Benoît XVI s’élève contre la multiplication des déclarations de nullité du mariage

Comme chaque année, à l’occasion de l’ouverture de l’année judi­ciaire le pape s’est adres­sé au Tribunal de la Rote Romaine. Benoît XVI s’est expri­mé devant les 150 membres du Tribunal en charge des demandes de recon­nais­sance de nul­li­té du mariage, au cours de l’audience accor­dée le 29 jan­vier 2009.

Benoît XVI a d’abord rap­pe­lé que son pré­dé­ces­seur avait fixé « les cri­tères en matière d’expertise psy­chia­trique ou psy­cho­lo­gique, mais aus­si ceux per­met­tant la défi­ni­tion judi­ciaire des causes ». Le pape s’est éle­vé contre la mul­ti­pli­ca­tion « exa­gé­rée et presque auto­ma­tique » des décla­ra­tions de nul­li­té du mariage, « sous le pré­texte d’une quel­conque imma­tu­ri­té ou fai­blesse psy­chique du contrac­tant », laquelle fai­blesse « demeure une excep­tion au prin­cipe natu­rel de la capa­ci­té per­met­tant de com­prendre, de déci­der et de réa­li­ser le don de soi qui créé le lien conjugal ». 

Le pape a en outre dénon­cé « cer­tains cou­rants anthro­po­lo­giques huma­nistes, orien­tés vers l’autoréalisation et l’auto-transcendance égo­cen­trique ». Ces der­niers idéa­lisent tel­le­ment la per­sonne humaine et le mariage qu’ils finissent par nier la capa­ci­té psy­chique de très nom­breuses per­sonnes, en la fon­dant sur des élé­ments qui ne cor­res­pondent pas aux exi­gences essen­tielles du lien conju­gal, a expli­qué le sou­ve­rain pontife.

Benoît XVI a alors rap­pe­lé que les pro­cès de nul­li­té pour inca­pa­ci­té psy­chique exigent que le juge fasse appel à l’aide d’experts, pour véri­fier l’existence d’une véri­table inca­pa­ci­té. Il a éga­le­ment mis en garde contre le risque de tom­ber dans un « pes­si­misme anthro­po­lo­gique qui, à la lumière de la situa­tion cultu­relle actuelle, consi­dère qu’il est presque impos­sible de se marier ». 

Le pape a insis­té sur la néces­si­té de « réaf­fir­mer la capa­ci­té humaine innée au mariage (qui) est le point de départ pour aider les conjoints à per­ce­voir la véri­table nature du mariage, et son impor­tance au plan du salut. Ce qui est en jeu, c’est la véri­té même du mariage et de sa nature juri­dique intrin­sèque, pré­li­mi­naire indis­pen­sable de per­cep­tion et de valo­ri­sa­tion des condi­tions du mariage. »

Le Tribunal de la Rote romaine forme, avec la Pénitencerie apos­to­lique et le Tribunal suprême de la signa­ture apos­to­lique, les Tribunaux du Saint-​Siège, dont les bureaux sont situés au Palais de la Chancellerie apos­to­lique, au Vatican. 

Seul le tri­bu­nal ecclé­sias­tique de troi­sième ins­tance, la Rote romaine, doit juger en appel les demandes de recon­nais­sance de nul­li­té de mariage qui ont été jugées en pre­mière ins­tance par les tri­bu­naux dio­cé­sains. Elle est relayée par 3.000 tri­bu­naux de pre­mière et de seconde ins­tance dans le monde. Il est cepen­dant pos­sible de faire direc­te­ment appel à la Rote après un juge­ment affir­ma­tif ou néga­tif en pre­mière ins­tance. Une demande de décla­ra­tion de nul­li­té com­mence tou­jours auprès des tri­bu­naux diocésains. 

Seuls les princes et chefs d’Etat ont le droit d’en appe­ler direc­te­ment à la Rote romaine pour faire décla­rer la nul­li­té de leur mariage, offi­ciel­le­ment afin qu’ils ne puissent exer­cer aucune pres­sion sur les tri­bu­naux ecclé­sias­tiques locaux.

Rome, le 29 jan­vier 2009