Concile Vatican II

21ᵉ œcuménique ; 11 oct. 1962-8 déc. 1965

4 décembre 1963, 2e session

Décret Inter Mirifica

Sur les moyens de communication sociale

Table des matières

Paul, évêque,
Serviteur des ser­vi­teurs de Dieu,

Avec les Pères du Saint Concile,
Pour que le sou­ve­nir s’en main­tienne à jamais

Préambule

1. Le sens d’une expression

Parmi les mer­veilleuses décou­vertes tech­niques qu’avec l’aide de Dieu, le génie de l’homme a tirées de la créa­tion, à notre époque sur­tout, l’Église accueille et suit avec une sol­li­ci­tude toute mater­nelle celles qui, plus direc­te­ment, touchent les facul­tés spi­ri­tuelles de l’homme et offrent des pos­si­bi­li­tés élar­gies de com­mu­ni­quer très faci­le­ment des nou­velles de tout genre, des idées, des orien­ta­tions. Or, par­mi ces décou­vertes, il faut assi­gner une place sin­gu­lière aux moyens qui, de par leur nature, sont aptes à atteindre et à influen­cer non seule­ment les indi­vi­dus, mais encore les masses comme telles, et jusqu’à l’humanité tout entière. Tel est le cas de la presse, du ciné­ma, de la radio, de la télé­vi­sion et d’autres tech­niques de même nature. Aussi bien peut-​on les appe­ler à juste titre : moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale.

2. Pourquoi le Concile s’occupe-t-il de ces questions ?

Certes, l’Église notre Mère sait que ces ins­tru­ments, quand ils sont uti­li­sés cor­rec­te­ment, rendent de grands ser­vices au genre humain : ils contri­buent, en effet, d’une manière effi­cace au délas­se­ment et à la culture de l’esprit, ain­si qu’à l’extension et à l’affermissement du règne de Dieu. Mais elle sait aus­si que les hommes peuvent les uti­li­ser à l’encontre des des­seins du Créateur et les tour­ner à leur propre perte. Son cœur mater­nel est angois­sé à la vue des dom­mages que bien sou­vent leur mau­vais usage a déjà cau­sés à l’humanité.

C’est pour­quoi le Concile œcu­mé­nique, pre­nant à son compte le sou­ci vigi­lant des Souverains Pontifes et des évêques en une matière d’une si haute impor­tance, consi­dère de son devoir de trai­ter les prin­ci­paux pro­blèmes rela­tifs aux moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale. Il a confiance, en outre, que la doc­trine et la dis­ci­pline qu’il pro­pose ici seront utiles, non seule­ment au salut des chré­tiens, mais encore au pro­grès de toute l’humanité.

Ch. I. La doctrine de l’Église

3. Tâches de l’Église

L’Église a été fon­dée par le Christ Notre-​Seigneur pour appor­ter le salut à tous les hommes ; elle se sent donc pous­sée par l’obligation de prê­cher l’Évangile. Aussi bien l’Église catho­lique estime-​t-​elle qu’il est de son devoir, d’une part, d’employer aus­si les ins­tru­ments de com­mu­ni­ca­tion sociale pour annon­cer le mes­sage du salut et, d’autre part, d’enseigner aux hommes le bon usage de ces moyens.

L’Église a donc le droit inné d’utiliser et de pos­sé­der ces moyens sans excep­tion, dans la mesure où ils sont néces­saires ou utiles à la for­ma­tion chré­tienne et à toute autre action pas­to­rale. Les pas­teurs ont le devoir d’instruire et d’orienter les fidèles en sorte que ceux-​ci uti­lisent les moyens de manière à assu­rer leur propre salut et per­fec­tion, comme ceux de l’humanité entière.

Enfin, il revient prin­ci­pa­le­ment aux laïcs d’animer de valeurs chré­tiennes et humaines ces moyens, afin qu’ils répondent plei­ne­ment à la grande attente de l’humanité et au des­sein de Dieu.

4. La loi morale

Pour qu’il soit fait un usage cor­rect de ces moyens, il est abso­lu­ment néces­saire que tous ceux qui les uti­lisent connaissent les prin­cipes de l’ordre moral et les appliquent fidè­le­ment. Ils prê­te­ront, certes, d’abord atten­tion à l’objet, c’est-à-dire au conte­nu, com­mu­ni­qué confor­mé­ment à la nature propre de chaque ins­tru­ment ; mais aus­si au contexte dans lequel s’effectue la com­mu­ni­ca­tion, comme, par exemple le but, les per­sonnes, le lieu, le temps, etc. Car le contexte peut en alté­rer et même chan­ger tota­le­ment la mora­li­té. À ce pro­pos, signa­lons en par­ti­cu­lier le mode d’action propre de ces moyens, c’est-à-dire leur puis­sance d’impact, qui est sou­vent telle que les hommes – sur­tout s’ils sont insuf­fi­sam­ment pré­pa­rés – ne peuvent que dif­fi­ci­le­ment s’en rendre compte, la domi­ner ou la reje­ter le cas échéant.

Il est abso­lu­ment indis­pen­sable que toutes les per­sonnes inté­res­sées se forment une conscience droite sur l’utilisation de ces ins­tru­ments, prin­ci­pa­le­ment à pro­pos de plu­sieurs ques­tions vive­ment dis­cu­tées de nos jours.

5. Le droit à l’information

La pre­mière ques­tion concerne l’information, c’est-à-dire la col­lecte et la dif­fu­sion de nou­velles. Avec le pro­grès de la socié­té moderne et les liens d’interdépendance de plus en plus étroits entre ses membres, l’information s’avère hau­te­ment utile et même, la plu­part du temps, indis­pen­sable : c’est une évi­dence. La dif­fu­sion publique et en temps vou­lu de faits et d’événements per­met à chaque homme d’en avoir une connais­sance exhaus­tive et per­ma­nente. Par là même, cha­cun pour sa part peut concou­rir effi­ca­ce­ment au bien com­mun et tous ensemble peuvent contri­buer plus aisé­ment à la pros­pé­ri­té et au pro­grès de toute la socié­té. Aussi bien trouve-​t-​on inhé­rent à la socié­té humaine le droit à l’information sur les sujets qui inté­ressent les hommes, soit en tant qu’individus, soit en tant que membres d’une socié­té, selon la situa­tion de cha­cun. Cependant le bon exer­cice de ce droit requiert que la com­mu­ni­ca­tion soit, quant à l’objet, tou­jours véri­dique et – dans le res­pect des exi­gences de la jus­tice et de la cha­ri­té – com­plète ; qu’elle soit, quant au mode, hon­nête et conve­nable, c’est-à-dire que, dans l’acquisition et dans la dif­fu­sion des nou­velles, elle observe abso­lu­ment les lois morales, les droits et la digni­té de l’homme. Car toute connais­sance n’est pas pro­fi­table ; « par contre la cha­ri­té édi­fie » (1 Co 8, 1).

6. Art et morale

La seconde ques­tion concerne les rap­ports d’interférence entre les droits de l’art – pour reprendre une expres­sion cou­rante – et les lois de la morale. Les contro­verses qui se mul­ti­plient autour de ce thème ont sou­vent leur ori­gine en des doc­trines erro­nées en matière d’éthique et d’esthétique. Aussi bien le Concile proclame-​t-​il que la pri­mau­té de l’ordre moral objec­tif s’impose abso­lu­ment à tout le monde. Cet ordre est le seul à trans­cen­der et à har­mo­ni­ser les formes diverses – si nobles qu’elles soient en elles-​mêmes – de l’activité humaine, sans en excep­ter l’art. Seul il atteint l’homme dans la tota­li­té de son être, comme créa­ture dotée de rai­son par Dieu et appe­lée par lui à une des­ti­née sur­na­tu­relle. D’ailleurs, c’est dans le res­pect inté­gral et fidèle de cet ordre que l’homme atteint sa per­fec­tion et son bonheur.

7. Exposé du mal moral

Troisièmement, le récit, la des­crip­tion ou la repré­sen­ta­tion du mal moral peuvent assu­ré­ment appor­ter, grâce aux moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale, une connais­sance et une ana­lyse plus pro­fondes de l’homme, une mani­fes­ta­tion et une exal­ta­tion du vrai et du bien en toute leur splen­deur, si l’on ménage par ailleurs les effets dra­ma­tiques appro­priés. Cependant, pour que cela soit plu­tôt pro­fi­table que nui­sible aux âmes, il faut se confor­mer rigou­reu­se­ment à la morale, sur­tout quand il s’agit de thèmes qui exigent une cer­taine réserve ou qui éveillent plus faci­le­ment des dési­rs mau­vais chez l’homme bles­sé par le péché originel.

8. L’opinion publique

Les opi­nions publiques exercent de nos jours une énorme influence sur la vie pri­vée et publique des citoyens, à quelque milieu qu’ils appar­tiennent. Il est donc néces­saire que tous les membres de la socié­té rem­plissent dans ce domaine aus­si leurs devoirs de jus­tice et de véri­té. Ils emploie­ront les moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale pour concou­rir à la for­ma­tion et à la dif­fu­sion de saines opi­nions publiques.

9. Devoirs des usagers

Tous les usa­gers – c’est-à-dire lec­teurs, spec­ta­teurs et audi­teurs – reçoivent par libre choix per­son­nel les mes­sages dif­fu­sés par ces moyens. Des devoirs par­ti­cu­liers s’imposent donc à eux. Par leur choix, ils encou­ra­ge­ront net­te­ment tout ce qui pré­sente une réelle valeur morale, cultu­relle et artis­tique ; ils évi­te­ront tout ce qui pour­rait être, soit pour eux-​mêmes cause ou occa­sion de pré­ju­dice spi­ri­tuel, soit pour les autres cause de scan­dale par leur mau­vais exemple, soit enfin pour les com­mu­ni­ca­tions elles-​mêmes un obs­tacle aux bonnes et un appui aux mau­vaises. Ce der­nier cas se pro­duit le plus sou­vent lorsqu’on sou­tient de ses propres deniers des gens qui exploitent ces moyens en tenant uni­que­ment compte des cri­tères du profit.

Afin de confor­mer leur conduite à la loi morale, les usa­gers ne négli­ge­ront pas leur devoir de se ren­sei­gner à temps sur les posi­tions adop­tées en ces matières par l’autorité com­pé­tente et de s’y sou­mettre selon les normes de la conscience droite. De plus, en recou­rant aux moyens appro­priés, ils vou­dront se for­mer une conscience éclai­rée et droite afin de résis­ter plus faci­le­ment aux influences moins hon­nêtes et de suivre sûre­ment les bonnes.

10. Devoirs des jeunes et des parents

Les usa­gers, les jeunes tout par­ti­cu­liè­re­ment, doivent s’entraîner à la modé­ra­tion et à la dis­ci­pline dans l’usage de ces moyens et cher­cher en outre à mieux com­prendre ce qu’ils voient, entendent et lisent. Ils en dis­cu­te­ront, soit avec leurs édu­ca­teurs, soit avec des spé­cia­listes en ces matières ; ils appren­dront ain­si à se for­mer un juge­ment droit. Les parents, de leur côté, se sou­vien­dront qu’il est de leur devoir de veiller avec soin que les spec­tacles, les impri­més, etc. contraires à la foi ou à la morale, ne pénètrent pas dans leur foyer et que leurs enfants en soient pré­ser­vés ailleurs.

11. Devoirs des producteurs

Une par­ti­cu­lière res­pon­sa­bi­li­té dans le bon usage des moyens de com­mu­ni­ca­tion affecte les jour­na­listes, écri­vains, acteurs, met­teurs en scène, réa­li­sa­teurs, pro­gram­ma­teurs, dis­tri­bu­teurs, pro­duc­teurs, ven­deurs, cri­tiques, en un mot tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, par­ti­cipent à la réa­li­sa­tion et à la dif­fu­sion des com­mu­ni­ca­tions. Qu’il faille, dans notre monde tel qu’il est, faire peser une grave res­pon­sa­bi­li­té sur toutes ces caté­go­ries de per­sonnes, cela est par­ti­cu­liè­re­ment évident, car elles peuvent, par les infor­ma­tions qu’elles dif­fusent et les pres­sions qu’elles exercent, enga­ger l’humanité sur un bon ou un mau­vais chemin.

Aussi bien leur revient-​il de conci­lier les fac­teurs éco­no­miques, poli­tiques ou artis­tiques, de telle sorte que ceux-​ci n’aillent jamais à l’encontre du bien com­mun. Pour atteindre plus aisé­ment ce résul­tat, ils feront bien d’entrer dans des orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nelles capables d’imposer à leurs membres le res­pect de la morale dans les pro­blèmes et acti­vi­tés de leur métier, si besoin est, par l’engagement for­mel d’observer un code moral.

Ces per­sonnes se sou­vien­dront tou­jours qu’une grande par­tie de leurs lec­teurs et spec­ta­teurs est com­po­sée de jeunes qui ont besoin d’une presse et de spec­tacles leur assu­rant des diver­tis­se­ments hon­nêtes et éle­vant leur âme vers les nobles idéaux. Elles veille­ront en outre à confier à des col­la­bo­ra­teurs sérieux et com­pé­tents les ques­tions reli­gieuses, pour que celles-​ci soient trai­tées avec tout le res­pect qui s’impose.

12. Devoirs des pouvoirs publics

Les pou­voirs publics ont des devoirs par­ti­cu­liers en ce domaine, en consi­dé­ra­tion du bien com­mun auquel sont ordon­nés ces moyens. L’autorité a la charge de défendre et de pro­té­ger – par­ti­cu­liè­re­ment en ce qui concerne la presse – la vraie et juste liber­té de l’information, dont la socié­té moderne a abso­lu­ment besoin pour son pro­grès ; de favo­ri­ser les valeurs reli­gieuses, cultu­relles et artis­tiques ; de garan­tir aux usa­gers la libre jouis­sance de leurs droits légi­times. Il est, en plus, du devoir de ces auto­ri­tés, de sou­te­nir les ini­tia­tives qui, tout en étant gran­de­ment utiles, sur­tout à la jeu­nesse, ne pour­raient être réa­li­sées sans leur concours.

Enfin, les pou­voirs publics qui, à bon droit, se sou­cient du bien-​être des citoyens ont aus­si le devoir de s’assurer avec jus­tice et pers­pi­ca­ci­té, en pro­mul­guant des lois et en veillant à leur effi­cace appli­ca­tion, que le mau­vais usage de ces moyens ne crée pas de graves dan­gers pour la mora­li­té publique et le pro­grès de la socié­té. Cette inter­ven­tion ne porte nul­le­ment atteinte à la liber­té des indi­vi­dus et des grou­pe­ments, sur­tout dans le cas où on ne trouve pas de sérieuses garan­ties chez ceux qui par pro­fes­sion uti­lisent ces moyens.

Des mesures spé­ciales seront prises pour défendre les ado­les­cents contre une presse et des spec­tacles nui­sibles à leur âge.

Ch. II. L’action pastorale de l’Église

13. Action des pasteurs et des fidèles

Tous les membres de l’Église uni­ront volon­tiers leurs efforts concer­tés, afin de mettre effi­ca­ce­ment, sans aucun retard et avec le plus grand zèle, les moyens de com­mu­ni­ca­tion au ser­vice des mul­tiples œuvres d’apostolat, compte tenu des exi­gences par­ti­cu­lières de temps et de lieux. Ils auront à cœur de pré­ve­nir les ini­tia­tives mau­vaises, sur­tout là où l’évolution morale et reli­gieuse réclame leur inter­ven­tion de manière plus urgente.

Les pas­teurs auront donc à cœur d’accomplir en ce domaine leur devoir qui fait par­tie de leur charge ordi­naire de prê­cher l’Évangile. Les laïcs qui, par pro­fes­sion, sont enga­gés dans ces moyens, cher­che­ront à rendre témoi­gnage à Jésus Christ : d’abord en accom­plis­sant leur métier avec com­pé­tence et esprit apos­to­lique, puis en col­la­bo­rant direc­te­ment à l’action pas­to­rale de l’Église par une contri­bu­tion tech­nique, éco­no­mique, cultu­relle ou artis­tique, selon les pos­si­bi­li­tés de chacun.

14. Les initiatives des catholiques

On com­men­ce­ra par sou­te­nir la presse hon­nête. Mais si l’on veut impré­gner vrai­ment les lec­teurs d’esprit chré­tien, il faut de plus sus­ci­ter et déve­lop­per une presse authen­ti­que­ment catho­lique. C’est-à-dire une presse – peu importe que l’autorité ecclé­sias­tique elle-​même ou bien des laïcs en aient l’initiative et la direc­tion – qui soit mani­fes­te­ment publiée dans l’intention de for­mer, d’affermir et de pro­mou­voir des opi­nions publiques conformes au droit natu­rel ain­si qu’à la doc­trine et à la dis­ci­pline catho­liques, de dif­fu­ser et d’expliquer loya­le­ment les nou­velles sur la vie de l’Église. Les fidèles doivent être aver­tis de la néces­si­té de lire et de dif­fu­ser la presse catho­lique pour se for­mer un juge­ment chré­tien sur tous les événements.

La pro­duc­tion et la pro­gram­ma­tion de films qui concourent à une détente mora­le­ment saine de l’esprit, à la culture et à l’art, sur­tout de films des­ti­nés à la jeu­nesse, sont à favo­ri­ser et à ren­for­cer par tous moyens effi­caces. On appor­te­ra cette aide prin­ci­pa­le­ment en sou­te­nant et en coor­don­nant les réa­li­sa­tions et les ini­tia­tives des pro­duc­teurs et des dis­tri­bu­teurs hon­nêtes ; en appuyant le lan­ce­ment de films valables par une cri­tique favo­rable ou par des prix ; en asso­ciant entre elles les salles de ciné­ma tenues par des exploi­tants catho­liques et honnêtes.

On sou­tien­dra aus­si effi­ca­ce­ment les émis­sions radio­pho­niques et télé­vi­sées mora­le­ment saines, sur­tout les émis­sions fami­liales. Les émis­sions catho­liques seront vive­ment encou­ra­gées, car elles incitent les audi­teurs et les spec­ta­teurs à par­ti­ci­per à la vie de l’Église et elles les fami­lia­risent avec les véri­tés reli­gieuses. On sus­ci­te­ra des sta­tions catho­liques là où cela s’avère oppor­tun ; il faut cepen­dant veiller que les émis­sions s’imposent par la qua­li­té et l’efficacité.

On s’efforcera enfin de faire que l’art antique et noble du théâtre, qui désor­mais se répand lar­ge­ment grâce aux moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale, contri­bue à la for­ma­tion humaine et morale des spectateurs.

15. La formation des producteurs

Afin de faire face aux besoins ci-​dessus expo­sés, on for­me­ra sans retard des prêtres, des reli­gieux, ain­si que des laïcs. Ils devront acqué­rir une véri­table com­pé­tence pour employer ces ins­tru­ments à des fins apostoliques.

Une tâche pri­mor­diale s’impose : don­ner aux laïcs la pré­pa­ra­tion tech­nique, doc­tri­nale et morale appro­priée. À cet effet, il faut mul­ti­plier les écoles, facul­tés ou ins­ti­tuts où jour­na­listes, auteurs de films et d’émissions de radio et de télé­vi­sion, et toutes autres per­sonnes concer­nées, pour­ront rece­voir une for­ma­tion com­plète, impré­gnée d’esprit chré­tien et por­tant par­ti­cu­liè­re­ment sur la doc­trine sociale de l’Église. On for­me­ra et sou­tien­dra aus­si les acteurs, afin que par leur art ils servent à leur manière la socié­té. Enfin, on veille­ra soi­gneu­se­ment à la pré­pa­ra­tion des cri­tiques de livres, radio, télé­vi­sion, etc. Ils acquer­ront une vraie com­pé­tence en leur matière ; ils seront pré­pa­rés et encou­ra­gés à accor­der dans leurs juge­ments à l’aspect moral la place qui lui revient.

16. La formation des usagers

La bonne uti­li­sa­tion des moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale, mis à la dis­po­si­tion d’usagers dif­fé­rents par l’âge et la culture, requiert une for­ma­tion théo­rique et pra­tique adap­tée selon les usa­gers et spé­ci­fique selon les ins­tru­ments. Aussi bien, les réa­li­sa­tions visant à la for­ma­tion, sur­tout si elles concernent la jeu­nesse, dans les écoles catho­liques de tous degrés, les sémi­naires et aus­si les groupes d’apostolat des laïcs, sont-​elles à encou­ra­ger et à mul­ti­plier. Elles seront conduites à la lumière des prin­cipes de la morale chré­tienne. Afin d’atteindre plus rapi­de­ment ce résul­tat, le caté­chisme com­por­te­ra un expo­sé et une expli­ca­tion de la doc­trine et de la dis­ci­pline de l’Église en cette matière.

17. Moyens techniques et économiques

Ce serait évi­dem­ment désho­no­rant pour les catho­liques d’accepter avec apa­thie que la Parole de Dieu soit enchaî­née et tenue en échec à cause des dif­fi­cul­tés tech­niques ou des mises de fonds, énormes certes, qu’entraînent ces moyens. C’est pour­quoi le Concile leur rap­pelle qu’ils ont le devoir de sou­te­nir et d’aider les jour­naux catho­liques, les pério­diques, les réa­li­sa­tions dans le domaine du ciné­ma, les sta­tions et les émis­sions de radio et de télé­vi­sion, puisque le but prin­ci­pal de toutes ces œuvres est de pro­pa­ger et de défendre la véri­té et d’assurer une ani­ma­tion chré­tienne de la socié­té. En même temps, il invite ins­tam­ment et les grou­pe­ments et les hommes qui tiennent des posi­tions clés dans l’économie et la tech­nique, à sou­te­nir volon­tiers et géné­reu­se­ment de leurs res­sources et de leurs conseils ces moyens dans la mesure où ils sont mis au ser­vice d’une authen­tique culture et de l’apostolat.

18. La journée annuelle

Pour don­ner plus d’efficacité à l’apostolat mul­ti­forme de l’Église dans le sec­teur des moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale, on orga­ni­se­ra chaque année dans les dio­cèses, au juge­ment des évêques, une jour­née pen­dant laquelle les fidèles seront ins­truits de leur s devoirs en ce domaine et invi­tés à prier pour cette cause et à ver­ser leur obole. Ces dons seront scru­pu­leu­se­ment employés à sou­te­nir et à déve­lop­per les œuvres sus­ci­tées par l’Église, en ayant en vue les besoins de la catho­li­ci­té tout entière.

19. La commission du Saint-Siège

Pour l’exercice de sa charge pas­to­rale suprême dans le sec­teur des moyens de com­mu­ni­ca­tion, le Souverain Pontife a à sa dis­po­si­tion une com­mis­sion spé­ciale du Saint-​Siège [1].

20. La compétence des évêques

Il revient aux évêques de por­ter en leur dio­cèse une atten­tion vigi­lante aux œuvres et ini­tia­tives de cet ordre, de les pro­mou­voir et, dans la mesure où elles touchent à une action apos­to­lique publique, de les coor­don­ner, y com­pris celles rele­vant des reli­gieux exempts.

21. Les offices nationaux

Cependant un apos­to­lat effi­cace au plan natio­nal requiert l’unité dans les objec­tifs et les efforts. Aussi bien le Concile décide-​t-​il et ordonne-​t-​il que par­tout soient consti­tués et le plus effi­ca­ce­ment aidés des offices natio­naux pour la presse, le ciné ma, la radio et la télé­vi­sion. Le rôle de ces offices sera sur­tout de pour­voir à la bonne for­ma­tion de la conscience des fidèles dans l’usage des moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale, ain­si que d’encourager et d’harmoniser tout ce que les catho­liques entre­prennent en ce domaine.

Dans chaque pays, la direc­tion de ces offices sera confiée à une com­mis­sion épis­co­pale ou à un évêque délé­gué. Des laïcs doc­tri­na­le­ment et tech­ni­que­ment qua­li­fiés devront aus­si faire par­tie de ces offices.

22. Les organisations internationales

Enfin, les moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale ont une influence qui dépasse les fron­tières d’un pays ; ils font de chaque homme le citoyen du monde. Il faut donc que les œuvres natio­nales coopèrent au plan inter­na­tio­nal. Les offices natio­naux dont il est ques­tion au para­graphe 21 col­la­bo­re­ront acti­ve­ment avec l’Organisation inter­na­tio­nale catho­lique cor­res­pon­dante. Ces OIC sont approu­vées légi­ti­me­ment par le Saint-​Siège seul et dépendent de lui.

Conclusion

23. L’instruction pas­to­rale Afin que les prin­cipes et les règles du Concile sur les moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale soient tous appli­qués, la com­mis­sion du Saint-​Siège dont il est ques­tion au para­graphe 19 publie­ra sur man­dat spé­cial du Concile une ins­truc­tion pas­to­rale. La com­mis­sion se fera aider par des experts de dif­fé­rents pays.

24. Exhortation finale Du reste, le Concile a confiance que les enfants de l’Église accueille­ront de bon cœur et obser­ve­ront fidè­le­ment les prin­cipes et règles conte­nus dans le pré­sent décret. Ainsi, quand ils uti­li­se­ront ces moyens, ils n’en subi­ront pas de dom­mages ; mais tout au contraire, tels le sel et la lumière, ils don­ne­ront saveur à la terre et éclai­re­ront le monde. Le Concile se tourne aus­si vers tous les hommes de bonne volon­té et en pre­mier lieu vers ceux qui tiennent en main ces moyens. Il les invite à uti­li­ser ces moyens uni­que­ment pour le bien de l’humanité dont le sort dépend chaque jour davan­tage de leur bon usage. Qu’ainsi donc le nom du Seigneur soit glo­ri­fié par ces inven­tions modernes comme il le fut jadis par les chefs-​d’œuvre de l’art, selon la parole de l’Apôtre « Jésus-​Christ est le même hier et aujourd’hui ; il le sera à jamais » (He 13,8).

Tout l’ensemble et cha­cun des points qui ont été édic­tés dans ce décret ont plu aux Pères. Et Nous, en ver­tu du pou­voir apos­to­lique que Nous tenons du Christ, en union avec les véné­rables Pères, Nous les approu­vons, arrê­tons et décré­tons dans le Saint- Esprit, et Nous ordon­nons que ce qui a été ain­si éta­bli en Concile soit pro­mul­gué pour la gloire de Dieu.

Rome, à Saint-​Pierre, le 4 décembre 1963.

Moi, Paul, évêque de l’Église catholique.

(Suivent les signa­tures des Pères)

Notes de bas de page
  1. Les Pères du Concile fai­sant volon­tiers leur le vœu du « Secrétariat pour la presse et les spec­tacles » demandent res­pec­tueu­se­ment au Souverain Pontife d’étendre l’autorité et la com­pé­tence de cette com­mis­sion à tous les moyens de com­mu­ni­ca­tion sociale, y com­pris la presse et d’y adjoindre des experts – par­mi les­quels des laïcs – de divers pays.[]
28 octobre 1965, 4e session
Sur la la charge pastorale des évêques dans l'Eglise
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