Aussitôt appelé à la Chaire du bienheureux Pierre, tout en sachant combien Nous sommes inférieur à une si haute charge, Nous Nous sommes soumis avec le plus grand respect aux secrets conseils de la Providence divine, qui a élevé Notre humble personne à une telle hauteur de dignité. Nous n’ignorions certes pas que Nous ne possédions pas les mérites qu’exigeait pareille charge ; Nous l’avons néanmoins acceptée, Nous confiant dans la bonté divine et ne doutant pas que Celui-là même qui nous a imposé le poids très lourd de cette dignité Nous donnera la force et l’aide opportunes.
Mais aussitôt que, du haut de ce Siège apostolique, Nous eûmes jeté nos regards sur le troupeau confié à Nos soins, Nous avons été frappé d’une horreur et d’une angoisse inexprimables par le spectacle monstrueux de cette guerre, dans laquelle une si grande partie de l’Europe, ravagée par le fer et le feu, ruisselle de sang chrétien.
Nous avons reçu de Jésus-Christ, Bon Pasteur, dont Nous tenons la place, dans le gouvernement de l’Eglise, le devoir d’embrasser dans un amour paternel tous ceux qui sont des agneaux et des brebis de son troupeau.
Puisque donc, à l’exemple du Seigneur Lui-même, Nous devons être prêt, ainsi que Nous le sommes, à donner même Notre vie pour leur salut à tous, Nous avons fermement décidé de ne rien négliger de ce qui sera en Notre pouvoir pour hâter la fin d’une si grande calamité.
En attendant et même avant que, selon la coutume des Pontifes romains au début de leur apostolat, Nous adressions des Lettres encycliques à tous les évêques, Nous Nous sommes senti pressé de reprendre les paroles qu’au premier grondement de cette guerre arracha à Notre prédécesseur Pie X, de très sainte et immortelle mémoire, son amour et sa sollicitude pour le genre humain.
Tandis que Nous-même lèverons, suppliant, vers Dieu, les yeux et les mains dans la prière, Nous invitons et exhortons, ainsi que Notre prédécesseur, tous les fils de l’Eglise, et spécialement les ecclésiastiques, à continuer de s’employer sans relâche, soit en privé, par d’humbles prières, soit en public, par les supplications solennelles, à demander à Dieu, maître et arbitre de toutes choses, que, se souvenant de sa miséricorde, il dépose le fléau de sa colère, par lequel il demande aux nations raison de leurs fautes.
Qu’elle nous assiste et qu’elle soutienne de sa prière le vœu universel, la Vierge Mère de Dieu, dont la bienheureuse naissance, célébrée en ce même jour, a brillé aux yeux du genre humain souffrant comme une aurore de paix, car elle devait engendrer Celui dans lequel le Père éternel a voulu réconcilier toutes les choses en pacifiant, par le sang de sa croix, tout ce qui se trouve au ciel et sur la terre.
Nous prions et conjurons ardemment ceux qui dirigent les destinées des peuples d’incliner désormais leurs cœurs à l’oubli de leurs différents en vue du salut de la société humaine. Qu’ils considèrent que assez de misères et de deuils accablent cette vie mortelle et qu’il n’y a vraiment pas sujet de la rendre encore plus misérable et triste ; qu’ils estiment qu’il y a assez de ruines, assez de sang versé ; qu’ils se résolvent donc à entrer dans les voies de paix et à se tendre la main. Ils mériteront par là les bénédictions de Dieu pour eux et pour leurs nations et ils auront hautement mérité de la société. Qu’ils sachent enfin qu’ils feront par là une œuvre qui Nous sera très agréable et que Notre cœur désire ardemment à cette aube de Notre ministère apostolique, dont une si grande perturbation du monde aggrave tellement le poids.
Du palais du Vatican, ce 8 septembre, jour de la Nativité de Marie très sainte, 1914.
BENOIT XV, PAPE.