Pèlerinage du Sacré Coeur – Chartres 2009

De Chartres au Sacré-​Cœur de Montmartre(1) : 30, 31 mai et 1er juin 2009

Dans le sillage de saint Paul, colonne de l’Eglise, Apôtre des Nations

L’éditorial de l’abbé Régis de Cacqueray-​Valménier, Supérieur du District de France

Cher ami pèlerin,

Vous venez d’acquérir ce dos­sier spi­ri­tuel en vue du pro­chain pèle­ri­nage qui se dérou­le­ra de Chartres à Montmartre, dans quelques mois. Cette démarche vous met dès aujourd’hui entre les mains l’instrument pri­vi­lé­gié grâce auquel ces trois grandes jour­nées de marche pour­ront vous être, avant tout le reste, un moment très intense employé au renou­vel­le­ment de votre âme.

Il est vrai que de nom­breux pèle­rins rejoignent chaque année la colonne du pèle­ri­nage sans avoir eu ou pris le temps de se pen­cher sur le choix du thème rete­nu pour l’année, accom­plis­sant néan­moins une démarche spi­ri­tuelle fruc­tueuse pour leur âme. Et vous-​même, peut-​être jusqu’ici avez-​vous pro­cé­dé ain­si. Je gage, cepen­dant, que si le geste par lequel vous vous êtes pro­cu­ré ce livre se trouve sui­vi par sa lec­ture pieuse et atten­tive, votre pro­chain pèle­ri­nage sera bien dif­fé­rent de tous ceux que vous avez faits jusqu’ici par la dimen­sion inté­rieure toute nou­velle que vous y trouverez.

Au lieu de décou­vrir au cours de la marche, plus ou moins dis­tinc­te­ment, le fil spi­ri­tuel invi­sible choi­si pour gui­der vos âmes de Chartres à Montmartre, vous l’aurez déjà repé­ré. Il sera entre vos mains lorsque vous quit­te­rez votre mai­son et vous sen­ti­rez tout l’intérêt spi­ri­tuel de le tenir fer­me­ment jusqu’au terme du pèle­ri­nage. Vous aurez creu­sé en vous, avant même de par­tir, une capa­ci­té de rece­voir pen­dant le pèle­ri­nage dont vous n’auriez jamais ima­gi­né la profondeur.

C’est le thème, en effet qui nous four­nit la véri­table trame sur­na­tu­relle selon laquelle les mou­ve­ments de la grâce vont prin­ci­pa­le­ment se pro­duire pen­dant le pèle­ri­nage. Bien sûr, le Bon Dieu n’est aucu­ne­ment tenu de s’y sou­mettre pour faire des­cendre ses grâces ! Cependant, son éco­no­mie divine se plaît à pas­ser par le tra­vail de ses ins­tru­ments, jusque dans le choix de ce patro­nage et de ce thème, pour pro­cu­rer la vivi­fi­ca­tion des âmes.

C’est encore le sujet choi­si qui contri­bue, d’une façon essen­tielle, à four­nir au pèle­ri­nage le plus intime de son uni­té ain­si que sa forme spi­ri­tuelle. Il sert à uni­fier la prière de tous les pèle­rins autour des mêmes pen­sées et leur ins­pire les mêmes élans inté­rieurs. Comme cette prière com­mune par­ta­gée par des mil­liers d’âmes doit réjouir le Cœur de Dieu, de la Vierge Marie, des anges et des saints du Ciel !

Comme vous le savez, d’année en année, grâce au pré­cieux et fidèle concours des domi­ni­caines de Brignoles, nous varions le thème du pèle­ri­nage. Cependant, que cette suc­ces­sion ne fasse pas illu­sion ! Au tra­vers de cette varié­té, nous ne pour­sui­vons inlas­sa­ble­ment qu’un seul et même but : faire mieux connaître et aimer Notre Seigneur Jésus-​Christ. Nous cher­chons à ame­ner le plus grand nombre d’âmes à cette connais­sance tou­jours plus pro­fonde, à cet amour tou­jours plus fervent et recon­nais­sant du Fils de Dieu qui nous a rache­tés de son sang. Notre désir le plus cher est que le plus grand nombre d’âmes puisse décou­vrir, dès cette terre, notre tré­sor : l’intimité de Jésus-Christ.

L’intérêt de la suc­ces­sion des thèmes ne pro­vient en réa­li­té que de la fai­blesse de notre esprit humain, si prompt à se las­ser. La varié­té des moyens exis­tants aide l’âme à repar­tir avec plus de faci­li­té vers le même but. Comme nous devons savoir remer­cier le Bon Dieu d’avoir, dans sa grande misé­ri­corde, mul­ti­plié à l’infini le nombre des média­teurs, des che­mins spi­ri­tuels, des sym­boles nous condui­sant à Lui, pour renou­ve­ler l’intérêt et la dévo­tion de nos âmes !

Sur cette voie, les saints nous mènent à leur suite par des exemples qui nous émer­veillent en nous fai­sant sen­tir que leur exis­tence ne peut s’expliquer par les seules consi­dé­ra­tions ter­restres. L’élévation de leur exis­tence et la beau­té de leurs actions nous émeuvent, ain­si, avant même que le secret ne nous en soit par­fois révé­lé par les paroles et les écrits où cer­tains ont expri­mé leurs moti­va­tions et leurs aspi­ra­tions les plus profondes.

Parmi tous ces saints, en rai­son du deuxième mil­lé­naire de sa nais­sance sur la terre, nous avons por­té notre choix sur la figure de saint Paul. La com­plexi­té de cer­taines des épîtres dont vous enten­dez la lec­ture, le dimanche, ne vous aurait peut-​être pas pré­dis­po­sé à vous tour­ner spé­cia­le­ment vers lui. Sa doc­trine très éle­vée n’est, il est vrai, pas tou­jours bien facile à sai­sir. Cependant, nous avons tous, les uns et les autres, une cer­taine pré­di­lec­tion pour les saints qui n’étaient pas saints dès les pre­mières années de leur enfance. Nous nous disons ain­si que tout n’est peut-​être pas per­du pour nous !

Or, sous cet aspect, nous voi­là en bonne com­pa­gnie avec Saül de Tarse éle­vé dans cette per­ver­sion reli­gieuse abo­mi­née par Notre-​Seigneur et stig­ma­ti­sée par les Evangiles, qui a nom pha­ri­saïsme ! Persécuteur des chré­tiens et bour­reau de saint Etienne : c’est pour­tant de cette mau­vaise graine que Notre-​Seigneur a fait jaillir notre Saint Paul, l’apôtre des Gentils, l’infatigable mis­sion­naire de tous les pays, au cœur infi­ni­ment tendre pour cha­cune des com­mu­nau­tés fon­dées par Lui.

Puisque la den­si­té de sa doc­trine peut nous effrayer, nous com­men­ce­rons d’abord, dans ce dos­sier, par relire cette vie bou­le­ver­sante au cœur de laquelle se situe l’instant de la conver­sion sur le che­min de Damas. Puisons dans ce retour­ne­ment d’une vie, et l’espérance de voir la nôtre s’échapper enfin de sa tié­deur, et celle que tous ces hommes déchris­tia­ni­sés croi­sés dans la rue se conver­tissent. Faites de nous, Seigneur, des ins­tru­ments de votre amour !

Il est bien pos­sible, ensuite, que la richesse de la réflexion de saint Paul nous paraisse bien moins abs­conse et que, peu à peu, nous éblouisse l’une ou l’autre de ces expres­sions au génie si pure­ment ins­pi­ré par l’amour de Notre Seigneur Jésus-​Christ. En réa­li­té, quelle illus­tra­tion plus sai­sis­sante de sa doc­trine que sa vie ! Comme ce grand amour de Notre-​Seigneur et de Son Corps Mystique n’a plus ces­sé de dévo­rer son cœur et toute son existence !

Courage ! Que saint Paul ranime nos âmes et nous donne de cou­rir sur ses traces :

« Je flé­chis les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-​Christ, de qui toute pater­ni­té, au ciel et sur la terre, tient son nom : qu’il vous donne selon la puis­sance de sa gloire d’être puis­sam­ment affer­mis par son Esprit au pro­fit de l’homme inté­rieur, en sorte que le Christ habite dans vos cœurs par la Foi, et qu’enracinés dans la cha­ri­té et fon­dés sur elle, vous puis­siez com­prendre avec tous les saints quelle est, la lar­geur, la lon­gueur, la profondeur…et connaître la cha­ri­té du Christ qui sur­passe toute connais­sance, afin que vous soyez rem­pli de toute la plé­ni­tude de Dieu. » Eph. III, 14–19.

De tout cœur, je vous sou­haite, cher ami pèle­rin, une lec­ture féconde et un saint pèle­ri­nage. Bien à vous dans le Cœur Douloureux et Immaculé de Marie,

Abbé Régis de Cacqueray-Valmènier