« Il viendra des modes qui offenseront gravement mon divin Fils », par M. l’abbé Pascal Schreiber – Juin 2018

Bien chers fidèles,

« Veuillez noter qu’une grande atten­tion sera por­tée à des vête­ments appro­priés : les dames doivent avoir les épaules et le ventre cou­verts et por­ter une jupe jusqu’aux genoux au moins, les mes­sieurs des pan­ta­lons longs et une che­mise ou au moins un T‑Shirt. »

Il y a quelques jours je suis tom­bé sur cet avis. Le conte­nu ne vous éton­ne­ra guère. Mais vous ne vous atten­diez pas à l’origine du texte. Il s’agit d’un guide de voyage des édi­tions Michael Müller dont le titre est « Ligurie » datant de 2010. A la page 80 sous la rubrique « églises » on trouve les mots que j’ai mis en introduction.

Je sai­sis l’occasion de cette cita­tion pour écrire quelques lignes sur le thème du vête­ment. Je suis bien conscient que ce thème appar­tient aux ques­tions les plus déli­cates et les plus char­gées d’émotion qu’un prêtre peut, et par­fois doit, aborder.

Avant d’écrire mes pen­sées, je vou­drais à cet endroit de ma lettre confier au papier quelque chose qui n’a peut-​être encore jamais été expri­mé ain­si : un grand éloge aux nom­breuses femmes qui, avec cohé­rence, portent une robe et prennent soin de se vêtir de façon digne à l’église, au tra­vail, durant les loi­sirs et chez elles. Pour beau­coup d’entre elles ce témoi­gnage est un défi, car il demande de sur­mon­ter le res­pect humain. Mais le monde a besoin de ce témoi­gnage ! Bravo et continuez !

« Il vien­dra des modes qui offen­se­ront gra­ve­ment mon divin Fils. » Ce sont les mots de la Mère de Dieu à la petite Lucie il y a 100 ans à Fatima. Quand on regarde les pho­tos des vête­ments des voyants, on com­prend tout de suite que, par ces modes impu­diques, ce n’est pas ce temps-​là mais le nôtre qui est évo­qué. C’est pour­quoi la très sainte Vierge Marie emploie le futur dans sa décla­ra­tion. J’interprète les mots « offen­se­ront gra­ve­ment » en ce sens que dans ce domaine de graves péchés sont possibles.

Malheureusement tous les fidèles de la Fraternité ne par­viennent pas tou­jours à por­ter des vête­ments conve­nables. Certains l’ont res­sen­ti dou­lou­reu­se­ment à Rome en l’an 2000, l’année sainte. Les por­tiers ne les ont pas lais­sés entrer dans les basi­liques car ils ne rem­plis­saient pas les condi­tions citées ci-​dessus ! C’est facile de cri­ti­quer Rome et le pape. Il nous faut main­te­nant vrai­ment faire mieux et don­ner le bon exemple en tout – même dans la façon de s’habiller.

Approfondissons un peu. Nous appar­te­nons au genre humain qui souffre des consé­quences du péché ori­gi­nel. Adam et Eve remar­quèrent, tout de suite après leur péché, qu’ils étaient nus. Nous sommes mal­heu­reu­se­ment tous aus­si bles­sés par les consé­quences du péché ori­gi­nel. Pour les hommes la fai­blesse se mani­feste sur­tout par les ten­ta­tions qui, à tra­vers les yeux, mettent l’âme à l’épreuve. C’est pour­quoi ils doivent prendre par­ti­cu­liè­re­ment à cœur les paroles du Sauveur dans le ser­mon sur la mon­tagne :

« Quiconque jette sur une femme un regard de convoi­tise, a déjà com­mis l’adultère avec elle dans son cœur » .

Les femmes sont affai­blies par le péché ori­gi­nel au point que sou­vent elles ne remarquent pas quel effet leur vête­ment ser­ré pro­voque chez les autres, par­ti­cu­liè­re­ment les hommes. En d’autres mots : si une femme ne voit aucun pro­blème dans ses vête­ments, cela ne veut pas du tout dire que tout est en ordre et que ses vête­ments sont assez modestes et plaisent à Dieu. Une saine méfiance envers leur propre sen­ti­ment est néces­saire. C’est pour cela que l’Apôtre saint Paul pré­vient les femmes par ces mots :

« Pareillement, que les femmes soient en vête­ments décents, se parant avec pudeur et sim­pli­ci­té » .

Comme je l’ai dit, l’homme accueille beau­coup de sen­sa­tions par le sens de la vue. La femme qui comme l’homme est faite de corps et d’âme, peut influen­cer assez for­te­ment ce que l’homme per­çoit d’elle. Si elle porte un vête­ment qui met en évi­dence les formes du corps, même si elles sont recou­vertes, elle dirige auto­ma­ti­que­ment les sens de l’homme sur son corps. Si au contraire elle porte un vête­ment ample, elle mani­feste sa spi­ri­tua­li­té, son inté­rio­ri­té, sa noblesse et sa rela­tion avec Dieu et dirige les regards de l’homme sur son âme. Le vête­ment de la femme n’est jamais neutre pour cette rai­son. Il peut d’un côté nuire au pro­chain et le séduire, de l’autre faire l’effet contraire, c’est-à-dire l’édifier, l’encourager à la ver­tu, ou même le conduire à Dieu.

Comme les femmes, les hommes sont aus­si le temple du Saint-​Esprit et doivent à leur corps le res­pect qu’il mérite. Même s’ils manquent beau­coup plus rare­ment aux 6e et 9e com­man­de­ments en ce qui concerne le vête­ment, ils peuvent aus­si mani­fes­ter plus ou moins la noblesse de leur âme. Des pan­ta­lons râpés et déla­vés n’expriment qu’insuffisamment le res­pect dû au corps. Les équi­pe­ments de sport et les bas­kets ne cor­res­pondent pas à la sain­te­té d’une église, mais conviennent à la salle de sport et à la piste de jogging.

Que tous les fidèles prennent à cœur l’avertissement du guide de la Ligurie et suivent fidè­le­ment les règles d’habillement vou­lues par Dieu non seule­ment à l’église mais par­tout – pour leur salut per­son­nel comme pour celui du prochain !

Abbé Pascal Schreiber, Supérieur du District de Suisse de la FSSPX

Sources : Extrait du bul­le­tin – Juin – juillet 2018 /​La Porte Latine du 13 juin 2018