« La déclaration Nostra Aetate est toujours actuelle » pour le pape François

Le 28 octobre 2015, mal­gré le mau­vais temps et après avoir salué les malades dans la Salle Paul VI, le pape François a tenu l’audience géné­rale du mer­cre­di [NDLR de LPL : voir pho­to ci-​dessus] sur la place Saint-​Pierre, sou­li­gnant d’emblée qu’elle revê­tait un carac­tère spé­cial, inter­re­li­gieux. Pour célé­brer le cin­quan­te­naire de la Déclaration conci­liaire Nostra Aetate sur les rela­tions entre l’Eglise catho­lique et les reli­gions non chré­tiennes, étaient pré­sents des repré­sen­tants de dif­fé­rentes reli­gions qui par­ti­ci­paient au Congrès inter­na­tio­nal orga­ni­sé par le Conseil pon­ti­fi­cal pour le dia­logue inter­re­li­gieux (sur la pho­to), en col­la­bo­ra­tion avec la Commission pour les rela­tions reli­gieuses avec le Judaïsme et avec l’Université pon­ti­fi­cale gré­go­rienne. Après une brève prière pour les malades, dès avant la caté­chèse pro­pre­ment dite et la lec­ture en diverses langues d’un pas­sage de Nostra Aetate, ont pris la parole le car­di­nal Jean-​Louis Tauran, pré­sident du Conseil pour le dia­logue inter­re­li­gieux, puis le car­di­nal Kurt Koch, pré­sident du Conseil pon­ti­fi­cal pour l’unité.

« Le mes­sage de la Déclaration Nostra Aetate est tou­jours actuel », a sou­te­nu le pape devant 30.000 fidèles : « la flamme allu­mée à Assise » lors de la ren­contre inter­re­li­gieuse pro­mue par Jean-​Paul II le 27 octobre 1986 « s’est pro­pa­gée dans le monde entier et consti­tue un signe per­ma­nent d’espérance ». « Le monde nous regarde, nous les croyants, et il nous exhorte à col­la­bo­rer entre nous et avec les hommes et les femmes de bonne volon­té qui ne pro­fessent aucune reli­gion », a‑t-​il pour­sui­vi, assu­rant que cette col­la­bo­ra­tion devait por­ter sur : la paix, la faim, la pau­vre­té, la crise envi­ron­ne­men­tale, la vio­lence – en par­ti­cu­lier celle com­mise au nom de la reli­gion -, la cor­rup­tion, le déla­bre­ment moral, les crises de la famille, de l’économie, de la finance et sur­tout de l’espérance. Même si « aucune reli­gion n’est à l’abri du risque de dévia­tions fon­da­men­ta­listes ou extré­mistes chez des indi­vi­dus ou des groupes », François a deman­dé de regar­der les valeurs posi­tives de cha­cune en y voyant des sources d’espérance. « La pre­mière chose que nous devons faire pour l’avenir du dia­logue inter­re­li­gieux est de prier les uns pour les autres, nous sommes frères, sans le Seigneur rien n’est pos­sible, et avec lui tout le devient », a‑t-​il pré­ci­sé, salué par des applau­dis­se­ments nourris.

« Je vous invite tous à renou­ve­ler votre prière et votre enga­ge­ment pour l’établissement d’un dia­logue fra­ter­nel et fruc­tueux avec les per­sonnes appar­te­nant à d’autres reli­gions, afin de construire, avec la grâce de Dieu, un monde de jus­tice et de paix », a deman­dé le sou­ve­rain pon­tife aux pèle­rins fran­co­phones. Puis, debout, le pape François a invi­té les fidèles et les res­pon­sables reli­gieux pré­sents à prier en silence et cha­cun selon sa propre tra­di­tion reli­gieuse : « Demandons au Seigneur qu’il nous fasse deve­nir plus frères entre nous, et plus ser­vi­teurs de nos frères qui sont par­ti­cu­liè­re­ment dans le besoin ».

A l’issue de cette audience géné­rale inter­re­li­gieuse, huit repré­sen­tants du boud­dhisme, de l’islam, du judaïsme, de l’hindouisme, du jaï­nisme et du sikhisme, ont témoi­gné de leur enthou­siasme. Lors d’une confé­rence de presse, ils ont una­ni­me­ment salué le docu­ment conci­liaire pro­mul­gué le 28 octobre 1965 par Paul VI comme un grand pas dans l’histoire du dia­logue inter­re­li­gieux. Ce texte, a rap­pe­lé le rab­bin David Rosen, a ouvert la voie à une nou­velle ère entre les catho­liques et les juifs. Plusieurs des inter­ve­nants ont fait part de leur admi­ra­tion pour le pape François dont le lan­gage n’est pas seule­ment fait de paroles mais aus­si de gestes, a fait obser­ver le juif argen­tin Claudio Epelman. Le secré­taire géné­ral du Centre isla­mique cultu­rel d’Italie Abdellah Redouane a salué la proxi­mi­té du pon­tife envers les musul­mans. L’évêque de Rome n’est pas seule­ment un chef pour les catho­liques, a esti­mé l’Iranien Rasoul Rasoulipour, il est chef pour tous les croyants. Son gou­ver­ne­ment est une révo­lu­tion. Samani Pratibha Pragya, repré­sen­tante du jaï­nisme, a confié avoir été très tou­chée par l’humilité du pape argen­tin qui lui avait deman­dé : « Ma sœur, priez pour moi ».

Commentaire : Sur le rap­port de cause à effet entre l’œcuménisme et le dia­logue inter­re­li­gieux pro­mus par le concile Vatican II et l’« apos­ta­sie silen­cieuse » dénon­cée par Jean-​Paul II dans l’Exhortation apos­to­lique Ecclesia in Europa (28 juin 2003), il est tou­jours utile de lire l’étude adres­sée par Mgr Bernard Fellay à tous les car­di­naux de l’Eglise catho­lique, le 6 jan­vier 2004, et res­tée jusqu’à ce jour sans réponse de la part de ses destinataires.

Dans cette étude on peut lire, au cha­pitre III, « l’œcuménisme engendre le rela­ti­visme de la foi ». Pie XI dans Mortalium ani­mos, en 1928, décla­rait que cet œcu­mé­nisme « dis­loque de fond en comble les fon­de­ments de la foi catholique ». 

Et Mgr Fellay, dans sa pré­face, écri­vait : « cet œcu­mé­nisme a comme détruit les plus beaux tré­sors de l’Eglise parce que, au lieu d’accepter l’Unité fon­dée sur la véri­té entière, il a vou­lu construire une uni­té adap­tée à une véri­té mariée d’erreur ». – De l’œcuménisme à l’apostasie silen­cieuse. Publication Lettre à nos frères prêtres – 11 rue Cluseret F‑92280 Suresnes cedex.

Sources : vis/​apic/​imedia/​FSSPX – n°324 du 06/​11/​15