Editorial du numéro 29 de juin 2012 – Aux Sources du Carmel

Bulletin du Tiers-​Ordre sécu­lier pour les pays de langue fran­çaise


Editorial de Monsieur l’abbé Louis-​Paul Dubroeucq,
aumônier des tertiaires de langue française 

Cher frère, Chère sœur,

Connaître, aimer et ser­vir Dieu, tel est le devoir de tout homme ici-​bas. A la troi­sième ten­ta­tion du diable, dans le désert, Jésus répond : « Il est écrit : Tu ado­re­ras le Seigneur ton Dieu, et tu Le ser­vi­ras Lui seul. Alors, le diable Le lais­sa, et voi­ci que les anges s’approchèrent, et ils Le ser­vaient. » (Mt 4, 10–11)

La déchéance des créa­tures rai­son­nables a com­men­cé par le cri orgueilleux de Lucifer, le cri du « non ser­viam, je ne ser­vi­rai pas ». A ce cri, saint Michel répon­dit par cette parole pleine de révé­rence et d’humilité : « Qui est comme Dieu ? »Cette déso­béis­sance fut sui­vie de celle de nos pre­miers parents. Au point de départ du relè­ve­ment nous voyons le Verbe Incarné dans l’office de Serviteur ; toute sa vie n’est qu’une sou­mis­sion empres­sée à la volon­té de son Père. Telle aus­si se com­porte Celle qui Le donne au monde par son Fiat.

Servir, est la fonc­tion de toute créa­ture ; c’est la condi­tion de son exis­tence et de sa pros­pé­ri­té. « Or les étoiles ont don­né la lumière à leurs postes, et elles se sont réjouies. Elles ont été appe­lées et elles ont dit : Nous voi­ci ; et elles ont brillé avec plai­sir pour celui qui les a créées. »(Baruch, 3, 35). Dieu com­mande et tout s’ordonne, dans la créa­tion, en une par­faite harmonie. 

Mais lorsque Dieu veut mettre de l’ordre par­mi les hommes, il ne lui suf­fit pas d’ordonner. Il attend encore le libre consen­te­ment de l’homme. Alors, si celui-​ci, ser­vi­teur docile, adopte le plan de Dieu, il est asso­cié à l’action créa­trice et divine. Celui qui sert Dieu, règne avec Lui : « Servir Dieu, c’est régner. »

Servir Dieu, c’est Lui rendre le culte qui Lui est dû. Pris dans ce sens, le ser­vice ne peut conve­nir qu’à Dieu : « tu Le ser­vi­ras Lui seul ». « Nul ne peut ser­vir deux Maîtres, dit ailleurs Notre Seigneur,… vous n’avez qu’un seul Père qui est dans les cieux ». (Mt 6, 24 et Mt 23, 9).Ce ser­vice découle de la connais­sance de Dieu et de l’amour qu’on doit Lui por­ter : on recon­naît que Dieu est notre Maître et Seigneur, qu’on lui doit tout.

Le ser­vice de Dieu seul exclut-​il tout ser­vice du pro­chain ? Non. Le culte ren­du à Dieu com­porte l’observance de tous les com­man­de­ments, donc de celui de la cha­ri­té envers le pro­chain. Servir le pro­chain c’est l’assister, lui appor­ter son aide, son appui, s’acquitter envers lui de cer­tains devoirs… Ce ser­vice dépend du ser­vice de Dieu, comme la cha­ri­té envers le pro­chain est indis­so­ciable de la cha­ri­té envers Dieu. On ser­vi­ra le pro­chain pour l’amour de Jésus-​Christ, y voyant un membre du Sauveur.

Ce double ser­vice nous est com­man­dé ou signi­fié par Dieu. Ainsi, du culte ren­du à Dieu : « vous ser­vi­rez Lui seul… » Ce ser­vice est pre­mier : « Messire Dieu pre­mier ser­vi ! » disait sainte Jeanne d’Arc. Quant au ser­vice du pro­chain, Jésus nous en ins­truit par sa parole : « Que celui qui vou­dra deve­nir le plus grand par­mi vous, soit votre ser­vi­teur, et que celui qui vou­dra être le pre­mier par­mi vous soit votre esclave. »(Mt 20, 26–27) et par sa vie : « Car je vous ai don­né l’exemple, afin que ce que je vous ai fait, vous le fas­siez aus­si. » (Jn 13, 15). Servir le pro­chain, c’est imi­ter Jésus-​Christ, c’est aus­si ser­vir Jésus-​Christ : « Toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40). Bien des ver­tus peuvent être alors pra­ti­quées : outre la cha­ri­té, l’humilité, l’obéissance, la patience.

Si dans les pages qui sui­vront il sera abon­dam­ment trai­té du ser­vice de Dieu, à vous qui cher­chez la per­fec­tion, je vou­drais rap­pe­ler quelques qua­li­tés inhé­rentes au ser­vice de nos frères : ne rien attendre en retour, ni remer­cie­ment, ni consi­dé­ra­tion, agir de manière dés­in­té­res­sée, pour plaire à Dieu, par amour pour Lui :« sans attendre d’autre récom­pense que celle de savoir que nous fai­sons votre sainte volon­té. » (prière de saint Ignace)…« que la main droite ignore ce que donne la main gauche »… « Quand vous aurez fait tout ce qui vous est com­man­dé, dîtes : nous sommes des ser­vi­teurs inutiles ; nous avons fait ce que nous devions faire. » (Lc 17, 10). Ne nous croyons pas indis­pen­sables, ne nous impo­sons pas. Sachons obser­ver une cer­taine dis­cré­tion, sans pré­tendre don­ner de leçons en ren­dant ser­vice. Ne refu­sons pas, sim­ple­ment parce que le ser­vice nous déplaît, ou que la requête a été for­mu­lée de façon désa­gréable… Saint Paul nous rap­pelle dans une de ses épîtres que nous ne devons pas faire accep­tion des per­sonnes. N’attendons pas qu’on nous sol­li­cite, soyons pré­ve­nants. Soyons dis­po­nibles et répon­dons avec joie : « ser­vez le Seigneur dans la joie ! » (Ps 99, 2), et si nous nous trou­vons dans l’impossibilité de satis­faire la demande, sachons répondre avec le sou­rire et d’un cœur sin­cère. Cependant, ne négli­geons pas le devoir d’état pour autant : un excès de dévo­tion ou de zèle pour­rait nous écar­ter de l’accomplissement de la volon­té divine. Dieu peut être ser­vi par­tout et tou­jours. Le pro­chain c’est d’abord sa propre famille natu­relle, puis spi­ri­tuelle (Tiers-​Ordre), les proches, la com­mu­nau­té paroissiale.

Nous avons deux modèles admi­rables à suivre : Notre-​Seigneur et sa très Sainte Mère qui se veut être la Servante du Seigneur. Tel est le titre que se donne Celle qui devien­dra la Mère de Dieu, titre auquel Elle semble tenir par-​dessus tout. « Je suis la Servante du Seigneur…le Seigneur a dai­gné jeter les yeux sur la bas­sesse de sa Servante ». L’âme humble est sou­cieuse de véri­té. La Vierge Marie, pro­fon­dé­ment humble, est consciente de ce qu’Elle est devant Dieu : sa Servante. Servir est toute la rai­son d’être de sa vie. Elle vit déjà l’enseignement de Celui qui dira : « le dis­ciple n’est pas au-​dessus du Maître ». Or le Maître pren­dra la forme d’un ser­vi­teur, d’un esclave même. Par la bouche du pro­phète, le Sauveur décla­rait déjà : « Seigneur, je suis votre Serviteur, et le Fils de votre Servante. » Ainsi la Mère et le Fils sont-​Ils au ser­vice du Père. Et nous-​mêmes, ne sommes-​nous pas au ser­vice de la Reine du Carmel ? et, par Elle, à celui du divin Roi ? Recherchons en por­tant nos regards sur Notre-​Dame, com­ment nous acquit­ter plus fidè­le­ment de cette mission.

A Nazareth, auprès de Marie et de Joseph, « Jésus était sou­mis à ses parents », dit l’Évangéliste saint Luc. Mais Marie était sou­mise à Joseph de par la Loi et de par la nature ; et, comme une Mère qui, sans se lais­ser com­man­der, sait adroi­te­ment se mettre au ser­vice de ses enfants, elle se sou­met volon­tai­re­ment à Jésus. Elle a com­pris la mis­sion du Sauveur qui plus tard, ensei­gne­ra aus­si, d’abord par l’exemple, que le dis­ciple n’est pas au-​dessus du Maître ; Il lave­ra les pieds de ses Apôtres et les invi­te­ra à faire de même… Aucune occu­pa­tion ne répugne à la Servante du Seigneur, tout Lui est bon, tout Lui plaît au ser­vice des siens.

La même obéis­sance a fait Notre-​Dame Servante et Reine. Son Fiat qui répond au vou­loir éter­nel, c’est la parole humaine en accord par­fait avec la parole divine, vraie col­la­bo­ra­tion de l’humanité à l’œuvre de Dieu. L’obéissance a une ver­tu créa­trice. Le Fiat de la Servante du Seigneur per­mit à Dieu de créer l’âme et le corps du Verbe Incarné. Par ce Fiat, fruit de son union de cha­ri­té à Dieu Trinité, Notre Dame se met­tait au ser­vice de Dieu et des hommes. Toute sa vie en est l’illustration fidèle. Le ser­vice du pro­chain est un fruit immé­diat de son union à Dieu.

Lorsqu’une âme par­ti­cipe à la divine Bonté, elle éprouve aus­si­tôt le désir de se com­mu­ni­quer à d’autres car c’est le carac­tère du bien de se com­mu­ni­quer. Ainsi les anges des hié­rar­chies supé­rieures, parce qu’ils pos­sèdent Dieu davan­tage, se hâtent-​ils de com­mu­ni­quer leurs lumières aux anges des hié­rar­chies infé­rieures. Les saints de même, sont empres­sés de com­mu­ni­quer à leurs frères leur lumière et leur amour. Le zèle pour le ser­vice du pro­chain tra­duit en quelque sorte l’état inté­rieur d’une âme unie à Dieu. La vie de notre Mère sainte Thérèse en est un exemple frap­pant. Elle voyait le Maître et l’imitait:« O mon Seigneur, s’exclamait-elle, mon âme vou­drait tout d’abord vous ser­vir, puisqu’elle doit jouir du bon­heur que vous lui avez méri­té en la ser­vant elle-​même…((Sainte Thérèse de Jésus, Oeuvres com­plètes, Ed. du Seuil, Paris,1949, Exclamation Quatrième, p.1460.)) » « Car le Sauveur n’a pas fait autre chose que nous ser­vir tout le temps qu’il a vécu sur la terre.((Sainte Thérèse de Jésus, Troisièmes Demeures, chap. I, op.cit., p.852.)) »

Bien chers ter­tiaires, à l’exemple de la Servante du Seigneur et de sainte Thérèse, soyez tout livrés au ser­vice de Dieu et à celui du pro­chain. Soyez-​le par votre zèle dis­cret, ani­més de l’esprit sur­na­tu­rel, fruit de la dévo­tion au Sacré-​Cœur dans laquelle la fidé­li­té à l’oraison quo­ti­dienne vous fera grandir.

† Je vous bénis.

Abbé L.-P. Dubrœucq †

Retraites car­mé­li­taines :

Retraite du Lundi 9.01 12h au Samedi 14.01 13h au Prieuré de Gastines, 49380 Faye d’Anjou
Retraite du Lundi 16.07 16h au Samedi 21.07 16h à l’Etoile du Matin 57230 Eguelshardt

Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du car­mel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du carmel

Inscriptions auprès de Mr l’ab­bé Dubroeucq au prieu­ré de Gastines tél : 02 41 74 12 78

Comme l’in­dique l’or­do de 2012,des messes sont célé­brées au Mans
tous les­di­manches et fêtes d’o­bli­ga­tion à l’a­dresse sui­vante :
Chapelle Notre-​Dame de l’Annonciation
1, rue des Edelweiss, 72000 Le Mans (Quartier des Maillets)
Tél : au prieu­ré Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17