é­ga­rer à grands pas hors de la bonne voie, et expo­ser à tous les yeux, en pleine lumière, le vice, le mal, le péché.

I.

Aussi, avons-​nous tou­jours consi­dé­ré comme une obli­ga­tion de notre haute charge, chaque fois que l’oc­ca­sion nous en était don­née, d’a­me­ner non seule­ment les Evêques et le cler­gé, mais tous les hommes hon­nêtes et de bonne volon­té, à étu­dier ce grave pro­blème avec toute l’at­ten­tion qu’il exige.

Déjà, par exemple, dans l’en­cy­clique Divini illius magis­tri, avons-​nous expri­mé le regret de voir « ces puis­sants dif­fu­seurs, sus­cep­tibles de col­la­bo­rer magni­fi­que­ment à l’en­sei­gne­ment et à l’é­du­ca­tion s’ils étaient au ser­vice de la véri­té, deve­nir, hélas ! trop sou­vent les pour­voyeurs de gains immondes et de plai­sirs exal­tant le vice ». [1]

Rappel des Témoignages de la Sollicitude du saint Père

En août 1934, rece­vant en audience les délé­gués de la Fédération inter­na­tio­nale de la Presse ciné­ma­to­gra­phique, nous avons sou­li­gné l’im­por­tance gran­dis­sante, pour notre temps, de ces spec­tacles, et leur large champ d’in­fluence soit en faveur de la ver­tu, soit au pro­fit du vice. Nous avons rap­pe­lé, en outre, com­bien il était néces­saire de main­te­nir les spec­tacles ciné­ma­to­gra­phiques dans le res­pect des lois qui doivent régir et ins­pi­rer la noble voca­tion de tout art véri­table, si on vou­lait évi­ter que la règle chré­tienne – et même sim­ple­ment humaine – des mœurs, qui est essen­tiel­le­ment liée à la loi natu­relle, ne subisse une atteinte et un détriment.

D’ailleurs, tout art un peu noble ne doit-​il pas s’at­ta­cher avant tout à entraî­ner, pour sa part, l’hu­ma­ni­té à plus d’hon­neur et de ver­tu ? Dès lors, n’est-​il pas tenu à suivre les prin­cipes et les lois de la dis­ci­pline morale ? Approuvés d’ailleurs par ces hono­rables délé­gués – nous nous en sou­ve­nons avec plai­sir – nous en dédui­sions l’o­bli­ga­tion qui en découle pour le ciné­ma d’ob­ser­ver ces règles justes afin d’at­ti­rer tous les spec­ta­teurs à une vie plus intègre et d’une édu­ca­tion plus élevée.

Plus récem­ment encore, au mois d’a­vril der­nier, lors de l’au­dience accor­dée avec tant de plai­sir aux délé­gués de la Fédération inter­na­tio­nale des Journalistes ciné­ma­to­gra­phiques, réunis alors en Congrès à Rome, nous avons insis­té une nou­velle fois sur l’im­por­tance et la gra­vi­té de cette ques­tion. Parlant non pas seule­ment au nom de la reli­gion, mais en vue de l’ac­crois­se­ment de la san­té morale de la Société, nous avons cha­leu­reu­se­ment exhor­té ces hommes de cœur à se ser­vir de leur plume et de toute leur influence pour que ces spec­tacles ciné­ma­to­gra­phiques servent chaque jour davan­tage à la for­ma­tion et à l’é­du­ca­tion des âmes et non pas à leur ruine et à leur perte.

Cette ques­tion est si impor­tante, sur­tout si on prend garde aux cir­cons­tances que tra­verse en ce moment la socié­té civile, que nous esti­mons oppor­tun de la déve­lop­per plus à fond et de don­ner à ce sujet les direc­tives adap­tées aux néces­si­tés actuelles non pas seule­ment à vous-​mêmes, Vénérables Frères, mais aus­si à tous les Evêques de l’u­ni­vers catho­lique. Car, il est plus que néces­saire, il est vrai­ment urgent d’u­ti­li­ser effi­ca­ce­ment pour la gloire de Dieu, le salut des âmes et le déve­lop­pe­ment du règne de Jésus-​Christ, toutes les inven­tions que, par la faveur divine, le cours des âges a vu conqué­rir dans les dis­ci­plines humaines, voire dans les arts tech­niques et industriels.

N’est-​ce pas ain­si que tous – comme la Liturgie nous le fait deman­der – « nous pour­rons pas­ser de telle sorte à tra­vers les biens tem­po­rels que nous ne per­dions pas les biens éternels » ?

Or, cha­cun peut aisé­ment consta­ter que plus le ciné­ma s’est per­fec­tion­né et plus il a por­té atteinte à l’in­té­gri­té des mœurs, à la Religion, et même à l’hon­nê­te­té néces­saire à toute société.

L’Œuvre splendide de l’Episcopat américain

Les chefs de l’in­dus­trie ciné­ma­to­gra­phique des Etats-​Unis d’Amérique n’ont pas été sans recon­naître la res­pon­sa­bi­li­té qui leur incom­bait de ce fait et, plus spé­cia­le­ment, à cause du dan­ger qui mena­çait ain­si, non pas seule­ment les indi­vi­dus, pris en par­ti­cu­lier, mais la com­mu­nau­té humaine tout entière. En effet, au mois de mars 1930, una­ni­me­ment et sur l’hon­neur, s’engagèrent-​ils spon­ta­né­ment – enga­ge­ment consi­gné par écrit, cou­vert de toutes les signa­tures et livré à la publi­ci­té – à garan­tir désor­mais eux-​mêmes la par­faite hon­nê­te­té des films qui seraient mis en chan­tier. Cet enga­ge­ment por­tait en par­ti­cu­lier la pro­messe de ne jamais pro­duire ni pas­ser de films qui abais­se­raient le niveau moral des spec­ta­teurs, ou qui jet­te­raient le dis­cré­dit sur la loi natu­relle ou humaine, ou inci­te­raient à leur violation.

Malgré ces lois – éta­blies certes dans une louable inten­tion – il s’est fait que les res­pon­sables eux-​mêmes, comme d’ailleurs les pro­duc­teurs de films, ou bien n’ont pas été capables d’ob­ser­ver cet enga­ge­ment ou bien ne l’ont pas voulu.

Cet enga­ge­ment res­tant lettre morte, les vices et les crimes conti­nuèrent à être por­tés à l’é­cran ; si bien qu’il deve­nait impos­sible à toute per­sonne hon­nête d’as­sis­ter à pareils spec­tacles dans l’es­poir d’y trou­ver un délas­se­ment per­mis. Dans ces cir­cons­tances, à coup sûr très graves, vous avez été les pre­miers, Vénérables Frères, à étu­dier les voies et les moyens par les­quels vous pour­riez pro­té­ger contre un pareil dan­ger le trou­peau qui vous est confié. C’est alors que vous avez fon­dé la « Legion of Decency »; et vous l’a­vez éta­blie comme une armée sainte dont l’ob­jec­tif consis­tait à rendre leur valeur à tous les prin­cipes et à l’i­déal qu’ins­pire l’hon­nê­te­té chré­tienne et, d’ailleurs, l’hon­nê­te­té pure­ment humaine. Ce fai­sant, loin de vou­loir por­ter pré­ju­dice à l’in­dus­trie ciné­ma­to­gra­phique, vous vous effor­ciez, au contraire, de la sau­ver du désastre qui menace toutes les formes de plai­sir qui dégé­nèrent en dépra­va­tion et cor­rup­tion de l’art.

Les ouailles confiées à vos soins entrèrent dans vos vues avec une fer­veur réso­lue et déci­dée. Par mil­lions, les catho­liques des Etats-​Unis se sont empres­sés de signer l’en­ga­ge­ment et d’as­su­mer les obli­ga­tions que leur pro­po­sait la Légion de la Décence, pro­met­tant de n’as­sis­ter à la pro­jec­tion d’au­cun film qui bles­se­rait les mœurs chré­tiennes et les règles de l’hon­nê­te­té. Aussi, avons-​nous pu voir – et il faut le pro­cla­mer avec une immense joie – le peuple et les Evêques si inti­me­ment unis dans la pour­suite de leur des­sein que nulle part ailleurs, en ces der­niers temps, ne s’est affir­mée union plus grande entre pas­teurs et fidèles.

Les catho­liques, d’ailleurs, ne furent pas seuls à vous suivre. Des hommes émi­nents venus du pro­tes­tan­tisme ou de la reli­gion juive, d’autres encore en grand nombre s’empressèrent d’ap­puyer vos des­seins et d’o­béir à vos direc­tives. Ils unirent leurs efforts aux vôtres pour contraindre les théâtres ciné­ma­to­gra­phiques à se confor­mer aux règles qui s’im­posent à tout art digne de ce nom. Ce nous est aujourd’­hui une joie immense de mar­quer les résul­tats et les fruits consi­dé­rables obte­nus par cette croi­sade si géné­reu­se­ment entre­prise. C’est ain­si qu’on nous assure qu’en rai­son de votre vigi­lance atten­tive et de la force de l’o­pi­nion, l’in­dus­trie ciné­ma­to­gra­phique s’est enga­gée dans une voie sin­gu­liè­re­ment meilleure. On ne voit plus aus­si sou­vent qu’au­tre­fois le péché et le vice paraître à l’é­cran ; le mal qu’on y ren­contre encore n’est plus aus­si inso­lem­ment approu­vé et applau­di ; ces faux prin­cipes de vie ne sont plus pro­po­sés d’une manière aus­si insi­dieuse à l’âme bouillante de la jeunesse.

Succès d’une sainte Croisade

Dans cer­tains milieux, il est vrai, on avait craint d’en­re­gis­trer, comme résul­tat de la croi­sade, un déclin notable de la valeur artis­tique des films. L’expérience a prou­vé le contraire. Car des efforts sérieux ont été réa­li­sés pour que les scènes ciné­ma­to­gra­phiques s’ins­pirent des règles les plus nobles qui régissent les beaux-​arts, ce qui eut pour résul­tat de por­ter à l’é­cran soit des œuvres clas­siques anciennes, soit de nou­velles pro­duc­tions qui sont fran­che­ment remarquables.

On avait éga­le­ment pré­dit, mais sans four­nir de rai­son plau­sible, que, du fait de la croi­sade, les capi­taux enga­gés dans l’in­dus­trie ciné­ma­to­gra­phique subi­raient de sérieux dom­mages. Il n’en fut rien. Nombreux sont, en effet, les ama­teurs de ciné­ma qui s’en étaient éloignes avec hor­reur à cause des pro­fa­na­tions qu’ils y voyaient infli­ger aux bonnes mœurs, et qui se sont empres­sés d’y reve­nir dès qu’ils ont pu se convaincre que les spec­tacles n’of­fen­saient plus l’hon­nê­te­té chré­tienne ou sim­ple­ment humaine.

Lorsque vous avez com­men­cé votre sainte croi­sade, Vénérables Frères, des pro­phètes n’ont pas man­qué pour annon­cer que cet enthou­siasme serait pas­sa­ger, et pré­caires les résul­tats atten­dus. Tout cela, disait-​on, devait s’ef­fon­drer rapi­de­ment. Votre vigi­lance et celle de vos col­la­bo­ra­teurs s’é­tein­draient petit à petit, ce qui per­met­trait aux pro­duc­teurs de reve­nir, à leur gré, à leurs anciennes méthodes. Il est facile, il est vrai, de devi­ner pour­quoi des indus­triels seraient ten­tés de recom­men­cer de por­ter à l’é­cran ces scènes répré­hen­sibles que vous avez com­bat­tues et qui flattent les plus basses pas­sions. C’est que la pro­duc­tion de films qui exposent avec art des sujets ins­pi­rés par la ver­tu exigent, en effet, du talent, du tra­vail, de la tech­nique, voire beau­coup d’argent ; tan­dis qu’il est facile d’or­di­naire d’at­ti­rer cer­tain public et cer­taines classes d’hommes vers des spec­tacles qui allument les pas­sions et excitent les mau­vais ins­tincts qui som­meillent dans les âmes.

Aussi est-​il néces­saire que la vigi­lance et les tra­vaux atten­tifs de tous arrivent à convaincre les indus­triels du film que la Légion de la Décence n’a pas été créée pour finir à bref délai ni pour se relâ­cher, mais qu’elle a été éta­blie, au contraire, pour assu­rer, sous la direc­tion des Evêques des Etats-​Unis – à quelque moment et sous quelque forme que ce soit – l’as­sai­nis­se­ment des plai­sirs du peuple.

II.

De tout temps, les délas­se­ments du corps et de l’âme – qui ont trou­vé en nos temps des formes diverses et nou­velles – ont été néces­saires à ceux qui sont enga­gés dans les affaires et les sou­cis de l’exis­tence. Mais, il est non moins cer­tain que ces plai­sirs doivent res­pec­ter la digni­té de l’homme et l’in­té­gri­té des mœurs. Ils ont même pour devoir de faire appel aux nobles sen­ti­ments et de les pro­mou­voir. Il n’est pas dou­teux, en effet, qu’un peuple qui, aux heures de récréa­tion, se livre­rait à des jeux pro­fa­nant les règles de la décence, de l’hon­neur et de l’hon­nê­te­té, offrant à tous, et spé­cia­le­ment à la jeu­nesse, l’oc­ca­sion de com­mettre les fautes ain­si légi­ti­mées, il n’est pas dou­teux que ce peuple per­drait bien­tôt sa puis­sance et sa grandeur.

Importance et puissance du Cinéma

Or, par­mi les diver­tis­se­ments modernes, le ciné­ma prend, de toute évi­dence, une place de pre­mière impor­tance. Dans tous les pays, il a reçu droit de cité. A peine est-​il besoin de redire que des mil­lions de spec­ta­teurs le fré­quentent chaque jour. Le nombre des salles de ciné­ma s’ac­croît sans cesse chez tous les peuples, quel que soit leur degré de culture. A tous, riches ou pauvres, il offre le même plai­sir et le même délassement.

D’autre part, la nature des images mou­vantes, la faci­li­té d’ac­cès des spec­tacles, même pour les masses popu­laires, et l’en­semble des cir­cons­tances qui entourent ce genre de récréa­tion font en sorte qu’il est impos­sible de décou­vrir, aujourd’­hui, un moyen d’in­fluence quel­conque capable d’exer­cer sur les foules une action plus efficace.

La rai­son même de cette effi­ca­ci­té se découvre aisé­ment. Le ciné­ma frappe vive­ment par ses images et par ses tableaux. Loin d’exi­ger un effort d’abs­trac­tion ou de rai­son­ne­ment dont les masses incultes seraient inca­pables ou qu’elles refu­se­raient de s’im­po­ser, il se contente de ravir les sens tout en pro­cu­rant à l’es­prit un plai­sir extrême. Lire ou même prê­ter l’o­reille à qui vous parle exige un mini­mum d’at­ten­tion et un léger effort à l’es­prit ; le film écarte même ce minime obs­tacle et se borne à dérou­ler ses images devant les yeux éblouis. Quand le ciné­ma est par­lant, l’ef­fi­ca­ci­té du spec­tacle ne fait que s’ac­croître, car la parole per­met de sai­sir plus vite la signi­fi­ca­tion des images lumi­neuses et les mélo­dies musi­cales enve­loppent toutes les scènes dans une atmo­sphère d’une sin­gu­lière emprise.

Le pro­gramme se com­plète par­fois de bal­lets et de scènes diverses qu’on a cou­tume d’ap­pe­ler des « Variétés ». Le résul­tat le plus clair de ces com­plé­ments consiste à accroître encore, et avec un rythme plus rapide, l’ex­ci­ta­tion des ins­tincts et des pas­sions. Si bien que les ciné­mas deviennent de véri­tables écoles qui, mieux encore que par des rai­son­ne­ments, sont capables de pous­ser la plu­part des hommes à la ver­tu ou au vice. Il est donc néces­saire que ces ins­ti­tu­tions servent à pro­mou­voir les salu­taires exi­gences de la conscience chré­tienne, et qu’elles répu­dient tout ce qui serait de nature à bles­ser ou à cor­rompre les bonnes mœurs.

N’est-​il pas évident pour tous que les scènes scan­da­leuses exercent une grande influence sur l’es­prit des spec­ta­teurs ? Elles four­nissent une occa­sion de péché dans la mesure même où elles chantent les louanges des pas­sions et des vices. Elles entraînent la jeu­nesse en dehors du droit che­min. Elles pro­jettent une fausse lumière sur la vie. Elles énervent et ridi­cu­lisent les conseils évan­gé­liques de per­fec­tion. Elles sup­priment l’a­mour chaste, la sain­te­té du mariage, l’in­ti­mi­té fami­liale. Elles sont de nature, enfin, à sus­ci­ter des pré­ju­gés et de faux juge­ments entre les hommes, entre les classes sociales, entre les nations et les races.

Par contre, lorsque le ciné­ma se met au ser­vice de l’i­déal, com­bien salu­taire n’est pas son influence ! Il délasse et diver­tit ; il encou­rage et sti­mule au bien ; il donne les meilleurs conseils ; il fait connaître les gloires et les actions de toutes les nations ; il pro­pose la véri­té et la ver­tu sous un jour attrayant ; il fait naître et favo­rise dans les diverses classes de la socié­té, dans les divers pays et les races diverses, le désir d’une meilleure connais­sance mutuelle ; il sou­tient la cause de la jus­tice ; il entraîne tous et cha­cun à la ver­tu ; enfin, il col­la­bore de tout son pou­voir à l’é­la­bo­ra­tion d’un nou­veau et meilleur sta­tut de l’humanité.

Le carac­tère col­lec­tif du ciné­ma achève de don­ner toute leur gra­vi­té à ces réflexions. Le film, en effet, ne vise pas l’in­di­vi­du, il vise la com­mu­nau­té et cela à tra­vers des cir­cons­tances de temps, de choses et de lieux sin­gu­liè­re­ment favo­rables pour enflam­mer les âmes aus­si bien pour le mal que pour le bien. Et ne savons-​nous pas encore assez pas expé­rience dans quel sens déplo­rable peut être entraî­né cet enthou­siasme collectif ?

Le film, en effet, d’un rythme rapide, déroule ses images sur un écran lumi­neux alors que, pla­cés en pleine obs­cu­ri­té, les spec­ta­teurs se livrent à un aban­don qui assou­pit leurs facul­tés de cri­tique et leurs éner­gies spi­ri­tuelles. Point n’est besoin de cher­cher au loin ces théâtres. Ils sont là, tout proches des habi­ta­tions, de l’é­glise, des écoles, bien au cœur de la cité et dès lors exer­çant une influence consi­dé­rable sur la vie commune.

Les scènes qui se déroulent sur l’é­cran sont jouées par des hommes et des femmes que la nature a dotés de charmes excep­tion­nels et qu’une connais­sance par­faite du métier ne fait qu’ac­croître. Comment, dans ces condi­tions, pourraient-​ils alors ne pas exer­cer une extrême séduc­tion sur la jeu­nesse ? Ajoutez à tout cela l’en­ivre­ment de la musique, la somp­tueuse richesse des salles, le réa­lisme outré du spec­tacle, les folies des « varié­tés ». Voilà qui suf­fit à expli­quer la fas­ci­na­tion et l’in­fluence que ces spec­tacles exercent sur l’en­fance et la jeu­nesse. Car c’est bien à l’âge où le sens de l’hon­nê­te­té naît et se forme, où les prin­cipes de la jus­tice et de la pro­bi­té s’im­prègnent dans l’es­prit, à l’âge enfin où sur­git dans la conscience la notion du devoir et où enfin l’i­déal exerce son action sur la vie et l’o­riente, c’est à cet âge que le ciné­ma exerce toute sa puis­sance et obtient le maxi­mum d’efficacité.

Mais, hélas ! dans les cir­cons­tances actuelles, cette effi­ca­ci­té s’exerce trop sou­vent en faveur du mal. Aussi, lorsque nous son­geons à la perte de tant d’en­fants et de jeunes gens dont le ciné­ma menace la pure­té et l’in­no­cence, nous vous rap­pe­lons la parole de Jésus-​Christ : « Malheur à qui scan­da­lise un de ces petits qui croient en moi ! Mieux vau­drait mille fois qu’une lourde pierre lui soit atta­chée au cou et qu’il soit ain­si pré­ci­pi­té dans la mer!… »

Vigilance nécessaire

Il est donc plus que néces­saire, aujourd’­hui, de veiller atten­ti­ve­ment et de ne rien négli­ger pour que le ciné­ma ne se trans­forme pas en école du vice, mais pour qu’il apporte, au contraire, une col­la­bo­ra­tion de choix à la grande œuvre de la véri­table édu­ca­tion des hommes et du relè­ve­ment de la digni­té des moeurs. Il importe de remar­quer à ce pro­pos, ce que nous fai­sons avec bon­heur, que cer­tains gou­ver­ne­ments ont consta­té avec inquié­tude l’im­mense influence du ciné­ma sur les mœurs. Ils ont alors ins­ti­tué des orga­nismes spé­ciaux com­po­sés de per­sonnes probes et hon­nêtes, choi­sies de pré­fé­rence par­mi les pères et mères de famille, et ils les ont char­gés d’exa­mi­ner les films pro­duits et même d’o­rien­ter la pro­duc­tion. Nous savons que plus d’une fois ces Comités se sont effor­cés d’en­traî­ner les pro­duc­teurs à por­ter à l’é­cran les œuvres des meilleurs auteurs de leurs pays respectifs.

Cependant, Vénérables Frères, que vos soins atten­tifs et vos pré­oc­cu­pa­tions se portent sur l’in­dus­trie ciné­ma­to­gra­phique de votre pays – puis­qu’elle y a pris de si grands déve­lop­pe­ments et qu’elle exerce une influence consi­dé­rable sur tous les peuples. Ce n’en est pas moins le devoir de tous les Evêques de l’u­ni­vers catho­lique de joindre et de coor­don­ner leurs efforts pour sur­veiller ensemble cette forme de délas­se­ment et d’é­du­ca­tion dont l’in­fluence est si consi­dé­rable. Le tort que cause en ce moment le ciné­ma à la conscience morale et reli­gieuse, aux pré­ceptes de la doc­trine chré­tienne, leur est une rai­son d’in­ter­dire ces spec­tacles scan­da­leux et de ne rien omettre pour écar­ter, dans la mesure de leurs forces, tout ce qui blesse et amoin­drit dans l’âme popu­laire le sens de la digni­té et de l’honnêteté.

Ce devoir, d’ailleurs, n’in­combe pas seule­ment aux Evêques ; il oblige tous les catho­liques et même tous les hommes de cœur qui ont le sou­ci de la pro­bi­té et de l’hon­neur de la famille, de la nation et de toute la socié­té humaine.

Et main­te­nant exa­mi­nons et expo­sons com­ment doit s’exer­cer cette vigilance.

III.

Le pro­blème du ciné­ma serait réso­lu radi­ca­le­ment et très heu­reu­se­ment si on pou­vait arri­ver à pro­duire des films ins­pi­rés par les prin­cipes chré­tiens. Aussi, ne cesserons-​nous jamais de louer ceux qui se consacrent ou qui se consa­cre­ront à cet art. Qu’ils s’ef­forcent tou­te­fois de faire en sorte que leurs films expriment vrai­ment l’i­déal chré­tien et contri­buent à la véri­table édu­ca­tion des masses ! Qu’ils prennent bien garde aus­si de ne pas se jeter à la légère dans ces entre­prises, mais qu’ils s’y adonnent en tech­ni­ciens aver­tis et en s’en­tou­rant de toutes les pré­cau­tions vou­lues, de peur qu’ils ne dépensent en pure perte leurs forces et leur argent !

Cependant, d’une part, nous nous ren­dons bien compte des dif­fi­cul­tés nom­breuses et consi­dé­rables, sur­tout en ces temps de crise éco­no­mique, qui s’op­posent à la réa­li­sa­tion de pareils pro­jets ; d’autre part, il est abso­lu­ment néces­saire, dans l’in­té­rêt de la reli­gion, des mœurs et de la socié­té civile, d’ar­ri­ver à influen­cer la pro­duc­tion tout entière de manière à ce qu’elle n’en­gendre plus les mêmes désastres. De tout quoi il résulte qu’il est néces­saire que les Evêques tournent leur sol­li­ci­tude vers tous les films qui, de toutes parts, sont pro­po­sés au peuple chrétien.

Nous exhor­tons donc cha­leu­reu­se­ment tous les Evêques de l’u­ni­vers catho­lique, qui appar­tiennent à des pays pro­duc­teurs de films, et vous-​mêmes en pre­mier lieu, Vénérables Frères, pour qu’ils exhortent pater­nel­le­ment tous les fidèles qui col­la­borent de quelque manière que ce soit à cette indus­trie. Que ceux-​ci se rendent bien compte de la grave obli­ga­tion qui leur incombe, par la nature même de leurs fonc­tions, et en qua­li­té de fils de l’Eglise, de s’ef­for­cer, dans la mesure de leurs moyens, de veiller à ce que les films qu’ils pro­duisent ou aux­quels ils col­la­borent soient conformes aux sains prin­cipes et aux justes pré­ceptes. Nombreux sont cer­tai­ne­ment les catho­liques qui exercent un emploi – régis­seur, exé­cu­tant, auteur ou acteur – dans l’in­dus­trie du film. Il est sou­ve­rai­ne­ment regret­table que leur tra­vail ne s’har­mo­nise pas avec leur foi et avec leurs inten­tions. C’est pour­quoi il appar­tien­dra aux Evêques de les aver­tir afin que leurs actes cor­res­pondent plei­ne­ment aux exi­gences d’une conscience hon­nête et aux obli­ga­tions d’un dis­ciple de Jésus-Christ.

Dans ce champ d’a­pos­to­lat comme dans tous les autres, les Evêques trou­ve­ront cer­tai­ne­ment comme excel­lents col­la­bo­ra­teurs ceux qui jouent un rôle actif dans l’Action catho­lique. Il nous est impos­sible de ne pas sai­sir l’oc­ca­sion de cette lettre pour les sti­mu­ler plus que jamais afin que dans cette nou­velle cause ils apportent sans comp­ter leur sérieuse et indé­fec­tible coopération.

Peut-​être les Evêques feront-​ils bien de rap­pe­ler aux indus­triels du monde du ciné­ma que par­mi les charges qui leur incombent, figure cer­tai­ne­ment l’hon­nê­te­té des diver­tis­se­ments. Car ils sont char­gés par man­dat divin d’en­sei­gner aux âmes qui leur sont confiées les règles de conduite qui s’im­posent, même à l’oc­ca­sion de leurs plai­sirs. Leur charge apos­to­lique impose aux Pasteurs l’o­bli­ga­tion de décla­rer ouver­te­ment et publi­que­ment que les plai­sirs déshon­nêtes anéan­tissent les forces morales d’un peuple. Si bien que ce qu’ils exigent en ces matières n’at­teint pas seule­ment les catho­liques, mais tous ceux qui fré­quentent le cinéma.

A vous cepen­dant, Vénérables Frères des Etats-​Unis d’Amérique, incombe-​t-​il d’une manière spé­ciale d’ob­te­nir des pro­duc­teurs de films ce qu’ils ont spon­ta­né­ment pro­mis, comme nous l’a­vons dit, conscients qu’ils étaient des res­pon­sa­bi­li­tés qui leur incombent devant l’hu­ma­ni­té du fait du pro­blème qui se pose et du péril qui en découle.

Quant à vous, qui à tra­vers le monde avez reçu la digni­té épis­co­pale, vous devez avoir à cœur de bien faire com­prendre à tous ceux qui col­la­borent à l’in­dus­trie du film qu’une inven­tion aus­si pré­cieuse et d’un usage aus­si répan­du peut gran­de­ment ser­vir à éle­ver la per­fec­tion morale des indi­vi­dus et des socié­tés. Pourquoi, en effet, par­ler seule­ment de maux à évi­ter ? Et pour­quoi le ciné­ma devrait-​il ser­vir seule­ment à rem­plir les heures vides du repos ? Ne peut-​il et ne doit-​il pas mettre sa mer­veilleuse effi­ca­ci­té au ser­vice de l’ins­truc­tion des spec­ta­teurs et de leur entraî­ne­ment à la vertu ?

Les précieuses indications du saint Père

Nous croyons donc oppor­tun, après avoir consi­dé­ré la gra­vi­té de pareil sujet, d’en venir main­te­nant à des indi­ca­tions pra­tiques appropriées.

Tout d’a­bord que chaque Evêque obtienne qu’à l’exemple des catho­liques des Etats-​Unis d’Amérique les fidèles qui lui sont confiés s’en­gagent chaque année à ne jamais assis­ter à la pro­jec­tion de films qui blessent la doc­trine et les ins­ti­tu­tions chré­tiennes. On choi­si­ra de pré­fé­rence les églises et les écoles pour rece­voir cette pro­messe et cet enga­ge­ment. A cet effet, les Evêques feront appel à la col­la­bo­ra­tion des parents qui, dans ces ques­tions, sont tenus à de spé­ciales obli­ga­tions ; ils deman­de­ront aus­si l’aide des écri­vains à qui revient l’hon­neur d’ex­po­ser avec soin l’im­por­tance et l’u­ti­li­té de cette sainte croisade.

Pour que cet enga­ge­ment solen­nel obtienne une heu­reuse effi­ca­ci­té, il est abso­lu­ment néces­saire que le peuple sache clai­re­ment quels sont les films per­mis pour tous, quels sont ceux qu’il n’est per­mis de voir qu’à cer­taines condi­tions, quels sont ceux, enfin, qui sont per­ni­cieux ou fran­che­ment mau­vais. Ce qui entraîne, de toute évi­dence, que soient éta­blies avec ordre et publiées des listes spé­ciales indi­quant les films selon les caté­go­ries que l’on vient d’é­nu­mé­rer, et que ces listes puissent être faci­le­ment connues de tous. L’idéal serait qu’une liste unique de films soit dres­sée pour le monde entier, puis­qu’il est clair que la loi morale est la même pour tous. Cependant, puis­qu’il s’a­git de spec­tacles qui atteignent toutes les classes de la socié­té, culti­vées ou non, la masse du peuple aus­si bien que les classes diri­geantes, il n’est pas contes­table qu’une règle unique ne peut pas être éta­blie pour tous. De trop grandes dif­fé­rences sur­gissent, en effet, d’a­près les régions, les cir­cons­tances et les condi­tions de vie. Dès lors, l’é­ta­blis­se­ment d’un cata­logue unique, obli­ga­toire par­tout et pour tous, ne semble pas s’in­di­quer. Ce qui n’empêche que si dans chaque pays des listes sont dres­sées d’a­près les caté­go­ries qui ont été pro­po­sées, la règle géné­rale qui s’im­pose, est, par le fait même, établie.

Pour atteindre ce but, il est abso­lu­ment néces­saire que les Evêques consti­tuent pour chaque pays un Office per­ma­nent. La mis­sion de cet Office consiste à pro­mou­voir les bons films, à clas­ser les autres selon les caté­go­ries men­tion­nées, enfin à faire connaître ce juge­ment aux prêtres et aux fidèles. Il serait très oppor­tun de confier cette mis­sion au Centre natio­nal d’Action catho­lique qui, aux yeux de tous, dépend de la hié­rar­chie. Quoi qu’il en soit, une chose est cer­taine, c’est que si l’on veut que pareil tra­vail soit fait avec auto­ri­té et selon toutes les règles, il faut que cet Office soit unique pour chaque pays et conduit par un seul chef.

Cependant, si de graves rai­sons l’exigent réel­le­ment, il reste loi­sible aux Évêques d’or­ga­ni­ser, cha­cun pour son dio­cèse, une Commission dio­cé­saine en vue de por­ter le juge­ment plus sévère que réclame le carac­tère par­ti­cu­lier de la région en cause, en inter­di­sant, par exemple, des films que le cata­logue natio­nal indi­quait comme per­mis, parce qu’il devait s’en tenir à des règles s’ap­pli­quant au pays tout entier.

L’Office en ques­tion veille­ra, en outre, à ce que les ciné­mas parois­siaux, ou bien qui sont éta­blis dans les locaux d’œuvres, ne puissent dis­po­ser que des films auto­ri­sés. En impo­sant, en effet, à ces ciné­mas une dis­ci­pline et une orga­ni­sa­tion sérieuses, ces salles devien­dront, pour les pro­duc­teurs, une clien­tèle dési­rable, et de cette manière il sera pos­sible d’exi­ger que les pro­duc­teurs éditent des films qui répondent plei­ne­ment à nos vœux. Et pour­quoi des films pareils passeraient-​ils seule­ment dans les salles catho­liques et pour­quoi ne feraient-​ils pas car­rière dans les salles publiques ?

Nous n’i­gno­rons certes pas que la créa­tion de l’Office per­ma­nent, ici visé, entraî­ne­ra pour le peuple fidèle une lourde besogne et de grands frais. Cependant, le pro­blème est si grave et si impé­rieuse la néces­si­té de pro­té­ger la ver­tu du peuple chré­tien et l’hon­nê­te­té de tout le pays que labeurs et dépenses sont plus que jus­ti­fiés. Car l’af­freuse plaie du ciné­ma per­vers suf­fit à émous­ser et à rendre vains et l’ef­fort de nos écoles, et les tra­vaux de toute l’Action catho­lique, et l’in­fluence du minis­tère sacer­do­tal lui-même.

Il importe aus­si de remar­quer que l’Office dont nous par­lons doit grou­per des hommes au cou­rant des choses du ciné­ma, en même temps que pro­fon­dé­ment imbus des prin­cipes chré­tiens. Un prêtre dési­gné par l’Episcopat diri­ge­ra et condui­ra cette équipe.

Au service de l’Idéal

En outre, des rela­tions mutuelles s’é­ta­bli­ront très uti­le­ment entre ces orga­nismes natio­naux. Ils échan­ge­ront leurs expé­riences et les juge­ments por­tés sur les films. Ces rap­ports ren­dront plus effi­cace le tra­vail de cha­cun. Quoiqu’il faille tenir compte avec soin de la diver­si­té des choses, des lieux et des cir­cons­tances, cepen­dant les esprits et les cœurs se rap­pro­che­ront. C’est ain­si qu’il sera pos­sible, avec le concours de tous les jour­na­listes catho­liques, d’ar­ri­ver un jour à une heu­reuse uni­té dans la manière de sen­tir, de juger et d’agir.

Ces mêmes Offices pro­fi­te­ront uti­le­ment, non seule­ment de l’ex­pé­rience et des évé­ne­ments qui se sont pas­sés dans les Etats-​Unis d’Amérique, mais aus­si de tous les tra­vaux qu’en­tre­prennent dans le domaine du ciné­ma les catho­liques du monde entier. S’il arri­vait que les membres de l’Office – quoique ani­més des meilleures inten­tions – payant leur tri­but à la fra­gi­li­té humaine vinssent à s’é­car­ter du droit che­min, les Evêques s’emploieront avec la pru­dence pas­to­rale vou­lue à redres­ser effi­ca­ce­ment les erreurs com­mises. Ils veille­ront de toutes leurs forces à pro­té­ger l’au­to­ri­té et le bon renom de l’Office, soit en dési­gnant un nou­veau membre d’un pres­tige plus écla­tant, soit en rem­pla­çant par des hommes choi­sis les membres qui se seraient mon­trés inca­pables de rem­plir une charge aus­si importante.

Ainsi donc, si les Évêques de l’u­ni­vers catho­lique prennent en mains cette ques­tion, de telle sorte qu’ils adaptent leur sol­li­ci­tude pas­to­rale aux règles que nous venons d’é­dic­ter – et nous connais­sons assez leur zèle apos­to­lique pour ne pas en dou­ter un ins­tant – il est mani­feste qu’ils auront fait œuvre émi­nem­ment utile pour la pro­tec­tion des bonnes mœurs de leurs ouailles pen­dant les heures de diver­tis­se­ment. Ils empor­te­ront, en outre, l’ap­pro­ba­tion et ils joui­ront de la col­la­bo­ra­tion de tous les hommes de cœur, non seule­ment par­mi les catho­liques, mais par­mi ceux qui ne par­tagent pas nos croyances. Si bien que cha­cun pour sa part aura contri­bué à ce que le ciné­ma, cette puis­sance inouïe qui atteint tous les peuples, serve désor­mais à sou­te­nir l’i­déal et à encou­ra­ger les géné­reux efforts vers une vie plus haute.

Pour que se réa­lisent ces vœux et ces pré­sages qui jaillissent d’une âme pater­nelle, nous implo­rons avec ins­tance le secours de la grâce divine, en gage de laquelle nous vous don­nons de tout cœur, à vous-​mêmes, Vénérables Frères, à tout le cler­gé et à tout notre peuple, la béné­dic­tion apostolique.

Donné à Rome, près de Saint-​Pierre, en la fête des saints apôtres Pierre et Paul, en l’an 1936, quin­zième de notre Pontificat.

Pie XI, Pape

Notes de bas de page
  1. A. Ap. Sed., 1930, vol. XXII, p. 82[]
31 décembre 1930
Sur le mariage Chrétien considéré au point de vue de la condition présente, des nécessités, des erreurs et des vices de la famille et de la société
  • Pie XI