Communiqué du cardinal Eyt au sujet des contacts entre Rome et la FSSPX : Tout n’est pas négociable – 25 mars 2001

D’après des infor­ma­tions par­ve­nues en France assez mys­té­rieu­se­ment, le Saint-​Siège et le Saint-​Père en per­sonne ont mani­fes­té depuis de longs mois déjà, le désir de déve­lop­per des contacts avec la Fraternité Saint-​Pie‑X en vue d’aboutir à des solu­tions juri­diques. Tandis que les médias décri­vaient le dérou­le­ment posi­tif de ces pour­par­lers, les prêtres de France rece­vaient un bul­le­tin, 9e de la série, inti­tu­lé Lettre à nos frères prêtres.

Or voi­ci que, dans ce bul­le­tin, les résul­tats des « Entretiens romains », d’abord salués comme pleins de pro­messes, sont pré­sen­tés, dans la suite du texte, comme « pro­vi­soi­re­ment com­pro­mis », les dis­cus­sions étant en tout cas, pour le moment, « sus­pen­dues ». Selon l’homme qui semble gui­der la dis­cus­sion, Mgr Fellay, la cause de cette sus­pen­sion serait du côté de Rome.

À la lec­ture de cette Lettre à nos frères prêtres, tout comme à la connais­sance du bul­le­tin giron­din de la Fraternité Saint-​Pie‑X, Le Mascaret, je me féli­cite que la cause de la dite sus­pen­sion vienne « du côté de Rome ». Voici par­mi d’autres, un motif qui jus­ti­fie ma position.

Il s’agit dans la Lettre à nos frères prêtres de l’attristante cari­ca­ture de la théo­lo­gie catho­lique de l’Eucharistie à laquelle se livrent des « théo­lo­giens lefeb­vristes » (Lettre à nos frères prêtres n. 9, mars 2001). Il ne s’agit pas moins que de contes­ter radi­ca­le­ment la doc­trine énon­cée sur l’Eucharistie par Paul VI et Jean-​Paul Il. À cet égard, il est évident pour un catho­lique que l’expression « Mystère pas­cal » du Christ et de l’Église consti­tue bien une réa­li­té qui éclaire et sou­tient la foi, l’esprit de la litur­gie, la consé­cra­tion de nos cœurs et le sens de nos vies.

Comment pourrions-​nous accep­ter que d’autres catho­liques puissent dire d’une théo­lo­gie aus­si auto­ri­sée « qu’ils découvrent avec effroi qu’elle est condam­nable et par­tiel­le­ment condam­née par le Magistère authen­tique de l’Église » ? Ce sont hélas des pro­pos de cette sorte que nous tiennent cer­tains évêques et prêtres de la Fraternité Saint-​Pie‑X au moment où ils nous disent aspi­rer à « se rap­pro­cher » de l’Église catholique…

De telles dif­fé­rences doc­tri­nales, litur­giques, sacra­men­telles, ins­ti­tu­tion­nelles, de telles oppo­si­tions, non seule­ment sur le « Mystère pas­cal » mais sur tant d’autres élé­ments de la foi, peuvent-​elles être sur­mon­tées sans exa­men appro­fon­di et sans délai suf­fi­sant ? Pour le moment et concer­nant ces pro­blèmes, nous sommes nom­breux à voir sur cette route davan­tage d’obstacles que d’ouvertures.

Texte du secré­ta­riat de l’ar­che­vê­ché de Bordeaux du 25 mars 2001