Lettre n° 06 du Père Directeur de la M.I. – Mamusia, petite mère, et “Reine des cieux et de la terre” – 31 mai 2017

Chers Chevaliers de l’Immaculée !

Chaque fois que St. Maximilien Kolbe parle de Notre-​Dame, il uti­lise habi­tuel­le­ment les mêmes titres : « Immaculée », « Mère Céleste » (à laquelle il s’adresse par un sur­nom affec­tueux, Mamusia, qui signi­fie petite mère) ain­si que « Reine des cieux et de la terre ».

Nous vou­drions étu­dier ces deux der­niers titres un peu plus en détail, car c’est effec­ti­ve­ment le but et la plus grande aspi­ra­tion du Chevalier que de conti­nuel­le­ment mieux connaître et aimer l’Immaculée et que tous puissent de la même manière La connaître et L’aimer.

Tous les fer­vents catho­liques prient et chantent Notre-​Dame en tant que Mère et Reine, et ain­si il pour­rait sem­bler super­flu de pas­ser du temps sur ces faits évi­dents par eux-mêmes.

Néanmoins, j’oserais dire que nous uti­li­sons des mots ici que nous ne com­pren­drons jamais dans leur por­tée totale.

Que signi­fie « être mère » ? Une bonne mère est entiè­re­ment acca­pa­rée par son enfant, l’aimant de tout son cœur et vou­lant lui don­ner tout ce qu’elle-même pos­sède. Elle donne nais­sance à l’enfant, le nour­rit, l’habille, s’assure de son bien-​être phy­sique et spi­ri­tuel, l’éduque et lui apprend la vie. Elle pro­tège l’enfant des dan­gers et se sacri­fie sim­ple­ment pour que l’enfant soit en bonne san­té et heureux.

Si nous trans­po­sons tout cela à Notre-​Dame, alors nous devons être convain­cus qu’ELLE n’est pas seule­ment et très pro­ba­ble­ment une mère de ce genre, mais plu­tôt que sa mater­ni­té dépasse pres­qu’in­fi­ni­ment ces termes et condi­tions. St. Louis-​Marie a ten­té d’expliquer l’amour de Notre-​Dame pour Ses enfants de la manière sui­vante : « Elle les aime ten­dre­ment, plus ten­dre­ment encore que toutes les mères du monde entier réunies. Prenez l’amour mater­nel de toutes les mères du monde pour leurs enfants. Versez tout cet amour dans le cœur d’une seule mère pour un unique enfant. Cet amour mater­nel serait cer­tai­ne­ment immense. Pourtant l’amour de Marie pour cha­cun de ses enfants est encore plus tendre que l’amour de cette mère pour son enfant. » Réfléchir à ces mots est suf­fi­sant pour vous don­ner le tour­nis ! Et ici, nous nous appro­chons du secret, de ce que cela signi­fie vrai­ment ; pas juste comme sainte Monique aimait saint Augustin, pas même 10 fois plus, mais des mil­lions de fois plus.

Et c’est exac­te­ment la même chose pour nous quand il s’agit de ces titres célèbres, par exemple « Mère du Perpétuel Secours » : à tout moment du jour et de la nuit, dans toutes les situa­tions, Notre-​Dame aspire à attri­buer toute son aide, son pou­voir et sa grâce, toute la lumière et l’abondance, à notre inten­tion. Ou « Mère du Bon Conseil » : pas seule­ment de temps en temps un bon conseil, mais à chaque ins­tant et dans toutes les situa­tions et tous les évé­ne­ments, Elle offre la lumière et la com­pré­hen­sion de ce qui doit être fait ou évité.

Nous pour­rions conti­nuer ain­si pour tous les titres de Notre-​Dame et à chaque fois être cho­qués de voir le peu que nous connais­sons d’ELLE, et en réa­li­té de son amour de mère.

Ainsi, il est impé­ra­tif que nous pre­nions la déci­sion de nous cor­ri­ger en per­ma­nence ; en d’autres termes, nous devons regar­der plus en pro­fon­deur dans SON cœur et LUI deman­der de nous gui­der dans le secret de SON cœur ! Et c’est exac­te­ment l’essence de la dévo­tion à Son Cœur Immaculé !

Il n’y a rien de plus intime que la rela­tion d’une mère à son enfant et, dans ce sens, Notre-​Dame sou­haite être plus proche de nous que la meilleure des mères, et même plus proche de nous que le sont les enfants de toutes les meilleures mères du monde. Elle sou­haite nous rendre plus proches d’elle et de faire un seul cœur et une seule âme avec elle. Mais si nous vivons cette réa­li­té, nous cou­rons le risque de ne pas voir la réa­li­té entière de Notre-​Dame. De manière imper­cep­tible, notre amour juvé­nile pour­rait deve­nir sen­ti­men­tal ou alors nous ramè­ne­rions la mère à notre niveau, car ELLE est si proche de nous. En fai­sant cela, Notre-​Dame serait consi­dé­rée de manière trop humaine ; ELLE ne serait, en quelque sorte, qu’un degré plus haut que notre ure­ment natu­rel niveau de com­pre­hen­sion de la rela­tion mère-enfant.

Ainsi le titre « Mère », aus­si vaste et impé­né­trable qu’il soit, ne dit pas tout du Secret de Marie. Il est com­plé­té par l’aspect de « Reine ». Ici, en par­ti­cu­lier, est expri­mée l’autorité, le pou­voir de Notre-​Dame sur tous ses sujets ; mais éga­le­ment l’aspect de la défense de la patrie et de toutes les ins­ti­tu­tions, car l’autorité royale exprime tou­jours le plus grand pou­voir mili­taire qui pro­tège les sujets des enne­mis et com­bat les assaillants.

Avec Notre-​Dame, c’est l’aspect com­plé­men­taire de sa digni­té royale, par­ti­cu­liè­re­ment la com­pré­hen­sion de sa MAJESTE, qui plus que pour toute créa­ture prend part à l’infinie Majesté, la toute puis­sante et accom­mo­dante Sagesse de Dieu. Essayons d’imaginer le pou­voir et la majes­té que même un seul ange pos­sède. Et il existe autant d’anges gar­diens qu’il y eut d’hommes sur terre jusqu’à pré­sent et y aura jusqu’à la fin du monde. Mais ceux-​là sont seule­ment le niveau le plus bas de la hié­rar­chie des cieux. A la tête de ce nombre inima­gi­nable et presque infi­ni d’esprit célestes exal­tés se trouve l’Archange saint Michel. Et ain­si la tota­li­té des anges se jettent aux pieds de leur Reine, se consi­dé­rant comme pous­sière devant SA MAJESTE. Nous pou­vons dire la même chose des saints. Quiconque médite à ce sujet un peu plus en pro­fon­deur ne ces­se­ra jamais de s’émerveiller : « COMME VOUS ETES GRANDE, O MARIE ! »

Et qui suis-​je, misé­rable ver et indigne rien, com­pa­ré même sim­ple­ment à un saint ou un ange ? Et ici, je contemple tous les anges et les saints s’agenouillant à SES PIEDS, chan­tant « Regina Caeli Laetare, Ave Regina Caelorum, Ave Domina Angelorum etc. » Comment puis-​je même oser regar­der ses pieds, et encore moins la regar­der dans les yeux ?!

Nous devons être pénè­trés par la majes­té royale et la gran­deur inex­pri­mable de l’Oeuvre de Dieu, à côté de laquelle toutes les autres œuvres res­semblent à un tas de pierres com­pa­ré à une mon­tagne presque infi­ni­ment élevée !

Ainsi il n’est pas aisé de s’unir à ces deux réa­li­tés : la plus tendre des mères et la for­mi­dable reine ! Nous devons donc tou­jours médi­ter sur ces deux véri­tés afin d’éviter de tom­ber dans l’extrême : que nous, d’un côté, de par sa majes­té, ayons peur de l’approcher et de l’autre côté qu’une inti­mi­té trop grande nous fasse oublier que notre « chère petite mère » est la Dame de l’Univers aux pieds de laquelle Dieu a tout pla­cé et toutes créatures.

Mais dans ce cas que doit être notre rela­tion à Marie, la « mater et domi­na » ? Très simple : si nous fai­sons l’effort, tou­jours et com­plè­te­ment, d’être ses enfants obéis­sants, alors elle se révé­le­ra encore plus à nous, comme la « Maman-​des-​Cieux » infi­ni­ment aimante qu’elle est. Mais en même temps nous devons recon­naître en toute chose que nous sommes ses sujets, qui devons obéir à la reine tels des esclaves et ne rien faire, pen­ser ou dire quoi que ce soit sans son consentement.

Centenaire de la M.I.

Que veut donc alors notre Reine de nous ? Quelle mis­sion donne-​t-​elle à ses enfants et sujets ?

Dans toutes les batailles de Dieu la Commandante-​en-​chef est entou­rée par ses hôtes : tous les saints de tous les temps ont com­pris cet appel du Roi et de la Reine et pour cette rai­son, nous avons reçu un sacre­ment spé­cial, qui nous per­met de suivre cet appel : la Confirmation ! Le Saint-​Esprit et Ses sept pré­sents nous ont été accor­dés pour, d’un côté por­ter en nous à la per­fec­tion l’œuvre de Rédemption du Christ, et de l’autre nous per­mettre de prendre part à la construc­tion du Corps Mystique du Christ ; en d’autres termes, pour vivre notre plus pro­fond appel et rem­plir la mis­sion que la Providence Divine nous a assi­gnée. Et cette mis­sion consiste à être les sol­dats et les ins­tru­ments du Christ et de sau­ver autant d’âmes de la dam­na­tion éter­nelle. Mais le Christ dési­gna Sa mère, la Reine des Cieux et de la Terre, afin de mener les batailles de Dieu et écra­ser la tête du diable​.Il veut que tous les membres du Corps Mystique soient sujets de cette Reine, et rejoignent SON armée et rem­plissent la mis­sion de leur vie : don­ner à Dieu la plus grande gloire et sau­ver autant d’âmes possible.

D’après les révé­la­tions de Notre-​Seigneur cepen­dant, il vien­dra un temps où la bataille fera rage à son apo­gée, c’est-à-dire à la fin des temps de l’histoire du monde. Et en ce temps, l’ennemi, à qui il ne res­te­ra plus grand chose, dans une rage aug­men­tée redou­ble­ra ses attaques quo­ti­diennes et (bien sûr, en vain) ten­te­ra de vaincre la Reine. Mais il réus­si­ra une chose : il empor­te­ra de nom­breuses âmes de SES enfants dans les abysses éternelles !

C’est pour cette rai­son que Notre-​Dame appa­rut à Fatima il y a 100 ans, afin de don­ner à ses enfants son amour mater­nel total ain­si que son appel royal. Fatima est l’appel de la Reine à la fin des temps : le mes­sage conso­lant de sa vic­toire cer­taine à la fin, mais éga­le­ment la demande pres­sante, jusqu’à la fin, de deve­nir sérieux à pro­pos de notre digni­té : être SES enfants, ser­vi­teurs, esclaves, sol­dats, légion­naires et che­va­liers [1]!

Il y a plus de 300 ans, saint Louis Marie a pro­phé­ti­sé que, à la fin des temps, seuls les fidèles « Apôtres de Jésus et Marie » obtien­draient la vic­toire, c’est-à-dire tous ceux qui auront vécu la « Parfaite Dévotion envers Marie », qui sont des enfants fidèles et esclaves de cette meilleure Mère et Maîtresse.

Et il y a plus de 100 ans, saint Maximilien Kolbe nous a don­né un sup­plé­ment impor­tant, afin d’être capable de com­prendre très concrè­te­ment et d’ac­com­plir notre tâche à la fin des temps :

Marie sera seule­ment recon­nue comme Mère par nous quand nous enten­drons ses sup­pli­ca­tions et soli­ci­ta­tions : « Aide-​moi mon enfant ! Sans toi, je ne pour­rais pas trans­mettre aux âmes la plé­ni­tude de la grâce que mon Fils m’a accor­dée ! Seulement, lorsque je trou­ve­rai des ins­tru­ments qui me per­met­tront, comme un canal de grâces de conver­sion et de sanc­ti­fi­ca­tion de mon cœur, d’at­tendre les cœurs des pauvres pécheurs, à ce moment-​là seule­ment pourrai-​je être la MEDIATRICE DE TOUTES LES GRACES ! »

L’Immaculée sera seule­ment hono­rée en tant que Reine quand nous L’entourerons telle une petite armée de che­va­liers fidèles, qui défen­drons SA grande cause et qui effec­tue­rons et accé­lé­re­rons SA vic­toire. Et quelle est cette vic­toire ? Le salut des âmes : « Oeuvrer à la conver­sion à Dieu de tous les hommes, qu’ils soient pécheurs, héré­tiques, schis­ma­tiques, juifs etc., en par­ti­cu­lier les francs-​maçons ; et qu’ils deviennent saints, sous la direc­tion et par la média­tion de la Vierge Immaculée » (tiré des sta­tuts pre­miers de la M.I.).

Rheinhausen, le 31 mai 2017

Abbé Karl Stehlin [2], prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Source : La Porte Latine du 12 juin 2017

Notes de bas de page
  1. Invitation à la célé­bra­tion anni­ver­saire avec Mgr Fellay, à Fatima : » Je vou­drais très sin­cè­re­ment invi­ter tous les che­va­liers à la célé­bra­tion anni­ver­saire de la M.I., à Fatima ! Cette com­mé­mo­ra­tion des 100 ans de la M.I. aura lieu le 20 août, à la suite du pro­gramme offi­ciel du pèle­ri­nage de la FSSPX (plus ou moins 16h30). Tous les détails se trouvent sur le site de la M.I. Venez s’il-​vous-​plaît en grand nombre à cette célé­bra­tion unique pour com­mé­mo­rer ce grand anni­ver­saire et, avec les ceva­liers du monde entier, remer­cier l’Immaculata pour toutes les grâces reçues ! Ceux qui ne peuvent y assis­ter sont invi­tés à s’u­nir avec nous en esprit et à renou­ve­ler au même moment que nous la Consécration à l’Immaculata. « []
  2. M. l’ab­bé Karl Stehlin est Supérieur du District d’Asie []