Enfin un évêque qui ose…

Article repris de DICI Nº 78 (24 juin 2003)

Dans L’Eglise d’Avignon nº 10 du 10 mai 2003, Mgr Cattenoz, le nou­vel évêque d’Avignon, ose cer­taines affir­ma­tions que nous n’a­vons plus enten­dues de bouche d’é­vêque depuis bien longtemps.

« Je suis loin de fer­mer les yeux devant tous ces germes de mort qui habitent notre socié­té. Je ne sau­rais res­ter insen­sible devant des chiffres qui m’an­noncent qu’il y a tou­jours plus de 250 000 avor­te­ments chaque année dans mon pays, 250 000 crimes, vous com­pre­nez. Je ne sau­rais me taire ! Nous devons dénon­cer l’in­to­lé­rable qu’une socié­té jus­ti­fie, sans pour autant juger les per­sonnes, car Dieu seul connaît le cour de l’homme ; mais un crime objec­ti­ve­ment reste un crime [.]. »

« Il m’est impos­sible éga­le­ment de ne pas crier au scan­dale devant la léga­li­sa­tion de l’eu­tha­na­sie dans plu­sieurs pays d’Europe, ou de me taire devant un article de jour­nal qui s’é­mer­veille de la force morale de telle per­sonne qui vient de mettre fin à ses jours. La vie ne m’ap­par­tient pas, je l’ai reçue comme un tré­sor mer­veilleux et je sais que la mort s’ou­vri­ra pour moi aus­si sur un matin de Pâques. »

« Je ne peux pas non plus res­ter sans réagir devant tel théo­lo­gien qui pré­tend que Jésus ne savait pas qu’il était le Fils de Dieu ou tel autre qui ter­mine un article sur la nais­sance vir­gi­nale du Christ par un point d’in­ter­ro­ga­tion. Non, Jésus est le Verbe incar­né et en lui, il y a une seule per­sonne, la per­sonne divine, il n’y a pas de per­sonne humaine dans le Christ et Jésus savait qui il était ! [.] »

« Je ne sau­rais éga­le­ment cau­tion­ner l’é­di­tion d’une Bible qui semble avoir gom­mé volon­tai­re­ment tout le voca­bu­laire que l’Eglise avait for­gé tout au long de son his­toire pour rendre compte de la richesse du Mystère ; la foi est bien autre chose qu’une vague confiance ; le verbe croire ouvre mes yeux sur l’in­vi­sible et me donne dès main­te­nant de décou­vrir la pré­sence et l’ac­tion de mon Seigneur au cour de ma vie comme au cour du monde. Non, cette Bible n’est pas celle de l’Eglise ! »

« Enfin, avec beau­coup de souf­france, je dois dire que je ne com­prends pas pour­quoi deux de mes frères évêques se sont four­voyés dans la publi­ca­tion d’un livre inti­tu­lé L’Eglise et l’art d’avant-​garde. De la pro­vo­ca­tion au dia­logue. Ce livre porte bien son nom : une pro­vo­ca­tion ; par contre, je me demande si les pho­tos qui illus­trent ce livre relèvent vrai­ment de l’art au sens dont en par­lait Jacques Maritain dans son ouvrage L’intuition créa­trice dans l’art et dans la poé­sie. Je suis ten­té de répondre non car ces illus­tra­tions ne sont que le reflet des pul­sions mor­bides et sexuelles qui habitent le cour de l’homme bles­sé et défi­gu­ré par le péché et ne sau­raient me conduire à per­ce­voir la trans­cen­dance du Beau. D’ailleurs, toute cette recherche sur « La chair et Dieu » aurait méri­té mieux et je connais des artistes qui ont refu­sé de par­ti­ci­per à ce simu­lacre d’art. En tout cas, je ne sau­rais être de ceux qui sont prêts à mon­ter dans n’im­porte quel train de peur de n’être plus en prise avec la modernité. »