29 juillet 1976

Réflexions de Mgr Lefebvre à propos de la suspens a divinis le 29 juillet 1976

Quelques réflexions à pro­pos de la « sus­pens a divi­nis ».

Elle pose un pro­blème grave et fera encore cou­ler des flots d’encre, quand bien même je vien­drais à dis­pa­raître de la scène de l’Eglise militante.

En quoi consiste-​t-​elle en réa­li­té ? Elle me prive du droit inhé­rent au prêtre, et à plus forte rai­son à l’é­vêque, de célé­brer la sainte messe, de confé­rer les sacre­ments et de prê­cher dans les lieux consa­crés, c’est-​à-​dire qu’il m’est inter­dit de célé­brer la messe nou­velle, de confé­rer les sacre­ments nou­veaux, de prê­cher la nou­velle doctrine.

Ainsi, parce que je refuse, pré­ci­sé­ment, depuis leur ins­ti­tu­tion, ces nou­veau­tés, on m’in­ter­dit désor­mais, offi­ciel­le­ment, de les uti­li­ser. C’est parce que je refuse la nou­velle messe qu’on me prive de la dire. On peut par là devi­ner le peu de dom­mage que me cause cette suspense.

C’est une preuve de plus que cette nou­velle Eglise, qu’ils ont désor­mais qua­li­fiée eux-​mêmes de conci­liaire, se détruit elle-​même. C’est S. Exc. Mgr Benelli, dans sa lettre du 25 juin der­nier, qui la désigne ain­si par­lant des sémi­na­ristes, il écrit :

« Il n’y a rien de déses­pé­rant dans leur cas ; s’ils sont de bonne volon­té, et sérieu­se­ment pré­pa­rés à un minis­tère pas­to­ral, dans la fidé­li­té véri­table à l’Eglise conci­liaire, on se char­ge­ra ensuite de trou­ver la meilleure solu­tion pour eux ; mais qu’ils com­mencent d’a­bord, eux aus­si, par cet acte d’o­béis­sance à l’Eglise. »

Quoi de plus clair ! Désormais, c’est à l’Eglise conci­liaire qu’il faut obéir et être fidèle et non plus à l’Eglise catho­lique. C’est pré­ci­sé­ment tout notre pro­blème ; nous sommes sus­pens a divi­nis par l’Eglise conci­liaire et pour l’Eglise conci­liaire dont nous ne vou­lons pas faire partie.

Cette Eglise conci­liaire est une Eglise schis­ma­tique parce qu’elle rompt avec l’Eglise catho­lique de tou­jours. Elle a ses nou­veaux dogmes, son nou­veau sacer­doce, ses nou­velles ins­ti­tu­tions, son nou­veau culte déjà condam­né par l’Eglise en maints docu­ments offi­ciels et définitifs.

C’est pour­quoi le fon­da­teur de l’Eglise conci­liaire insiste tant sur l’o­béis­sance à l’Eglise d’au­jourd’­hui, fai­sant abs­trac­tion de l’Eglise d’hier comme si elle n’exis­tait plus.

Cette Eglise conci­liaire est schis­ma­tique parce qu’elle a pris pour base de sa mise à jour des prin­cipes oppo­sés à ceux de l’Eglise catho­lique : ain­si la nou­velle concep­tion de la messe, expri­mée dans le n° 5 de la pré­face du Missale roma­num et le n° 7 du pre­mier cha­pitre qui donne à l’as­sem­blée un rôle sacer­do­tal qu’elle ne peut avoir ; ain­si éga­le­ment le droit natu­rel, c’est-​à-​dire divin, de toute per­sonne et de toute groupe de per­sonnes à la liber­té religieuse.

Ce droit à la liber­té reli­gieuse est blas­phé­ma­toire car c’est prê­ter à Dieu des inten­tions qui détruisent sa majes­té, sa gloire, sa royau­té. Ce droit implique la liber­té de conscience, la liber­té de pen­sée et toutes les liber­tés maçonniques.

L’Eglise qui affirme de pareilles erreurs est à la fois schis­ma­tique et héré­tique. Cette Eglise conci­liaire n’est donc pas catho­lique. Dans la mesure où le Pape, les évêques, prêtres et fidèles, adhèrent à cette nou­velle Eglise, ils se séparent de l’Eglise catho­lique. L’Eglise d’au­jourd’­hui n’est la véri­table Eglise que dans la mesure où elle conti­nue et fait corps avec l’Eglise d’hier et de tou­jours. La norme de la foi catho­lique, c’est la Tradition. La demande de S Exc. Mgr Benelli est donc éclai­rante : sou­mis­sion à l’Eglise conci­liaire, à l’Eglise de Vatican Il, à l’Eglise schis­ma­tique.

Pour nous, nous per­sé­vé­rons dans l’Eglise catho­lique avec la grâce de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et l’in­ter­ces­sion de la Bienheureuse Vierge Marie.

† Marcel LEFEBVRE

Ecône, le 29 juillet 1976.