Frères et fils très chers,
Nous vous invitons, aujourd’hui, à unir votre prière et la nôtre pour la concorde, l’union et la paix dans notre sainte Eglise, afin qu’elle soit toujours fidèle au désir suprême du Christ (cf. Jn 17) qui a voulu qu’elle soit une et catholique, comme une communion universelle de fidèles vivant dans la même foi et la même charité.
Cet instant de prière avec vous et avec tous ceux qui écoutent notre voix avec confiance doit confirmer notre adhésion consciente, ferme et filiale à notre Eglise bénie, troublée comme elle l’est actuellement par divers épisodes de dissensions déchirantes qui tendent à soustraire leurs promoteurs et leurs adeptes à la vraie solidarité ecclésiale, en les poussant dans les voies centrifuges des opinions personnelles propres à dissocier et à détruire l’intègre, authentique et univoque famille du Christ.
L’un de ces douloureux épisodes, et actuellement le plus grave – inutile de le taire –, est celui bien connu d’un confrère dans l’épiscopat, que nous estimons et vénérons toujours. Malgré les exhortations à n’en rien faire, il a commis volontairement une très grave infraction à une loi de l’Eglise, aussi naturelle qu’importante, en procédant indûment à des ordinations sacrées. Il a ainsi encouru la suspense prescrite par le Code de droit canonique, de l’exercice des fonctions sacerdotales. Or nous apprenons que dans une attitude de défi à ces clés déposées par le Christ entre nos mains, ce confrère veut néanmoins se permettre de célébrer des actes de culte et de ministère, sans la réconciliation préalable qui est nécessaire. Nous en sommes très affligé et vous le serez certainement vous aussi. Nous mettrons ensemble ce cas regrettable au cœur de notre prière, avec humilité et espérance.
Et l’occasion nous est ainsi donnée de vous redire à vous, fils bons et sensibles aux amertumes qui affligent la sainte Eglise, combien il est nécessaire de revivifier notre véritable « sens de l’Eglise » sans nous laisser déprimer par des exemples, malheureusement aujourd’hui trop fréquents, d’attitudes incorrectes envers la sainte Eglise de Dieu. Il faut que notre amour pour l’Eglise grandisse dans la ligne selon laquelle le Christ l’a aimée, jusqu’à se sacrifier pour elle (Ep 5, 25). Il nous faut lui être fidèles avec la conscience profonde de ce qu’elle est dans le plan de Dieu et avec une force généreuse et cohérente au milieu du tumulte des vicissitudes humaines.
Avec Marie : là où elle est, là est Jésus ; là est l’Eglise (cf. Ac 1, 14).
Paulus PP. VI.