Lourdes 2025, la journée du lundi [Photos]

Ce lun­di 27 octobre, M. l’ab­bé Robin a célé­bré la messe de clô­ture dans la basi­lique sou­ter­raine Saint-​Pie‑X. Un der­nier cha­pe­let a ensuite été réci­té à la grotte, au pied de l’Immaculée Conception.
Sermon du lun­di par mon­sieur l’ab­bé Robin en ver­sion audio et écrite.

La messe solennelle de clôture

Sermon du lundi par M. l’abbé Robin [AUDIO]

Sermon du lundi par M. l’abbé Vincent Robin 

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.


Chers Pèlerins,

« Je pris mon cha­pe­let ayant tou­jours cette Dame devant mes yeux ».

Sainte Bernadette a 14 ans. Du 11 février au 11 juillet 1858, la très Sainte Vierge Marie lui appa­rait 18 fois à la grotte de Massabielle. « La Dame était jeune et belle, belle sur­tout, comme je n’en avais jamais vu ! » Le 18 février elle lui dit : « Je ne vous pro­mets pas d’être heu­reuse en ce monde mais dans l’autre ». Et le 24 février, elle l’invite à la « péni­tence et à la prière pour la conver­sion des pécheurs ». Enfin elle lui révè­le­ra son nom : 

« Je suis l’Immaculée Conception ».

Bernadette égrène inlas­sa­ble­ment son cha­pe­let. « Chapelet de deux sous » ou cha­pe­let solen­nel de la reli­gieuse qu’importe ? C’est le cha­pe­let de Bernadette. C’est une grâce que de le tou­cher, de le tenir, on va jusqu’à le lui voler, comme si un peu de son âme s’était atta­ché à cette cor­de­lette ou à cette chaine, à ces grains, à cette croix…
En véri­té son cha­pe­let fut pour Bernadette, l’instrument de sa pié­té, de sa grâce, de sa mis­sion, de sa sain­te­té per­son­nelle et de son apos­to­lat ; le « signe » de sa des­ti­née spi­ri­tuelle. Tout dans sa vie se déroule au rythme de ce cha­pe­let qui s’égrène.

La voca­tion pro­vi­den­tielle de Sainte Bernadette ne serait-​elle pas de nous don­ner l’exemple par­fait de ce qu’il advient d’une âme, qui n’a pour toute connais­sance, pour tout tré­sor, que son cha­pe­let et un amour éper­du de la Vierge Marie ?

Les appa­ri­tions de la grotte bénie forment un beau caté­chisme marial qui nous apprend à mieux connaître notre Mère du Ciel. Connaître la Vierge Marie, nous en avons bien besoin ; chré­tiens du XXIe siècle ; car nous vivons dans un monde impie, dans un monde triste, dans un monde qui tue et qui fait la pro­mo­tion de la culture de mort. A Lourdes nous avons la réponse au monde moderne : ici la très Sainte Vierge Marie prie, sou­rit et guérit.

Écoutons notre voyante nous décrire la pre­mière appa­ri­tion : « la Dame prit le cha­pe­let qu’elle tenait entre ses mains et elle fit le signe de la Croix. Alors j’ai essayé une seconde fois de faire mon signe de Croix et je pus. Aussitôt le grand sai­sis­se­ment que j’éprouvais dis­pa­ru. J’ai pas­sé mon cha­pe­let en pré­sence de la belle Dame. »

La Dame en effet, fait cou­rir les grains de son cha­pe­let et s’incline hum­ble­ment au « Gloria Patri ». De plus les appa­ri­tions des 11, 14 19 et 21 février sont toutes silen­cieuses, ain­si que les deux der­nières, le 7 avril et le 16 juillet. Dans ce monde bruyant, pour entendre la Sainte Vierge nous par­ler à l’âme, il faut faire silence, il faut se taire, il faut être recueilli. Notre Dame de Lourdes est à la fois la reine et le doc­teur du silence : c’est un silence théo­lo­gal qui est plé­ni­tude divine. Voilà, chers Pèlerins le pre­mier ensei­gne­ment de la Vierge Marie à Lourdes. Le silence exté­rieur pour gar­der le silence inté­rieur nour­rit par la prière et tout spé­cia­le­ment la prière du chapelet. 

Chers Pèlerins, ne fuyons pas le silence en vivant tou­jours dans le bruit qui est un obs­tacle à la vie en pré­sence de Dieu. La Sainte Vierge se choi­sit une grotte calme, très calme, pour appa­raître. Pour que notre âme soit comme cette grotte que la Sainte Vierge choi­sie, il faut qu’elle soit calme, pai­sible, silencieuse.

En pèle­ri­nage à Lourdes nous avons fui loin de toute l’agitation du monde pour que le Bon Dieu nous conver­tisse et nous exauce. Suivons l’exemple de la très Sainte Vierge, laissons-​nous enva­hir par le silence, com­pre­nons l’importance de la paix inté­rieure. L’amour du silence et le silence de l’amour de la cha­ri­té. Travaillons par nos réso­lu­tions à ne plus vivre dans le bruit pour pou­voir nour­rir notre vie spi­ri­tuelle. Comme sainte Bernadette, pre­nons plu­tôt dans nos mains notre cha­pe­let c’est la chaine silen­cieuse qui nous relie au Ciel par la contem­pla­tion des mys­tères de Dieu. Chers Pèlerins, si la Vierge de Lourdes et la Vierge du silence et de la prière du cha­pe­let c’est aus­si la Vierge du sou­rire.

Racontant l’apparition du 14 février, la voyante signale ce détail : « Je lui jetais de l’eau bénite en lui disant, si elle venait de la part de Dieu de res­ter, sinon de s’en aller. Elle se mit à sou­rire et plus je lui en jetais, plus elle sou­riait. » A Massabielle, la Sainte Vierge a sou­ri à Bernadette d’une manière habi­tuelle, elle a conduit cette jeune fille à la sain­te­té en lui souriant.

« Je lui deman­dais chaque fois qui elle était : ça la fai­sait tou­jours sourire… »

La Vierge a sou­ri aus­si à Antoinette Peyret enfant de Marie de Lourdes. Sainte Bernadette lui en donne l’assurance : « Elle vous a regar­dé long­temps et elle a sou­ri vers vous ».

« La Dame sou­rit à tous » dira un jour Bernadette.

Chers pèle­rins, voi­ci le plus déli­cieux aspect du mys­tère de Lourdes : depuis 1858 Lourdes garde et la pré­sence et le sou­rire de Marie. La Vierge de Massabielle est une vierge sou­riante et c’est la rai­son évi­dente de l’actualité de son culte. Notre monde triste, notre monde déses­pé­ré, notre monde dépri­mé a besoin d’accueillir et d’imiter le sou­rire de Notre Dame de Lourdes. Un enfant de Marie ne refuse pas le sou­rire de sa Mère, même le plus rebelle. Faisons l’apostolat du sourire.

Comme catho­liques, nous devons vivre dans ce monde sans être du monde et la très Sainte Vierge Marie à Lourdes est aus­si la Mère qui gué­rit. Par sa prière silen­cieuse et son sou­rire, elle nous gué­rit et nous ramène à la vie.

Elle nous gué­rit de nos péchés par son inter­ces­sion auprès de son divin Fils Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et par­fois aus­si les malades sont gué­ris par son inter­ven­tion miraculeuse.

« Celui que vous aimez est malade ». Il y avait dans la ville de Béthanie un homme bon et riche, nom­mé Lazare, ami de Jésus. Il était frère de Marthe et Marie, et il tom­ba malade. Ses sœurs, qui savaient que Jésus l’aimait, lui envoyèrent dire par des amis : « Seigneur, celui que vous aimez est malade ». Ce qu’entendant, Jésus leur dit :

« Cette mala­die n’est pas pour la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de l’Homme soit glo­ri­fié par elle (…) »

Cette scène de l’Évangile que nous connais­sons bien nous montre que même les fidèles amis de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ tombent malades. La mala­die consti­tue un phé­no­mène uni­ver­sel. Nul n’échappe à son emprise. Mortelle, grave, légère, chro­nique, pas­sa­gère, elle attend tout homme dès son entrée dans le monde et l’accompagne jusqu’à son der­nier sou­pir. Comme la croix, son sym­bole le plus éle­vé, la souf­france de la mala­die est pour les uns « scan­dale », pour d’autres « folie », pour d’autres encore, suprême épreuve de fidé­li­té, pré­cieux moyen d’union au Christ et de per­fec­tion, germe de gloire.

Foi, espé­rance et cha­ri­té dépar­tagent les âmes devant la souf­france de la mala­die : d’instinct, le grand nombre la repousse avec vio­lence comme une enne­mie, ce qu’elle est, en effet, consi­dé­rée du seul point de vue natu­rel ; d’autres l’accueillent comme une mes­sa­gère de grâces. Pour les uns elle demeure sté­rile, pour d’autres elle devient dan­ge­reuse ; pour d’autres encore, elle a valeur de rédemp­tion et de satis­fac­tion. Dès lors, il est d’une sou­ve­raine impor­tance de savoir accueillir la souf­france de la mala­die et d’aider les âmes à bien por­ter leur croix. « Souffrir passe. Avoir souf­fert compte pour l’éternité. »

La pre­mière grâce de la mala­die est d’établir l’homme dans la retraite, et de l’avertir qu’il doit pen­ser à la vie qui est la vraie vie : la vie éter­nelle. Parmi les sen­ti­ments qui détournent l’homme de pen­ser à l’éternité, il n’en est peut-​être point de plus dan­ge­reux que ce superbe sen­ti­ment de force et d’énergie vitale auquel l’apôtre a don­né le nom d’orgueil de la vie, « super­bia vitae » (I Jean II, v.16). Cet orgueil de la vie étour­dit l’homme, et le mène enivré jusqu’au bord de la tombe, où il n’est guère temps de s’éveiller. Mais le chré­tien malade nous prêche l’humilité de la vie : « Hodie mihi, cras tibi ! » » Aujourd’hui à moi, demain à toi ! » nous dit-​il. Notre tour vien­dra, c’est Dieu qui tient le calendrier.

Nous prie­rons pen­dant cette messe pour tous nos malades : que le Bon Dieu leur fasse la grâce de la gué­ri­son et de vivre chré­tien­ne­ment leur épreuve. Mais aus­si pour tous ceux qui sont aux côtés de nos malades, ces papas, mamans, frères et sœurs, grands-​parents, proches, per­son­nel médi­cal et soi­gnant qui, jour et nuit, portent eux-​aussi la croix de la mala­die ou du han­di­cap par l’esprit de foi dans une com­pas­sion de chaque ins­tant, réa­li­sant héroï­que­ment la belle parole du Christ : 

« Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous le faites. »

Chers Pèlerins, que la Vierge de Lourdes, notre bonne maman du Ciel, nous gué­rissent tous par une conver­sion pro­fonde fruit du silence, du sou­rire, de la prière du cha­pe­let et qu’elle se penche mater­nel­le­ment sur tous nos malades. Vivons en pré­sence de la Vierge Marie qui prie sou­rit et guérit.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Le dernier chapelet à la grotte

Photos : remer­cie­ments à Jean Lorber, Louis-​Marie Grossler et Louis Morille.

Pèlerinage international de la FSSPX à Lourdes

En la fête du Christ-Roi, dernier dimanche d'octobre (sauf exception)