Le bivouac Saint-Vincent
Les cloches sonnent à grandes volées l’heure du lever tandis que le micro des instructions commence à résonner. Les yeux et les tentes s’ouvrent, les jambes reposées se relèvent et la ville ambulante s’anime. Quelques minutes plus tard, toute la colonne se retrouve en marche.
La lumière de ce dimanche de la Pentecôte traverse çà et là la canopée pour les éclairer comme elle illumine d’une lueur tamisée les allées de la forêt de Rambouillet s’étirant à perte de vue. Elle ne peut que rappeler la lumière bienheureuse du Saint Esprit que nous prions de venir remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous les fidèles :
O lux beatissima,
reple cordis intima
tuorum fidelium.
Après avoir couvert près de quatre-vingt kilomètres, la colonne parvient à Villepreux. C’est dans cette petite cité francilienne, alors qu’il était précepteur des Gondi que saint Vincent de Paul déploya son zèle pastoral il y a quatre siècles. À sa suite, Mgr Fellay vient y dispenser ses enseignements pendant que les sœurs du Rafflay ou celles de la Fraternité y étendent sans compter leur charité à tous.
Les joies de l’arrivée au bivouac : faisant fi des ampoules et autres tortures, les pèlerins puisent dans leurs dernières ressources pour faire bonne figure.
Sur le bivouac Saint-Vincent, c’est toute la logistique pensée et organisée pendant une année qui se déploie au service du moindre besoin, de la plus petites des nécessités : accueil, cuisines, lavabos, services médicaux, camions transportant les sacs sont quelques-uns des nombreux ouvrages tenus par les pèlerins non-marcheurs, ceux de l’ombre, ceux pourtant qui ne tarissent pas d’effort et ce, jusqu’à ce que le dernier œil se soit refermé sous la protection des veilleurs de cette ville mobile et surtout, de Notre Dame qui veille sur ses enfants, les petits comme les grands.