Demeurer dans la vérité du Christ : soutien du cardinal Sarah à l’appel aux pères synodaux

Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

Photo de gauche : affiche du col­loque du 30 sep­tembre 2015 en pré­pa­ra­tion du Synode sur la Famille qui se tien­dra du 4 au 25 octobre 2015

« Demeurer dans la véri­té du Christ » C’est le titre du col­loque inter­na­tio­nal qui se tien­dra à l’Université Pontificale Saint-​Thomas d’Aquin, le 30 sep­tembre 2015 en pré­pa­ra­tion du Synode sur la Famille s’ou­vrant quatre jours après.

Les confé­ren­ciers (le car­di­nal Carlo Caffarra, le car­di­nal Raymond Leo Burke, Mgr Cyril Vasil, le pro­fes­seur Stephan Kampowski) deman­de­ront une réaf­fir­ma­tion claire et inté­grale de la tra­di­tion catho­lique sur les pro­blèmes de la vie, de la famille et de l’éducation.

Le col­loque orga­ni­sé par La Nuova Bussola Quotidiana, Il Timone, L’Homme nou­veau, Dignitatis Humanæ Institute, Infovaticana, se ter­mi­ne­ra par la pré­sen­ta­tion de l’Appel au Synode (voir texte ci-dessous).

Cette ini­tia­tive se situe dans la ligne des inter­ven­tions de 5 car­di­naux dans Demeurer dans la véri­té du Christ (Artège 2014), de 11 car­di­naux dans Mariage et Famille (Artège, sep­tembre 2015) et de 11 car­di­naux et évêques afri­cains dans La Nouvelle patrie du Christ : L’Afrique (Ignatius Press, sep­tembre 2015).

« J’adhère for­mel­le­ment et sou­tiens abso­lu­ment cet Appel aux Pères syno­daux » (Robert, Cardinal Sarah)

L’appel au synode

Chers Pères synodaux,

Il est clair que « la famille et le mariage n’ont jamais été aus­si agres­sés qu’ils ne le sont de nos jours », et que la culture domi­nante et le pou­voir exer­cé par les médias « s’attaquent à la famille de toutes parts et la laissent cou­verte de bles­sures » (Pape François, le 25 octobre 2014). La rai­son prin­ci­pale est celle-​ci : du fait de son iden­ti­té, de sa res­pon­sa­bi­li­té édu­ca­tive, et de ses fina­li­tés, la famille empêche que s’exerce un contrôle social de ses membres, en même temps qu’elle repré­sente l’institution qui résiste le mieux au pou­voir dominant.

L’enjeu pour l’humanité tout entière est consi­dé­rable : « Les ténèbres qui entourent aujourd’hui la concep­tion même de l’homme, assom­brissent en pre­mier lieu et direc­te­ment la réa­li­té et les expres­sions qui lui sont conna­tu­relles. La per­sonne et la famille vont de pair en ce qui concerne tant l’estime et la recon­nais­sance de leur digni­té, que les attaques et les ten­ta­tives de désa­gré­ga­tion à leur égard. La gran­deur et la sagesse de Dieu se mani­festent dans ses œuvres. Toutefois, il semble aujourd’hui que les enne­mis de Dieu, plu­tôt que d’attaquer en face l’Auteur de la créa­tion, pré­fèrent Le frap­per à tra­vers ses œuvres. Et l’homme est le point culmi­nant, le som­met de ses œuvres visibles. […] Parmi les véri­tés obs­cur­cies dans le cœur de l’homme en rai­son de la sécu­la­ri­sa­tion crois­sante et de l’hédonisme domi­nant, celles qui concernent la famille sont par­ti­cu­liè­re­ment tou­chées. Autour de la famille et de la vie se déroule aujourd’hui la lutte fon­da­men­tale pour la digni­té de l’homme » (Jean-​Paul II, 3 octobre 1997). La guerre contre la famille n’est pas seule­ment cultu­relle : c’est aus­si une guerre sociale, éco­no­mique, juri­dique, doc­tri­nale, qui vise même le domaine sacra­men­tel. Si bien que sa défense exige un magis­tère spé­ci­fique, fort et clair. Un magis­tère qui réaf­firme les pré­ceptes de la loi natu­relle – que l’Evangile n’abolit pas mais per­fec­tionne – et qui conduise les catho­liques à la néces­saire défense de la famille, qui leur revient, en outre, en rai­son de leur res­pon­sa­bi­li­té concer­nant le bien com­mun de la socié­té et de tous ceux qui la composent.

La réflexion pro­fonde à laquelle se livre actuel­le­ment l’Eglise au sujet de la famille, avec deux Synodes consa­crés à ce thème, repré­sente le nœud du moment his­to­rique pré­sent. Ce serait une grave erreur d’accepter le sta­tut que les forces aujourd’hui domi­nantes dans le monde (l’idéologie domi­nante anti-​chrétienne, l’agression des sectes pro­tes­tantes les plus radi­cales, les autres reli­gions) vou­draient impo­ser à l’Église, en la can­ton­nant à des pra­tiques de dévo­tion et de bien­fai­sance, mais en consi­dé­rant comme into­lé­rable qu’elle pré­tende déli­vrer une pro­po­si­tion glo­bale pour l’existence de l’homme comme tel.

Rien n’est plus néces­saire aujourd’hui pour la socié­té que l’Église et que les chré­tiens vivent la nou­veau­té de la famille chré­tienne et en expriment les convic­tions pro­fondes ou la doc­trine qui est impli­quée dans l’expérience fami­liale. « Ce qui nous est deman­dé, c’est de recon­naître com­bien il est beau, vrai et bon de for­mer une famille, d’être une famille aujourd’hui ; com­bien c’est indis­pen­sable pour la vie du monde, pour l’avenir de l’humanité. Il nous est deman­dé de mettre en évi­dence le plan lumi­neux de Dieu sur la famille et d’aider les conjoints à le vivre avec joie dans leur exis­tence, en les accom­pa­gnant au milieu de toutes leurs dif­fi­cul­tés, avec une pas­to­rale intel­li­gente, cou­ra­geuse, pleine d’amour » (Pape François, Consistoire du 20 février 2014).

C’est pour­quoi, Chers Pères syno­daux, nous vous deman­dons de faire en sorte que de ce Synode émane une nou­velle pro­po­si­tion de l’intégralité de la tra­di­tion catho­lique sur les pro­blèmes de la vie, de la famille, de l’éducation, pour per­mettre au peuple chré­tien d’aujourd’hui d’approfondir son iden­ti­té propre afin de s’acquitter adé­qua­te­ment de sa mis­sion. Comme l’a rap­pe­lé Jean-​Paul II : « A la base de tout l’ordre social se trouve donc ce prin­cipe d’unité et d’indissolubilité du mariage, prin­cipe sur lequel se fonde l’institution de la famille et toute la vie fami­liale » (4 octobre 1997). Cette prise de conscience implique un juge­ment cultu­rel sur la men­ta­li­té domi­nante, sans lequel il est dif­fi­cile d’être authen­ti­que­ment charitable.

Nous vous deman­dons de dépas­ser l’opposition abs­traite entre véri­té et cha­ri­té, entre doc­trine et pas­to­rale, qui n’a aucun fon­de­ment du point de vue de l’expérience de l’Eglise, parce que la véri­té s’exprime dans le monde tant comme juge­ment sur les posi­tions que comme cha­ri­té pour les personnes.

Nous vous deman­dons d’entrer dans toutes les pro­blé­ma­tiques par­ti­cu­lières, y com­pris les plus dou­lou­reuses, prises non comme des points tota­li­sants mais comme des points qui expriment cha­cun la tota­li­té de la posi­tion. En par­ti­cu­lier, il est impen­sable que l’Église assume l’équivalence de fait, et encore moins de droit, entre une rela­tion et un couple hété­ro­sexuel et un rap­port de nature homo­sexuelle, car ce serait la sub­ver­sion de la loi natu­relle et du plan d’amour du Dieu créateur.

Nous vous deman­dons de don­ner, lors du Synode, la place qui lui revient, à l’expérience de ces familles qui vivent et qui témoignent de la beau­té d’un amour indis­so­luble, et qui sont capables d’attirer et d’éclairer les nom­breuses familles vivant dans les ténèbres.

Source : L’Homme nouveau