Editorial du n° 33 de nov. 2013 – Aux Sources du Carmel : nous voyons à trois reprises le regard de Jésus se poser sur des hommes

Bulletin du Tiers-​Ordre sécu­lier pour les pays de langue fran­çaise

Nous voyons à trois reprises le regard de Jésus se poser sur des hommes
Editorial de Monsieur l’abbé Louis-​Paul Dubroeucq,
aumônier des tertiaires de langue française 

Cher frère, Chère sœur,

Le regard éta­blit un contact entre deux êtres : celui qui voit avec celui qui est vu ; or, dans les saints Évangiles, nous voyons à trois reprises le regard de Jésus se poser sur des hommes :
Près de Capharnaüm, Jésus aper­çoit à son comp­toir, dans l’exercice de son métier mépri­sé par les pha­ri­siens, le publi­cain Lévi, le futur saint Matthieu ; ses yeux s’arrêtent sur lui.((Lc. V, 27. )) 

Un jeune homme vient Le trou­ver. En toute loyau­té jusqu’à ce jour, il a gar­dé les com­man­de­ments1. Il est plein de bons dési­rs :« Bon Maître, que dois-​je faire pour obte­nir la vie éter­nelle ? » « Jésus, fixant son regard sur lui, l’aima.2 » C’est la seule fois qu’un évan­gé­liste note com­bien le regard du Sauveur était affec­tueux, non qu’il ne le fût tou­jours, mais parce qu’il expri­mait une ten­dresse très par­ti­cu­lière pour cette âme préservée.

Enfin, au sor­tir du Sanhédrin, Jésus cherche les yeux de Pierre, qui vient de Le renier indi­gne­ment : « Et le Seigneur, se retour­nant, regar­da Pierre.3 » L’apôtre est bou­le­ver­sé, et fond en larmes.

Le regard de Jésus est celui d’un Dieu qui connaît les âmes en pro­fon­deur, et agit sur elles avec dou­ceur afin de les trans­for­mer parce qu’Il aime. Son regard invite à Le suivre, à tendre à la per­fec­tion comme aus­si à se repen­tir de ses fautes en ayant confiance en sa misé­ri­corde infinie.

Ce même regard de Jésus se porte sur cha­cun de nous. Il ne faut pas le fuir, mais le recher­cher, le croi­ser, com­prendre son lan­gage, y répondre avec amour. Saint François de Sales disait : « Ô mon Dieu, pour­quoi n’ai-​je pas tou­jours les yeux atta­chés à vous contem­pler, comme vous les avez tou­jours à me regar­der avec bon­té ?4 »

Dans le saint Rosaire nous ren­con­trons fré­quem­ment le regard de Jésus ou celui de Marie. Laissons-​nous trans­for­mer, fas­ci­ner par lui. Et appre­nons de Jésus et de Marie à regar­der aus­si notre pro­chain avec bien­veillance, condes­cen­dance et bon­té, effets de la cha­ri­té que le Saint-​Esprit a dépo­sée dans notre cœur 

« Le regard, tout d’abord, est à sur­veiller, écrit le R.P. Philipon. Le Maître ne disait-​Il pas : « Si votre œil vous scan­da­lise, arrachez-​le. Car si l’œil est simple, tout le corps est pur et vit dans la lumière. » [Mt. VI, 22]. L’impureté et une foule d’imperfections viennent de ce manque de vigi­lance dans les regards. [….] L’âme vierge ne se per­met pas un seul regard en dehors du Christ.5 »

Ce silence du regard est tout par­ti­cu­liè­re­ment frap­pant chez la bien­heu­reuse Élisabeth de la Trinité : « Dès le pre­mier exer­cice de Communauté, et jusqu’à la fin de sa vie, on ne sur­prit jamais un regard inutile chez sœur Élisabeth de la Trinité. Pour elle, l’effort eut été, semble-​t-​il, de lever les yeux.6 »

Le renon­ce­ment à voir ce qui est inutile, pré­serve de bien des péchés notam­ment contre la cha­ri­té. Aussi convient-​il à une âme dési­reuse de se sanc­ti­fier, comme doit l’être tout ter­tiaire, de puri­fier son regard pour puri­fier sa pen­sée, son ima­gi­na­tion et son cœur. Cela évi­te­rait tel­le­ment les juge­ments sur le pro­chain ! Les yeux sont les fenêtres de l’âme. On parle par les yeux aus­si bien qu’avec la langue. Quel bien­fait il en résulte pour l’âme qui exerce ain­si la puri­fi­ca­tion du regard ! Elle reste en pré­sence de Dieu et garde l’humilité et la cha­ri­té, car elle conserve la pure­té du cœur. 

« Il n’y a pas d’a­mour de Dieu sans humi­li­té, et elle vient de Dieu. Il n’y a que Lui qui puisse la don­ner. Elle vient en regar­dant Dieu pro­fon­dé­ment, lon­gue­ment : Vacate et videte quo­niam Deus sum ego. L’oraison doit nous jeter en Dieu, dans l’a­do­ra­tion, et par le fait même dans l’hu­mi­li­té. […] Si nous aimions Dieu, nous ne ferions pas atten­tion à ce que l’on fait de nous. À force de le regar­der, de le contem­pler, nous devien­drons humbles.7 »

« À tra­vers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuis­sances, je veux vous fixer tou­jours et demeu­rer sous votre grande lumière ; ô mon astre aimé, fascinez-​moi pour que je ne puisse plus sor­tir de votre rayon­ne­ment.8 »

Marie imma­cu­lée vivait tou­jours en pré­sence de son Dieu qui était tou­jours avec Elle. Regardons-​La, adressons-​nous à Elle en toute confiance. Son plus grand désir est de nous apprendre à vivre avec Dieu, à vivre comme Elle sous son regard, à por­ter sur Dieu et sur le pro­chain ain­si que sur toute créa­ture un regard sur­na­tu­rel empreint de bon­té et de pureté.

Je vous bénis

Abbé L.-P. Dubrœucq †

Retraites carmélitaines

Retraites car­mé­li­taines

Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du car­mel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du carmel.

Inscriptions auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq au prieu­ré de Gastines tél : 02 41 74 12 78

Comme l’in­dique l’or­do de 2012,des messes sont célé­brées au Mans
tous les dimanches et fêtes d’o­bli­ga­tion à l’a­dresse suivante : 

Chapelle Notre-​Dame de l’Annonciation
1, rue des Edelweiss
72000 Le Mans
(Quartier des Maillets)

Tél : au prieu­ré Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17

  1. Mc. X, 20. []
  2. Mc. X, 17 et 21. []
  3. Lc. XXII, 61. []
  4. Cité par Dom Placide de Roton, osb, ser­mon de cha­pitre, in Jésus c’est tout, Retraite de Verneuil, août 1950, Éditions Sainte Madeleine, Le Barroux, 2004, p.158. []
  5. R.P. M.M.Philipon, La doc­trine spi­ri­tuelle de sœur Elisabeth de la Trinité, DDB, 1938, p. 73. []
  6. cf. Sœur Élisabeth de la Trinité. Souvenirs, Carmel de Dijon, s.d., p.91 et Une âme de silence, Bibliothèque du Carmel thé­ré­sien, Desclée De Brouwer, 2ème éd., p.8. []
  7. Cf. Dom Placide de Roton, Jésus c’est tout, op. cit., p. 327 suiv.. []
  8. Prière de sœur Elisabeth de la Trinité. []