Aletheia – « Une levée d’excommunication » – Yves CHIRON

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la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

Quelques remarques

- La Fraternité Saint-​Pie X avait deman­dé, à plu­sieurs reprises, « le retrait du décret d’excommunication » de 1988. Elle a obte­nu la levée de ce décret (rimo­zione dans le texte ori­gi­nal ita­lien du car­di­nal Re). Ce n’est pas la même chose. Un « retrait » aurait signi­fié que l’excommunication était injus­ti­fiée. La « levée » d’excommunication signi­fie que la situa­tion cano­nique des quatre évêques concer­nés est chan­gée. Cette déci­sion est prise, dit le texte du décret, pour deux rai­sons : à cause du « malaise spi­ri­tuel » (disa­gio spi­ri­tuale dit, plus for­te­ment, le texte ori­gi­nal) créé par l’excommunication et à cause de « l’engagement » pris par les intéressés.

Si le décret d’excommunication avait été reti­ré, autant dire annu­lé, il aurait concer­né non seule­ment les quatre évêques consa­crés en 1988 mais aus­si les deux évêques consé­cra­teurs (Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer). Or, ce n’est pas le cas. Mgr Fellay, dans sa lettre aux fidèles, y fait allu­sion quand il espère « la prompte réha­bi­li­ta­tion » de Mgr Lefebvre.

- Il serait inté­res­sant de connaître le texte inté­gral la lettre du 15 décembre 2008 dans laquelle a été sol­li­ci­tée « de nou­veau la levée d’excommunication ». Pour le moment, on en connaît un extrait cité dans le décret du car­di­nal Re et un autre cité par Mgr Fellay dans sa lettre aux fidèles.

Il est remar­quable que l’acceptation de tous les ensei­gne­ments du concile Vatican II n’a pas été une condi­tion posée par Rome à la levée de l’excommunication. Dans la lettre du 15 décembre, Mgr Fellay, en son nom et au nom des trois autres évêques, a décla­ré « nous accep­tons et fai­sons nôtres tous les conciles jusqu’à Vatican II au sujet duquel nous émet­tons des réserves ».

Le décret de levée d’excommunication ne cite pas ce pas­sage de la lettre de Mgr Fellay mais y fait allu­sion en par­lant, de façon plus mini­ma­liste, de « ques­tions encore ouvertes » à pro­pos des­quelles des « entre­tiens » (col­lo­qui) avec les auto­ri­tés du Saint-​Siège » seront nécessaires.

- Le Saint-​Siège consi­dère que « la pleine com­mu­nion avec l’Eglise de toute la Fraternité Saint-​Pie X » n’est pas encore atteinte, même avec ce décret.

Le 7 décembre 1965, par le bref Ambulate in dilec­tione, Paul VI vou­lut « effa­cer du sou­ve­nir de l’Eglise la sen­tence d’excommunication » por­tée en 1054 contre le patriarche de Constantinople. Il espé­rait que cette déci­sion (non uni­la­té­rale) favo­ri­se­rait le réta­blis­se­ment de « la par­faite uni­té » entre catho­liques et ortho­doxes et per­met­trait de « sup­pri­mer les obs­tacles et les entraves ». Quarante ans plus tard, cette « par­faite uni­té » n’est pas encore atteinte – même si Benoît XVI y consacre beau­coup d’efforts.

Du côté de la FSSPX, on estime qu’un « nou­veau cli­mat » est créé par cette levée des excom­mu­ni­ca­tions. Mais ce n’est pas une pleine com­mu­nion. La FSSPX continuera-​t-​elle, par exemple, à ordon­ner à nou­veau les prêtres, ordon­nés selon le nou­veau rite, qui la rejoignent ? Continuera-​t-​elle à conseiller à ses fidèles de ne pas aller à la messe le dimanche plu­tôt que d’assister à une messe selon le rite de Paul VI ?

Yves Chiron de Aletheia