Reportage photos n° 7 du pèlerinage de Chartres à Paris 2015 : la médecine au service des pèlerins


« Le rajeu­nis­se­ment impres­sion­nant des mar­cheurs »

Comme on dit à l’armée, le ser­vice de san­té est une « arme » à part. Ainsi en est-​il au Pèlerinage de Tradition de la FSSPX dont le thème était celui des anges. Etant à mon 33ème pèle­ri­nage – l’âge du Christ- in pet­to je pen­sais que nous étions tel­le­ment loin de l’époque on s’installait dans n’importe quel layon avec le maté­riel mini­mum et quelques médi­ca­ments. Le ser­vice de san­té est depuis des années très bien orga­ni­sé sous la forme de postes médi­caux avec un méde­cin, une ou deux infir­mières. S’ajoute une ambu­lance et deux voi­tures Croix-​Rouge char­gée d’éventuelles éva­cua­tions vers les hôpi­taux. Ceci pour des obli­ga­tions médico-​légales. Mais aus­si en rai­son du maté­riel très sophis­ti­qué dont elle dis­pose comme tout sim­ple­ment les bom­bonnes d’oxygène que nous ne pou­vons pas détenir.

Une « arme à part » parce que par-​delà la marche, les chants et l’ambiance, il est bien dif­fi­cile de péné­trer aus­si pro­fon­dé­ment que les par­ti­ci­pants des dif­fé­rents cha­pitres vers la recherche de Dieu. Aux dif­fé­rents postes sont impro­vi­sés des réci­ta­tions du cha­pe­let ; nous avons béné­fi­cié aus­si de quelques brèves ins­truc­tions d’un prêtre.

L’organisation du ser­vice médi­cal incombe à une infir­mière, fille de mili­taire haut-​gradé. Inutile de dire que tout est car­ré et mer­veilleu­se­ment orga­ni­sé. Ma posi­tion est celle du bivouac ; ce qui est abso­lu­ment pas­sion­nant car elle per­met de regar­der « les cou­lisses » du pélé. Impressionnant ! C’est une ville entière qui se monte sous nos yeux. L’impression est celle d’être à côté d’une ruche où d’assister à un étrange bal­let appa­rem­ment désar­ti­cu­lé alors que para­doxa­le­ment, chaque mou­ve­ment a un sens très précis.

Nous dis­po­sons de deux grandes tentes avec une cloi­son de sépa­ra­tion. L’une d’entre elle est réser­vée aux petits soins essen­tiel­le­ment des ampoules et mas­sages. L’autre étant dévo­lue aux cas les plus graves. Au bivouac arrivent les pre­miers éclo­pés et le soir bien sûr c’est l’afflux. Nous sommes dix méde­cins ; il faut ajou­ter les infir­mières, des para­mé­di­caux, des reli­gieuses du Rafflay et de la Fraternité. Nous sommes au moins une qua­ran­taine ; il est dif­fi­cile de don­ner un chiffre car nous avons les « inter­mit­tents » (mar­cheurs ou pas) qui viennent don­ner un coup de main le soir lors du grand rush.

Samedi matin les caisses de médi­ca­ments et de maté­riel sont répar­ties aux dif­fé­rentes équipes à Oisème à côté de Chartres. . Comme chaque année il m’incombe de don­ner un petite note spi­ri­tuelle et un demande pres­sante à s’engager dans le com­bat néces­saire contre la des­truc­tion du chris­tia­nisme par les pou­voirs de tutelle de plus en plus tota­li­taires. Premier patient. Une jeune fille a raté une marche en des­cen­dant du train. Manifestement elle a une frac­ture de la tête radiale. Transfert à l’hôpital de Chartres pour soins. Aussi incroyable qu’il en puisse appa­raître, ce sera la seule éva­cua­tion. A cela il y a beau­coup d’explications. D’abord le temps qui était idéal. Tant la cha­leur que la pluie et le froid induisent des syn­copes (et des « cloques »). La tem­pé­ra­ture était clé­mente. Ensuite le rajeu­nis­se­ment impres­sion­nant des mar­cheurs. Le plus éton­nants étaient les enfants de moins de 12 ans. Pour don­ner un point de com­pa­rai­son les cui­si­nières – levée à 4 heures du matin pour cou­per le pain- avaient pré­vu 1500 sau­cisses pour un de leur repas. Il en fau­dra 3500. « Il ne nous est pas res­té une seule len­tille ! » Ce rajeu­nis­se­ment des mar­cheurs est spec­ta­cu­laire et s’accroît d’année en année. Un signe qui ne trompe pas : il n’y a pas eu lieu de pres­crire un seul psy­cho­trope (som­ni­fère ou anxio­ly­tique). Ensuite, l’équipe médi­cale bien entraî­né prend de plus en plus en charge sur place les malades aidée par le maté­riel de la Croix-​Rouge : aryth­mies car­diaques, syn­copes hypo­gly­cé­miques ou cau­sées par la fatigue.

Après une jour­née de marche de 40 Km, se déverse un véri­table tor­rent de jeunes chan­tant à tue-​tête leur joie de vivre dans la foi ; trai­tant avec un sou­ve­rain mépris les consé­quences d’une marche à rythme for­cée. Une mer­veille ! Je n’ai pu m’empêcher de pen­ser à cette poé­sie de Maurras se ter­mi­nant par ces deux vers : « Demain sur nos tom­beaux, les blés seront plus beaux ».

En atten­dant, nous invi­tons tous nos amis du monde médi­cal à venir nous rejoindre l’an pro­chain. Plus nous serons nom­breux, mieux cela vaut. Ce sera une source immense de grâce pour cha­cun et pour tous.

Dr Jean-​Pierre Dickès

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La Porte Latine remer­cie les photographes :
Messieurs Pierre Lorber et M. P.