Benoît XVI, dans son homélie du 5 avril 2012 pour la messe chrismale, a rappelé que la parole de l’Église enseignante est une aide pour transmettre avec rectitude dans le présent le message de la foi. Notre premier réflexe, à la lecture de cette exhortation, est de nous réjouir de son souci d’un enseignement droit et profond. Cependant, le pape caractérise aussitôt la matière qui doit être transmise par l’Église enseignante. Hélas, il s’agit toujours de la même chose !
« Les textes du concile Vatican II et le Catéchisme de l’Église catholique sont les instruments essentiels qui nous indiquent de manière authentique ce que l’Église croit à partir de la Parole de Dieu. Et, naturellement aussi, tout le trésor des documents que le pape Jean-Paul II nous a donné, et qui est encore loin d’avoir été exploité jusqu’au bout, en fait partie. »
Il est évidemment éloquent de constater que les références de « la parole de l’Église enseignante » citées par Benoît XVI restent uniquement et toujours celles du concile Vatican II, du Catéchisme de l’Église Catholique et des documents de Jean-Paul II. Le pape ne voit-il donc toujours pas les conséquences calamiteuses de la nouvelle religion qui a été mise en place depuis un demi-siècle dans l’Église ? Le cardinal Ratzinger n’avait-il pas fait part de sa vive préoccupation du triste état où se trouve réduite la barque de Pierre ? Pourquoi alors exciper encore et toujours de ces textes récents qui ont provoqué le malheur des catholiques ?
Il est vrai que notre espérance était – elle reste encore – que le pape, à un moment donné, soit contraint de remonter des effets à la cause, c’est-à-dire de la catastrophe post-conciliaire au concile Vatican II. Mais, dans ce sermon de la messe chrismale, on en vient à s’interroger sur le regard qu’il porte en réalité sur le paysage actuel de l’Église. Le voit-il vraiment pour ce qu’il est, dévasté par les hérésies et par une victoire toujours plus impudente de l’esprit du monde ? Nous pouvons en douter car il y dit également : « Celui qui regarde l’histoire de l’époque post-conciliaire, peut reconnaître la dynamique du vrai renouvellement, qui a souvent pris des formes inattendues dans des mouvements pleins de vie et qui rend presque tangible la vivacité inépuisable de la sainte Église, la présence et l’action efficace du Saint-Esprit.»
Nous ne savons pas, au juste, quels sont ces mouvements pleins de vie que le pape distingue dans l’époque post-conciliaire. Quant à nous, nous constatons au contraire l’extinction et la mort programmée, faute de vocations, de congrégations et d’instituts religieux prestigieux. Nous assistons à la disparition de paroisses et de diocèses entiers. Les populations sont redevenues païennes, les enfants ne sont plus baptisés. Et ce ne sont certes pas les grands rassemblements fortement médiatisés, du style des JMJ ou des rassemblements charismatiques qui doivent faire illusion ! Même s’ils se tenaient dans la pénitence et dans la ferveur – et ce n’est pas le cas – ils sont bien incapables de remplacer le patient travail de christianisation des populations qui se faisait sous la houlette des curés des paroisses d’autrefois.
Il faut bien le dire. Le pape Benoît XVI demeure dans de profondes et graves illusions. La première est de croire vivaces ces mouvements dont les formes inattendues sont en réalité celles d’un christianisme assez dégénéré. La deuxième est de croire encore, et avec obstination, que les enseignements du concile et du magistère post-conciliaire peuvent servir de lumière dans la nuit où sont plongés les esprits alors qu’ils ne la rendent que toujours plus sombre.
Quant à nous, nous devons continuer à nous nourrir de la foi pure et, en conséquence, nous défier comme de la peste des nouveautés introduites par le concile Vatican II et par les papes qui ont suivi le concile. C’est la foi qui est notre grand trésor et nous devons nous dresser contre tout ce qui pourrait la diminuer ou la mettre en péril.
Abbé Régis de Cacqueray †, Supérieur du District de France
Source : Fideliter n° 207