Ce lundi 27 octobre, M. l’abbé Robin a célébré la messe de clôture dans la basilique souterraine Saint-Pie‑X. Un dernier chapelet a ensuite été récité à la grotte, au pied de l’Immaculée Conception.
Sermon du lundi par monsieur l’abbé Robin en version audio et écrite.
La messe solennelle de clôture





















Sermon du lundi par M. l’abbé Robin [AUDIO]
Sermon du lundi par M. l’abbé Vincent Robin
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Chers Pèlerins,
« Je pris mon chapelet ayant toujours cette Dame devant mes yeux ».
Sainte Bernadette a 14 ans. Du 11 février au 11 juillet 1858, la très Sainte Vierge Marie lui apparait 18 fois à la grotte de Massabielle. « La Dame était jeune et belle, belle surtout, comme je n’en avais jamais vu ! » Le 18 février elle lui dit : « Je ne vous promets pas d’être heureuse en ce monde mais dans l’autre ». Et le 24 février, elle l’invite à la « pénitence et à la prière pour la conversion des pécheurs ». Enfin elle lui révèlera son nom :
« Je suis l’Immaculée Conception ».
Bernadette égrène inlassablement son chapelet. « Chapelet de deux sous » ou chapelet solennel de la religieuse qu’importe ? C’est le chapelet de Bernadette. C’est une grâce que de le toucher, de le tenir, on va jusqu’à le lui voler, comme si un peu de son âme s’était attaché à cette cordelette ou à cette chaine, à ces grains, à cette croix…
En vérité son chapelet fut pour Bernadette, l’instrument de sa piété, de sa grâce, de sa mission, de sa sainteté personnelle et de son apostolat ; le « signe » de sa destinée spirituelle. Tout dans sa vie se déroule au rythme de ce chapelet qui s’égrène.
La vocation providentielle de Sainte Bernadette ne serait-elle pas de nous donner l’exemple parfait de ce qu’il advient d’une âme, qui n’a pour toute connaissance, pour tout trésor, que son chapelet et un amour éperdu de la Vierge Marie ?
Les apparitions de la grotte bénie forment un beau catéchisme marial qui nous apprend à mieux connaître notre Mère du Ciel. Connaître la Vierge Marie, nous en avons bien besoin ; chrétiens du XXIe siècle ; car nous vivons dans un monde impie, dans un monde triste, dans un monde qui tue et qui fait la promotion de la culture de mort. A Lourdes nous avons la réponse au monde moderne : ici la très Sainte Vierge Marie prie, sourit et guérit.
Écoutons notre voyante nous décrire la première apparition : « la Dame prit le chapelet qu’elle tenait entre ses mains et elle fit le signe de la Croix. Alors j’ai essayé une seconde fois de faire mon signe de Croix et je pus. Aussitôt le grand saisissement que j’éprouvais disparu. J’ai passé mon chapelet en présence de la belle Dame. »
La Dame en effet, fait courir les grains de son chapelet et s’incline humblement au « Gloria Patri ». De plus les apparitions des 11, 14 19 et 21 février sont toutes silencieuses, ainsi que les deux dernières, le 7 avril et le 16 juillet. Dans ce monde bruyant, pour entendre la Sainte Vierge nous parler à l’âme, il faut faire silence, il faut se taire, il faut être recueilli. Notre Dame de Lourdes est à la fois la reine et le docteur du silence : c’est un silence théologal qui est plénitude divine. Voilà, chers Pèlerins le premier enseignement de la Vierge Marie à Lourdes. Le silence extérieur pour garder le silence intérieur nourrit par la prière et tout spécialement la prière du chapelet.
Chers Pèlerins, ne fuyons pas le silence en vivant toujours dans le bruit qui est un obstacle à la vie en présence de Dieu. La Sainte Vierge se choisit une grotte calme, très calme, pour apparaître. Pour que notre âme soit comme cette grotte que la Sainte Vierge choisie, il faut qu’elle soit calme, paisible, silencieuse.
En pèlerinage à Lourdes nous avons fui loin de toute l’agitation du monde pour que le Bon Dieu nous convertisse et nous exauce. Suivons l’exemple de la très Sainte Vierge, laissons-nous envahir par le silence, comprenons l’importance de la paix intérieure. L’amour du silence et le silence de l’amour de la charité. Travaillons par nos résolutions à ne plus vivre dans le bruit pour pouvoir nourrir notre vie spirituelle. Comme sainte Bernadette, prenons plutôt dans nos mains notre chapelet c’est la chaine silencieuse qui nous relie au Ciel par la contemplation des mystères de Dieu. Chers Pèlerins, si la Vierge de Lourdes et la Vierge du silence et de la prière du chapelet c’est aussi la Vierge du sourire.
Racontant l’apparition du 14 février, la voyante signale ce détail : « Je lui jetais de l’eau bénite en lui disant, si elle venait de la part de Dieu de rester, sinon de s’en aller. Elle se mit à sourire et plus je lui en jetais, plus elle souriait. » A Massabielle, la Sainte Vierge a souri à Bernadette d’une manière habituelle, elle a conduit cette jeune fille à la sainteté en lui souriant.
« Je lui demandais chaque fois qui elle était : ça la faisait toujours sourire… »
La Vierge a souri aussi à Antoinette Peyret enfant de Marie de Lourdes. Sainte Bernadette lui en donne l’assurance : « Elle vous a regardé longtemps et elle a souri vers vous ».

« La Dame sourit à tous » dira un jour Bernadette.
Chers pèlerins, voici le plus délicieux aspect du mystère de Lourdes : depuis 1858 Lourdes garde et la présence et le sourire de Marie. La Vierge de Massabielle est une vierge souriante et c’est la raison évidente de l’actualité de son culte. Notre monde triste, notre monde désespéré, notre monde déprimé a besoin d’accueillir et d’imiter le sourire de Notre Dame de Lourdes. Un enfant de Marie ne refuse pas le sourire de sa Mère, même le plus rebelle. Faisons l’apostolat du sourire.
Comme catholiques, nous devons vivre dans ce monde sans être du monde et la très Sainte Vierge Marie à Lourdes est aussi la Mère qui guérit. Par sa prière silencieuse et son sourire, elle nous guérit et nous ramène à la vie.
Elle nous guérit de nos péchés par son intercession auprès de son divin Fils Notre-Seigneur Jésus-Christ et parfois aussi les malades sont guéris par son intervention miraculeuse.
« Celui que vous aimez est malade ». Il y avait dans la ville de Béthanie un homme bon et riche, nommé Lazare, ami de Jésus. Il était frère de Marthe et Marie, et il tomba malade. Ses sœurs, qui savaient que Jésus l’aimait, lui envoyèrent dire par des amis : « Seigneur, celui que vous aimez est malade ». Ce qu’entendant, Jésus leur dit :
« Cette maladie n’est pas pour la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de l’Homme soit glorifié par elle (…) »
Cette scène de l’Évangile que nous connaissons bien nous montre que même les fidèles amis de Notre-Seigneur Jésus-Christ tombent malades. La maladie constitue un phénomène universel. Nul n’échappe à son emprise. Mortelle, grave, légère, chronique, passagère, elle attend tout homme dès son entrée dans le monde et l’accompagne jusqu’à son dernier soupir. Comme la croix, son symbole le plus élevé, la souffrance de la maladie est pour les uns « scandale », pour d’autres « folie », pour d’autres encore, suprême épreuve de fidélité, précieux moyen d’union au Christ et de perfection, germe de gloire.
Foi, espérance et charité départagent les âmes devant la souffrance de la maladie : d’instinct, le grand nombre la repousse avec violence comme une ennemie, ce qu’elle est, en effet, considérée du seul point de vue naturel ; d’autres l’accueillent comme une messagère de grâces. Pour les uns elle demeure stérile, pour d’autres elle devient dangereuse ; pour d’autres encore, elle a valeur de rédemption et de satisfaction. Dès lors, il est d’une souveraine importance de savoir accueillir la souffrance de la maladie et d’aider les âmes à bien porter leur croix. « Souffrir passe. Avoir souffert compte pour l’éternité. »
La première grâce de la maladie est d’établir l’homme dans la retraite, et de l’avertir qu’il doit penser à la vie qui est la vraie vie : la vie éternelle. Parmi les sentiments qui détournent l’homme de penser à l’éternité, il n’en est peut-être point de plus dangereux que ce superbe sentiment de force et d’énergie vitale auquel l’apôtre a donné le nom d’orgueil de la vie, « superbia vitae » (I Jean II, v.16). Cet orgueil de la vie étourdit l’homme, et le mène enivré jusqu’au bord de la tombe, où il n’est guère temps de s’éveiller. Mais le chrétien malade nous prêche l’humilité de la vie : « Hodie mihi, cras tibi ! » » Aujourd’hui à moi, demain à toi ! » nous dit-il. Notre tour viendra, c’est Dieu qui tient le calendrier.
Nous prierons pendant cette messe pour tous nos malades : que le Bon Dieu leur fasse la grâce de la guérison et de vivre chrétiennement leur épreuve. Mais aussi pour tous ceux qui sont aux côtés de nos malades, ces papas, mamans, frères et sœurs, grands-parents, proches, personnel médical et soignant qui, jour et nuit, portent eux-aussi la croix de la maladie ou du handicap par l’esprit de foi dans une compassion de chaque instant, réalisant héroïquement la belle parole du Christ :
« Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous le faites. »
Chers Pèlerins, que la Vierge de Lourdes, notre bonne maman du Ciel, nous guérissent tous par une conversion profonde fruit du silence, du sourire, de la prière du chapelet et qu’elle se penche maternellement sur tous nos malades. Vivons en présence de la Vierge Marie qui prie sourit et guérit.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Le dernier chapelet à la grotte
















Photos : remerciements à Jean Lorber, Louis-Marie Grossler et Louis Morille.









