Bulletin du Tiers-Ordre séculier pour les pays de langue française
Editorial de Monsieur l’abbé Louis-Paul Dubroeucq,
aumônier des tertiaires de langue française
Cher frère, Chère sœur,
Dans la prédication de Jésus-Christ la pensée du ciel revient sans cesse. C’est ainsi que le Sauveur invoque souvent ce motif pour inviter ses disciples à observer ses préceptes, à suivre ses exemples, à atteindre leur fin dernière. Le bonheur est promis à ceux qui se détachent des biens terrestres comme à ceux qui, pour Dieu, endurent avec courage les persécutions et qui sauront se sevrer des plaisirs d’ici-bas. [Mt., 5, 3–12]. Les récompenses célestes seront accordées à ceux qui pratiquent les commandements [Mt., 5, 19], observent la charité envers le prochain [Mt., 5, 46], agissent avec pureté d’intention [Mt., 6, 1, 3–6, 16–18], sont constants dans le sacrifice [Mt., 7, 13–14], obéissent aux volontés du Père [Mt.,7, 21], professent leur foi avec courage [Mt., 10, 32], se dévouent à leurs frères [Mt., 25, 40–46] et restent fidèles à leur vocation. [Mt., 19, 28]. Avant de quitter ses Apôtres, Jésus leur dévoile la gloire qui les attend. [Jn, 14]. Ceux-ci, de même, feront de cette pensée du ciel un des stimulants les plus efficaces à l’exercice des vertus, et l’un des meilleurs soutiens dans les épreuves. Il ne faut pas se lasser de faire le bien ; on moissonnera pendant l’éternité ce que l’on aura semé durant la vie. [Gal., 6, 9]. C’est de bon cœur que l’on doit accomplir toutes choses, pour le Seigneur et non pour les hommes, sachant que l’on recevra du Seigneur « pour récompense l’héritage céleste ». [Col., 3, 24]. Les tribulations des Thessaloniciens les rendront dignes du Royaume de Dieu pour lequel ils souffrent [2 Thess., 1, 5) et pour exalter notre espérance, saint Paul nous appelle par anticipation des « citoyens du Ciel. » [Phil., 3, 2]. L’Apôtre saint Pierre nous prévient que nous sommes des étrangers et des voyageurs ici-bas. [1 P., 2, 11]. Afin d’engager les fidèles à la persévérance, saint Jean évoque la félicité du ciel que le Seigneur leur a promise : « Et la promesse que lui-même nous a faite, c’est la vie éternelle. » [1 Jn., 2, 25]. La grande vision de l’Apocalypse est celle du ciel ; un coin du voile qui cache le bienheureux séjour est soulevé pour fortifier les chrétiens dans les persécutions et les affermir dans la fidélité à Jésus-Christ. [Apoc., 7 ; 19 ; 21 et 22]. « Toute l’Écriture, dit saint Augustin, nous exhorte à nous détacher de la terre et à nous élever au ciel, où se trouve la véritable et suprême béatitude. » [Cité de Dieu].
On est frappé, en lisant les Actes des martyrs, de la place considérable qu’y occupe la pensée du ciel. L’espérance de rejoindre le Christ soutenait les chrétiens conduits au supplice. Le premier de tous, saint Etienne, s’écrie pendant que les juifs le lapident : « Je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme assis à la droite de Dieu…Seigneur, recevez mon âme. » [Actes, 7, 56].
La sainte liturgie qui annonce celle du Ciel, nous y prépare. Dans les litanies des saints, l’Église prie Dieu « d’élever notre esprit au désir des choses célestes ». Dans la collecte de la première messe de Noël, elle demande « qu’ayant connu sur la terre les mystères de cette lumière, nous puissions aussi goûter au ciel les joies dont elle est la source » ; et dans celle du quatrième dimanche après Pâques, « que nos cœurs restent fixés là où se trouvent les vraies joies. »
A l’école de Jésus-Christ, contemplé dans leur vie d’oraison, les saints du Carmel vivaient tournés vers le séjour des bienheureux. Nous les voyons attirés par Dieu, saisis par Jésus-Christ, ne voulant faire qu’un avec Lui. Lorsque sainte Thérèse de Jésus fut sur le point de recevoir le saint Viatique, le 3 octobre 1582, son visage se transfigura et d’une voix émue elle parla à Notre-Seigneur en ces termes : « O mon Seigneur et mon Époux, l’heure tant désirée est enfin venue ; il est temps de nous voir ! (…) Il est temps que je sorte de cet exil et que mon âme, ne faisant qu’un avec vous, jouisse de ce qu’elle a tant désiré. » [P. François de Ribera, Vie de sainte Thérèse, Éd. Lecoffre, 1868, p. 318]. Un même désir du Ciel anime l’âme de saint Jean de la Croix : « O flamme de l’Esprit-Saint, s’écrie t‑il, […] puisque tu te montres si favorable que de vouloir te donner à moi dans l’éternelle vie, exauce ma prière ! (…) Brise enfin le léger tissu de la vie présente. N’attends pas que le cours du temps et le nombre des années viennent le trancher naturellement. Accorde-moi de t’aimer dès maintenant avec la plénitude et le rassasiement sans fin auquel j’aspire. »[Vive Flamme B, str. 1, in Jean de la Croix. Œuvres complètes, Éd. du Cerf, 2004, p. 1471].
Lorsque Le père de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus tomba malade, on fit courir le bruit que l’entrée au Carmel de sa petite dernière était la cause de sa maladie. Sainte Thérèse vit dans ces ragots de nouvelles piqûres d’épingles dirigées par « la douce main de son Jésus ». Elle écrit à Céline : « Laissons Jésus nous arracher tout ce qui nous est le plus cher, et ne lui refusons rien… » [L. 86].« Plus notre cœur est au Ciel, dit-elle, moins nous sentons ces piqûres d’épingles.»[L. 81].
Tout chrétien qui tend à la perfection, et donc tout tertiaire, se doit d’entretenir et de développer en lui la pensée du Ciel. [Imit. L. 4, ch. 4, 1–2]. Elle est source de lumière dans notre vie, source de force, aussi, dans les tentations et les épreuves, source de joie, source d’activité, de progrès spirituel et de l’esprit missionnaire.
« Que notre foi se réchauffe au souvenir des vérités qu’elle croit, écrit saint Grégoire, que nos désirs s’enflamment pour le Ciel ; l’aimer c’est déjà y aller… Que notre esprit ne s’attache à rien dans ce bas monde, où il faudra tout quitter et si tôt. » [Hom.14, in Evangel.].
C’est la grâce que nous pouvons demander en ce mois de novembre à Celle que nous invoquons sous le titre de « Porte du Ciel ». Avec elle, contribuons, par nos prières et nos sacrifices, à y faire entrer de nombreuses âmes répondant au message du Cœur immaculé de Marie, à Fatima, celui que nous rappelons entre les dizaines de notre chapelet : « conduisez toutes les âmes au Ciel ».
† Je vous bénis.
Abbé L.-P. Dubrœucq †
Retraites carmélitaines
Retraites carmélitaines : Retraite du 7 au 12 janvier 2013 : 16 H 00 ‑16 H 00 au Prieuré de Gastines, 49380 Faye d’Anjou Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes principalement aux tertiaires du carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du carmel. Inscriptions auprès de M. l’abbé Dubroeucq au prieuré de Gastines tél : 02 41 74 12 78 Comme l’indique l’ordo de 2012,des messes sont célébrées au Mans Chapelle Notre-Dame de l’Annonciation Tél : au prieuré Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17 |