Lettre de l’abbé Eugène Robin à Paul VI [1]
Le 3 septembre 1976, en la fête de saint Pie X.
Très Saint Père,
J’ai l’honneur de solliciter de votre rareté, la grâce infinie d’être excommunié avec Mgr Lefebvre, afin que je puisse aller droit au ciel.
Fondateur d’une chapelle Saint Pie V, je ne tiendrai aucun compte de votre excommunication, prise sur le trésor de l’enfer. Je suis prêtre pour l’éternité.
Nous ne connaissons que trop vos prévarications les plus sacrilèges contre les Saintes Ecritures révélées (votre religion de l’homme, (‘maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme’ Jér. XVII, 5), contre le Catéchisme dogmatique réduit presque à néant, et surtout contre le Saint Sacrifice de la Messe, malgré les règles immuables de Saint Pie V. L’Eglise véritable ne peut qu’être fidèle à ses papes canonisés.
Car c’est bien de ces Vérités inaliénables dont il s’agit. Votre cène protestante a été annoncée 700 ans avant Jésus-Christ par le prophète Isaïe : « Au temps de l’Antéchrist, à cause des péchés des hommes, il sera donné au démon le pouvoir de s’attaquer au Saint Sacrifice et de détruire son Lieu Saint » (Is. VII, 10–12). C’est fait ! Et c’est Votre Sainteté découronnée qui en est seule responsable devant le Juge éternel.
Par votre magie, les fidèles inconscients et ignorants du monde entier sont passés au protestantisme sans même s’en apercevoir. Vos prêtres, vidés de leur substance sacerdotale, n’offrent plus le Corps et le Sang du Christ. Pour eux, ce n’est pas par ignorance, mais pour plaire aux puissants du jour, qu’ils se sont parjurés. Vous aviez compté sur leur frousse. Là, vous avez eu raison… Mais le châtiment va être terrible.
Ainsi donc, piétinant le Saint Sacrifice de la Croix à la Messe, vous êtes allé prendre votre modèle sur ce Luther, moine défroqué, insulteur du Christ au Calvaire et de sa Très Sainte Mère, concubinaire notoire entretenant cinq épouses à la fois, et dont on vient de découvrir par les écrits de deux témoins (1552), que ce misérable inventeur du protestantisme s’est pendu à son lit, après qu’on l’y eût ramené et couché comme chaque soir, ivre mort. Tenus au secret sous la contrainte de menaces, ces deux témoins se sont libérés la conscience sur un parchemin, six années après la mort de Luther (1546).
Mélanger la religion d’un homme, et quel homme ! à celle du Fils de Dieu, est un crime d’apostasie. Le pape Paul VI est mort en vous, s’il n’a jamais été, car vous étiez hérétique avant d’être pape, et de plus vous êtes juif, d’où incompatibilité juridique, selon les décisions à perpétuité de Paul III et de Paul IV. Dès lors que vous portez sur votre poitrine l’éphod que portait Caïphe au moment où il condamna Jésus, vous prouvez que vous n’êtes qu’un faux converti et que vous avez toujours la haine juive contre le Christ. C’est pourquoi vous vous êtes attaqué à tous les sacrements, afin de détruire l’Eglise. De toutes façons, vous vous êtes déposé tout seul, selon l’enseignement de saint Robert Bellarmin, Docteur de l‘Eglise, par vos hérésies depuis votre désastreuse élévation au Souverain Pontificat. L’Eglise continue sans vous, dans le seul petit troupeau fidèle, sûr de la réalisation de la promesse du Christ : « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. » N’ayez pas peur, petit troupeau ! « mais quand le Fils de l’homme reviendra sur terre, y trouvera-t-il encore la Foi ? » (Paroles d’Evangile).
L’Esprit-Saint n’a pas pu tomber à l’envers sur l’Eglise au bout de deux mille ans. Il ne peut se contredire, parce qu’il n’a pu ni se tromper ni nous tromper. Votre nouvel œcuménisme, ou mélasse de toutes les religions, est la négation de la Révélation, à laquelle vous devriez être le premier et le plus soumis. Citez-moi une seule parole de la Bible et des Evangiles recommandant ce genre de réconciliation entre Dieu et le diable ! « Nous devons juger l’arbre à ses fruits ». C’est simple ! Fruits de mort spirituelle par milliards ! Certains voudraient nous faire croire, comme le Courrier de Rome, que vous ne les connaissez pas, parce que vous seriez mal informé. Mauvaise plaidoirie ! La seule injure que nous pouvons encore vous épargner, c’est de vous croire illettré…
L’évêque de Poitiers, Rozier de Pigalle, prêche avec le premier serpent de la Genèse, la « sexualité épanouissante ». Aussi les quelques prêtres qui lui restent ne s’en privent pas. Bientôt dans l’Eglise de Pau VI, inexistante en théologie, sauf pour l’abbé de Nantes, il n’y a aura plus que des évêques sans prêtres… C’est donc à cela que vous vouliez en venir, vous aussi ?… Mais dans l’Eglise du Christ, Mgr Marcel Lefebvre comptera beaucoup de vrais prêtres Sacrificateurs, reliés à Saint Pierre et à Notre Seigneur, Tête invisible de l’Eglise, par-dessus la tête de Paul, persécuteur des chrétiens.
Que sainte Jeanne de Chantal, qui vécut de sa quinzième à sa vingtième année dans ce lieu béni où j’habite, me donne la force de garder et de défendre ma Foi jusqu’au martyre, avec Mgr Marcel Lefebvre déchiqueté par des tigres.
Veuillez agréer, Très Saint Père, l’expression de ma profonde commisération !
Eugène Robin+, prêtre. [2]
- Lettre extraite du livre « Libéralisme, mentalité libérale et duplicité chez l’abbé Georges de Nantes » de M. l’abbé Eugène Robin, écrit sous le pseudonyme Michel Marie. [Editeur : E. Robin (1977), 522 pages].[↩]
- M. l’abbé Eugène Robin, curé de Saint Maixent dans les Deux-Sèvres, est décédé en 1979. [↩]