Le magazine Golias fête à sa manière les 1700 ans du Concile de Nicée.
Dans un article publié par Golias le 23 juillet 2025 [1], Paul Fleuret fait part de ses réflexions lors du chant du Credo à Noël dernier : le mystère de l’Incarnation tel qu’il est formulé dans le Credo de Nicée est inintelligible, de toute façon il est impossible que la foi des catholiques du 21e siècle puisse être formulée avec un texte du 4e siècle, d’ailleurs sa formulation a été imposée par l’empereur Constantin, ce qui constitue une ingérence contraire à la laïcité.
Conséquence : l’effondrement de la pratique religieuse. Car comme chacun sait, si les gens ne pratiquent plus, c’est parce qu’on s’attache au Credo de Nicée… Le texte se conclut sur une invitation à méditer un verset du Coran, selon lequel il vaut mieux éviter d’attribuer un fils à Dieu.
Evidemment, on ne s’attendait pas à trouver dans Golias de quoi nourrir la foi ; avouons cependant que l’invitation à embrasser l’arianisme, voire la doctrine musulmane, marque une étape.
Sans aller jusqu’à la religion de Golias, combien de catholiques, clercs et laïcs, remettent en cause le bien-fondé d’un enseignement dogmatique sous prétexte que la foi doit être une expérience de rencontre, que la Vérité n’est pas un contenu intellectuel, mais une Personne, etc. ? L’Evangile est réduit à une philanthropie scrupuleusement conforme aux modes du moment et caviardé de tout ce qui rappelle une doctrine. Apparemment cette attitude ne suffit pourtant pas à perdre le label de « pleine communion ».
Rappelons peut-être que l’Evangile apporte avec lui non seulement un modèle de vie, mais encore une Révélation : les Apôtres reçoivent la mission d’« enseigner » (Mt 28, 19), avec autorité (« Qui vous écoute, m’écoute. » Lc 10, 16), et un des rôles du Saint Esprit est de leur faire comprendre « toute vérité » (Jn 16, 13). Mais l’esprit humain éprouve une tendance frénétique à se faire des théories farfelues, aussi saint Paul doit mettre en garde contre les « fables insensées et radotages » (I Tim 4, 7), les « folles recherches indisciplinées » (II Tim 2, 23), qui se répandent comme une gangrène ou un cancer (2, 17) sous l’action de faux prophètes, de faux philosophes, qui affichent une fausse science (I Tim 6, 20), « voulant faire les docteurs de la loi, ne comprenant ni ce qu’ils disent, ni de quoi ils parlent » (I Tim 1, 7). C’est pourquoi il faut « garder le dépôt » de la foi contre les « contradictions d’une science qui porte faussement ce nom » (I Tim 6, 20).
Les Pères de l’Eglise se sont attachés à défendre aussi ce dépôt conservé par l’Eglise de Rome avec son Magistère, en particulier par les Conciles dogmatiques ; citons saint Augustin :
« Hésiterons-nous à nous jeter dans le sein de cette Eglise [romaine], qui, de l’aveu du genre humain tout entier, tient du siège apostolique, et a gardé, par la succession de ses évêques, l’autorité suprême, en dépit des clameurs des hérétiques qui l’assiègent et qui ont été condamnés soit par le jugement du peuple, soit par les solennelles décisions des Conciles, soit par la majesté des miracles ? Ne pas vouloir lui donner la première place, c’est assurément le fait ou d’une souveraine impiété ou d’une arrogance désespérée. Et si toute science, même la plus humble et la plus facile, exige, pour être acquise, le secours d’un docteur ou d’un maître, peut-on imaginer un plus téméraire orgueil, lorsqu’il s’agit des livres des divins mystères, que de refuser d’en recevoir la connaissance de la bouche de leurs interprètes, et, sans les connaître, de vouloir les condamner ?» (De utilitate credendi, cap. XVII, n. 35). Le protestantisme avait créé la Religion Prétendue Réformée. Nous voici devant la Réforme Prétendue Religieuse, une mutation de la foi qui aboutit à une ONG (ou à un OGM !) préoccupée de soutenir le mondialisme au lieu de parler de Dieu et de son mystère.
- https://www.golias-editions.fr/2025/07/23/1700-ans-apres-le-credo-de-nicee-a-reformuler/[↩]