LAB du Canada de mai 2016 – Mgr Fellay : le bateau coule !

Sauvez-​nous, Seigneur, nous péris­sons ! » (Mt., VIII, 25)

Chers Amis et Bienfaiteurs,

Avec quelques semaines de recul depuis la publi­ca­tion cette scan­da­leuse exhor­ta­tion [NDLR de LPL : Amoris lae­ti­tia] du Pape François, nous avons main­te­nant à notre dis­po­si­tion plu­sieurs études sérieuses par des membres émi­nents de notre Fraternité Saint-​Pie‑X pour en voir les dif­fé­rents aspects. Je vou­drais ici citer quelques extraits et vous encou­ra­ger à lire cha­cun de ces textes.

Mgr Fellay : le bateau coule !

Dès le sur­len­de­main de la publi­ca­tion de ce texte fleuve (260 pages), notre supé­rieur géné­ral le dénon­çait dans son ser­mon à Notre-​Dame du Puy-​en-​Velay devant plus de 4,000 per­sonnes. Voici ce qu’il en dit :

« Mélangeant la joie aux pleurs. Permettez-​moi une allu­sion à un évé­ne­ment tout récent, très récent : c’est une exhor­ta­tion apos­to­lique qui porte pour titre : La joie de l’amour, et qui nous fait pleu­rer. Cette exhor­ta­tion est le résu­mé de deux synodes sur le mariage. Elle est très longue, il y a beau­coup de choses qui sont justes, qui sont belles, mais après avoir construit j’allais dire un bel édi­fice, un beau bateau, le Souverain Pontife a creu­sé un trou dans la coque du bateau, sous la ligne de flot­tai­son, vous savez tous ce qui se passe alors. On a beau dire qu’on a fait le trou avec toutes les pré­cau­tions pos­sibles, on a beau dire que le trou est tout petit, le bateau coule.

Notre Seigneur Lui-​même a dit qu’on ne touche pas à un iota : « pas un seul iota ne sera enle­vé de la loi de Dieu » (Mt V, 17–20). Quand Dieu parle, cette parole ne souffre pas d’exception. Quand il com­mande, Dieu est d’une sagesse infi­nie qui a pré­vu tous les cas, il n’y a pas d’exception à la loi de Dieu. Et voi­là que tout d’un coup on pré­tend que sur cette loi du mariage qu’on main­tient en disant que le mariage est indis­so­luble, on main­tient cette phrase, oui, on le dit… mais après on dit qu’il peut y avoir quand même des excep­tions, dans ce sens où des divor­cés soi-​disant rema­riés pour­raient dans cet état-​là, dans cet état de péché, être en état de grâce, et donc peuvent aller à la com­mu­nion. C’est gra­vis­sime. Je crois qu’on ne mesure pas suf­fi­sam­ment la gra­vi­té de ce qui vient d’être dit. On a beau dire que ce sont de toutes petites excep­tions dans un coin…, c’est comme cela qu’on a fait pas­ser la com­mu­nion dans la main. Et comme je vous dis, de petits trous dans le bateau suf­fisent. Le bateau coule ! »

Abbé Mathias Gaudron : une vic­toire du subjectivisme

« Avec Amoris læti­tia, (le pape) ouvre une brèche qui remet en cause toute la morale catho­lique. Dans le cha­pitre 8, inti­tu­lé Accompagner, dis­cer­ner et inté­grer la fra­gi­li­té, le pape François a ouvert des portes qui per­met­tront à l’avenir de se sous­traire à la morale catho­lique tout en s’abritant der­rière les ins­truc­tions du pape. Celui-​ci ne répète pas seule­ment les affir­ma­tions dou­teuses du der­nier synode, selon les­quelles les divor­cés rema­riés sont des « membres vivants de l’Église », sur les­quels l’Esprit-Saint déverse « des dons et des cha­rismes pour le bien de tous » (n° 299), mais il va plus loin encore. Certes l’enseignement sur le mariage catho­lique et toutes les anciennes normes res­tent tou­jours en vigueur ; à ceux qui vivent en concu­bi­nage ou qui sont sim­ple­ment unis par un mariage civil, il est donc tou­jours inter­dit de rece­voir l’absolution et la sainte com­mu­nion, mais… il y a des exceptions ! (…)

©’est sur­tout avec le 8e cha­pitre que Amoris læti­tia s’inscrit par­mi les écrits apos­to­liques les plus déplo­rables de l’histoire de l’Église actuelle. »

Abbé Jean-​Michel Gleize : une nou­velle morale, une occa­sion de ruine spi­ri­tuelle pour toute l’Église

« 19. Le mariage chré­tien reste peut-​être un idéal, aux yeux de l’Église ; mais ce qui compte c’est l’idée que la conscience de cha­cun se fait de l’idéal. Ce qui est bon n’est pas ce qui est objec­ti­ve­ment bon, c’est ce que la conscience consi­dère comme bon. Même si l’on sup­pose que la conscience des gens mariés est plus éclai­rée que celle des autres, et se donne un meilleur idéal, c’est la conscience qui fait l’idéal. La dif­fé­rence entre l’idéal des gens mariés et l’idéal des autres est une dif­fé­rence de degré, une dif­fé­rence de plus ou moins grande plé­ni­tude. Nous sommes en plein sub­jec­ti­visme et donc aus­si en plein rela­ti­visme. Le rela­ti­visme découle du sub­jec­ti­visme : la morale de situa­tion, qui est une morale rela­ti­viste, découle d’une morale de la conscience. Et c’est la nou­velle morale de François.

20. L’une de ses consé­quences pos­sibles était fort atten­due. La voi­ci enfin : « J’accueille les consi­dé­ra­tions de beau­coup de Pères syno­daux, qui sont vou­lu signa­ler que « les bap­ti­sés divor­cés et rema­riés civi­le­ment doivent être davan­tage inté­grés dans les com­mu­nau­tés chré­tiennes selon les diverses façons pos­sibles, en évi­tant toute occa­sion de scan­dale » (n° 299).

21. « Selon les diverses façons pos­sibles » : pour­quoi pas, donc, en les admet­tant à la com­mu­nion eucha­ris­tique ? S’il n’est plus pos­sible de dire que les divor­cés rema­riés vivent dans une situa­tion de péché mor­tel (n° 301), en quoi le fait de leur don­ner la com­mu­nion représenterait-​il une occa­sion de scan­dale ? Et dès ce moment, pour­quoi leur refu­ser la sainte com­mu­nion ? L’Exhortation Amoris lae­ti­tia va net­te­ment dans ce sens. Ce fai­sant, elle repré­sente en tant que telle une occa­sion de ruine spi­ri­tuelle pour toute l’Église, c’est-à-dire ce que les théo­lo­giens dési­gnent au sens propre comme un « scan­dale ». Et ce scan­dale découle lui-​même d’une rela­ti­vi­sa­tion pra­tique de la véri­té de foi catho­lique, concer­nant la néces­si­té et l’indissolubilité de l’union matri­mo­niale sacramentelle.

Abbé Alain Lorans : détruire la doc­trine par la pastorale

« En Italie, Mgr Alberto Carrara, direc­teur du bul­le­tin dio­cé­sain de Bergame, déclare le 14 avril : ‘Divorcés et sépa­rés qui se sont rema­riés peuvent être réad­mis aux sacre­ments. C’est l’une des nou­veau­tés d’Amoris læti­tia, l’exhortation apos­to­lique que le pape François a rédi­gée à l’issue des deux synodes sur la famille ’.

Les cri­tiques théo­lo­giques et cano­niques de cette exhor­ta­tion peuvent se mul­ti­plier, les appli­ca­tions pas­to­rales ignorent ces ana­lyses, consi­dé­rées comme byzan­tines. On ne retient qu’une chose : ce qui était naguère inter­dit par rigi­di­té doc­tri­nale est désor­mais per­mis par misé­ri­corde pastorale.

Il faut se sou­ve­nir que, depuis le Concile, la doc­trine n’est pas niée direc­te­ment, ni com­bat­tue fron­ta­le­ment ; elle est sim­ple­ment contour­née – comme on évite un obs­tacle –, au nom de la pas­to­rale. Opposer la doc­trine tra­di­tion­nelle à la praxis conci­liaire, ten­ter d’argumenter avec des rai­sons théo­lo­giques contre cette pra­tique qui suit la men­ta­li­té du moment et s’accommode aux mœurs du jour, est aus­si peu effi­cace que de cher­cher à sai­sir un savon glis­sant avec de savants concepts… On ne répond à la praxis conci­liaire que par la dis­ci­pline tra­di­tion­nelle, appuyée sur la doc­trine bimil­lé­naire. Discipline qui n’est pas une praxis contraire, mais le contraire de la praxis conciliaire. »

Voir aus­si l’article de l’abbé Thouvenot : après le Synode : l’indissolubilité en ques­tion.

2017, le cen­te­naire de Fatima arrive à grand pas. Le diable se démène tant qu’il peut. Mais nous savons qu’elle lui écra­se­ra la tête et que son Cœur Immaculé triom­phe­ra. Courage à tous dans ce com­bat apo­ca­lyp­tique ! Soyons fidèles à notre cha­pe­let quo­ti­dien ! En Jésus, Marie Immaculée,

Abbé Daniel Couture, Supérieur du District du Canada

Source : – Mai 2016