Golias et la foi catholique, histoire d’un malentendu

Allégorie de la Foi - un ange brûle les textes hérétiques de Martin Luther, fresque de Johann Michael Rottmayr (1714). Wikimédia commons.

Le maga­zine Golias fête à sa manière les 1700 ans du Concile de Nicée.

Dans un article publié par Golias le 23 juillet 2025 [1], Paul Fleuret fait part de ses réflexions lors du chant du Credo à Noël der­nier : le mys­tère de l’Incarnation tel qu’il est for­mu­lé dans le Credo de Nicée est inin­tel­li­gible, de toute façon il est impos­sible que la foi des catho­liques du 21e siècle puisse être for­mu­lée avec un texte du 4e siècle, d’ailleurs sa for­mu­la­tion a été impo­sée par l’empereur Constantin, ce qui consti­tue une ingé­rence contraire à la laïcité.

Conséquence : l’effondrement de la pra­tique reli­gieuse. Car comme cha­cun sait, si les gens ne pra­tiquent plus, c’est parce qu’on s’attache au Credo de Nicée… Le texte se conclut sur une invi­ta­tion à médi­ter un ver­set du Coran, selon lequel il vaut mieux évi­ter d’attribuer un fils à Dieu.

Evidemment, on ne s’attendait pas à trou­ver dans Golias de quoi nour­rir la foi ; avouons cepen­dant que l’invitation à embras­ser l’arianisme, voire la doc­trine musul­mane, marque une étape.

Sans aller jusqu’à la reli­gion de Golias, com­bien de catho­liques, clercs et laïcs, remettent en cause le bien-​fondé d’un ensei­gne­ment dog­ma­tique sous pré­texte que la foi doit être une expé­rience de ren­contre, que la Vérité n’est pas un conte­nu intel­lec­tuel, mais une Personne, etc. ? L’Evangile est réduit à une phi­lan­thro­pie scru­pu­leu­se­ment conforme aux modes du moment et caviar­dé de tout ce qui rap­pelle une doc­trine. Apparemment cette atti­tude ne suf­fit pour­tant pas à perdre le label de « pleine communion ».

Rappelons peut-​être que l’Evangile apporte avec lui non seule­ment un modèle de vie, mais encore une Révélation : les Apôtres reçoivent la mis­sion d’« ensei­gner » (Mt 28, 19), avec auto­ri­té (« Qui vous écoute, m’écoute. » Lc 10, 16), et un des rôles du Saint Esprit est de leur faire com­prendre « toute véri­té » (Jn 16, 13). Mais l’esprit humain éprouve une ten­dance fré­né­tique à se faire des théo­ries far­fe­lues, aus­si saint Paul doit mettre en garde contre les « fables insen­sées et rado­tages » (I Tim 4, 7), les « folles recherches indis­ci­pli­nées » (II Tim 2, 23), qui se répandent comme une gan­grène ou un can­cer (2, 17) sous l’action de faux pro­phètes, de faux phi­lo­sophes, qui affichent une fausse science (I Tim 6, 20), « vou­lant faire les doc­teurs de la loi, ne com­pre­nant ni ce qu’ils disent, ni de quoi ils parlent » (I Tim 1, 7). C’est pour­quoi il faut « gar­der le dépôt » de la foi contre les « contra­dic­tions d’une science qui porte faus­se­ment ce nom » (I Tim 6, 20).

Les Pères de l’Eglise se sont atta­chés à défendre aus­si ce dépôt conser­vé par l’Eglise de Rome avec son Magistère, en par­ti­cu­lier par les Conciles dog­ma­tiques ; citons saint Augustin :

« Hésiterons-​nous à nous jeter dans le sein de cette Eglise [romaine], qui, de l’aveu du genre humain tout entier, tient du siège apos­to­lique, et a gar­dé, par la suc­ces­sion de ses évêques, l’autorité suprême, en dépit des cla­meurs des héré­tiques qui l’assiègent et qui ont été condam­nés soit par le juge­ment du peuple, soit par les solen­nelles déci­sions des Conciles, soit par la majes­té des miracles ? Ne pas vou­loir lui don­ner la pre­mière place, c’est assu­ré­ment le fait ou d’une sou­ve­raine impié­té ou d’une arro­gance déses­pé­rée. Et si toute science, même la plus humble et la plus facile, exige, pour être acquise, le secours d’un doc­teur ou d’un maître, peut-​on ima­gi­ner un plus témé­raire orgueil, lorsqu’il s’agit des livres des divins mys­tères, que de refu­ser d’en rece­voir la connais­sance de la bouche de leurs inter­prètes, et, sans les connaître, de vou­loir les condam­ner ?» (De uti­li­tate cre­den­di, cap. XVII, n. 35). Le pro­tes­tan­tisme avait créé la Religion Prétendue Réformée. Nous voi­ci devant la Réforme Prétendue Religieuse, une muta­tion de la foi qui abou­tit à une ONG (ou à un OGM !) pré­oc­cu­pée de sou­te­nir le mon­dia­lisme au lieu de par­ler de Dieu et de son mystère.

Notes de bas de page
  1. https://​www​.golias​-edi​tions​.fr/​2​0​2​5​/​0​7​/​2​3​/​1​7​0​0​-​a​n​s​-​a​p​r​e​s​-​l​e​-​c​r​e​d​o​-​d​e​-​n​i​c​e​e​-​a​-​r​e​f​o​r​m​u​l​er/[]