La Tradition a gagné… une bataille !

Un Motu pro­prio, inti­tu­lé Summorum pon­ti­fi­cum cura, et consa­cré à la ques­tion de la messe tra­di­tion­nelle, vient d’être pro­mul­gué par le pape Benoît XVI. Il consti­tue un élar­gis­se­ment consi­dé­rable, par rap­port aux pré­cé­dents docu­ments de 1984 et de 1988, de la facul­té « légale » de célé­brer la messe tra­di­tion­nelle. Voici quelques pre­miers com­men­taires à ce propos.

Le Motu pro­prio Summorum pon­ti­fi­cum cura, pro­mul­gué par le pape Benoît XVI le 7 juillet 2007, consti­tue un élar­gis­se­ment consi­dé­rable, par rap­port au Motu pro­prio de 1984 et à celui de 1988, de la facul­té « légale » de célé­brer la messe traditionnelle.

Ce texte est un geste per­son­nel du pape. C’est bien « de son propre mou­ve­ment », motu pro­prio, que Benoît XVI a vou­lu, dans la ligne de ses réflexions d’avant le pon­ti­fi­cat, et mal­gré des oppo­si­tions sou­vent viru­lentes (il en parle lui-​même dans sa lettre), redon­ner une cer­taine liber­té et une cer­taine digni­té à la litur­gie tra­di­tion­nelle. Dans l’histoire, ce geste sera comp­té à l’actif de son pontificat.

En effet, après avoir lu ce Motu pro­prio, on pour­rait lan­cer une pro­cla­ma­tion ins­pi­rée d’un cer­tain Appel du 18 juin :

« La Tradition n’a pas encore gagné la guerre, mais elle vient cer­tai­ne­ment de rem­por­ter une impor­tante bataille. »

Car si, dès l’abord, il faut avouer que le com­bat géné­ral pour la pleine res­tau­ra­tion de la Tradition catho­lique dans l’Église est loin d’être ache­vé, il serait stu­pide de ne pas recon­naître, au moins dans cer­tains aspects du Motu pro­prio de Benoît XVI, une réelle, écla­tante et impor­tante victoire.

Mgr Fellay, deman­dant que soit chan­té dans tous les lieux de culte de la Fraternité Saint-​Pie X un Te Deum « pour rendre grâce à Dieu de cet évé­ne­ment tant atten­du et enfin réa­li­sé » (lettre de l’abbé Sélégny le 7 juillet 2007), n’en a cer­tai­ne­ment pas mini­mi­sé la portée.

Un pas de géant

Malgré ses limites, ce Motu pro­prio Summorum pon­ti­fi­cum cura consti­tue, en effet, un pas de géant pour la Tradition.
Il s’agit tout d’abord d’un échec san­glant, d’une défaite en rase cam­pagne pour tous les réfor­ma­teurs liturgiques.

Comme l’a décla­ré le 8 juillet 2007 à la Repubblica Mgr Brandolini, un litur­giste ita­lien dis­ciple du père Bugnini (lui-​même auteur prin­ci­pal de la réforme liturgique),

« aujourd’hui est pour moi un jour de deuil, j’ai un nœud à la gorge et je ne réus­sis pas à rete­nir mes larmes. C’est le moment le plus triste de ma vie, comme homme, comme prêtre et comme évêque. C’est un jour de deuil non seule­ment pour moi, mais pour les nom­breuses per­sonnes qui ont œuvré au concile Vatican II ».

Puisqu’ils s’attristent ain­si, nous avons, nous, de bonnes rai­sons de nous réjouir.

Ce Motu pro­prio repré­sente éga­le­ment un puis­sant encou­ra­ge­ment pour tous les adeptes et défen­seurs de la messe traditionnelle.

Persécutés, inter­dits, par­qués, trai­tés en quan­ti­té négli­geable, oubliés, mépri­sés ou moqués (selon les cas), ils trouvent dans ce texte une arme effi­cace pour faire pro­gres­ser leurs légi­times reven­di­ca­tions et obli­ger des clercs récal­ci­trants à recon­naître leurs droits de catholiques.

Enfin (et ce n’est pas le moindre bien­fait de ce texte), le rite tra­di­tion­nel lui-​même se voit publi­que­ment réha­bi­li­té. Car la situa­tion anté­rieure consti­tuait dans l’Église une injus­tice très grave et un scan­dale sans nom.

Que le rite immé­mo­rial de l’Église latine soit offi­ciel­le­ment inter­dit, ban­ni, pour­chas­sé, presque ana­thé­mi­sé, cela vio­lait évi­dem­ment l’ordre juste de la foi, et cela indui­sait beau­coup d’âmes au décou­ra­ge­ment, au déses­poir, à la révolte.

La victoire de la liberté

Le cœur de cette vic­toire, c’est d’abord la ques­tion de la liber­té de la messe tra­di­tion­nelle. Le pape recon­naît, de façon offi­cielle et défi­ni­tive, que la messe tra­di­tion­nelle n’est pas inter­dite, qu’elle n’a jamais été inter­dite, qu’elle n’a pu, ne peut et ne pour­ra jamais être interdite.

Benoît XVI en parle même à deux reprises, disant d’abord que « le mis­sel romain pro­mul­gué par le bien­heu­reux Jean XXIII en 1962 n’a jamais été abro­gé », puis insis­tant sur le fait que « ce mis­sel n’a jamais été juri­di­que­ment abro­gé et, par consé­quent, il est tou­jours res­té autorisé ».

Or, cette affir­ma­tion solen­nelle est le ren­ver­se­ment spec­ta­cu­laire de trente-​huit années de per­sé­cu­tion, de pro­pa­gande, de pres­sion, de contre-​vérités ten­dant à faire croire que la messe tra­di­tion­nelle était abolie.

Le pape Paul VI contredit

Souvenons-​nous tout de même : le 13 juillet 1999 et le 18 octobre de la même année, le car­di­nal Medina, dans des lettres offi­cielles au titre de pré­fet de la Congrégation du Culte, et dans la stricte conti­nui­té de la posi­tion de ce Dicastère depuis 1969, pré­ten­dait une fois de plus que le nou­veau mis­sel était « l’unique forme en vigueur de la célé­bra­tion du saint sacri­fice selon le rite romain, en ver­tu du droit géné­ral liturgique ».

Et rap­pe­lons l’affirmation la plus solen­nelle de cette pré­ten­due abo­li­tion. Le pape Paul VI, dans un dis­cours au Consistoire le 24 mai 1976, pro­cla­mait sans ambages :

« C’est au nom de la Tradition elle-​même que Nous deman­dons à tous Nos fils et à toutes les com­mu­nau­tés catho­liques de célé­brer avec fer­veur et digni­té les rites de la litur­gie réno­vée. L’adoption du nou­vel Ordo Missæ n’est cer­tai­ne­ment pas lais­sée à la libre déci­sion des prêtres ou des fidèles. (…) Le nou­vel Ordo a été pro­mul­gué pour prendre la place de l’ancien. »

Honorer nos anciens

Au moment où, enfin, la véri­té sur cette ques­tion essen­tielle éclate dans toute l’Église, par un acte de jus­tice et de clar­té du Souverain Pontife, com­ment ne pas saluer la mémoire bien­heu­reuse de tous ces prêtres et fidèles qui, dès le pre­mier jour, affir­mèrent publi­que­ment, en dépit des per­sé­cu­tions de toutes sortes, que ce rite n’était pas inter­dit et ne pou­vait pas l’être ?

Ce Motu pro­prio consti­tue pour eux un début de réha­bi­li­ta­tion bien jus­ti­fié, même s’il est mal­heu­reu­se­ment tar­dif, beau­coup étant morts dans l’affliction devant la ruine de l’Église.

Au pre­mier rang de ces valeu­reux com­bat­tants se place Mgr Marcel Lefebvre, dont il faut hono­rer en ce jour la sainte mémoire. Et il convient de rap­pe­ler en même temps que la jus­tice la plus élé­men­taire demande que la scan­da­leuse et pré­ten­due excom­mu­ni­ca­tion dont il a été l’objet, prin­ci­pa­le­ment pour être res­té fidèle à la messe de tou­jours, soit dans les plus brefs délais solen­nel­le­ment effa­cée de la mémoire de l’Église, et avec elle celle de Mgr de Castro Mayer et des quatre évêques auxi­liaires de la Fraternité Saint-​Pie X.

Dispositions canoniques

Dans ce Motu pro­prio, la recon­nais­sance de prin­cipe de la pleine et entière liber­té de la litur­gie tra­di­tion­nelle s’accompagne de cer­taines dis­po­si­tions cano­niques pour sa célébration.

Rappelons qu’à nos yeux, le droit de la messe tra­di­tion­nel, tré­sor immé­mo­rial de l’Église latine, ne souffre et ne doit souf­frir d’aucune res­tric­tion : tout prêtre a tou­jours le droit de célé­brer en uti­li­sant cet « intègre et fécond mis­sel romain de saint Pie V » (selon l’expression du Bref exa­men cri­tique).

Une transition

On peut tou­te­fois com­prendre qu’après plus de trente ans où les auto­ri­tés ecclé­sias­tiques se sont intoxi­quées elles-​mêmes avec cette pré­ten­due inter­dic­tion de la messe tra­di­tion­nelle, le retour à la réa­li­té soit un peu difficile.

C’est pro­ba­ble­ment en ce sens qu’il faut com­prendre la notion de « forme extra­or­di­naire du rite romain » attri­buée à la messe tra­di­tion­nelle par le Motu pro­prio. Ne s’agirait-il pas d’une sub­ti­li­té des cano­nistes romains pour réin­té­ger l’ancien rite sans paraître se déjuger ?

Dans ce contexte où il s’agit de pas­ser en dou­ceur d’une (pré­ten­due) inter­dic­tion à la liber­té totale, les dis­po­si­tions cano­niques du Motu pro­prio sont réel­le­ment inté­res­santes, sur­tout si on les com­pare au sta­tut précédent.

Prêtres et communautés

Le Motu pro­prio donne d’abord des droits à chaque prêtre : celui d’utiliser le bré­viaire tra­di­tion­nel, et celui de dire sa messe « pri­vée » (y com­pris avec assis­tance de fidèles) en uti­li­sant le mis­sel traditionnel.

L’incise à ce pro­pos, « sauf durant le Triduum sacré », ne doit nul­le­ment faire peur. Il s’agit, en effet, d’une dis­po­si­tion on ne peut plus clas­sique : pour la bonne rai­son que, durant le Triduum (Jeudi, Vendredi et Samedi saints), il ne peut être célé­bré de messe « privée ».

Une pré­ci­sion tout à fait remar­quable est aus­si don­née à pro­pos de ce droit à la messe tra­di­tion­nelle : le prêtre, dit le Motu pro­prio, « n’a besoin d’aucune auto­ri­sa­tion, ni du Siège apos­to­lique, ni de son évêque ».

Le Motu pro­prio auto­rise éga­le­ment toutes les com­mu­nau­tés (ins­ti­tuts de vie consa­crée ou socié­tés de vie apos­to­lique) à user du mis­sel tra­di­tion­nel pour leurs messes de communauté.

Curés et évêques

C’est le curé qui, cano­ni­que­ment, pos­sède l’autorité dans la paroisse, et c’est à lui (et non à l’évêque) qu’est remise en pre­mier lieu par le Motu pro­prio la res­pon­sa­bi­li­té de « gérer » la litur­gie traditionnelle.

Le Motu pro­prio affirme que « là où existe un groupe stable de fidèles atta­chés à la tra­di­tion litur­gique anté­rieure, le curé accueille­ra volon­tiers leur demande ». On remar­que­ra que l’ampleur du groupe n’est pas défi­nie (le pre­mier exemple du dic­tion­naire Robert, pour le mot « groupe », parle de trois per­sonnes). Et on note­ra l’appel du pape à répondre « volon­tiers ».
Le Motu pro­prio ajoute que le même curé peut célé­brer ou faire célé­brer, dans le rite tra­di­tion­nel, mariage, obsèques, bap­tême, péni­tence (confes­sion), onc­tion des malades (et, pour les évêques, confirmation).

Si le curé refuse d’accéder à leur demande, les fidèles s’adresseront à l’évêque, qui est « ins­tam­ment prié d’exaucer leurs vœux ». Si l’évêque refuse lui aus­si, ce sera la com­mis­sion Ecclesia Dei qui se char­ge­ra de trou­ver une solution.

Quant à l’évêque, il est invi­té, voire encou­ra­gé à éri­ger des paroisses per­son­nelles (c’est-à-dire consa­crées exclu­si­ve­ment à la litur­gie tra­di­tion­nelle), ou à dési­gner des cha­pe­lains (qui, dans une paroisse « clas­sique », se consacrent à la célé­bra­tion de la litur­gie traditionnelle).

Deux remarques

Est donc recon­nu, non seule­ment le droit de la messe tra­di­tion­nelle, mais le droit à tous les livres litur­giques tra­di­tion­nels, ain­si qu’au calen­drier traditionnel.

Jusqu’ici, les divers docu­ments mul­ti­pliaient les res­tric­tions et les obli­ga­tions, essayant d’insérer la messe tra­di­tion­nelle dans un contexte « nou­veau rite ». Désormais, cette messe tra­di­tion­nelle res­te­ra dans son bio­tope ori­gi­nel, celui de la litur­gie latine immémoriale.

En recon­nais­sant direc­te­ment à tout prêtre et à tout curé (selon les cas) le droit de célé­brer la litur­gie tra­di­tion­nelle, sans avoir besoin en soi ni d’une per­mis­sion préa­lable de l’évêque, ni de la demande for­melle d’un groupe déter­mi­né de fidèles, le pape fait éga­le­ment sor­tir la litur­gie tra­di­tion­nelle d’un régime d’autorisation préa­lable, res­treinte, pré­caire et sus­pi­cieuse, pour la faire entrer peu à peu dans un régime nor­mal de pleine liberté.

L’action de la Fraternité Saint-​Pie X

Pour connaître la façon dont la Fraternité Saint-​Pie X va agir dans le nou­veau contexte créé par le Motu pro­prio, nous ren­voyons à l’entretien récent où Monsieur l’abbé de Cacqueray a expli­qué de façon appro­fon­die quelle serait l’attitude de la Fraternité Saint-​Pie X, prêtres et fidèles, pour aider selon ses moyens les prêtres qui vou­draient reprendre la messe tra­di­tion­nelle (« La pas­to­rale de la messe libé­rée », Fideliter 177, mai 2007).

On lira éga­le­ment avec pro­fit les deux numé­ros de Fideliter récem­ment consa­crés à cette ques­tion de la messe et du (futur) Motu pro­prio (Fideliter 176, mars 2007, et Fideliter 177, mai 2007).

Lettre du pape

Comme il avait été annon­cé, le Motu pro­prio est accom­pa­gné d’une lettre per­son­nelle du pape, expli­quant et jus­ti­fiant sa déci­sion. Dans cette lettre, Benoît XVI expose sa vision (et la ligne romaine offi­cielle) sur les deux messes, l’ancienne et la nouvelle.

Cette lettre pré­sente bien des affir­ma­tions inté­res­santes. On ne s’étonnera pas, tou­te­fois, de notre désac­cord sur plu­sieurs points de cet expo­sé, puisque ce désac­cord est public depuis longtemps.

Le sou­ve­rain pon­tife affirme, en effet, « qu’il n’y a aucune contra­dic­tion entre l’une et l’autre édi­tion du Missale roma­num », car « ce sont deux mises en œuvre de l’unique rite romain », « un double usage de l’unique et même rite ». Cependant, il est patent que le nou­veau mis­sel a été pré­sen­té, et à bon droit nous semble-​t-​il, par ses fabri­ca­teurs (par­ti­cu­liè­re­ment par le père Bugnini, son prin­ci­pal auteur) comme une rup­ture avec toute la litur­gie pré­cé­dente, comme une créa­tion entiè­re­ment nou­velle, comme une litur­gie com­po­sée exclu­si­ve­ment et spé­ci­fi­que­ment pour l’homme moderne.

Benoît XVI affirme de plus qu’on doit « recon­naître la valeur et la sain­te­té du nou­veau rite », « expres­sion ordi­naire de la lex oran­di de l’Église catho­lique de rite latin ».

Cependant, la cri­tique tant externe qu’interne de ce mis­sel mani­feste, comme l’écrivaient à Paul VI les regret­tés car­di­naux Ottaviani et Bacci, que ce nou­veau mis­sel « s’éloigne de façon impres­sion­nante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théo­lo­gie catho­lique de la sainte messe, telle qu’elle a été for­mu­lée à la XXIIe ses­sion du concile de Trente, lequel, en fixant défi­ni­ti­ve­ment les canons du rite, éle­va une bar­rière infran­chis­sable contre toute héré­sie qui pour­rait por­ter atteinte à l’intégrité du mystère ».

Nouvelle liturgie et Concile

Benoît XVI, enfin, cherche par tous les moyens à décou­pler le nou­vel Ordo Missæ du concile Vatican II, refu­sant que l’on s’appuie sur les déviances de ce que l’on pour­rait appe­ler la « réforme litur­gique réelle » (comme on parle du « socia­lisme réel ») pour mettre en cause le Concile.

Il a pour­tant lui-​même des mots extrê­me­ment fermes sur la crise litur­gique post­con­ci­liaire, par­lant d’une « créa­ti­vi­té qui a sou­vent por­té à des défor­ma­tions de la litur­gie à la limite du sup­por­table », « défor­ma­tions arbi­traires de la litur­gie qui ont pro­fon­dé­ment bles­sé des per­sonnes qui étaient tota­le­ment enra­ci­nées dans la foi de l’Église ».

Cependant, ce n’est pas nous qui affir­mons un lien entre le Concile et la réforme litur­gique. Ce sont bien les nou­veaux livres litur­giques (avec les erre­ments que nous dénon­çons) qui se pro­clament pro­mul­gués « ex decre­to sacro­sanc­ti œcu­me­ni­ci conci­lii Vaticani II ».

Le combat de la foi continue

En rece­vant avec joie ce Motu pro­prio Summorum pon­ti­fi­cum cura, il s’agit tou­te­fois de ne pas se leur­rer : le com­bat de la foi ne s’est pas ache­vé le 7 juillet 2007. Il ne faut pas, comme l’écrivait ce même 7 juillet 2007 Monsieur l’abbé Sélégny, Secrétaire géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X, « tom­ber dans la dan­ge­reuse illu­sion d’un com­bat qui serait désor­mais terminé ».

La totale liber­té de la messe tra­di­tion­nelle n’est pas encore plei­ne­ment acquise. Les erreurs litur­giques, sym­bo­li­sées notam­ment par le nou­vel Ordo Missæ de 1969, n’ont pas encore été rec­ti­fiées. Les erreurs théo­lo­giques situées au cœur de Vatican II (fausse liber­té reli­gieuse, faux œcu­mé­nisme, fausse col­lé­gia­li­té, en par­ti­cu­lier) sont loin d’avoir été corrigées.

Il reste donc du pain sur la planche. Mais le Seigneur, au milieu de ce long et par­fois pénible com­bat, nous accorde un encou­ra­ge­ment. La situa­tion com­mence à se déblo­quer sur un point, et même sur un point cru­cial. Cela ren­dra plus facile, plus effi­cace notre com­bat sur les autres points, afin que l’Église retrouve au plus vite l’intégralité de sa propre tra­di­tion. Et cela nous don­ne­ra du cœur à l’ouvrage, de l’enthousiasme, de la per­sé­vé­rance et du zèle.

Répondre à l’appel des souverains pontifes

Le début du Motu pro­prio évoque « le soin des sou­ve­rains pon­tifes », sum­mo­rum pon­ti­fi­cum cura. Alors que cet encou­ra­geant docu­ment per­met à la Tradition de rem­por­ter une bataille, com­ment ne pas évo­quer en écho la magni­fique pro­so­po­pée de Mgr Marcel Lefebvre, le 30 juin 1988, où il évo­quait lui aus­si la figure des sou­ve­rains pon­tifes pour nous encou­ra­ger à per­sé­vé­rer coûte que coûte dans le com­bat de la foi ?

« Mes bien chers frères, s’exclamait-il en cette jour­née his­to­rique, il me semble entendre la voix de tous ces papes depuis Grégoire XVI, Pie IX, Léon XIII, saint Pie X, Benoît XV, Pie XI, Pie XII, nous dire : « Mais de grâce, de grâce, qu’allez-vous faire ? De nos ensei­gne­ments, de notre pré­di­ca­tion, de la foi catho­lique ? Allez-​vous l’abandonner ? Allez-​vous la lais­ser dis­pa­raître de cette terre ? De grâce, de grâce, conti­nuez à gar­der ces tré­sors que nous vous avons don­nés. N’abandonnez pas les fidèles, n’abandonnez pas l’Église, conti­nuez l’Église car enfin, depuis le Concile, ce que nous avons condam­né, voi­ci que les auto­ri­tés romaines l’adoptent et le pro­fessent. Comment cela est-​il pos­sible ? (…) Si vous ne faites pas quelque chose pour conti­nuer cette tra­di­tion de l’Église que nous avons don­née, tout dis­pa­raî­tra, les âmes seront toutes perdues ». »

La Tradition a gagné… une bataille !

Nous nous « réjouis­sons donc de voir l’Église retrou­ver ain­si sa Tradition litur­gique », nous « expri­mons au Souverain Pontife notre vive gra­ti­tude pour ce grand bien­fait spi­ri­tuel » (com­mu­ni­qué de Mgr Fellay le 7 juillet 2007).

Si ce n’est pas tota­le­ment le pre­mier préa­lable, cela y res­semble tou­te­fois assez fort, comme le sug­gère dis­crè­te­ment Mgr Fellay à la fin de sa lettre du 7 juillet.

En même temps, pour répondre à l’appel des sou­ve­rains pon­tifes, sum­mo­rum pon­ti­fi­cum cura, nous nous apprê­tons « à pour­suivre, avec l’aide de Dieu, le com­bat pour la lex cre­den­di, le com­bat de la foi » (lettre de Mgr Fellay le 7 juillet 2007), jusqu’à ce que l’Église retrouve sa pleine tra­di­tion doc­tri­nale et litur­gique, son vrai élan mis­sion­naire, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

Abbé Loïc Duverger,
Premier Assistant du District de France.
Suresnes, le 10 juillet 2007.

FSSPX Assistant du District de France

M. l’ab­bé Loïc Duverger est actuel­le­ment l’Assistant du District de France de la FSSPX. Il a été aupa­ra­vant supé­rieur du District d’Afrique.