20 juin 1988

Allocution de Jean-​Paul II au consistoire secret du 20 juin 1988

Jean-​Paul II a tenu, dans la mati­née du mar­di 20 juin, un consis­toire pour la créa­tion de vingt-​quatre nou­veaux car­di­naux. Au Vatican, dans la salle du Consistoire, le Pape a d’a­bord réuni à 10 H 30 les car­di­naux anciens pré­sents à Rome, qui étaient au nombre de 58. Il a alors tenu le Consistoire dit « secret » (il se déroule, après l’in­ti­ma­tion de l’extra omnes et la réci­ta­tion de l’Adsumus, antique invo­ca­tion à l’Esprit-​Saint, en pré­sence des seuls car­di­naux) au cours duquel il a pro­cé­dé à la nomi­na­tion des nou­veaux membres du Sacré-​Collège. Il a pro­non­cé en latin l’al­lo­cu­tion ci-​dessous (Extrait)

Frères véné­rables et bien aimés, car­di­naux de la Sainte Église romaine,

[…]Mais une nou­velle que vous connais­sez tous nous cause une très grande tris­tesse : un de nos frères dans l’é­pis­co­pat, après main­te­nant plu­sieurs années au cours des­quelles il a refuse au Saint-​Siège l’o­béis­sance qui lui est due et qui, frap­pé d’une peine de sus­pense, sem­blait recher­cher une conci­lia­tion, pro­cé­de­ra bien­tôt sans man­dat apos­to­lique à des ordi­na­tions épis­co­pales et rom­pra ain­si l’u­ni­té de l’Église en menant nombre de ceux qui le suivent à une situa­tion de schisme.

Puisqu’il semble main­te­nant que ni la volon­té ni l’in­ten­tion de ce frère ne peuvent être inflé­chies, nous ne pou­vons rien faire d’autre qu’in­vo­quer la bon­té de notre Sauveur pour qu’il éclaire ceux qui, affir­mant qu’ils doivent défendre la vraie doc­trine de la foi contre ses défor­ma­tions, aban­donnent la com­mu­nion avec le suc­ces­seur de Pierre et sont prêts à se sépa­rer de l’u­ni­té du trou­peau du Christ confié à l’a­pôtre Pierre.

De tout notre cœur, nous les sup­plions et leur deman­dons ins­tam­ment de demeu­rer dans la mai­son du Père et de com­prendre que toute véri­té de foi et toute manière droite de vivre trouvent leur place dans l’Église, et qu’il n’y a rien en elle qui favo­rise ce qui est contraire à la foi. II y a beau­coup de demeures même dans cette mai­son ter­restre de Dieu qu’est l’Église du Christ en ce monde.

Nous espé­rons ardem­ment que, au cours de cette Année mariale, par les prières de la Vierge bien­heu­reuse, Dieu tout-​puissant, dont la bon­té ne connaît pas de limites, nous mon­tre­ra les voies par les­quelles il sera pos­sible d’é­vi­ter de plus grands maux et de retrou­ver une nou­velle unité. […]

IOANNES PAULUS PP. II