Monastère Santa Cruz – Déclaration refusant les concessions de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi – 24 août 1988

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PAX

DÉCLARATION

En qua­li­té de Prieur du Monastère da Santa Cruz de Nova Friburgo – R.J. Brésil, après sérieuse réflexion et prière devant Dieu, consi­dé­rant ma res­pon­sa­bi­li­té vis à vis de ce monas­tère et de mon salut éter­nel, je viens devant mes supé­rieurs, devant mes frères et devant la Sainte Eglise accom­plir le devoir de décla­rer ce qui suit :

Le Monastère da Santa Cruz refuse l’accord éta­bli entre la Sacré Congrégation de la Doctrine de la Foi, en la per­sonne des car­di­naux Ratzinger et Mayer, et Dom Gérard Calvet, Prieur du Monastère Sainte Madeleine du Barroux.

Notre Monastère da Santa Cruz a été inclu dans les termes de l’accord que nous venons ici de refu­ser, sans que nous ayons été consul­tés à ce sujet, bien que nous étions au Barroux au cours des négo­cia­tions et qu’on connais­sait notre désaccord.

Voici les motifs de notre refus :

1 – Cet accord signi­fie notre inser­tion et notre enga­ge­ment pra­tique dans « l’Eglise conci­liaire ». Cela se déduit des canons cités dans l’accord et qui nous mettent en étroite rela­tion avec l’évêque dio­cé­sain et sous son contrôle. Selon le canon 679, qui fait par­tie de l’accord, l’évêque dio­cé­sain, dont les cri­tères sont tou­jours ceux de la Nouvelle Eglise, a le pou­voir de nous expul­ser du diocèse.

2 – L’accord pré­voit notre pleine récon­ci­lia­tion avec le Siège Apostolique selon les termes du Motu Proprio « Ecclesia Dei », docu­ment qui a pro­cla­mé l’excommunication de Monseigneur Marcel Lefebvre. Or nous ne nous sommes jamais sépa­rés du Saint Siège Apostolique et nous conti­nue­rons à pro­fes­ser une par­faite com­mu­nion avec la Chaire de Pierre. Nous nous sépa­rons par contre de la Rome moder­niste et libé­rale qui orga­nise la ren­contre d’Assise et qui fait l’éloge de Luther. Avec cette Rome nous ne vou­lons pas de réconciliation.

3 – L’accord est fon­dé sur le Motu Proprio « Ecclesia Dei » qui excom­mu­nie Monseigneur Lefebvre. Donc, en pre­nant part à cet accord, nous devrons recon­naître l’injustice exer­cée envers Monseigneur Lefebvre, Monseigneur Antônio de Castro Mayer et les quatre nou­veaux évêques, dont l’excommunication a été nulle de plein droit. Nous ne sui­vons pas Monseigneur de Castro Mayer ou Monseigneur Lefebvre comme des chefs de file. Nous sui­vons l’Eglise Catholique. Mais à l’heure actuelle, ces deux confes­seurs de la Foi ont été les seuls évêques contre l’autodémolition de l’Eglise. Il ne nous est pas pos­sible de nous déso­li­da­ri­ser d’eux. Ainsi, comme au IVe siècle, au temps de l’Arianisme, il était un signe d’orthodoxie être « en com­mu­nion avec Athanase » (et non avec le Pape Libère), ain­si être unis à Monseigneur Lefebvre et à Monseigneur de Castro Mayer est un signe de fidé­li­té à l’Eglise de tou­jours. Saint Paul ermite nous donne un exemple éclai­rant en deman­dant à Saint Antoine, patriarche des céno­bites, qu’il l’ensevelisse dans le man­teau de Saint Athanase. La rai­son, selon Saint Jérôme, était celle d’indiquer clai­re­ment qu’il dési­rait mour­rir dans la Foi et la com­mu­nion de Saint Athanase, défen­seur de l’orthodoxie contre l’hérésie ariane.

4 – Le désir mani­fes­té pra­ti­que­ment par tous nos bien­fai­teurs bré­si­liens nous porte éga­le­ment à refu­ser l’accord. En agis­sant ain­si nous sommes d’ailleurs en train de res­pec­ter le canon 1300 du Code.

A nos supé­rieurs nous nous sen­tons dans le devoir, par amour de notre Foi et notre voca­tion, de répé­ter les paroles de Saint Godefroid d’Amiens et de Saint Hugues de Grenoble au Pape Pascoal II : « … ce qu’à Dieu ne plaise puisque ain­si vous seriez en train de nous éloi­gner de votre obéissance. »

Et Saint Bernard nous enseigne : « Celui qui fait un mal parce qu’on lui a ordon­né ne fait pas un acte d’obéissance mais de rébel­lion. Il fait une inver­sion des choses : il laisse d’obéir à Dieu pour obéir aux hommes. » (cf. Oeuvres Complètes de Saint Bernard – Charpentier Tome I Ep. VII).

fr. Thomas d’Aquin OSB

En la fête de Saint Barthélémy Apôtre

en l’an de grâce 1988.