Mariage et virginité : ce que Vatican II aurait dû dire

Comment mettre d’ac­cord une assem­blée de deux mille cinq cents évêques ? Pour abré­ger les débats, le Saint-​Siège avait fait rédi­ger des sché­mas pré­pa­ra­toires avant le der­nier concile. Les meilleurs théo­lo­giens, sous la direc­tion du Saint- Office, avaient tra­vaillé d’arrache-​pied pour éla­bo­rer la syn­thèse de la doc­trine catho­lique sur les grands pro­blèmes contem­po­rains. Il était pré­vu que les Pères conci­liaires pussent modi­fier et amé­lio­rer ces textes de base. Hélas, une frange d’é­vêques pro­gres­sistes jugea inad­mis­sible qu’on leur impo­sât des textes tout pré­pa­rés, et obtint de les réécrire entiè­re­ment. Avec les résul­tats que l’on sait : une remise en cause insi­dieuse mais sys­té­ma­tique de la doc­trine tra­di­tion­nelle sous cou­vert d’a­dap­ta­tion au monde et d’ef­fi­ca­ci­té pastorale.

En rai­son de l’op­po­si­tion des Pères conser­va­teurs, les attaques furent néan­moins limi­tées par la crainte de cho­quer la majo­ri­té des évêques qui ne voyaient rien à la super­che­rie et auraient pro­tes­té s’ils avaient vu les consé­quences du concile. Et il n’est pas éton­nant que, cin­quante ans plus tard, alors que les nou­veau­tés de Vatican II passent pour la base de toute doc­trine, les pro­gres­sistes veuillent aller plus loin. Le récent Synode pour la Famille [1] a été l’oc­ca­sion de vigou­reuses empoi­gnades entre par­ti­sans de la famille et adver­saires de la doc­trine traditionnelle.

C’est pour­quoi les Editions du Courrier de Rome ont eu l’heu­reuse idée d’é­di­ter à part le sché­ma pré­pa­ra­toire au Concile sur la Famille. Elaboré avec grand soin, ce docu­ment n’a pas été pro­mul­gué par le Saint-​Siège comme ensei­gne­ment d’au­to­ri­té, mais il pos­sède une grande valeur de témoin des avan­cées les plus récentes de la théo­lo­gie morale.

En même temps, il pos­sède l’au­to­ri­té des dizaines de Papes, de Pères de l’Eglise, de doc­teurs cités… C’est dire que ce petit livre contient la quin­tes­sence de l’en­sei­gne­ment bimil­lé­naire de l’Eglise, et son appli­ca­tion à de nom­breuses ques­tions très actuelles. Il sera utile aus­si bien au mora­liste qu’au mili­tant pro-​vie, et un guide très sûr pour les foyers et futurs foyers en quête de formation.

Sans vou­loir épui­ser toute la matière trai­tée, bornons-​nous à sur­vo­ler quelques points qui, n’en dou­tons pas, seront cru­ciaux au pro­chain Synode…

Le pre­mier point abor­dé, fon­de­ment de tout le reste, est la dif­fé­rence entre les deux sexes, essen­tielle à la créa­tion de l’es­pèce humaine, comme le montre le texte même de la Genèse aus­si bien que l’ex­pé­rience : « Homme et femme il les créa ». La volon­té de Dieu doit être res­pec­tée, et par consé­quent l’homme n’a pas un pou­voir abso­lu sur son corps qu’il a reçu de Dieu.

Ainsi sont condam­nées par avance nombre de mani­pu­la­tions géné­tiques hasar­deuses, aus­si bien que la fumeuse théo­rie du gen­der

Le second cha­pitre traite de la chas­te­té, en expli­quant que la morale catho­lique, loin de bri­der les élans natu­rels, leur donne au contraire leur pleine digni­té en les ins­cri­vant dans la pers­pec­tive de la trans­mis­sion de la vie dans le cadre du mariage, mais aus­si en favo­ri­sant une véri­table maî­trise de nos ins­tincts par la mor­ti­fi­ca­tion et l’as­cèse personnelle.

Le sché­ma pré­pa­ra­toire réprouve ain­si la socié­té hyper-​sexualisée qui com­men­çait alors à peine à poindre…

Le mariage chré­tien est lui aus­si abor­dé, sous son double aspect de réa­li­té natu­relle et sacra­men­telle. Le sché­ma insiste sur la haute digni­té de la vir­gi­ni­té consa­crée, mais rap­pelle avec force les pro­prié­tés essen­tielles du mariage :

« En res­tau­rant ce qui était tom­bé en déca­dence, le Christ a éta­bli que l’u­ni­té du mariage serait défi­ni­tive, aus­si bien pour les chré­tiens que pour tout homme ; et qu’il jouit d’une indis­so­lu­bi­li­té telle qu’il ne peut jamais être rom­pu ni par la volon­té des deux par­ties ni par une auto­ri­té pure­ment humaine. »

Contrairement au texte fina­le­ment adop­té par Vatican II, qui intro­dui­sit la confu­sion, le sché­ma pré­voyait de réaf­fir­mer la hié­rar­chie des deux fins du mariage :

« Pour s’en tenir à ce que Dieu a ins­ti­tué, et qu’en­seignent la nature ain­si que le magis­tère de l’Eglise, par­mi les fins du mariage, la fin pre­mière est uni­que­ment la pro­créa­tion et l’é­du­ca­tion des enfants »,

ce qui exclut toute fraude à but contra­cep­tif aus­si bien que toute accep­ta­tion plus ou moins détour­née du divorce.

Enfin les der­niers cha­pitres réca­pi­tulent les droits et les devoirs des époux chré­tiens, en rap­pe­lant l’ordre de la famille chré­tienne tel qu’é­ta­bli par Dieu. Ils encou­ragent la famille nom­breuse, en même temps qu’ils com­battent l’es­prit fémi­niste et ses succédanés.

« Tels sont les points qui, de l’a­vis du saint Concile, méritent d’être sou­li­gnés, afin de répondre aux besoins de notre époque. Par là, non seule­ment la véri­té appa­raî­tra plus clai­re­ment, mais elle sera aus­si mieux accep­tée et sa mise en pra­tique dans la vie concrète s’a­vè­re­ra salu­taire… Le Concile (…) engage les parents et les enfants à imi­ter la sainte Famille de Nazareth et à tendre sans cesse et tou­jours plus vers le haut ».

On mesure une fois de plus l’é­cart entre ce qui était ensei­gné avant le Concile et ce qui l’est depuis…

Puissent les par­ti­ci­pants au pro­chain Synode [2] prendre connais­sance de ce que faillit pro­mul­guer le concile Vatican II …

Un vœu ? Acquérez, lisez, médi­tez ce petit ouvrage ! Un anti­dote aux folies vati­canes actuelles…

Abbé Louis-​Marie Carlhian, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Source : Apostol n° 91 de sep­tembre 2015

Notes de bas de page

  1. Note de LPL : Il s’a­git de la pre­mière ses­sion du synode sur la famille qui s’est tenue à Rome du 5 au 15 octobre 2014[]
  2. Il s’a­git de la deuxième ses­sion du synode sur la famille qui aura lieu à Rome du 4 au 25 octobre 2015[]