Puissance de la gratitude

Sanctuary of La Benite Fontaine. Ex voto plaques.

Une ver­tu pour refaire notre âme.

Alors qu’une année sco­laire vient de se ter­mi­ner – et avant que la sui­vante ne se pro­file à l’horizon – l’époque des vacances offre un moment de pause et de détente ; un moment de relec­ture de l’année écou­lée ; un temps encore pour réveiller la gra­ti­tude dans des âmes sou­vent lasses et fatiguées.

La gra­ti­tude est ce mou­ve­ment qui nous porte vers ceux qui nous ont fait du bien, en leur mani­fes­tant estime, atten­tion, déli­ca­tesse et hon­neur. Il y a un devoir de recon­nais­sance vis-​à-​vis de nos parents ou bien­fai­teurs, quels qu’ils soient : c’est jus­tice à leur égard. Mais comme toute atti­tude bonne qui est culti­vée, la gra­ti­tude a la puis­sance aus­si de remettre de l’ordre dans notre cœur et de remé­dier à bien de nos mal­heurs ; elle a le pou­voir de redon­ner équi­libre et sim­pli­ci­té à des âmes per­dues et com­pli­quées ; elle peut encore rendre la joie et l’élan du désir comme de l’espoir à des cœurs dépri­més qui s’enfoncent dans une spi­rale négative.

Car la gra­ti­tude implique au préa­lable de recon­naître ce que nous avons reçu d’autrui. Elle nous invite à recher­cher en toute luci­di­té ce que nous devons aux autres ; à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contri­bué, en peu ou en beau­coup, à ce que nous sommes aujourd’hui. Loin de nous enfer­mer sur nous-​mêmes et dans l’illusion de notre auto-​suffisance, la recon­nais­sance nous rap­pelle que l’être humain est fon­ciè­re­ment dépen­dant des autres, et pour com­men­cer de Dieu lui-​même. Elle nous place dans un cli­mat de véri­té et nous ouvre par consé­quent le che­min du vrai bonheur.

Mais il y a plus : la gra­ti­tude oriente notre esprit vers le bien qui nous est fait afin qu’on puisse en rendre grâces ; elle nous foca­lise donc – et ce n’est pas son plus petit atout – sur le bien dont on est gra­ti­fié plus que sur le mal dont on souffre. Quand on sait la ten­dance de l’homme contem­po­rain à se nour­rir de pen­sées néga­tives et d’idées catas­tro­phistes, la gra­ti­tude opère un rééqui­li­brage dans notre vision des choses. Sans nier le mal qu’elle sait voir serei­ne­ment, elle n’oublie jamais que l’être humain est fon­ciè­re­ment bon avant d’avoir été abî­mé et vicié par le péché. Enfin la gra­ti­tude – qui s’appelle action de grâces quand elle est diri­gée vers Dieu, source de tout don natu­rel et sur­na­tu­rel – est la pierre de touche de notre vie chré­tienne. Elle en garan­tit l’authenticité et la soli­di­té. Elle en assure le dyna­misme et la sur­abon­dance. L’Eglise ne se trompe pas en pla­çant, dans la litur­gie du 15 août, sur les lèvres de la Vierge Marie arri­vée au terme de sa vie ter­restre, les paroles du Magnificat : « Mon âme magni­fie le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur ».

Source : Apostol n°198 – Image : Godong