Mardi 19 mai 2020

Saint Pierre Célestin : La collégialité de Vatican II paralyse les évêques

Saint Pierre Célestin, Pape et Confesseur

Pierre, nom­mé Célestin, du nom qu’il prit lorsqu’il fut élu Pape, naquit de parents hon­nêtes et catho­liques à Isernia dans les Abruzzes. A peine ado­les­cent, il se reti­ra dans le désert pour garan­tir son âme des séduc­tions du monde. Là, il se nour­ris­sait l’esprit de contem­pla­tion, rédui­sait son corps en ser­vi­tude, et por­tait sur lui une chaîne de fer. Il ins­ti­tua, d’après la règle de saint Benoît, la congré­ga­tion connue depuis sous le nom de Célestins. Il ne devait pas demeu­rer caché, et c’est de sa soli­tude, qu’à son insu et mal­gré son éloi­gne­ment, il fut appe­lé à occu­per la chaire de saint Pierre. L’Église romaine avait été long­temps sans pas­teur : il fut pla­cé à sa tête, comme on place la lumière sur le chan­de­lier ; tout le monde en fut non moins éton­né que ravi.

Élevé à la digni­té sublime du pon­ti­fi­cat, Pierre sen­tit que la mul­ti­tude des affaires lui per­met­tait à peine de vaquer à ses médi­ta­tions, et il renon­ça volon­tai­re­ment aux hon­neurs et aux charges. Ayant repris son ancien genre de vie, il s’endormit dans le Seigneur. Sa belle mort fut ren­due plus glo­rieuse encore par l’apparition d’une croix lumi­neuse que l’on vit briller dans les airs devant la porte de sa retraite. Pendant sa vie et après sa mort il fit d’éclatants miracles : ils furent exa­mi­nés sui­vant les règles, et Clément V l’inscrivit au nombre des Saints, onze ans après sa mort. A côté de Léon, l’insigne Docteur, Jésus res­sus­ci­té appelle en ce jour l’humble Pierre Célestin, Pontife suprême comme Léon, mais à peine assis sur la chaire apos­to­lique, qu’il en est des­cen­du pour retour­ner au désert. Entre tant de héros dont est for­mée la chaîne des Pontifes romains, il devait s’en ren­con­trer à qui fût don­née la charge de repré­sen­ter plus spé­cia­le­ment la noble ver­tu d’humilité ; et c’est à Pierre Célestin que la grâce divine a dévo­lu cet honneur.

Arraché au repos de sa soli­tude pour être éle­vé sur le trône de saint Pierre et tenir dans ses mains trem­blantes les for­mi­dables clefs qui ouvrent et ferment le ciel, le saint ermite a regar­dé autour de lui ; il a consi­dé­ré les besoins de l’immense trou­peau du Christ, et son­dé ensuite sa propre fai­blesse. Oppressé sous le far­deau d’une res­pon­sa­bi­li­té qui embrasse la race humaine tout entière, il s’est jugé inca­pable de sup­por­ter plus long­temps un tel poids ; il a dépo­sé la tiare, et implo­ré la faveur de se cacher de nou­veau à tous les regards humains dans sa chère sollicitude.

Ainsi le Christ, son Maître, avait d’abord enfoui sa gloire dans une obs­cu­ri­té de trente années, et plus tard sous le nuage san­glant de sa Passion et sous les ombres du sépulcre. Les splen­deurs de la divine Pâque ont tout à coup dis­si­pé ces ténèbres, et le vain­queur de la mort s’est révé­lé dans tout son éclat. Mais il veut que ses membres aient part à son triomphe, et que la gloire dont ils brille­ront éter­nel­le­ment soit, comme la sienne, en pro­por­tion de leur empres­se­ment à s’humilier dans les jours de cotte vie mor­telle. Quelle langue pour­rait décrire l’auréole qui entoure le front de Pierre Célestin, en retour de cette obs­cu­ri­té au sein de laquelle il a cher­ché l’oubli des hommes avec plus d’ardeur que d’autres ne recherchent leur estime et leur admi­ra­tion ? Grand sur le trône pon­ti­fi­cal, plus grand au désert, sa gran­deur dans les cieux dépasse toutes nos pensées.

Sources : Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet /​Sanctoral /​La Porte Latine du 20 mai 2020