Dans le monde, pas du monde
Bien chers paroissiens et amis,
C’est fait, on ne peut y échapper. Noël et l’Epiphanie sont passées, Pâques est à venir mais est encore loin, et entre-temps, il faut faire pénitence.
Nous appréhendons chaque année le Carême. Les chocolats accumulées à Noël sont si délicieux. Ils nous tentent depuis le fond de leurs boîtes. Hélas, on ne peut plus les déguster. Il faut faire pénitence.
A l’image de notre Maître et Sauveur, nous devons mettre de la distance entre nous-mêmes et le monde. Notre Seigneur s’est retiré dans le désert pour prier et jeûner.
Nous devons aussi nous retirer dans le désert intérieur de notre âme pour jeuner et prier. Notre âme est en effet un désert. Rudesse de sentiments, tiédeur dans la prière, tourbillons et bourrasques d’émotions contraires, sécheresse générale. Et ci et là les bêtes sauvages de la tentation et du vice qui nous traquent, et qui hurlent dans la nuit pour nous faire peur.
C’est dans ce désert que Dieu nous invite. Il le connaît et Il nous assure qu’Il nous accompagne. La visite fait peur et c’est pourquoi nous n’aimons pas la faire. Mais faire il le faut, de peur de nous croire quelqu’un alors que nous ne sommes personne.
Carême est donc une retraite de 40 jours, alimentée par des lectures et des prières, où nous essayons vraiment de croire et d’accepter que nous ne sommes que poussière, et qu’en poussière nous retournerons.
Et pendant ce parcours de notre désert intérieur, nous jeûnons. Nous renonçons à de la nourriture, aux sucreries et autres petits plaisirs savoureux et légitimes.
Nous jeûnons aussi de mille autres manières : nous réduisons l’utilisation de l’écran, nous renonçons à certaines activités mondaines si cela est possible et si nous n’offensons pas notre invité. Nous éteignons le lecteur DVD pour l’intégralité de ce temps de pénitence, etc.
La retraite dans le désert et la pratique du jeûne sont les aspects négatifs du Carême. Ils préparent le terrain pour un action plus positive et plus enrichissante : la prière et la méditation.
En effet, le silence fait, nous arriverons à percevoir la douce voix de Dieu qui chuchote comme le murmure du vent et le bruissement léger d’une forêt d’automne. Dieu ne nous parle jamais avec une voix claire et distincte. Nous ne L’entendons jamais directement. Nous savons seulement quand Il nous a parlé.
La prière et la méditation se font sous forme de lecture suivie, d’un chapelet récité à genoux, d’une messe suivie en semaine, d’une œuvre de miséricorde. Les livres de dom Marmion constituent un excellent soutien qui élève notre âme et lui fait visiter les sommets de la contemplation bénédictine.
L’objet de ce temps de retraite et de pénitence est de nous rappeler que nous ne sommes que de passage ici-bas. Notre vraie patrie, là où nous serons pleinement rassasiés, où tout sera juste et équilibré, est le ciel. Quel candidat à la présidentielle oserait rappeler cela ?
Abbé John Brucciani
Extrait duBelvédère n° 14 de mars 2012