Soyez parfaits comme votre père céleste est parfait

« Par votre constance, vous sau­ve­rez vos âmes », dit Notre-​Seigneur.

Dieu est immuable. « En Dieu, il n’y a aucune vicis­si­tude, ni ombre de chan­ge­ment »[1]. Dieu ne change pas, ne pro­gresse pas, n’évolue pas parce qu’il est par­fait. Il est « Celui qui est ». Il se pos­sède par­fai­te­ment, Il est l’Acte pur, Il est infi­ni dans ses per­fec­tions. Il n’a rien à acqué­rir, Il ne peut rien perdre. Dieu est donc stable et nous contem­ple­rons cette immo­bi­li­té au Ciel avec émerveillement.

Pour par­ve­nir à cette vision béa­ti­fique du Ciel, Notre-​Seigneur est très clair : « Soyez par­faits comme votre Père céleste est par­fait »[2]. Autrement dit, pour se sau­ver, il faut res­sem­bler à Dieu dans ses per­fec­tions. Si donc Dieu est stable, nous devons tra­vailler à cette sta­bi­li­té dans notre vie spi­ri­tuelle et temporelle.

D’abord parce que celle-​ci est le fon­de­ment de toute ver­tu. En effet, la ver­tu est l’habitude du bien. Or, il ne peut y avoir d’habitude sans sta­bi­li­té, sans régu­la­ri­té car celle-​ci consiste pré­ci­sé­ment à accom­plir les mêmes actions, les mêmes bonnes œuvres, régu­liè­re­ment et avec per­sé­vé­rance. De même qu’un édi­fice sera d’autant plus solide que son fon­de­ment est pro­fond et que son archi­tec­ture est régu­lière dans sa concep­tion, de même la répé­ti­tion de nos bonnes actions façonne la beau­té de notre âme.

La sta­bi­li­té fait appel à la constance, fille de la ver­tu de force. Elle consiste à per­sé­vé­rer dans l’accomplissement du bien mal­gré les obs­tacles, sans décou­ra­ge­ment ni mol­lesse. La constance est la ver­tu des braves, celle des héros. C’est elle qui a écrit les plus belles pages de l’histoire de l’Église. C’est elle qui fait les mar­tyrs, les confes­seurs, les vierges, et tous les autres saints. C’est elle qui bâtit la chré­tien­té et qui nous sauve : « Par votre constance, vous sau­ve­rez vos âmes », dit Notre-​Seigneur[3].

La sta­bi­li­té est, de plus, néces­saire pour gran­dir, se per­fec­tion­ner et atteindre la sain­te­té. Le bien accom­pli en effet en appelle un autre. Il fait entrer l’âme dans un cercle ver­tueux, dans un mou­ve­ment qui l’élève jusqu’à la per­fec­tion, telles des hélices dont le mou­ve­ment conti­nu par­vient à faire décol­ler un corps lourd.

La sta­bi­li­té se tra­duit par une éga­li­té d’humeur dans les joies comme dans les épreuves. Elle s’exprime par une grande paix et par une véri­table séré­ni­té, même dans les pires dif­fi­cul­tés. « Vive la joie quand même ! », s’enthousiasmait ain­si saint Théophane Vénard, célèbre mis­sion­naire du Tonkin. Il connut d’immenses dif­fi­cul­tés dans son apos­to­lat mais gar­dait tou­jours le sou­rire et la joie. Sainte Thérèse de l’Enfant- Jésus, en 1897, dans son tes­ta­ment spi­ri­tuel, adresse ces mots à ses sœurs : « Pour sou­ve­nir d’adieu, je vous ai copié cer­tains pas­sages des der­nières lettres que (Théophane) écri­vit à ses parents ; ce sont mes pen­sées, mon âme res­semble à la sienne. » Quand on sait que sainte Thérèse est, selon les mots du pape saint Pie X, « la plus grande sainte des temps modernes », cela nous dit com­bien est fon­da­men­tale cette ver­tu aujourd’hui.

Comment alors acqué­rir cette sta­bi­li­té ? La solu­tion n’est pas facile car le monde encou­rage mal­heu­reu­se­ment l’instabilité. C’est par elle qu’il nous affai­blit, nous décou­rage, nous tient dans nos pas­sions et finit par nous mani­pu­ler. Les réseaux sociaux, la faci­li­té avec laquelle nous pou­vons pas­ser d’un site à un autre, d’une vidéo à une autre, d’une image à une autre dans des genres tota­le­ment dif­fé­rents, cultivent cette insta­bi­li­té et sont un ter­rain pro­pice à l’habitude du mal, c’est-à-dire au vice et au péché.

Que faire ? D’abord, il s’agit d’apprendre à se défier de soi et à mettre toute sa confiance en Dieu : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-​là porte beau­coup de fruits » [4]. Alors nous goû­te­rons une grande quié­tude inté­rieure. Nous ne serons pas bous­cu­lés outre mesure par le monde exté­rieur car nous aurons fait de Dieu notre force. Il s’agit ensuite de se fixer des objec­tifs pra­tiques, concrets, rai­son­nables et qui nous demandent un cer­tain effort régulier.

Profitons donc de ce début d’année pour prendre des réso­lu­tions à bras le corps :

  • Se faire un emploi du temps très clair, même dans les grandes lignes : la prière, l’heure du cou­cher, celle du lever, le tra­vail, etc.
  • Se fixer une dis­ci­pline fixe dans l’usage du numé­rique. Attention aux mani­pu­la­tions inces­santes des conte­nus vidéo d’une niai­se­rie plus folle les unes que les autres !… Si ce n’est immoral…
  • Prendre un enga­ge­ment en plus de notre devoir quo­ti­dien : une acti­vi­té, une œuvre exté­rieure, des lec­tures, etc. Et s’y tenir ! 

Que saint Joseph vous bénisse !

Source : Pour qu’il règne, octobre 2025 /​Éditorial

Notes de bas de page
  1. Saint Jacques I, 47[]
  2. Saint Matthieu V,48[]
  3. Saint Luc, XXI, 19[]
  4. Saint Jean, XV, 5[]