Rendez-vous à Dansuli, petit baranguay dépendant de Balingasag. Après plusieurs indications contradictoires données par les passants, nous arrivons sur un plateau avec quelques habitations, et au milieu, la chapelle Saint Vincent Ferrier. A perte de vue, des champs de cocotiers, d’ananas et de bananiers, encerclés par de hauts sommets. Les militaires armés jusqu’aux dents se positionnent tout autour du site ; nous comprenons que les montagnes alentour ne sont pas encore sûres, il reste des membres de la NPI (nouvelle armée du peuple) qui sont prêts à défendre l’idéal communiste contre le gouvernement.
L’installation est encore plus précaire que les jours précédents : la pharmacie doit s’étaler sur le côté de l’église avec quelques tables, les médecins et les opticiens sont tous dans l’église, et le coin chirurgie est dans la pièce à usages multiples où nous venons de prendre le petit-déjeuner. Quant aux Soeurs, elles s’installent où elles peuvent, avec assez d’espace pour réunir les enfants. Le mot d’Alexandra : « Ah ! Enfin une vraie mission ! »
Pendant la journée, deux patientes âgées reçoivent l’extrême-onction. La première a fait au moins deux accidents vasculaires cérébraux. Quand elle arrive, sa tension est à 21, elle marche difficilement, et s’évanouit devant le médecin. Le problème est de détecter la cause de ses AVC : soit elle a fait une hémorragie, soit c’est un caillot de sang ; le seul médicament que nous pourrions lui proposer sert à fluidifier le sang. Mais c’est trop risqué puisque nous ne sommes pas sûrs. Elle reçoit donc les derniers sacrements, plus ou moins consciente. Monsieur l’abbé utilise les moyens du bord, à savoir du calamansi trop sec et du pain de mie pour se purifier les mains… Une fois que sa tension a un peu baissé, elle va donc rentrer chez elle, et devra se rendre le plus rapidement possible à l’hôpital.
Cette année, les médecins sont parfois ennuyés de ne pas pouvoir faire plus, car certains patients devraient aller en urgence à l’hôpital ; mais vu les endroits de mission, et le fait que nous bougeons chaque jour, c’est impossible de faire venir une ambulance. Alors nous promettons de payer quelques soins, mais sans être sûrs que le patient se prendra en main et ira de lui-même se faire soigner.
L’hôpital fait peur, un peu comme le prêtre : ils sont pour beaucoup les signes avant-coureurs de la mort. C’est ainsi que monsieur l’abbé Peron est allé visiter une femme qui est venue le matin se faire soigner. Vu son état et son âge, le médecin lui a proposé de voir un prêtre, mais elle ne voulait pas, elle a dit qu’elle reviendrait peut-être pour la messe quand il ferait moins chaud…
Les dames de la Légion de Marie prennent l’affaire en main : une âme à sauver, elles ne vont pas la lâcher ! Elle ne veut pas venir au prêtre ? Eh bien, le prêtre viendra à elle ! C’est ainsi qu’elle accepte de se confesser, et reçoit ensuite, toute paisible, l’extrême-onction. Son fils est perturbé : pendant la cérémonie, il reste dehors à couper du bois et traire la vache. Espérons que les grâces reçues par la mère auront une influence sur le fils !
A midi, tout le monde se réunit sur le terre-plain central avec les gens du baranguay qui nous accueillent : ils remercient le docteur Viray, l’armée et l’ACIM Asia d’être venus jusqu’à eux, parce qu’ils sont dans la zone habitée la plus éloignée de la ville. Nous en savons quelque chose, vu les nombreux détours du matin sur des chemins à peine carrossables, loin de toute vie humaine… Nos deux docteurs remercient aussi de l’accueil et rappellent l’aspect religieux de la mission : nous soignons les corps, mais le but est d’élever les âmes et de les ouvrir à la miséricorde de Dieu.
Toute la journée, les religieux s’activent auprès des patients qui attendent. Ils repartent presque tous avec le scapulaire et la médaille miraculeuse, et beaucoup s’engagent dans la MI. C’est impressionnant de comparer leur apostolat avec celui de la France : le pourcentage d’acceptation est largement à l’inverse de chez nous. Rares sont ceux qui n’acceptent pas d’écouter les leçons de catéchisme, d’apprendre à dire leur chapelet, et de s’engager à prier plus régulièrement.
Après, le suivi n’est pas facile, mais Father Tim compte bien revenir pour aider ses nouvelles ouailles à persévérer. Et puis, avec la grâce de Dieu, et vos prières, nous comptons sur la puissance de la Vierge par l’intermédiaire de sa médaille miraculeuse.
Sources : Rosa Mystica 2020 /Jeanne de Vençay
Suite des reportages 2020
Accès au reportage n° 06 du vendredi 21 février 2020
Accès au reportage n° 07 du samedi 22 février 2020
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