29 janvier 1988

Lettre de Mgr Lefebvre à Jean Madiran du 29 janvier 1988

Bien cher Monsieur Madiran,

Dans les cir­cons­tances que l’Église tra­verse aujourd’­hui, je rends grâces à Dieu que vous soyez pré­sent par Itinéraires et le jour­nal Présent.

Je crois sin­cè­re­ment que vous êtes le seul par­mi les écri­vains, même dits tra­di­tio­na­listes, à voir clai­re­ment et à dénon­cer avec une par­faite jus­tesse l’en­tre­prise dia­bo­lique et maçon­nique qui se réa­lise actuel­le­ment par le Vatican et la grande majo­ri­té des évêques.

Le plan annon­cé dans les Actes de la Haute Vente et publié par ordre du pape Pie IX se réa­lise aujourd’­hui sous nos yeux. J’étais la semaine der­nière à Rome, appe­lé par le car­di­nal Gagnon, qui m’a remis la lettre que je vous com­mu­nique ci-​joint. Un réseau très bien orga­ni­sé tient en main toute l’ac­ti­vi­té de la curie, inté­rieure et extérieure.

Le pape est un ins­tru­ment de cette mafia, qu’il a mise en place et avec laquelle il sym­pa­thise. On ne peut espé­rer aucune réac­tion de sa part, au contraire. L’annonce de la réunion des reli­gions à Assise en octobre, déci­dée par lui, est le comble de l’im­pos­ture et de l’in­sulte à Notre-​Seigneur. Rome n’est plus la Rome catho­lique. Les pro­phé­ties de Notre-​Dame de la Salette et de Léon XIII dans son exor­cisme, se réa­lisent. « Là où fut ins­ti­tué le siège du bien­heu­reux Pierre, et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abo­mi­na­tion dans l’im­pié­té ; en sorte que le pas­teur étant frap­pé, le trou­peau puisse être dispersé… »

C’est Léon XIII aus­si qui avait inter­dit le « congrès des reli­gions » qui devait avoir lieu à Paris en 1900 à l’oc­ca­sion de l’Exposition uni­ver­selle, comme il avait eu lieu à Chicago en 1893.

Vous ver­rez, dans la réponse à notre lettre, que le car­di­nal Ratzinger s’ef­force une fois de plus de dog­ma­ti­ser Vatican Il. Nous avons affaire à des per­sonnes qui n’ont aucune notion de la Vérité. Nous serons désor­mais de plus en plus contraints d’a­gir en consi­dé­rant cette nou­velle Eglise conci­liaire comme n’é­tant plus catholique.

Nous ne pou­vons plus, sans man­quer gra­ve­ment à la véri­té et à la cha­ri­té, don­ner à entendre à ceux qui nous écoutent ou qui nous lisent que le pape est intou­chable, qu’il est plein de dési­rs de reve­nir à la Tradition et que c’est son entou­rage qui est cou­pable, comme le font La Pensée catho­lique, L’Homme nou­veau et tant d’autres appa­rem­ment traditionalistes.

J’espère que cette assem­blée des reli­gions, en atten­dant le Comité des reli­gions sié­geant au Vatican, va leur ouvrir les yeux.

† Marcel LEFEBVRE